JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT
YPRES, Dimanche
Septième année. N° 4L0.
3 Octobfe 1869.
Le tout payable d'ayance.
Paraissant le dimanche.
Pit IX lies AIIOICES
ET DES RECLAMES
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Le Père Hyacinth® et Itlgr Dupanloup.
A quoi done pense le Progrèsde comparer le
Père Hyacinthe k Mgr Dupanloup, évêque d'Or-
léans? Quel calomnieux et absurde rapproche
ment s'écrie le Journal d'Ypres.
Calomnieux et absurde, en effet.
Pour obéir au cri de ses convictions, le Père
Hyacinthe,le brillant orateur catholique, renonce
une existence enviable entre toutes. Pauvre,
sans autre appui que le témoignage de sa con
science, il offre sa vie en holocauste et se livre
volontairement aux fureurs de Rome pour rester
fidéle l'accomplissement de son devoir. Son ta
lent oratoire, la haute renommée qu'il avait ac-
qnise dans le monde catholique Fappelaient k oc-
cuper un jour une des positions les plus élevées de
l'Eglise frangaise. II a considéré que toute cette
gloire qui l'attendait ne valait pas le sacrifice de
sa conscience, et il s'en est allé, seul, cacher sa
vie désenchantée dans quelque coin obscur de
Paris, ou la rage des gens d'Eglise le poursuit en
core des plus inffkmes calomnies.
Monseigneur Dupanloup n'est pas de ces niais.
II a su, de tout temps, accommoder ses convictions
avec ses besoins, et ses besoins avec les moyens
de les satisfaire. On se rappel le que Mgr d'Or-
léans fut un des premiers prêlats de France qui se
rallièrent au coup-d'Etat. Napoléon III venait de
violer audacieusement son serment, le sang du
2 décembre fumait encore, quand Mgr se rendit
l'Elysée, en carrosse doré, pour aller saluer la
fortune du parjure et déposer entre ses mains Ie
respectueux hommage de son dévouement. La
récompense ne se fit pas longtemps attendre. Peu
de temps après, Monseigneur était élevé a la
dignité de sénateur trente mille francs d'ap-
pointements ce qui, ajouté aux dix mille francs
qu'il touche comme évêque, compose actuellement
a l'humble serviteur de Jésus-Christ, un modeste
traitement de quarante mille francs par an, dont
le pauvre homme consacre actuellement la plus
grande partie au soulagement des pauvres.
Ah! le Journal d'Ypres a bien raison! Le
rapprochement que fait le Progrès est absurde et
monstrueux. Le Père Hyacinthe sacrifie sa for
tune son devoir. Mgr Dupanloup a sacrifié son
devoir sa fortune. II est clair que Monseigneur
est bien mieux dans la tradition de l'Eglise ro-
maine
LTn der nier mot.
Le Journal d'Ypres a tout aulour de lui une
petite clientèle de bedeaux, sacristains, porte-
cierges et autres crétins, que nous ne nous sou-
cions nullement de lui disputer. Nous ne conti-
nuerons done pas avec lui une poléraique oiseuse
qu'il s'obstine, d'ailleurs, a déshonorer par les
plus grossières contre-vérités. Le Journal d'Ypres
s'était mêlé de nous donner une legon de loyauté.
Nous l'avons remis a sa place. C'est tout ce que
nous voulions. Libre lui maintenant de chanter
victoire sur son fumier. Nous ne lui répondrons
plus.
Le Père Blyacinthe.
Le vent est Ia défroque, Thérêsa éclipsée,
Perlinpinpin rejeté l'ombre, Ia vessie impériale
oubliée entre les mains de Nélaton et la libre
pensée haletante, paree qu'un moine a jeté le
froc aux orties La presse de toute nuance, l'une
exhaltant, l'autre maudissant, est presqu'au dia
pason des révoltes Luther et Lamennais Le
jeu vaut-il bien réeliement Ia chandelle Un
carme, plus ou moins chaussé, s'apergoit un beau
matin, que durant de longues années, il a été le
complice éloquent d'un système oppresseur, faux,
cruel, injuste, incompatible avec la civilisation et
les généreuses aspirations du coeur humainil
jette le cri de révolte. Mais que diable était-il allé
faire dans cette galère L'Eglise catholique,
apostolique et romaine, du jour de sa toute-
puissance, n'a-t-elle pas toujours maudit,
brulé, róti, accaparé, volé, assassirté, au nom du
Dieu d'amour et de fraternité Et il a fallu une
longue série d'années au révérend père pour con-
stater le divorce, prononcê en dernier ressort,
entre l'Êglise et l'humanité Quoi, cette vaste
intelligence, après toutes les legons du passé et
du présent, après les doctrines imprimèes en let
tres de sang dans les annales romaines, après le
Syllabus, est demeurée l'apótre et le complice,
plus ou moins révolté, du despotisme sanglant de
Rome A-t-elle été dupe, cette intelligence, ou
complice? Et, dans les deux hypothèses, y a-t-il
bien de quoi chanter Hosannah?
Mais Ie monde est ainsi congu. II se fait
gloire de ne pas frayer avec les convictions
pures et ardentes qui, depuis l'Age de raison,
combattent le grand combat, et il porte aux
nues la glorieuse apostasie d'un moine! Pour-
quoi? II faut avoir le courage de le dire, mais
paree qu'il est de grands partis qui ne vivent que
d'apostasie, En Belgique, par exemple, le libéra
lisme doctrinaire est-il autre chose que la néga-
tion du principe Les fidèles ne sont-ils pas ho-
norés du titre de brouillons, synonyme de gutux
et les souples d'échine et de convictions n'ont-ils
pas d'avance un siége assuréau ministère d'Etat??
Loin de notre pensée, cependant, de vouloir éta-
blir la moindre similitude entre les Jocrisses poli-
tiques qui dansent sur la corde raide de la doc
trine et l'illustre révolté de Notre-Dame des
ablmes les séparent.Mais nousestimons.qu'en
revenant la vérité et en la proclamant, le père
Hyacinthe a fait tout simplement acte d'honnête
homme et que mieux eut valu pour lui, ne jamais
s'embourber volontairement dans cette mare.
Nous croyons de plus que les organes de la doc
trine n'applaudissent si fort, que paree qu'ils
croient trouver quoiqu'en sens inverse
dans Ie cas du moine, une espèce de justification
aux palinodies réactionnaires de chaque jour.
Le moment n'est pas venu.
Nous ne connaissons pas, répond VEcho du Par
it lement Vindépendancede libéraux qui se
coalisent avec les cléricaux pour maintenir la
loi de 1842. Nous savons qu'il y a entre les libé-
raux un dissentiment au sujet de l'opportunité de
la révisiou de cette loi, voilé tout. Et ceux qui ne
croient pas oette opportunité, ne sont assuré-
ment pas guidès par un intérêt clérical. Bien au
contraire, ils se résignent a subir encore une loi
o faite dans un esprit de transaction, dans la crainte
de voir compromettre la prospérité même de l'en-
seignement laïque par le fanatisme épiscopal.
G'est toujours derrière la question d'opportunité
que les doctrinaires se retranchent hypocritement.
Le moment n'est pas venu, répèlent-ils sans
cesse, depuis le Congrès libéral de 1846, et voila
pourquoi il y a tant d'articles de ce programme qui
attendent encore leur exécution.
Une telle politique est deplorable, et nous rappelle
cette parole si souvent reprochée aux diplomates et
aux hommes d'Etat espagnols, qui croyaient rempor-
ter une grande victoire sur leurs adversaires, quand
ils avaient pu leur dire en les quiltanl Nous ver-
rons domain.
C'est avec cette politique d'attermoiements, qui
cache trop souvent la volonté de ne rien faire, que les
gouvernements se perdent et causent le plus grand
tort a leur pays.
VEcho du Parlement développe sa pensée, ou plu
tót son prélexte, assez longuement, mais nous ne
pouvons nous mettre en lieu et place de Vindépen
dance pour combattre sa pauvre argumentation
cette dernière s'en acquittera mieux que nous.
Croquignoles.
Le logicien sombre et serré, qui a nom Calvin,
vient d'êlre dépassé d'une respectable quantité de
coudées. A la bonne ville oü règne et gouverne
Mgr Faict nous le proclainons avec uue noble