JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT
YPRES, Dimaoche
Septième année. N° 49,
5 Décembre 1869.
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POUR LA BELGIQUE
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Ypres, 4 Hïécetubre as®©.
Nous avons signalê dans notre numéro du
21 novembre un nouvel acte d'intolérance de
notre coterie doctrinaire 5 I'occasion de la nomi
nation des nouveaux membres de la commission
administrative de I'EcoIe professionnelle et de
l'Académie des Beaux-Arts de cette ville.
Le Progrès nous répond, dans son numéro du
2 décembre, que le Conseil communal, dans sa
séance du 27 novembre, vient de nommér M. Cor-
nette membre de cette commission.
II a fallu vraiment a ce journal de bien longues
reflexions pour faire une réponse cóté de la
question, une réponse qui au fond n'en est pas
une. Car, loin que la nomination du 27 novembre
soit une preuve, comrae il voudrait le faire ac-
croire, que les combinaisons et les plans primitifs
n'ont pas élé modifiés depuis l'élection d'octobre,
la nomination de samndi dernier, faite in extremis,
et après notre article du 21, démontre a ne s'y
pas méprendre que la majorité du Conseil com
munal, mieux inspirée que les meneurs, n'a pas
abandonné toute pudeur et que, voyant clair
enfin, elle a reculé devant les conséquences de la
complicité d'un acte de basse et ridicule ven
geance. 11 n'en est pas moins exact que ces pro
jets odieux out existé et nous rie comprenons pas
que le Progrès dont toute la poléroique s'étaie sur
des contre-vérités saus cesse reproduites en dépit
de tous les dementis, nous ne comprenons pas que
ce journal ose encore parler de fausseté et de
mensonge. II semble que ces paroles sur ses
lèvres doivent faire un effet analogue au. fer
rouge sur l'épaule du faussaire. Elles y restent
incrustées comme l'étiquelte indélébile de ses
exploits.
La doctrine et Ie droit de suffrage.
On snit avec quelle persistance YÈcho du Par
lement poursuit sa croisade contre l'extension du
droit de suffrage, la béte noire de M. Frère-
Orban. Le Journal de Liége et les autres organes
de la doctrine ont pris la croix a leur tour, et
c'est a qui, de ces grands pourfendeurs, portera
le meilleur coup a eet ennemi redoutable qui n'est
pas encore debout et qui menace déju d'engloutir
le doctrinarisme dans le trente-deuxième dessous
du mépris public.
La Flandre dit a ce propos
a Nous cepouvons expliqueu autrement ce concert
unanime, qu'en supposant que le mot d'ordre a été
donné sur toute Ia ligne par Ie vénéré chef de la
relieion doctrinaire. C'est avec un ensemble remnr-
quable que tous ces fideles organes du soi-disant
libéralisme chantent sur tous les tons la corruption
qui règne aux Etals-Unis. Alesencroire, toutyest
vénalité les élections n'y sont pas la libre manifes
tation de l'opinion publique; tous les votes s'achè-
tent, et le candidat elu est celui qui aura distribué
Ie plus de whisky aux électeurs. La magislrature,
les chambres, le sénat, tout y estcorrompu même
on cite, ditle Journal de Liége, nombredetninistres
qui, entrés pauvres aux affaires, sont devenus opu-
lents en peu de temps.
Inutile, pensons-nous, de relever ce dernier
point. En Belgique, il n'y a jamais eu deministres qui
sesoient enrichis. Chez nous, Ie pouvoirestun fardeau
d'autant plus Iourd qu'il ne rapporte rien, et décidé-
ment dans notre petit pays, nous sommes pour le
mieux tousle meilleur des goti vernemen ts possibles.
II faut juger l'arbre d'après ses fruits, s'écrie
YEcho du Parlement daus son saint enthousiasme,
et nos libres institutions sont unobjet d'envie, pour
tous les bons libéraux des autres pays.» Mais c'est
des libéraux russes qu'il entend parler.
Car s'il faut juger l'arbre d'après ses fruits et
comparer la situation de la Ropublique américaine a
celles des monarchies europèeunes, certes l'avantage
ne restera pas a ces dernières!e gouvernement des
Elats-Unis a ciöturé au 1cr juin dernier son budget
avec un excèdant de recettes de 263,000,000 (deux
cent soixante-trois millions de francs). En même temps
le secrétaire des finances annoncait que le système
actuel des impöts permettrait une reduction annuelle
de cent millions de dollars, soit cinq cent milliousde
francs. Ainsi, non contents d'avoir un excédant de
recettes énorme et d'amortir leurs dettes, avec une
rapidité égale a celle quo mettent les états monarchi-
ques d'Europe a en conlracter de nouvelies, ce gou
vernement corrompu se permet encore de diminuer
les impóts. En outre, il consacre par an quatre cent
cinquante millions de francs au budget del'instruction
publique. II est vrai, comme nous le disions déja
dans notre numéro du 12 novembre dernier, que les
Etals-Unis n'ont niroi ni empereur et partant pas de
liste civile; qui n'ont pas de budget des cultes, et
que leur budget de la guerre ferait sourire de pitié le
prince de Monaco qu'ils diminuent leurs impóls,
tandis que nous prenons plaisira les augrnenler; que
leurs budgets se soldent par des bonis considerables et
que dans toutes nos monarchies, Ie déficit est devenu
l'etat normal.
Que 1 'Echo du Parlement nous montre un Etat
monarchique européen, qui sous l'influence bienfai-
santedu régime censitaire, soit arrivé a u'n semblable
degré de prospérité mais il gardera prudemment
le silence. Car ce ce sont pas de vains mots, ce sont
des fails que nous citons. Quant a ces déclamations
creuses sur la corruption, par lesquelles on essaie
d'abuser l'opinion publique, nous n'avons qu'a répé
ter avec Vindépendance, que, s'il failait en croire les
journaux catholiques, quand tous les jours ils lan-
cent leurs invectives contre la magislrature Bara et
contre le gouvernement, la Belgique serait l'Etat le
plus corrompu du monde. De plus, les révélations de
M. Langrand-Dumonceau nous ont prouvé dernière-
ment que quelques-uns de nos hommes d'Etat ne
sont pas si purs.
Glioses et autres.
Une naïveté charmante!
Le Progrès annonce que 1'Association libérale de
Dixmude a choisi comme candidat définitif pour l'é
lection du IA de ce mois M. Ch. De Breyne-Ddbois,
fils de l'ancien représentant du même nom.
Est-ce que par hasard on s'imagine dans les régions
du Progrès des fils portant un autre nom que leur
père?
Le Progrès vient d'attacher un.parfumeur a
sa rédaction.
Nous engageons nos lecteurs a lire, si leurs nerfs
olfactifs n'en sont pas trop irrités, l'article qu'il con
sacre au Journal d'Ypres, 2e page, 3° colonne, et qui
est imprégné d'une haute saveur du terroir.
Nous ne savons pourquoi eet article aurait eu bien
plus de couleur locale, publié la veille de certafne
élection.
Rieo de plus intéressant que le n° du Progrès ayant
date 2 décembre
L'article signalé ci-dessus 23 lignes, l'entrefilet
auquel nous répondons 10 lignes, et ('annonce d'un
nouveau pavé entre Dranoutre et Neuve-Eglise, 14
lignes, voila le laborieux accouchement d'une imagi
nation en dèlire. Le resle se compose d'un article du
Journal de Bruges sur la réunion de l'Association li
bérale de Dixmude, d'un autre sur le choix du candi
dat pour la prochaine élection dans cette localité et
d'une justification de M. Bara vis-a-vis de la Patriede
Bruges. Ces deux derniers égalernent extraits du
Journal de Bruges que la bonne foi du Progrès a ou
blié de citer en cette circonstance. Moyen fort simple
pour se faire la rédaction commode!
Puis le discours de l'empereur que le Progrès, seul
d'entre tous les organes de la presse, trouve tout a
la liberté et un long extrait du Gaulois sur la dé-
couverte du cadavre de Ivinck père.
Et dire que le Progrès croit sérieusement que les
évêques interdisent sa lecture aux fidèles! On com-
prendrait bien mieux qu'un médecin en prescrivtf,
au contraire, la lecture a ses malades pour leur don-
ner le sommeil.
f'roquignoles.
L'armée électorale a levé le camp de part et
d'autre on a enfoui ses morts (style évangélique),
pansé les blessés, maudit ou béatifié ses juges;
sur le Front du triomphateur, les couronnes de
fleurs s'effeuillent, les fanfares sont muettes, les
lampions éteints, et, sauf le sempiternel croassc-
ment du noir corbeau qui se repait voiuptueuse-
ment sur les cadavres, tout est rentré dans