JOURNAL D'ÏPRES DE L'ARKONDISSEMENT
Le tout payable d'avance.
YPRES, Dimanche
Septième annéc. - N° 37. 12 Septeinbre 1869.
Paraissant le dimanche.
PKI!K IlES AilWOaiCES
ET DES RECLAMES
10 Centimes Ir petite ligne.
Corps du Journal, 30 centimes*
PltlX O'lBOpüillEMT
POUR LA BËLGIQUE
8 francs par an4 par semestre.
Pour l'Etranger, iWporl en sus.
Un Numéro 25 Centimes
Laissez dire, laissez-vous biamer, mais pubüez voire pensèe.
On s'abonne a Ypres, On traite a forfait pour .es annonces souvent reproduites. Toules lettres
au bureau du Journal, rue de Dixmude, 59. ou envois d'argent doivent dtrc adressés franco au bureau du journal.
Peine perdue.
Après avoir annoncé, comme une nouvelle des-
tinée nous jeter dans les transports d'une joie
délirante, que la session législative s'ouvrirait par
un discours du tróne, les journaux ministériels,
revenant sur leurs pas, déclarent qu'ils ont été
mal informés et qu'aucune résolution n'a encore
été prise h eet égard.
Hé, mon Dieu qu'est-ce que cela nous fait,
nous, que nous ayons ou non un discours du tróne
a l'ouverture de Ia session Le temps oü le pays
attachait quelqu'importance h ces choses-lè est
passé depuis lo.ngtemps.
Si aveugles que l'abus du pouvoir vous ait
fails, vous sentez vaguement que l'opinion pu-
blique vous échappe et vous espérez la retenir par
de nouvelles promesses. Nous avons été si bêtes
pendant douze ans qu'il ne vous semble pas bien
difficile de nous leurrer encore.
Eh bien vous vous trompez. Nous vous avons
donné le droit, c'est vrai, de beaucoup présumer
de notre candeur, mais il y a une fin toutes
choses, messieurs, et votre conduite dans ces der-
niers temps a achevê de vous faire connaitre aux
moins clairvoyants.
Comment voulez-vous, messieurs, que quel-
qu'un croie encore a votre libéralisme, après le
privilége que vous avez fait consacrer, dans la loi
de milice, au profit des membres du clergé et des
simples étudiants en théologie
Oü est le naïf assez crêdule pour avoir encore
la moindre foi dans votre promesse formelle d'af-
franchir l'enseignement de la surveillance ecclé-
siastique quand nous avons vu tout récemmeut un
de vos ministres, pressé de donner des gages de
conciliation au parti clérical, proclamer du haut
de la tribune que la loi de 1842 est excellente et
qu'elle ne sera pas révisée
Qui ne comprend aujourd'hui que la liberté de
conscience n'est plus en mains süres sous votre
sauvegarde, quand vous refusez d'élaguer du Code
destruction criminelle une formule de serment
évidemment contraire aux droits de la conscience
Qui n'a, présente h ses souvenirs, cette longue
série de transactions, de compromis, de complai
sances qui vous ont permis de compter sur l'appui
du parti clérical, chaque fois que vous en avez eu
besoin pour combattre certaines velléilés d'oppo-
sition qui se manifestaient parmi quelques-uns de
vos amis
Or, messieurs, tant va la cruche h i'eau...,
vous savez le reste. Ne vous mettez done pas en
peine pour nous faire de nouvelles promesses.
C'est parfaitement inutile. Vous étes irrévocable-
ment jugés, et le mieux qu'il vous reste faire,
c'est encore de continuer, pour le peu de temps
qui vous reste a vivre, le système de bascule qui
vous a si bien réussi pendant douze ans.
Le Journal d'Ypres nous reproche aigrement
de n'avoir pas jusqu'è présent appris h nos lecteurs
que le tribunal de Cracovie a rendu une ordon-
nance de non-lieu dans l'affaire de Barbara
Ubryck.
Nous n'avons pas publié cette ordonnance pour
une raison bien simple, c'est qu'elle est une pure
invention des journaux cléricaux. II n'y a pas
d'ordonnance de non-lieu. Le tribunal s'est borné
ordonner la mise en liberté provisoire des déte—
nues, ce qui n'implique nullemept au con
traire qu'il les tienne pour innocentes des faits
infómes dont elles sont accusées. Libre au Jour
nal d'Ypres de mentir tant qu'il lui plaira, mais
nous trouvons plaisant qu'il veuiile nous obliger a
lui servir de compère»
he Journal d'Ypres semble nous associer, dans
l'entrefilet qu'il nous consacre, la croisade or-
ganisée par quelques journaux doctrinaires pour
réclamer des mesures de surveillance spéciale
l'égard des couvents beiges. Notre pieux confrère
a la mémoire courte ou bien il ne nous fait pas
l'honneur de nous lire c'est Opinion qui, la
première dans toute la presse libérale, a protesté,
au nom de Ia liberté d'association, contre toute
idéé d'assujétir les communautés religieuses a un
régime restrictif et exceptioneel. Pour avoir rai
son des couvents, nous avons toujours pensé et
nous pensons encore que la liberté suffit. Voulez-
vous mettre un hibou hors d'état de nuire Trai-
nez-le la lumière. Le hibou, c'est le couvent.
La lumière, c'est la liberté.
Nous lisons dans le Peuple beige cette défini-
tion du doctrinarisme
Douze ans d'un doctrinarisme interrompu et for-
tement caractérisé ont établi, d'une manière irre
fragable, que le grand parti doctrinaire ne vit que des
faits infïmes, bons tout au plus h alimenter la chro-
nique d'une petite presse rabacheuse et cancanière.
Mais le doctrinarisme cesserait d'être doctrinarisme
et d'exister, s'il avait une logique, un principe diri-
geant, une philo.sophie sociale et politique, s'il était
autre chose qu'un parti d'avides, dévorés de la soif
du pouvoir et des profits qu'il rapporte, intéressés
avant tout a maintenir les abus et les iniquités qui les
font vivre.
Qui dit doctrinaire dit inertie, impuissance, que-
relle confuse, cternisation des abus, abrutissement du
public, polémique sans issue, Ie tout tandis que les
malins qui font manoeuvrer les ficelies s'enrichissent
au détriment des imbeciles.
Le Progrès, de Verviers, est tout aussi expli-
cite
Nous ne voulons pas, dit-il, aider fortifier le doc
trinarisme qui, par sa nature, doit combattre le pro-
gressisme. Vous nous avez trompés, vous nous trom-
periez encore. Nous voulons que la doctrine périsse
Qui neconnait la hardiesse proverbiale desdémentis
cléricaux Nos feuilles devotes sont assez célèbres
sous ce rapport elles tronquent tout avec une assu
rance superbe, car elles savent que leurs lecteurs
n'osent jeter les yeuxsüi1 les journaux libéraux.
Maisil y a des agents cléricaux plus forts encore.
Ainsi, on nous cite un sermon prêchéavant-hiermatin
a Liége, dans lequel Ie curé, parlant de ('affaire de
Cracovie, faisait l'éloge des chères soeurs, qui avaient
si bien soigné la malheureuse Barbara. Après un su
perbe mouvement oratoire contre les libéraux, ces
puits d'infamie, il sécria Vous verrez que pas un
d'eux ne fera connaitre le jugement qui vient d'ac-
quitler les soeurs de Cracovie 1
Pas mal imagine, n'est-ce-pas
Voila un homme de génie que la Gazette fera bien
d'attacher a sa redaction.
[Journal de Liége, 24 aoüt.)
Le Journal de Bruges apprécie en ces termes le
rappel des miliciens mariés de la classe de 1864, qui
ont dü rejoindre leur drapeau malgrè les réclamations
des autorités communales
o Les hommes rappelés sont chefs de jeunes ména
ges, qui doivent être soutenus par le travail de leur
chef. Les priver do cette unique ressource, c'est les
D'houneur, la presse oflicieuse se paie d'étrangcs
illusions si elle s'imagine que nous sommes tou-
jours ce que nous étions en 1857, quand, naïfs!
nous avons poussé ses patrons au pouvoir, croyant
y asseoir, du même coup, le libéralisme dont le
Congrès de 1846 avait formulé la charte. Nous
avons payé cher notre erreur, messieurs nos gou-
vernants mais, enfin, nous en sommes revenus,
et maintenant que le pays vous connait,ne comp-
tez pas qu'il se löissera berner plus longtemps par
vos fallacieuses promesses. Les élections législa-
tives sont proches, messieurs. Ce jour-Iè, nous
vous en donnons dès présent l'assurance, vous
apprendrez vos dépens qu'on ne se joue pas im-
punément, pendant douze années, des principes
que l'on avait juré de défenare, et que la justice
du pays, pour être lente parfois, n'en arrive pas
moins, une certaine heure qu'on ne peut re-
tarder, pour punir la forfaiture et chètier les
traltres.