JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT
YPRES, Dimanche
Septième année. - N° 47. 21 Novembre 1869.
Paraissant le dimanche.
CHRONIQUE.
•5
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^'Association libérale, d'aprcs le P1106RÈS
Le Progrès s'occupe, dans son numéro de dimanche
dernier, de l'Association libérale et cherche a réfuter
les accusations que nous avons portées contre cette
société politique telle qu'elle est organisée et menée
par quelques farceurs qui en ont fait Ie piëdestal de
leur fortune politique.
Peut-êlre le lecteur trouvera-t-il que la refutation
du Progrès ebt été mieux en situation il y a un mois
lorsque nous faisions ressorlir, a propos de l'élection
communale, tous les vices de cette Association peut-
être se dira-t-il qu'il eüt été plus opportun et plus
courageux d'aborder Ie débat en face du scrutin au
lieu de l'esquiver hypocritement. Mais que voulez-
vous Chacun a le courage propre a sa nature et celui
du Progrès consiste a fuir la discussion lorsque la
lutte èlectorale lui donne la chair de poule, quitte a
revenir japper le danger évanoui.
En cela il tient beaucoup du roquet.
Pour notre part, nous ne voulons en ce moment
que nous en tenir strictement aux prétendues refuta
tions du Progrès et élablir une fois de plus ce que
nous avons ecrit. Nous reviendrons dans un prochain
numéro sur l'organisation de l'Association libérale.
La discussion que nous avons ouverte il y a quatre
ans est restée jusqu'a présent sans replique du cóté
des doctrinaires. Serons-nous plusheureux cette fois?
C'est douteux, car prouver que l'Association est autre
chose qu'un instrument dans la main de quelques
ambitieux est fort difficile. Rien que les longues re
flexions elles ont dure plus d'un mois, qu'il a
fallu au Progrès pour mettre au jour l'article dont
nous nous occupons, prouvent qu'il comprend lui-
même combien la têche est ardue.
Revenons a cet article
Tout d'abord on est frappé du ton de suffisance qui
y règne. On n'y rencontre que dénégations et affir
mations sans aucune preuve a I'appui. S'il est vrai,
comme l'a dit Buffon, que a le style c'est 1'homme,
LE TROISIÈME DIMANCHE DE JUILLET.
(Suite et Fin.)
Ici Monsieur mon baron allemand sembla se fAcher
tout de bon, et me dit avec une dignité rogue
Pensez-vous, mon petit monsieur, être plus
sage que tous vos compatrioles. Ne savez-vous pas
qu'ailleurs encore qu'a West-Roosebeke, les fidèles
se réjouissent chaque année de la défaïte de Ia
populace gantoise qu'a Ypres, le premier dimanche
d'aofit, les habitants fétent la délivrance de la ville,
qui était assiégée, en 1383, par les rebelles et que
toute la population y rernercie la Vierge d'avoir, par
son intervention miraculeuse, chassé et dissipé les
mutins.
Oui, Monsieur le baron, mais je sais aussi que le
premier dimanche d'aoüt, les paysans s'abstiennent
de se rendre a Ypres, paree qu'un prophéte leur a
jadis annoncé que cette ville doitpérir un jour, et que
on y reconnatt bien le magister affirmant ex cathedra,
l'homme orgueilleusement imbu de son infaillibilité et
dédaignant de justifier ses assertions.
Ainsi, a en croire ce monsieur, l'èlément non-élec-
teur n'est représenté a l'Association que dans Ia pro
portion de 11 non-électeurs sur 198 électeurs.
Nous ferons remarquer d'abord que, tandis que
nous avons pris pour base de nos calculs les membres
de l'Association habitant Ypres, le Progrès, dans un
but facile a comprendre, répartit ses chiffres sur la
totalité des membres de cette Association. Nous ne
lui laisserons pas le bènéfice de cette tactique par
troppardon, habile.
Nous avons sous les yeux leslistesde l'année 1867,
les dernières que nous possédions et, coincidence sin-
gulière, nous y voyons qu'a la fin de cette année l'As
sociation se composait de 209 membres, preuve évi
dente que depuis deux ans elle n'a pas fait beaucoup
d'adhérents, puisque cechiffre est le méine que celui
que le Progrès donne pour l'année 1869. Les 209
membres de 1867 se répartissent en 149 pour la ville
et 60 pour les diverses localités de l'arrondissement.
Sur les 149 premiers, 35 apparlenant pour Ia plu
part aux diverses administrations, n'étaient pas élec
teurs alors. Et quand a ces 35, toujours les plus assi-
dus aux réunions, on joint les 30 membres du comité
qui, occupant presque .tous une fonction éleclive
quelconque, ont intérét conséquemment a se soutenir
mntuellement, qu'on y ajoute les employés des admi
nistrations qui sont électeurs et qu'on met le total en
regard du nombre de ceux qui forment habituellement
les assemblées, on verra qu'ainsi que nous l'avons
dit, le choix des candidats est dicté au corps électoral
par des individualilés qui n'y ont aucun intérêt,
prêtent leur vote complaisant a d'autres qui ce qui
est pire encore n'y ont que trop d'intérêt
En veut-on la preuve? A la dernière reunion
50 membres seulement élaienl. présents. Le Progrès
a dit 51. C'est une erreur plus importante qu'il ne
ce jour, fixé par les dócrets du ciel, serait celui oü les
habitants célébreraient ces abominables souvenirs de
la guerre civile. Ce prophéte, Monsieur, c'est la con
science publique.c'est le sensdroit du peupledes cam
pagnes qui, n'étant pas perverti par les superstitions
des théologiensou parlespréjugés descourtisans, leur
dit que c'est chose impie de louer et remercier Dieu
de la défaite et du massacre de nos frères. Tenez,
Monsieur le curé, vous feriez bien, au lieu de chanter
vos Oremus a la procession, de prêcher a vos ouailles
l'abolition de cette cérémonie. Vous imi teriez une action
louable qui vient de se passer, non en Belgique, mais
en Italië. Jusqu'è ce jour, Gênes gardait, comme un
précieux trophée de ses valeureux marins, et notam-
ment de Conrad Doria, les chaines du port de Pise
conquises en 1290. Les Génois les avaienl rompues et
les fragments demeuraient suspendus aux portes de
leur ville et de leurs principales églises. Des inscrip
tions rappeiaient la mémoire de ces glorieux fails
d'armes. Cetteannée ci, la municipalité deGêneseffaca
lesinscriplions et rendit a Pise les chaines,témoignage
d'antiques prouesses, ne voulant pas que le souvenir
des luttes intestines d'autrefois fut conservé long-
semble au premier abord et sur laquelle nous revien
drons.
Ce journal fait grand bruit de ce que depuis le
1or janvier, six membres ont donné leur démission a
l'Association, tandis que huit nouveaux ont été re-
cus. Ces chiffres nous paraissent sujets a caution et
nous avons des motifs particuliere de croire que le
chiffre des démissions est supérieur a celui avoué par
le Progrès. Au surplus, si l'on veut être de bonne
foi, ce n'est pas depuis le 1" janvier qu'il faut enre-
gistrer les démissions, mais depuis que la scission a
éclaté Jans le parti libéral.
Quand on considère d'ailleurs que, dans ces der-
niers temps, des démissions nettement motivées ont
été envoyées par des hommes do ut le libéralisme con-
stitutionnel n'a jamais été suspecté, par des hommes
au caractère indépendant et aux convictions inébran-
lables, dont le zèle pour le triomphe du libéralisme
s'est affirmé en maintes circonstances, il est impos
sible de n'êlre pas frappé de la signification de cet
acte et six démissions de cette nature n'y en a-t-il
que six données dans les circonstances actuelles,
en disent plus que n'en pourraient dire cent autres
dans un autre moment. Que valent après cela les
huit nouvelles adhesions?
Pour les apprécier, il faudrait les connaltre et Ie
Progrès, sur ce point, imite de Conrard le silence
prudent. Admettons pourtant les huit. II nous sur-
prend même qu'il n'y en ait pas davantage. Quand
les serres chaudes de l'administration font éclore des
votes, c'est une vraie misère de devoir se contenter
de huit adhésions en un an.
Le Progrès prétend que Ie comité se montre trés
difficile pour l'admission dans l'Association de non-
électeurs qui, pour la plupart, dit-il, y ont été intro
duits par nos amis. Voila un singulier raisonne-
ment! En présence des difficultés que fait prétendue-
ment le comité, nos amis ne peuvent avoir fait h
l'Association que d'excellentes presentations et, loin
temps dans la grande patrie italienne. C'est simple et
naturel; c'est cependantbeau. Notre plus strict devoir,
a nous, Beiges, serait d'effacer tout ce qui rappelle
des temps malheureux oü Flamands contre Flamands
Iuttaient au profit de la tyrannie et a 1'honneur d'un
souverain étranger.
Tout doux, me dit le bon curé, rien ne presse
d'imiter des mécréantset des excommuniéscar vous
n'ignorez pas que tous les Italiens, bien peuexceptés,
sontexcommuniéscomme hérétiques. Veuillez ensuite
faire attention que ce serait toucher au culte catho-
lique que d'abolir une cérémonie pour laquelle notre
saint père le Pape a créê des indulgences, comme vous
lepouvez voir par les bullesde Clément XII, enl78l
de Clément XIII, en 1768; de Léon XII, en 1828. Je
ne vous dit rien des indulgences spéciales accordées
en outre en 1838 par Son Eminence Mgr Francois
René Boussen, évêque de Bruges, pour tous les fidèles
qui réciteront certaines prières aux siations du par
cours de la procession. Aussi, tandis que toute la
chrétienté se disposait, il y a treize ans, a célébrer le
nouveau dogme de l'Immaculée Conception, j'ai cru
que, en un pareil moment, rien ne pourrait être plus