JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENI
YPRES, Riiiianche
Septième année, 34,
22 Aoüt 1869.
PKIX U'IBOIIEIIEMT
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Encore des promesses.
S'il faut en croire VEtoile beige, qui se dit trés
bien informée, nous aurons, cette année, un dis
cours du tróne.
Un discours du trónePourquoi faire? Le pays
a vraiment bien besoin de nouvelles promesses,
qua.nd il en est encore a attendrela réalisation de
celles qu'on lui a faites depuis douze ans.
En 1857, !e ministère Frère-Orban nous disait
en prenant possession du pouvoir Notre poli—
tique, ramenée aujourd'hui a la direction de3
affaires, a la mission de préserver une des bases
constitutives du gouvernement et des sociétés
modernes l'intégrité des droits de l'Etat et
l'indépendance du pouvoir civil. C'est lè l'un
des premiers devoirs du gouvernement, rendu
plus pressant encore par les discussions qui ont
si vivement ému le pays.
Douze années se sont écoulées depuis le jour oü
le gouvernement doctrinaire prenait devant Ie pays
ces engagements solennels. Comment les a t-il
tenus? Qu'on nous cite, si Ton peut, les lois qu'il
a fait voter par les Chambres pour dégager le pou
voir civil de ses entraves et lui restituer eet indó-
pendance que l'on proclamait avec raison une des
bases constitutives de la société moderne? A part
l'interprétation de l'article 84 de la loi com
munale et la sécularisation des bourses d'études,
les choses sont restées absolument dans le même
état qu'auparavaut.
La loi de 1842, dont la révision avait été re-
connue, dés 1847, comme une des uécessités les
plus urgentes du libéralisme, n'a subi aucune mo
dification. Aujourd'hui, comme il y a vingt ans,
le clergé catholique est maltre de notre enseigne-
ment primaire, et loin de tenter quelqu'effort
pour combattre sa funeste influence, nous avonsvu
un ministre assez audacieux, M. Alphonse Vanden-
peereboom, pour chercher l'agrandir encore, en
étendant la surveillance cléricale jusqu'aux écoles
d'adultes.
A l'ouverture de la session legislative de 1861
le gouversement, cédant a la pression de l'opinion
publique, annongaitla présentation d'un projet de
loi sur le temporel des cultes. On a reconnu,
disait-il dans le discours du Tróne, la néces-
sité de combler les lacunes que présente la lé-
gislation actuelle pour la gestion et le contróle
des biens affectés au service des cultes. La
loi a étéprésentée, en effet, maiselleattendencore,
après huit années, qu'il plaise au gouvernement de
la soumettre a la discussion.
L exécutioo de la loi sur les cimetières donne
lieu presque journellement descandaleux conflits.
Si l'autorité civile a un droit incontestable, c'est
celui que défend le libéralisme en réclamant une
loi qui consacre nettement le principe de la sécu
larisation des cimetières. Cette loi urgeute, né
cessaire, le ministère ri'ose pas la proposer. Retenu
par Ia crainte de déplaire au clergé, il abandonne
a elles-mêmes les administrations communales,
trop faibles, la plupart, pour résister aux influences
eléricales qui les obsèdent et s'abstient prudem-
ment d'intervenir dans les conflits sous prétexte
que l'inhumation des citoyens est un soin d'ordre
exclusivement communal.
Et dans Ia question du serment, quelle a été
l'attitude de ces ardents défenseurs de la liberté
de conscience, en présence d'une jurisprudence
qui fait ouvertement violence aux droits les plus
sacrés de la conscience humaine Certes, si le mi
nistère avait eu lemoindre souci des devoirs de sa
mission, n'aurait-il pas du s'empresser de proposer
aux Chambres une formule de serment qui fit
cesser ce scandale, dans un pays fibre, de nom-
breux citoyens condamnés Tarnende pour avoir
refusé, comme c'était leur droit, d'invoquer la di-
vinité a l'appui de leur témoignage. II n'était pas
besoin, pour cela, comme on I'a dit alors, de pro-
clamer i'athéisme de l'Etat. II suffisait de rappeler
et de faire triompher le principe même du libéra
lisme qui n'est autre que l'indifférence de l'Etat en
matière de religion. Mais ici encore, comme pour
toutes les autres réformes qui attendent leur réa
lisation du bon plaisir ministériel, on a reculé de
vant les clameurs du clergé et l'on a sacrifié les
droits de Ia conscience au désir de ménager ses
adversaires.
A-t-il du moins tentéquelqu'effort pour replacer
Ie clergé sous la loi commune Aucun. Pas plus
tard que dans la dernière session, nous avons vu
le ministère demander a la Chambre la consécra-
tion de l'injustifiable privilége qui exonère du ser
vice militaire, non-seulement les ministres des
cultes, mais jusqu'aux simples élèves en théo
logie.
Et voilé comment le cabinet libéral entend as
surer l'indépendance du pouvoir civilAprès douze
années non interrompues de gouvernement, nous
nous trouvons, vis-a-vis du parti clérical, absolu
ment dans la même situation qu'en 1857, avec
celte différence que nos adversaires, profitant du
découragement que l'inertie du ministère a semé
parmi nous, a vu ses forces s'accroltre au point
qu'il s'en est fallu de moins de mille voix dans tout
le pays que Ia majorité parlementaire ne fut cal—
butée de fond en comble aux dernières éleetions.
On va done nous faire de nouvelles promesses
aujourdhui. Serout-elles plus sincères que les
autres Nous ne sommes plus assez naïfs pour le
croire, car si 1 expérience du gouvernement doctrw
naire ne nous a point donné ce que nous en atten-
dions, elle a eu, du moins, eet excellent résultat
de nous déniaiser et de nous avoir appris a con-
naitre enfin ceux qui out si longtemps exploité
notre crédulité.
Pourquoi le ministère tient tant a ménager le
parti clérical, pourquoi il ajourue sans cesse et
sous toutes sortes de prétextes l'exécution de ses
engagements, nous le savons aujourd'hui, c'est
paree qu'il a peur de la réforme électorale, qui
ferait écrouler comme un chèteau de cartes Ie gou
vernement des coteries, sur lequel repose toute
sa force, et qu'il doit pouvoir compter sur l'appui
de la droite pour opposer une digue au mouve
ment réformiste dont les progrès l'effraient et
qu'il se sent impuissant maitriser si les cléricaux
ne lui vienuent pas en aide. Car il en est arrivé
la, le parti doctrinaire, de redouter le jogement
de la conscience publique et de n'attendre plus
son salut que de la compression.
Oui, que la proposition de M. Guillery ou toute
autre qui fasse une large part ['intelligence dans
l'exercice des droits électoraux, vienne a être vo-
tée par les Chambres, et nous ne demandons pas
deux années pour que le gouvernement doctrinaire
soit balayé comme, en 1847, nous avons balayé
les Malou et les de Theux. Le ministère le sait
aussi bien que nous, et c'est pour que les cléri
caux continuent lui prêter sou concours contre
cette proposition qu'il s'abstient soigneusement de
lui donner quelqu'ombrage.
Elle triomphera pourtant, cette proposition,
malgré la résistance de la coalition clérieo-doctri-
naire. L extension du droit de suffrage s'impose
aujourd'hui la Belgique comme une nécessité
politique a laquelle il n'est possible a aucun gou
vernement de faire obstacle. Nous ne dirons pas
au ministère, ce que ses amis disaient, en 1847,
aux cléricaux nous vous vaincrons légalement ou
nous vous abattrons révolutionnairement. La !é-
galitê nous suffit. A quoi bon la révolution contre
Ie doctrinarisme La pourriture tombe toute
seule.
Tont cela est trés drole
Le Monileur du 11 aout a appris a la ville qui
depuis plusieurs jours se tenait l'oreille au vent,
ia nomination de M. A. Hynderick comme éche-
L'OPINION