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JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT
Y Pil ES. Biinanche
Septième année. - R° 38. 19 Septembre 1869.
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P!ns de dupes!
Les doctrinaires de Yerviers, qui comprennent
que leur dernière heure est venue, ont senti la
nêcessitè de faire quelques avances aux progres-
sistes, qui, naturellement, les ont repoussées.
Le Progrès de Yerviers déclarait, il y a peu de
jours, que de l'avis unanime de ses amis, le
parti progressiste n'avait qu'a perdre en se
coalisant avec les doctrinaires.
Cette declaration exaspère VEcho du Parle
ment. Gela se comprend sans peine. Les progres-
sistes refusant de continuer a faire la courte
éclielle a ses patrons, VEcho du Parlement voit
clairement que c'en est fait du ministère aux
êlections prochaines, car il n'est pas douteux que
les progressistes de Gand et de Charleroi sui-
vront l'exemple de Verviers, et alors, c'est la
débècle certaine, inévitable.
Le journal ministêriel reproche amèrement aux
progressistes de méditer une alliance avec les
cléricaux. Mais prenez garde, leur dit-il les clé-
ricaux vous acceptent aujourd'hui pour alliés,
quitte k vous duper demain, quand ils n'auront
plus besoin de vous.
Nous ignorons les intentions des progressistes
de Verviers. Mais, assurément, s'il leur arrivait
d'être dupes des cléricaux, encore seraient-ils
beaucoup plus excusables, a nos yeux, que s'ils
s'étaient laissè prendre encore une fois après
tant d'autres aux propositions mielleuses du
parti doctrinaire.
Lz Journal d'Ypres nous avait reproche der-
nièrement comme un acte de déloyauté poli
tique d'avoir tenu cachèe nos lecteurs l'or-
donnance de non-lieu qui a proclamê, d'après
notre pieux confrère, la compléte innocence des
carmélites de Cracovie. Nous livrons a l'ap-
préciation des honnêtes gens, s'écriait-il, ce
procédé de la presse du libre examen.
Nous avons répondu au Journal d'Ypres
L'ordonnance de non-lieu dont vous faites tant
de bruit n'existe pas. C'est une pure invention.
Le tribunal de Cracovie s'est borné ordonner la
mise en liberté provisoire des détenues, ce qui
n'implique pas du tont qu'il les tienne pour inno-
centes.
Le Journal est bien forcé de reconnattre au
jourd'hui que nous avons raison et qu'il en a
audacieusement imposé ses lecteurs. Mais il
soutient que la mise en liberté provisoire de ses
chères carmélites équivaut, dans le fait, a la
proclamation juridique de leur innocence.
II suffit, pour relever cette pretention ridicule,
de faire observer au Journal que si le tribunal
de Cracovie avait eu la conviction qu'il lui prête,
il aurait rendu une ordonnance de non-lieu déti—
nitive, au lieu de statuer simplement au provi
soire. S'il a exigé des prévenues la promesse
qu'elles se représenteraient devant la justice a sa
première réquisition, c'est apparemment que leur
innocence n'est pas établie a ses yeux. La lettre
de la comtesse Tomkowietz, que le Journal a
l'imprudence de reproduire, prouve, d'ailleurs, a
toute évidence, que le tribunal n'a nullement
renoncé aux poursuites. Nos carmélites, li-
sons-nous dans cette lettre, ont subi cinq se-
maines de l'emprisonnement le plus outra-
geant, et voilé qu'on leur déclare que c'est ee
commencement nu PHOCÈs. Est-ce clair.
Confrère, confrère, vous n'êtes pas adroit. Une
autre fois, mettez mieux vos lunettes, et avant
d'accuser les gens de déloyauté, commencez vous-
rnême par ne pas éditer des mensonges dont vous
êtes obligé, après coup, de faire votre med culpa.
Nous appelons toute l'attention de nos lecteurs
sur l'article suivant, extrait de la Chronique, et
qui jette un nouveau jour sur l'esprit libéral qui
règne dans les sphères de l'enseignement officiel.
Nos leeteurs se rappelleront que M. Choppinet,
qui joue un róle si honorable dans l'histoire que
raconte la plume fine et spirituelle de Victor de
la Hesbaye, a toujours joui de la confiance la
plus illimitée de M. Vandenpeereboom pendant
tout le temps que ce dernier a occupé le départe
ment de l'Intérieur.
La commune de la Hestre (Hainaut) a pour institu-
teur un homme laborieux et intelligent, honnête et
désireux de bien faire.
Naguère, la Ligue de l'enseignement iustalla a la
Hestre un de ses cercles locaux et le comité,compose
de l'élite de la population de la Hestre, choisit pour
bibliothécaire l'instiluleur de la commune.
X
Tout cela étail fort bien. Mais la Ligue de l'en
seignement, ayant pour bul la diffusion et la propaga
tion de l'instruction au sein des classes populaires,
jouil de toute la haine du clergé, lequel n'admet pas
d'autre instruction que celle qu'il donne ou oelle qu'il
contröle. 11 a de bonnes»., je veux dire de mau-
vaisesraisonspour cela.
II advint done que M. Finslituteur de la Hestre fut
dénoncé par la police cléricale a M. Ie chanoine Chop
pinet, inspecteur diocésain des écoles primaires....
X
Car c'est la un des cötés les plus remarquables de
la liberté de l'enseignement, dans la Constitution,
quel'Etat y ait renoncé pour son comple et ait livré
son enseignement, a lui, a la discrélion du clergé
lequel inspecte, litre d'autorité, les étabjissements et
les employés du gouvernement.
X
M. le chanoine-inspecteur trouva naturellement
fort mauvais que l'intituteur de la Hestre eut accepté
les fonctions de bibliothécaire du Cercle local de la
Ligue de VEnseignement.
S'il s'était fait chantre ou sacristain, comme tant
d'autres de ses confrères, il eüt eu tous les droits
possibles a la faveur outout au moins a la mansuétude
de M. Choppinet...
Mais bibliothécaire et bibliothécaire d'une institu
tion non cléricale 11... C'était une abomination qui
méritait une correction sévère...
Etl'excellenl chanoine, enfermé en tête k têteavec
sa sainte -rancune,médita pieusement sur la fatjon dont
il s'y prendrait pour donner un bon croc en jambes a
M. l'instituteur assez oublieux de sa mission pour
préférer une bibliothèque a une sacristie.
X
I.ebon chanoine médita longtemps et il finit par
reconnaltre qu'il risquait fort d'échouer dans ses pro
jets malfaisants en articulant comme grief a charge de
l'instituteur la vérité toute nue...
Alors, le bon chanoine se décida habiller un peu
la vérité et il fit au ministère de l'intérieur, contre
l'instituteur de la Hestre, un rapport sainlement ve-
nimeux, oü il accusait ledit instituteur d'être de-
venu secrétaire de 1'Internationale.
L'InternationaleOn sait l'effet que produit
ce mot en lieux officieux,et le crédit dont jouissent
les adeptes de la société de ce nom.
Aussi, l'effet du mensonge de M. le chanoine ne se
fit pas attendee et l'instituteur de La Hestre fut
l'objet de tracasseries administratives dont, par ha-
sard, il eut vite le secret.
X
Le grief articulé contre lui était absolument dénué
de fondement il ne fut pas difficile a notre institu
teur de le prouver clair comme le jour.
On voulut bien se rendre a l'évidence, ce qui
n'arrive pas toujours dans les régions bureaucra-
tiques.
Mais, une fois innocenté aux yeux du ministère,
l'instituteur de La Hestre voulut savoir par qui il
avait été faussement dénoncé?
11 se heurta alors a un refus catégorique. Pou-
vail-on, en effet, compromettre le prestige de M. l'in-
specleur diocésain
Jamais! plutót la mort!...
X
D'oü il faut conclure qu'en couvrant d'un silence
complaisant le nom du dénonciateur, le gouverne
ment se fait en quelque sorte son complice, et l'en-
courage tacilement a continuer le cours de ses ex
ploits calomnieux.
X
Moralité. Voila un chanoine qui calomnie et un
instituteur qui est calomnié; l'Etat n'hésite pas
il continue sa confiance au chanoine.
II est vrai que les instituteurs sont de pauvres
diables, que l'Etat paie assez mal pour avoir le droit
de les traiter de trés haut.
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