Le tout payable d'avance. JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT Y Pil ES. Biinanche Septième année. - R° 38. 19 Septembre 1869. P1UX IPlKOlüüllIEiST POUR LA BELG IQUE 8 francs par an; 4 fr. SO par semestre. Pour l'Etranger, le port en sus. Un Numéro 25 Centimes PRIX RES AtlIOSCES ET DES RECLAMES 10 Centimes la petite ligne. Corps du Journal, 30 centimes-» Paraissant le dimanche. Laissez dire, laissez-vous blèmer, mais publiez vofcre peneèe. On s'abonne a Ypres, au bureau du Journal, rue de Dixmude, 59. On traite a forfait pour es annonces souvent reproduites. Toutes lettres ou envois d'argent doivent être adressés franco au bureau du journal. P!ns de dupes! Les doctrinaires de Yerviers, qui comprennent que leur dernière heure est venue, ont senti la nêcessitè de faire quelques avances aux progres- sistes, qui, naturellement, les ont repoussées. Le Progrès de Yerviers déclarait, il y a peu de jours, que de l'avis unanime de ses amis, le parti progressiste n'avait qu'a perdre en se coalisant avec les doctrinaires. Cette declaration exaspère VEcho du Parle ment. Gela se comprend sans peine. Les progres- sistes refusant de continuer a faire la courte éclielle a ses patrons, VEcho du Parlement voit clairement que c'en est fait du ministère aux êlections prochaines, car il n'est pas douteux que les progressistes de Gand et de Charleroi sui- vront l'exemple de Verviers, et alors, c'est la débècle certaine, inévitable. Le journal ministêriel reproche amèrement aux progressistes de méditer une alliance avec les cléricaux. Mais prenez garde, leur dit-il les clé- ricaux vous acceptent aujourd'hui pour alliés, quitte k vous duper demain, quand ils n'auront plus besoin de vous. Nous ignorons les intentions des progressistes de Verviers. Mais, assurément, s'il leur arrivait d'être dupes des cléricaux, encore seraient-ils beaucoup plus excusables, a nos yeux, que s'ils s'étaient laissè prendre encore une fois après tant d'autres aux propositions mielleuses du parti doctrinaire. Lz Journal d'Ypres nous avait reproche der- nièrement comme un acte de déloyauté poli tique d'avoir tenu cachèe nos lecteurs l'or- donnance de non-lieu qui a proclamê, d'après notre pieux confrère, la compléte innocence des carmélites de Cracovie. Nous livrons a l'ap- préciation des honnêtes gens, s'écriait-il, ce procédé de la presse du libre examen. Nous avons répondu au Journal d'Ypres L'ordonnance de non-lieu dont vous faites tant de bruit n'existe pas. C'est une pure invention. Le tribunal de Cracovie s'est borné ordonner la mise en liberté provisoire des détenues, ce qui n'implique pas du tont qu'il les tienne pour inno- centes. Le Journal est bien forcé de reconnattre au jourd'hui que nous avons raison et qu'il en a audacieusement imposé ses lecteurs. Mais il soutient que la mise en liberté provisoire de ses chères carmélites équivaut, dans le fait, a la proclamation juridique de leur innocence. II suffit, pour relever cette pretention ridicule, de faire observer au Journal que si le tribunal de Cracovie avait eu la conviction qu'il lui prête, il aurait rendu une ordonnance de non-lieu déti— nitive, au lieu de statuer simplement au provi soire. S'il a exigé des prévenues la promesse qu'elles se représenteraient devant la justice a sa première réquisition, c'est apparemment que leur innocence n'est pas établie a ses yeux. La lettre de la comtesse Tomkowietz, que le Journal a l'imprudence de reproduire, prouve, d'ailleurs, a toute évidence, que le tribunal n'a nullement renoncé aux poursuites. Nos carmélites, li- sons-nous dans cette lettre, ont subi cinq se- maines de l'emprisonnement le plus outra- geant, et voilé qu'on leur déclare que c'est ee commencement nu PHOCÈs. Est-ce clair. Confrère, confrère, vous n'êtes pas adroit. Une autre fois, mettez mieux vos lunettes, et avant d'accuser les gens de déloyauté, commencez vous- rnême par ne pas éditer des mensonges dont vous êtes obligé, après coup, de faire votre med culpa. Nous appelons toute l'attention de nos lecteurs sur l'article suivant, extrait de la Chronique, et qui jette un nouveau jour sur l'esprit libéral qui règne dans les sphères de l'enseignement officiel. Nos leeteurs se rappelleront que M. Choppinet, qui joue un róle si honorable dans l'histoire que raconte la plume fine et spirituelle de Victor de la Hesbaye, a toujours joui de la confiance la plus illimitée de M. Vandenpeereboom pendant tout le temps que ce dernier a occupé le départe ment de l'Intérieur. La commune de la Hestre (Hainaut) a pour institu- teur un homme laborieux et intelligent, honnête et désireux de bien faire. Naguère, la Ligue de l'enseignement iustalla a la Hestre un de ses cercles locaux et le comité,compose de l'élite de la population de la Hestre, choisit pour bibliothécaire l'instiluleur de la commune. X Tout cela étail fort bien. Mais la Ligue de l'en seignement, ayant pour bul la diffusion et la propaga tion de l'instruction au sein des classes populaires, jouil de toute la haine du clergé, lequel n'admet pas d'autre instruction que celle qu'il donne ou oelle qu'il contröle. 11 a de bonnes»., je veux dire de mau- vaisesraisonspour cela. II advint done que M. Finslituteur de la Hestre fut dénoncé par la police cléricale a M. Ie chanoine Chop pinet, inspecteur diocésain des écoles primaires.... X Car c'est la un des cötés les plus remarquables de la liberté de l'enseignement, dans la Constitution, quel'Etat y ait renoncé pour son comple et ait livré son enseignement, a lui, a la discrélion du clergé lequel inspecte, litre d'autorité, les étabjissements et les employés du gouvernement. X M. le chanoine-inspecteur trouva naturellement fort mauvais que l'intituteur de la Hestre eut accepté les fonctions de bibliothécaire du Cercle local de la Ligue de VEnseignement. S'il s'était fait chantre ou sacristain, comme tant d'autres de ses confrères, il eüt eu tous les droits possibles a la faveur outout au moins a la mansuétude de M. Choppinet... Mais bibliothécaire et bibliothécaire d'une institu tion non cléricale 11... C'était une abomination qui méritait une correction sévère... Etl'excellenl chanoine, enfermé en tête k têteavec sa sainte -rancune,médita pieusement sur la fatjon dont il s'y prendrait pour donner un bon croc en jambes a M. l'instituteur assez oublieux de sa mission pour préférer une bibliothèque a une sacristie. X I.ebon chanoine médita longtemps et il finit par reconnaltre qu'il risquait fort d'échouer dans ses pro jets malfaisants en articulant comme grief a charge de l'instituteur la vérité toute nue... Alors, le bon chanoine se décida habiller un peu la vérité et il fit au ministère de l'intérieur, contre l'instituteur de la Hestre, un rapport sainlement ve- nimeux, oü il accusait ledit instituteur d'être de- venu secrétaire de 1'Internationale. L'InternationaleOn sait l'effet que produit ce mot en lieux officieux,et le crédit dont jouissent les adeptes de la société de ce nom. Aussi, l'effet du mensonge de M. le chanoine ne se fit pas attendee et l'instituteur de La Hestre fut l'objet de tracasseries administratives dont, par ha- sard, il eut vite le secret. X Le grief articulé contre lui était absolument dénué de fondement il ne fut pas difficile a notre institu teur de le prouver clair comme le jour. On voulut bien se rendre a l'évidence, ce qui n'arrive pas toujours dans les régions bureaucra- tiques. Mais, une fois innocenté aux yeux du ministère, l'instituteur de La Hestre voulut savoir par qui il avait été faussement dénoncé? 11 se heurta alors a un refus catégorique. Pou- vail-on, en effet, compromettre le prestige de M. l'in- specleur diocésain Jamais! plutót la mort!... X D'oü il faut conclure qu'en couvrant d'un silence complaisant le nom du dénonciateur, le gouverne ment se fait en quelque sorte son complice, et l'en- courage tacilement a continuer le cours de ses ex ploits calomnieux. X Moralité. Voila un chanoine qui calomnie et un instituteur qui est calomnié; l'Etat n'hésite pas il continue sa confiance au chanoine. II est vrai que les instituteurs sont de pauvres diables, que l'Etat paie assez mal pour avoir le droit de les traiter de trés haut. -

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L’Opinion (1863-1873) | 1869 | | pagina 1