JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENI YPRES, Bi manche Septiènie année. 41. 10 Octobre I860. Le tout payable d'ayance. PltlX POUR lV^LGIQUE IO 8 francs par an 50 par semestre. Pour l'Etran^ï Ie port en sus. Un Numéro 25 Centimes PltlX MES AilROXCES ET DES RECLAMES 10 Centimes la petite ligne. Corps du Journal, 30 centimes-. Paraissant le dimanche. Laissez dire, iaissez-vous hldzner, raais publier votëre pPneèe-, On sCabonne a Ypres, au bureau du Journalrue de Oixmude59. On traite a forfait pour „es annonces souvent reproduites. Toules lettres ou envois d'aryent doivent etre adressés franco au bureau du journal. Simple question. Le Congrès liberal avait inscrit en tète de son programme l'amélioration de la condition morale et matérielle des classes nécessiteuses. Pendant que Ie Progrès n'a rien de mieux a faire, nous serions heureux qu'il voulüt bien nous apprendre ce que le ministère a fait, depuis douze ans qu'il est au pouvoir, pour satisfaire au vceu exprimé par ses délégués. Car ce n'est pas assez de répéter cheque semaine, sur tous les tons, que Ia Belgique jouit d'un gouvernement modèie et que les étrangers qui nous visilent se pèment d'admiration la vues, du bonheur qu'il nous donne. ïl serait grand temps que Ia presse offi- cieuse, quittant le genre ditbyrambique ou elle excelle, daignèt nous instruire des bienfaits si éclatants dont nous sommes redevables au gou vernement qu'eile propose incessamment a notre reconnaissance. Quant nous, parler franchement, nous ne voyons nulle difFérence notable entre la condition actuelle des classes nécessiteuses et celle qu'elles avoient quand ce gouvernement, si paternel, au dire du Progrès et de ses amis, a pris possession du pouvoir. Un journal en faisait dernièrement ['observation Sont-elles plus heureuses qu'elles ne l'étaient il y a douze ans Sont-elles quelque peu exonérées du service militaire, de l'impót du sang qui pesait alors exclusivement sur elles? Sont- elles garanties, par la loi, contre Ia mauvaise foi possible des patrons de l'industrie Ont-elles des secours suffisants en cas de maladie ou de crise commerciale? Ont-elles des refuges pour les in- firmes? Leur a-t-on assuré de quoi assouvir leur faim lorsque la disette ou la maladie frappe 5 leur porte? Les a-t-on fait sortir des quartiers infects oü la sordide avarice des uns et l'incurie des autres les laissent croupir? Si, pourtant, rien, de toules ces mésures im- périeuses, indispensables, n'a été fait jusqu'a pré sent, si l'ouvrier beige est aussi miserable, aussi dénué de ressources, aussi grevé de corvées que sous le ministère de M. de Theux, a quel litre le gouvernement doctrinaire peut-il s'imposer notre reconnaissance et demander que le pays sslue en lui son régénérateur et sa providence? Le Progrès le saura peut-ètre et nous le prions de nous Ie dire, car rien ne nous est plus agréable que de nous instruire, surtoüt quand notre ignorance pourrait ressembler de l'ingfatitude. Ees coalitions. La question des coalitions se trouve de nouveau remise sur le tapis. On discute, on se dispute, on ergote, on échange des injures et des arguments. Bref, on paratt moins que jamais disposé s'en- tendre. Cette question, elle nous parait cependant bien simple. Qu'est-ce, au fond, qu'une coalition? C'est une entente convenue entre deux partis pour en renverser un troisième. Cette entente est-elle lé- gitime? La réponse dépend évidemment du but que l'on poursuit. Si ce but est moral, honnète, légitime, personne ne peut trouver mauvais que des hommes appartenant des opinions différentes se réunissent pour l'atteindre. Si, au contraire, ce but est bonteux et malhonnète, l'entente, la coa lition l'est également. Quand les libéraux et les catboliques de 1830 se sont coalisés, ils ont fait une oeuvre sainte, car ils n'avaient en vue que d'affranchir leur patrie commune du joug de l'étranger et de lui donner des institutions libres, Quand les catholiques et nos prétendus libéraux d'uujourd'hui se coalisent pour maintenir aux mains du cleagè romain la direction de l'ensei- gnement du peuple, les libéraux font une chose honteuse, paree qu'ils renient les principes fonda- mentaux du libéralisme. Mais de ce qu'une coalition est légitime, il ne suit pas nécessairement qu'il faille la proposer ou l'accepter. La question de moralité écartée, il roste a examiner celle, non moins importante, de savoir si, en acceptant de combattre avec des ad- versaires, on ne court pas le risque de tirer les marrons du feu pour eux seuls et de se retrouver, après la victoire, plus malheureux qu'auparavant. Yos adversaires du moment vous donuent-ils des gages sérieuxcertainsde leur bonne foi Coalisez-vous, aucun scrupule ne doit vous arrête^ si le but que vous poursuivez en commun est de ceux qu'on peut hautement avouer. Sinon, non. Les journaux doctrinaires poussent de3 cris d'indiguation a l'idée que les libéraux progressistes pourraient, aux électioris prochaines, s'unir avec les cléricaux pour voter en faveur de certains can didal hostiles au gouvernement. Ils élargissent, autant qu'ils peuvent, l'ablme qui les sépare et eet abime est énorme, en effetmais co a quoi ils ne semblent faire nulle attention, c'est que, sur eet abime, une antipathie commune a jeté un pont qui permet ces libéraux et a ces cléricaux de s'unir et de s'entendre. On leur parte de ce qui les divise et l'on ne voit pas ou l'on feint de ne pas voir ce qui peut les rassembler. Nous n'en voulons pas dire davantage aujour- d'liui sur ce sujet. Nous y reviendrons un jour. Pour Ie moment, il nous suffira d'attirer l'atten— tion de la presse doctrinaire sur une face de Ia question qui parait lui avoir échappé compléte- ment. Encore M. Van .11 er ris. L attention générale sera concentrée dans l'ar- rondissement d'Ypres sur les prochaines élections communales de Poperinghe, oü le parti libéral guidé par M. Yan Merris se propose de livrer assaut 5 I'hótel-de-ville, afin d'en déloger les patriarches qui, depuis 1830, s'y croient droit de domicile. L entreprise est bardie un chef habile et puis sant peut seul la mener a bonne fin. La ruse, Ie pouvoir fascinateur de titres acquis, l'or, sont autant d'éléments nécessaires, dans cette occurence, pour stimuler les combattants et leur inspirer la confiance qui assure le succès. A ces divers points de vue, le choix de M. Van Merris est heureux, il faut bien le reconnaitre. Sans ambition personnelle, il s'est éievé tour a lour par la volonté librement exprimée d'un peu ple parfaitement indépendant, aux dignités de lieutenant des pompiers, d'écbevin de sa ville natale, de conseiller provincial et de représentant de Ia nation. II lui manque la croix pour être complet. Espérons que cela viendra C'est beau mais, nous objectera-t-on peut- ètre, cela ne suffit pas pour entretenir et diriger les gros bataillons, pour alimenter la chaleurdes assiégeants et accuier l'ennemi dans le dernier réduit de ses casemates. On semble oublier que M. Yan Merris réunit a un talent d'une virilité prodigieuse une audace inouïe et cent mille livres de rente. Ce dernier détail a son importance, et, m'est avis, qu'encore une fois on a trouvé l'homme de la situation, Une malice de guerre qui, quoique connue, n'est pas a dédaigner, c'est de liquéfier quelques centaines de francs l'effet de noyer ses adver saires dans les vapeurs énivrantes du jus du hou- blon, de provoquer les ctis élourdissanls de Vive M. Van Merris, vive notre sauveur, (sic) vive notre futur bourgmestre! C'est un moyen infaillible de jeter le trouble et la panique dans le camp ennemi et de populariser le norn du bieufaiteur de Pope ringhe. Quoiqu'il en soit, la lutte sera chaude et l'ob- jet en vaut la peine. II s'ogit de vairicre l'influence du clergé-poli- tique qui, partout ou il entre en lice, cache dans les plis de son drapeau ses aspirations d'asservir le

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L’Opinion (1863-1873) | 1869 | | pagina 1