beige, qui est animée de sentiments religieux, l'af-
firme tous les jours en votant pour les hommes qui
professent des idéés libérales.
Plus les hommes qui dirigent le parti clérical se
montrent slupidement audacieux dans leurs ten
dances, plus s'éclaircissent dans notre paye et par-
tout, du reste, les rangs de ce parti. La lettre du
P. Hyacinthe ouvrira les yeux aux rares adeptes
qu'il conserve encore, et bientót ce parti, dominé par
une secte fanatique, par un épiscopat aveugle, en
sera réduit a cette génoration de crétins, annoncée,
il y a treize ans déjè, par un ministre catholique
beige, du haut de la tribune nationale.
Crotjuignoles.
Ahl par exemple, méditez ces lignes ébouriffantes,
imprimées en lettres d'or dans 1 'Echo des males
convictions du 1 9 septembre
On sait que quant a nous, nous admettons les
s divergences d'opinions sur les questions d'applica-
tion, jamais sur les questions de principe.
Jamais?? A quelle espèce de lecteurs s'adresse
done l'organe ministeriel? Le doctrinarisme aurait-il
décidément opéré la confusion des vessies et des lan
ternes
En principe, separation du spirituel et du tempo-
rel en pratique le pouvoir civil, souffleté en pleine
rue, par la valetaille romaine.
En principe, liberté des cultes; en pratique, loi de
1842 et écoles d'adultes.
En théorie, pas de privileges; en pratique,exemp
tions ecclésiastiques.
En théorie, dignitè-du pouvoir; en pratique, le
ministre d'un pays libre aux genoux d'un prêtre,
implorant son miséricordieux pardon pour les coups
de cravache distribués par le laquais de l'Eminence
aux soldats beiges.
En théorie, jamais de concessionsen pratique, les
alliances Malou-Choppinet-Schollaert.
Et ainsi de suite, de quoi remplir une douzaine de
gros in-folio
Comédie, chers doctrinaires, comédie! La, fran-
chement, entre nous, existerait-il encore, a l'heure
présente, une nuance sensible et perceptible entre Ia
cocotte roucoulant de sa voix éraillée une pastorale et
le doctrinarisme coifledu chignon libéral?
Dam! on fail son petit métier, nous le comprenons;
pourtant la corde s'use, et il viendra une heure
fort proche peut-être oü les plus habiles ministres
d'Etal feront le plongeon; et il est, en politique, des
chutes mortelles!
Et pourquoi diable 1 'Echo se mêle-t-il de parler
principes?... Ge cold cream doctrinaire est de la plus
détestable composition. A d'autres, Messieurs!
Correspondance particuliere de IWBiti?!.
Bruxelles, 23 septembre.
Au moment oü je commence ma lettre, une salve
de 21 coups de canon annonce l'ouverture des fêles
de Septembre, qui proinettent d'ètre exceptionnelle-
ment animées cette année, grêce a la revue et au
festival, qui ne peuvent manquer de nous amener un
•rand nombre d'étrangers.
J'ai assisté, dimanche dernier, a Ia répétition géné
rale du Messie a ia gare du Midi. La salie, dont la dé-
coration était presqu'entièremenl achevée, est vrai-
meut maguifique. Je ne vais pas vous en faire une
nouvelle description après toutes celles que vous avez
pu lire dans les journaux mais je dois dire que, pour
ma part, mes souvenirs d'ancien reporter ne me
rappellent, en ce genre, rien de comparable comme
richesse et comme bon goüt. Vous faites-vous bien
une idéé d'une salie oü l'on peut asseoir a l'aise sept
mille personnes Vous représentez-vous une estrade
de quinze cents musiciens? Cette estrade, a elle seule,
est aussi vaste que la plus grande de nos salles de
concerts. Non, jamais la Belgique n'aura vu une fête
aussi colossale et je doute qu'elle en revoie de long-
temps une semblable, car oü trouver encore une salie
de pareille dimension
La répétition a très-bien marché. Ce n'est pas en
core la perfection, sans doute. Les grandes traditions
du chant classique manquaient absolumenl ehez nous
et ce n'est pas en deux mois d'étude que nous pou-
vions espérer de nous placer au niveau des festivals
d'Allemagnemais l'ensemble est déja très-satisfaisant
et les meister - kapel qui viendront nous entendre ne
seront pas, je puis vous en répondre, trop mécontents
de nous.
Les rifflemen nous sont revenus, depuis hier, des
fêtes de Liége. On les rencontre, dans toutes nos rues,
bras dessus, bras dessous avec des bourgeois et des
gardes civiques. Le plussouvent, ces gais compa
gnons ne se comprennent pas, mais, en revanche, ils
s'entendent admirablement bien, je vous assure. De
vieux amis, qui ne se seraieut plus vus depuis dix
ans, ne montreraient pas plus de joie de se relrouver
ensemble. C'est égal, e'est une chose bien béte que
nous ne sachions pas I'anglais, quand on nous fait
passer six ou sept ans de notre vie a apprendre le
latin et le grec.
Si les journaux francais qui aiment représenter
la Belgique comme nourrissant des sentiments hos-
tiles a Ia France avaient assisté la réception que
nous avons faite hier aux gardes nationaux francais,
je crois qu'ils seraient trés embarrassés d'en rendre
compte, car cette réception ne pouvait êlre, ni plus
cordiale, ni plus chaleureuse. Nous, hostiles a la
France, quelle stupide calomnie 1 Est-il une nation
au monde avec laquelle nous sympathisions plus pro-
fondément Le Beige se sent chez lui a Paris comme
le Parisien a Bruxelles. On ne saurait citer, dans
l'histoire, deux nations mieux faites pour se com-
prendre et pour s'aimer. Mais nous voulons rester
libres et indépendants. Après trois ou quatre siècles
de domination étrangère, affranchis du joug qui pesait
sur nous, nous entendons garderce bien précieux que
nous avons acheté de notre sang qui peut nous en
blèmer La France est maitresse de régler ses des-
tinées comme elle l'entend nous ne lui demandons
qu'è nous permettre de faire de même. Que M. Gra-
nierdeCassagnacet son Pays appelle celade l'hostilité,
laissons-les dire, mais Paris saura demain, par tous
ses enfauts qui nous ont visité hier, que M. Granier et
son Pays en ont menti.
L'incident du nonce a bien eu la solution que je vous
avais annoncée, il y a quinze jours. C'est nous qui
avons fait, les premiers, des excuses et Mgr Cattani,
après les avoir acceptées, a daigné regretter les vio
lences de son cocher, si tant est qu'elles n'eussent
pasèté provoquées.
Je n'ai pas besoin de vous dire que cette solution
a produit ici un sentiment pénible et qu'on altendait
du gouvernement, en cette circonstance, une attitude
plus digne et plus ferme.
Je ne vous donne ce bruit qüe sous toutes réserves
mais j'entends dire depuis quelques jours que la
Reine est assez sérieusement souffrante. Vous vous
rappelez qu'au moment oü le Prince royal est tombé
malade, la Reine était a Spa pour sa santé. Le mal
dont elle souffrail s'est aggravé, dit-on, par les fati
gues des veilles et le désespoir, au point que les méde-
eins ne seraient pas sans inquiétude. I! y a, n'en doutez
pas, de l'exagération dans Ie bruit que je vous rap-
porte, mais il est aussi répaudu pour qu'il ne con-
lieunepas une certainedose de vérité.
De uos prochaines élcctions communales, rien a
dire pour le moment. Ilestbien question de combattre
la réélection de M. Watteeu, mais je ne vois pas,
jusqu'a present, qu'aucune autre candidature soit sé
rieusement menacée. II nefaudrait pourtant pas con-
jecturer de ce calme plat qu'aucune opposition nesur-
gira. Les mécontents sont nombreux. Qu'un homme
déterminè et populaire se melte a leur léte, il n'est
pas dit que beaucoup de nos conseillers acluels ne
restent sur le carreau. Mais, pour le moment, je le
répète, rien ne révèle l'existence d'un parti résolu a
entrer en lutte.
Le Théatre de Ia Monnaie achève sesdébuts, qui ne
sont ni meilleurs ni pires que ceux des années précé-
dentes. Qu'importe du reste Avec un répertoire
épuisé comme le sien, le théatre de la Monnaie nous
donnerait une troupe hors ligne, que ses affaires n'en
seraient guère plus avancées. Le public veut du neuf,
et oü voulez-vous qu'on aille le prendre pour Ie lui
donner? Je souhaite bonne fortune a la direction, qui
fait vraiment tout ce qu'elle peut pour nous com-
plaire, mais je n'ose pas espérer pour elle qu'elle
réussisse a nous tirer de notre indifference avec de
vieilles pièces que savons par coeur.
Fragments.
C'est plusieurs points de vue qu'il est intéres
sant d'étudier les listes de souscription pour le Jubilè
de Pie IX.
Le plus grand nombre des donateurs se compose
de prêtres et de domestiques.
Or, les curés de campagne et ceux-Iè y abondent
sont généralemenl assez pauvres, et les domesti
ques ne sont point de grands capitalistes.
II est rare qu'un curé n'ai point dans sa paroisse
plus de misère a soulager que ses ressources person-
nelles ne le lui perinettent la preuve, c'est qu'il fait
sans cesse appel a la générosité des fidèles, et qu'il
supplée par les quêtes et les demandes de dons a l'in-
suffisance de ses propres deniers.
II est également rare qu'une servanle n'ai pas une
vieille mère, un père infirme, un frère soldat ou une
jeune soeur a qui elle pourrait rendre la vie plus
facile en partageant avec eux ses économies et au
cas même oü elle n'aurait pas de familie, ne serail-il
pas de son devoir de se prémunir contre les rigueurs
de Ia vieillesse?
Eh bien n'est-il pas triste de voir de malheureux
prêtres etd humbres serviteurs, aveugiéset violentés
par le fanatisme, se dépouiller d'un argent qui, dans
leur pensée première, avait une toute autre destination
el pouvait être employé de tant de facons plus utiles
et plus morales
Et au profit de qui pressurent-ils leur maigre es-
carcelle
Au profit non pas seulement d'un pontife entouré
de toutes les splendeurs de la domination spirituelle,
mais d'un prince, mais d'un roi qui a des palais, une
cour, une armée de valets, des ministres, des soldats
et un budget
Croyez moi, bons curés, donnez plutót eet argent
aux pauvres ils sont les membres de votre
Christ, dont Pie IX n'est que levicaire. Et vous braves
servantes, gardez vos pièces de vingt sous dans un
vieux bas. Et vous serez bien aises de les retrouver
quand vous serez devenues impotentes et hors d'état
de gagner votre vie. Ce jour-la, vous apprendrez
vos dèpens qu'une bénédiction, même venue du Va
tican, ne suffit pas a faire bouillir la marmite.
Le Télégraphe bénisseur.
A propos de bénédiction papale, je me rappelle
avoir lu, je ne sais oü, que Pie IX avait envoyé la
sienne in extremis a M. Troplong par le télé
graphe.
Je n'ai rien a reprendre a ce mode de bénir cela
ne me regards pas.
La seule remarque que je veuille faire, c'est qu'il y
a dans ce fait une inconséquence évidente.
Dans tous les écrits oü il a manifesté sa véritable
pensée, le Saint-Siége s'est montré hostile tous les
progrès du siècle, et a réprouvé toutes les conquêtes
de l'esprit bumain, toutes les découvertes de la
science moderne. Toutes les inventions de notre temps
lui ont paru diaboliques et il les a condamnées comme
telles.
N'est-il pas étrange, après cela, de le voir recourir,
pour expédier plus rapidement ses bénédictions, au
télégraphe éleclrique, qui est cerlainement un des
plus sataniques prodiges dont la sainte routine ait
gémir?
Autre question qui me rend perplexe.
Ou bien la bénédiction papale assure le salut d'une
Sme, ou bien elle ne l'assure pas.
Si elle ne l'assure pas, je ne vois pas bien quelle
est son utilité.
Si au contraire elle l'assure, il ne sufiit pas que sa
grace soit efficace, il faut qu'elle soit opportune.
Or, adressée par la poste ou seulement par l'an-
cien télégraphe, la bénédiction de Sa Sainteté serait
arrivée trop lard a M. Troplong ce qui tendrait a
prouver que, même pour 1'Eglise, nos profanes insti
tutions ont quelquefois du bon.
Ne frémit-on pas a cette pensée, que, s'il fut mort
vingt ans plus tót, M. Ie président du Sénat était
damné
II est notoire, et les parties contractantes ne le
nient point, que certains candidats a la dépulation
o
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4 4
CuRÉS ET SERVANTES.
VOLTAIRIENS. ClÉRICAUX.