f JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT Le tout payam.r d'avanck. YPRES, Di manche Septième année. -N0 50. 112 Bécembre 1869. PlilX IVXItOlXGMElT POUR LA BELGIQUE 8 francs par an; 4 fr. 50 par semestre. Pour l'Etranger, le.port en sus. Un Numéro 25 fÜENTIMES PIUX HES AMOSCES ET DES RECLAMES 10 Centimes It petite ligne. Corps du Journal, 30 centimes'. Paraissant le dimanche. Laissez dire, laissez-vous blamer, mais publiez votre pensee. On s'abonne a Ypres, au bureau du Journalrue de Dixmude, 59. On traite a forfait pour „es annonces souvent reproduitesTout.es lettres ou envois d'aryent doivent étre adressés franco au bureau du journal. CAUSERIE. Non, mais c'est par trop béte, en vérité. Nous sommes Ié, pendant quatre ans, ii nous plaindre, et du gouvernement, et des Chambres, et de ceci et de cela car c'est une justice b nous rendre nous nous plaignons beaucoup, et trop souvent pas sans motif. Un jour, au bout de quatre ans, viennent les élections. C'est-è-dire que, ce jour lènous au- tres, les élccteurs, nous pouvons, avec le bulletin que nous tenons dans la main, nou» donner le gouvernement qu'il nous plait et couper court aux abus dont nous avons si longtemps gémi. X Le moyen est des plus simples. II consiste tout uniment b ne pas réélire les mandataires dont nous ne sommes pas contents et en prendre d'autres qui nous donnerit plus de satisfaction. Car ces nouveaux représentants, instruits par la le$on que nous venons de donner b leurs pré- décesseurs, sauront que nous ne badinons pas avec nos droits et que s'ils ne tiennent pas leurs promesses, ils subiront le même sort. lis s'em- presseront done de réclamer du gouvernement les réformes que nous désirons et,si le gouvernement résiste, ils en mettront un autre b la place. C'est clair comme bon jour. X Eh bien nous sommes si faibles, si routiniers, si moutons, tranchons le mot, si bètes, que le jour de l'élection venu, au lieu d'user de ce re- mède si simple, si facile a suivre et qui nous gué- rirait si sürement de tous nos maux, nous nous laissons aller b voter pour l'un ou pour l'autre, sans plus nous soucier du mandat que nous lui confions que si ce mandat concernait les affaires du Grand Turc. X Voyons, est-ce une ehose vraie, oui ou non, que, les trois quarts du temps, nous votons pour des gens qui nous inspirent personnellement une confiance trés médiocre? Est-ce une cbose vraie, oui ou non, que, le plus souvent, nous votons pour eux, soit par ca maraderie, soit par intérêt personnel ou bien tout simplement parce que nous n'avons pas d'autre candidat sous la main X Une belle invention, ce sont les associations électorales. En voici une, par exemple, Associa tion libérale d'Ypres, que je vous recom mande. Ils sont la-dedans 180 ou 200 membres. Mais vous comprenez bien que les trois quarts et demi sont des moutons, comme vous et moi, et se lais- sent faire sans rien dire. X Reste une bonne trentaine de futés, de malins, qui composent ce qu'ils appellent le comité. Ahquant a ceux-ci, ce sont des gaillards qui connaissent rudement leur affaire, allez 1 Tous dodus, repus, gras lard, et naturellement en- chantés d'un gouvernement qui les comble jusqu'a la luette d'honneurs et de bonnes places. C'est a eux que Ie reglement confie le soin de proposer des candidats a l'assemblée générale des socié- taires, et vous êtes de la bonne année si vous vous imaginez que leur choix va se fixer sur quelqu'un qui pourrait chagriner le gouvernement qui les nourrit. X Le plus souvent, pour peu que le mandat en question rapporte quelque chose, soit comme ar gent, soit comme dignité. ils s'arrangeront de fa<jon a choisir un des leurs, un frère et ami, afin que l'influence électorale qu'on en peut tirer pour d'autres élections, ne sorte pas de la familie. Celui-ci ira a la Chambre, celui-la sera conseiller provincial, et ainsi de suite, si bien qu'au bout de quelques années on les trouve fourrés partout, et que nul ne peut arriver quelque part sans leur rendre hommage. Si j'exagère, que quelqu'un se léve et me réponde X Les meilleures gens du monde, au demeurant, pourvu que vous fassiez ce qu'ils veulerit. Même si vous êtes riche et qu'ils vous supposent une certaine influence sur le corps électoral, ils vous feront volontiers des avances et vous offriront une place au festin, quitte a vous injurier et a vous noircir comme charbon si vous refusez de vous at- tabier avec eux. X II s'agit, je suppose, d'une èlection pour les Chambres. Les frères et amis se réunissent et délibèrent entreeux. Voyons, qui choisir? Deux candidats sont en présence celui-ci est un homme de mérite, instruit, honnète et d'une iudépen- dance reconnue, mais, cause de cette indépen- dance même, suspect aux frères et amis. L'autre est un gros imbécile, plat comme une punaise et béte comme un pot. Même il court sur son compte de trés vilains bruits.... Mais, pour celui-ci, c'est un homme sur sa bêtise et sa ré- putation équivoque répondent tout jamais de sa servilité. X Lequel des deux choisir Parbleu La chose n'est pas douteuse. L'homme instruit et honorable sera écarté et l'on prendra l'autre. Reste a faire accepter ce candidat par l'assem blée générale et cela ne sera pas bien difficile, les trois quarts des membres de l'Association dépen- dant, pour une raison ou pour une autre, des frères et amis du comité. Aussi est-il sans exemple qu'un candidat présenté sous Ie patronage du comité ait échoué au poll. X Voilé done notre homme candidat de l'Asso ciation libérale. Dès lors, son élection est as- surée, car le gros des électeurs, tout entier aux soins de ses petites affaires personnelles, ne de- mande pas mieux que de prendre le candidat qu'on lui désigne et que lui recommandent une foule de gens en place avec lesquels il tient res- ter dans de bons rapports. X Que si quelques-uns, raoins faciles a mener, basardent une objection sur le candidat qu'on leur propose, ce n'est pas le moment de discu- ter, leur répondent les frères et amis et, d'ailleurs,ce sont les principes, non les hommes, qui sont en jeu. II s'agit, avant tout, de sauver le libéralisme, de défendre l'indépendance du pouvoir civil menacée par nos éternels adver- saires. Qu'importe que notre drapeau soit sauvé par celui-ci ou par celui-la, pourvu qu'il soit sauvé? Et l'électeur, convaincu par ce beau raisonnement, vote pour le candidat de l'As sociation. X Y en a-t-il qui résistent On les bafoue, on les accable d'injures et d'outrages. Ce sont d6 faux libéraux, des ambitieux, des brouillons, des révolutionnaires et des partageux. AhJ ahc'est qu'en fait d'engueulemenls, les frères et amis en reraontreraient a un charrelier! X Enfin, l'affaire est faite, le candidat de l'As- sociation est élu, et vivent les libéraux de l'arrondissement d'Ypres! i LOPimOH

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L’Opinion (1863-1873) | 1869 | | pagina 1