sinon ii pourrait lui arriver ce qui arriva un jour èi eet individu qui hésitait toujours entre la brune et la blonde et qui finit par mourir célibataire. Hésiter entre la brune et la blonde, faire tour a tour les doux yeux a I'une et a l'autre, ménager ia chèvre et Ie chou et tirer le diable par la queue dans les moments difficiles, toute la politique mi- nistérielle est-la. On nous demande ('insertion de la pièce sui- vante que nous publions titre de simple docu ment Nous, soussignés, membres de la garde civique d'Ypres, sentons la nècessilé de prolester conlre la conduite du major-commandant, lors de la revue- inspeclion du 48 juiilet. Nous n'ignorons pas qu'en agissant corarae il l'a fait le major a usé d'un droit que la loi lui confère; mais il y a differentes maniöres d'exécuter la loi sur la garde civique. Ainsi, la loi ne dit pas qu'il faille tenir les gardes deux heures durant, sans repos, par un soleil torride, sur une plaine oü le sable les étouffe et sur une place oil le pavè lèur brüle les pieds; et cela malgré le désir du colonel-inspecteur lui-même. II y a la un manque cFégards qui ne peut que semer la désunion entre le chef de la garde et ses subordonnés, et c'est contre ce manque d egards que nous protestons. Ypres, 29 juiilet 1869. (Suivenl 73 signatures.) Fidéle a son principe de faire ses affaires lui-même, le Cercle Commercial de notre ville a adressé au Cón- seil provincial une requête pour appéler l'attention de ce corps sur l'état du canal de Furnes a Nieu- port. Sur la proposition de M. Merghelynck, le Conseil a décidé de déposer cette pièce au dossier concer- nant Ventretien des canaux. II nous semble que M. Merghelynck eut mieux soi gne les intéréts de ses commettants en proposant l'ukgence pour cette requête, vu son importance. Nous recevons de M. le major, chef de la garde civique, la pièce qui suit Ypres, le 26 Juiilet 1869. A Monsieur le rédacteur du journal 1'Opiwon, Ypres. Monsieur le rédacteur, J'apprends par le numéro 30 de votre journal que des bruits ciroulent a propos d une prétendue con versation que j'aurais eue avec un certain nombre de membres de la garde civique, lorsque ceux-ci sant venus me demander Pautorisation d'assister en armes a la procession du Tuindag. Les paroles que vous citez, Monsieur le rédacleur, je les considère comme étant parfaitement ridicules elles doivent être considérées comme telles par toutes les person nes qui me connaissenl, et je vois avec peine que vous avez étó victime de la mystification d'un mauvais plaisant. Je démens de la manière la plus formelle, depuis la première syllabe jusqu'a la dernière, les phrases dont vous faites mention. r En accordant Pautorisation, je n'ai faitaucun eom- mentaire; je me suis borné a dire a J'autoriserai la prise d'armes dés que vous m'aurez remis une liste nominative des gardes qui dcsirent y prendre part, et j'espère que vous vous distinguerez par Ie bon ordre. Et n'esl-il pas de mon devoir d'acoorder Pauto risation L'article 1Sde notre Constitution dit qaetiulne peut être contraint de concourir d'une manière quel- conque aux actes etaux cérémonies d'unculle; cette liberté que j'invoque pour moi, je l'accorde égale- ment ceux qui croient honorer leur culte en assis tant a une procession. En agissant ainsi, je crois être dans les vrais principes hbéraux. Dans Ie mêtne article, Monsieur le rédacteur, vous mettez en parallèle ma prétendue conduite d'aujour- d'hui el celle que j'ai tenue il y a quelques années; vous avez grandement raison de dire a qu'il vous parait impossible que je me déjuge ainsi a peu i> d'années d'intervalle. I.'opinion que j'ai profes- sée alors, je la professe aujourd'hui et elle guidera ma conduite jusqu'a la fin de mon existence. Pour terminer, Monsieur le rédacteur, j'ai une demande vous faire et je la crois très-rationnelle Avant de rendre votre journal Pêché de bruits ab- surdes et malveillanls, avant de les livrer la pu- blicité, ne pourriez-vous pas vous assurer de leur exactitude? Yous me connaissez personnelleraent, et quelques mots d'explication entre nous pourraient empêcher des publications faites a la legére et qui doivent porter atteinte ma considéralion ce n'est pas la, je pense, le but que vous vous proposez. Agréez, Monsieur te rédacteur, mes salutations. Le major, Chef de la earde civique, A. Hynderick. La lettre de M. le chef de la garde vieu.t confirmer ce que nous avons écrit dans noire dernier numéro. Pour notre part, nous n'avons jamais ajouté aucune foi aux paroles qu'on lui prêle. M. Hynderick se plaint des brui Is qui circulent, bruits qu'il appelle absurdes, malveillanls et de nature a porter atteinte a sa considération. II nous accuse de les avoir «accueillis la légère et daigne nous exprimer la peine qu'il éprouve en nous voyant victime de la mystification d'un mauvais plaisant. Nous sommes sensibles a ce bon sentiment et fort chagrins de n'en pas être dignes. La preuve, en effet, qu'd ne s'agit pas ici d'une simple mystification, de l'invention burlesque d'un mauvais plaisant, c'est la persistance mêmedeces bruits qui nous sont parve nus de différents cótés a Ia fois et même nous ont été confirmés depuis que nous sommes en possession de la lettre que nous publions. Une rumeur qui acquiert un tel degré de créance peut être erronée, mais a coup sür est plus qu'uue mystification. Ceci dcvient, du reste, l'affaire de ceux qui ont les premiers mis ces bruits en circulation; a eux de voir ce qu'ils jugent opportun de répondre a leur tour. II nous suffit a nous de donner acte a M. le major de son démenti qui ne s'adresse aucunement au journal. Est-il vrai que nous ayons été légers en accueillant des bruits sans consistance? Sont-ils sans consistance des bruits qui circulent partout et auxquels, nous devons bien le dire, s'aitachait une créance presque générale Nous nous en sommes fait l'écho, remplis- sant en cela notre devoir de journaliste bien informé, mais en déclarant en même temps, contrairement a I'opinion publique, que nous n'y croyions pas. Ou est la légèreté II faut avouer que M. Hynderick a sur Ie devoir des journalistes des idéés particulières. Vous me con naissez personnellement, écrit-il, et quelques mots d'explications entre nous pourraient empêcher des publications faites a la légère. 11 arrive tousles jours qu'un journal, quelqu'il soit, accueille des bruits dont il lui est matériellement impossible decontrólerl'exac- litude, en les donnant sous toutes réserves il fait acte de prudence. Le journal qui serait obligé de remonter a ia source de tous les bruits, d'avoir des entretiens avec ceux qu'il met en cause et sans doute aussi car on en arriverait bien vite la de consuller les intéressés sur le cêté plus ou moins agréable de ses articles, ce journal devrait joindre a sa rédaction un escadron de commissionnaires vélocipédistes. En dépit du ton de la lettre de M. Ie major, ton dont d'autres plus susceptibles se plaindraient peut- être et que nous interprétous par une trop longue habitude du commandement, nous demeurons con- vaincu que la publication de notre premier article a été utile a M. Ie chef de la garde. II lui a fourni ['oc casion de démentir des bruits absurdes et malveil lanls v dint il aurait été probablement le dernier informé et qui n'en auraient pas moins circulé, creu sant lentement comme la goutte d'eau la pierre, au risque, comme il le dit lui-même, de porter atteinte a sa considération. Nous l'avons mis en outre dans la possibilité de confirmer les principes exprimés dans la lettre a la- quelle nous avons fait allusion et avons provoqué de sa part cette nouvelle déclaralion qui élève une bar rière de plus entre les ctéricaux et lui L'opinion que j'ai professée alors, je la professe auiourd'hui et elle guidera ma conduite JUSQU'A LA FIN DE MON EXISTENCE. Nous prenons acte de eet engagement, bien per- suadés que M. Hynderick le grave dans sa mémoire en caractères d'airain. Quelle que soit la carrière po litique que l'avenir lui réserve, brillante ou modeste, longue ou de courte durée, il voudra sans doute s'en souvenir toujours. Mais si, par impossible, dans une de ces journées néfasles qui marquent l'existence de certains hommes d'Etat mèmes, il venait a les ou- blier, nous serions la, nous l'espérons, pour les lui rappeler et alors, comme aujourd'hui, nous croirions lui rendre service. Qu'il nous pardonne ce mot peut- étre trop prétentieux sous notre plume. Un dernier point, le plus important, appelle une attention particulière. Sur ce point il nous est im possible d'être d'accord avee M. le chef de la garde. II confesse avoir autorisé une prise d'armes de la garde civique ayant pour but de permeltre a un cer tain nombre de gardes d'assister la procession du Tuyndag. <t Cette autorisation, n'esl-il pas de mon devoir de I'aceordér, demande-t-il. Nous lui ré- pondons carrément Non, votre devoir était de la refuser. Nous allons le démontrer. M. le major appelle a l'appui de son opinion l'ar ticle 15 de la Constitution qui dit que nul ne peut étre contraint de concourir d'une manière quelconque aux actes et aux cérémonies d'un culte. Cette liberté poursuit-il, que j'invoque pour moi, je l'accorde éga- lement a ceux qui croient honorer leur culte en as sistant a une procession. Nousavouons ne pas trés bien saisir le rapport de l'article 15 avec la question qui nous occupe, car évidemment il ne s'agit pas de contraindre qui que ce soit d'assister a la procession, mais simpiement d'au- toriser quelques-uns a y représenter la garde civique aussi le décret du 24 messidor an XII nous parait-il plus applicable ici. Ce décret qui regie entre autres choses les honneurs a rendre aux processions reli- gieuses, a fait l'objet d'une longue discussion dans la séance de la Chambre des représenlants du 28 avril 1868. La séparation de l'Eglise et de l'Etat est un prin cipe constitutionnel et un dogme fondamental du libé ralisme. Aussi tous les libéraux de toutes les nuances qui ont pris part a cette discussion, depuis M. de Fré, l'auteur d'une proposition d'abolition du décret, jus qu'a M. le ministre de l'intérieur, tous ont reconnu l'irnpossibilité d'appliquer ce décret en présence de notre régime politique. Les orateurs catholiques n'ont pas fait exception sous ce rapport et M. Eugène de Kerckhove déclarait que, dans sa conviction, le meilleur cortége des processions, ce sont les sympa thies, la piété et Ie recueillement des fidöles. Que M. le ministre de l'intérieur ait déclarè facultatives les prescriptions du décret impérial et abandonné aux circonstances le soin de dicter la conduite des autorités, c'est la un raisonnement subtile qui prouve une fois de plus la déplorable faiblesse et les tergiver sations puériles du ministère, mais qui ne change rien a la question. II n'en reste pas moins évident que, pour l'immense majorité des libéraux a la Chambre et dans le pays, les prescriptions du décret de messidor, en ce qui concerne les cérémonies du culte, sont en contradiction flagrante avec les prin cipes d'égalité et de droit commun qui nous régissent. Tout le monde reconnait, dit M. Tielemansdans son Répertoireque cette législalion est peu en harmonie avec nos institutions et nos moeurs politiques. En présence de cette unanimilé appartient-il a celui qui se dit libéral de respecter ces prescriptions Même en se pla§ant au point de vue restreint de M. Pirmez, quel motif particulier commandait ici au chef de la gardé d'autoriser eelle-ci a paraltre a la procession Au contraire, une circonstance significative et a Ia- .quelle M. Hynderick faisait allusion dans sa lettre de- juin 1865, ne lui faisait-elle pas un devoir impérieux de refuser cette autorisation? On se rappelle qu'a cette époque le clergé refusa de participer aux céré monies de réception de M. le ministre de l'intérieur, alléguant que le décret de messidor était abrogé par la Constitution. M. le major avait a faire la même ré- ponse. I.e précédent posé par le clergé l'y conviait. Et ici pasd'équivoque, pas de faux-fuvantsQu'on ne vienne pas nous dire qu'il s'agit dans l'espèce a d'un certain nombre de membres de la gardé ci vique qui croient honorer leur culte en assistant une procession. Le droit invoqué est incontesta- blement celui du citoyen. Mais lorsqu'un chef de corps autorise une prise d'armes, lorsque des gardes prennent part a une cérémonie en uniforme et en armes, ils cessent d'agir en simples citoyens ils deviennent membres d'une institution organisée par la loi et, comme tels, représentent la garde civique. Or, nous le répétons, sous notre régime, la force ar~ mée ne doit participer a aucuu titre aux cérémonies des cultes. En le tolérant, on se met en opposition avec les principes du libéralisme. Qu'on le saclie bien,

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L’Opinion (1863-1873) | 1869 | | pagina 2