JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT Le todt payable d'avan/e. Y Pil ES, Di manche Septième année. N° 51. 19 Décembre 1869 Paraissant le dimanche. PKIX U'iBOXXÜNËXT POUR LA BELGIQUE 8 francs par an; 4 fr. 50 par semestre. Pour l'Etranger, Ie port en sus. Un Numéro 25 Centimes, PUIX DES AXXOXCES ET DES RECLAMES lO Centimes Ie. petite ligpe. Corps du Journal, 30 centimes'. Laissez dire, laissez-rous blamer, mais publiez votre pensee. On s'abonne a Ypres, On traite a forfait pour .es annonces souvent reproduites. Toutes lettres au bureau du Journal, rue de Dixmude, 59. ou envois d'argent doivent étre adressés franco au bureau du journal. Manouvriers et valets de ferme!!! On sait avec quel dédain nos ministres, qui pour- tant se disent libéraux, parient des classes popu lates manouvriers et valets de ferme, capables de vendre leur vote pour un verre de genièvre. n Des paroles ce scandaleux mépris vietil de passer tout récemment dans les actes. II s'agissait de nommer une commission chargée d'organiser et de diriger le concours des ouvriers beiges a ['exposition universelle de Londres en 1870. Dans cette commission ligurent des sénateurs, des représentants, des magistrats, des avocals, des pro- fesseurs, des inspecteurs, des employés, etc., etc. Mais croirait-on que parmi vingt personnes dont elle se compose ne figure pas un seul ouvrier? Qui pour- rait cependant plus utilement diriger Ie concours des ouvriers que les ouvriers eux-mêmes Comme le fait a bon droit remarquer une lettre adressée a I' In dépendance beige par un ouvrier, il semble que Ie gouvernement prenne a lache, en toute circonstance, d'ècarter les ouvriers de toute fonctii-n qui pourrait les elever a leurs propres yeux et a ceux de leurs pairs. t> On prociame bien haut et sans cesse a leur égard des sympathies et des sentiments de justice qui, dans la pratique, restent loujours a l'ètat platonique. Ces procédés gouvernementaux demontrent une fois de plus que les classes ouvrières n'ont rien a attendre du gou\ernement actuel et de la majorité qui le soutient. Aussi longtemps que les ouvriers ne se seront pas unis pour soigner leurs intéréts et ob- tenir de leur initiative la reconnaissance de leurs droits, on les paiera de belles paroles et de phrases sonores; ils n'en resteronl pas rnoins les parias de la société moderne. Fara da se, doit êl.re la devise du peuple. Le peuple fiiiit toujours par obtenir ce qu'il veut sérieusement. Nous n'en citerons en ce moment d'autre exemple que la réforme électorale. Cette question a surgi en Angleteri e en même temps qu'en Belgique, avec cette difference que, dans le premier pays, le peuple a mis toute son énergie a obtenir cette réforme. On peut dire qu'il l'a imposée au gouvernement. Aujourd'hui la question est résoiue en Angleterre, tandis qu'en Belgique elle est encore loin d'une solution, malgré les efforts louables de tant d'hommes intelligents. Et nunc popuh intelligite. Le Sénat vient de donner une nouvelle preuve de son aclivité palriotique. Réuni le 9 novembre, jour de l'ouverture des Chambres, il s'est ajourné immé- diatement, en dépit de tous les projets de loi qui re posent dans ses cartons. Convoqué lundi dernier, 30 membres seulement ont répondu a 1'appel. Voila comment nos pères con- scrits enlendent l'accomplissement du mandat que les electeurs leur ont confiè. Les barrières. Un avis émanant du collége des bourgmestre et échevins de la ville d'Ypres, que nous trouvons dans les annonces du Propagateur, informe le public que les commissions administratives de la route de Zille- beke et de celle d'Ypres a Comines ont fait la de- mande de pouvoir continuer, pendant un terrne de deux annees, a prendre cours la première au 1" avril et la seconde au 1" mai 1870, la perception du droit de barrière établi sur les dites routes. Pas n'est besoin de reproduire ici tous les argu ments que l'on a fail valoir en faveur de la suppres sion des barrières. Depuis quo cette suppression est passée a l'état de fait accompli, le commerce et le pu blic en général ont pu apprécier les a vantages de cette suppression. Aussi est-ce une chose inconce- vable, après que le gouvernement a supprimé les barrières sur les routes de l'Etat, après que le conseil provincial a supprimé celles sur les routes de la pro vince et decide de n'accorder plus aux communes aucun subside pour la construction de nouvelles routes qu'a la condition de n'y pas percevoir de droits de barrière, après que les communes les plus pauvres- de ['arrondissement ont aboli leurs barrières, est-il inconcevable, disons-nous, de voir l'administration d'Ypres s'obsliner a percevoir une taxe vexatoire dont le produit doit être en lui-même fort insigni- fianl. L,'année dernière déja, a l'occasion de la mise en adjudication des barrières encore existantes dans nolre arrondissement, nous avons présenté quelques observations. On nous faisait observer alors que cette adjudication, qui n'était que pour un an, serait la dernière. Neantnoins on la renouvelle encore cette année et e'est pour deux ans que ['administration veut conlracter. Quelle confiance pouvons-nous avoir après cela dans les promesses de l'administration? Gaielés du JOLK^AL C'est une justice a rendre è.notre confrère du Journal d'Ypres, quand il se mèle d'être amusant, il l'est comme personne. Prenez, par exemple, l'article intitulé la Spoliaiion de l'Église, qui a paru dans son numéro de samedi dernier. Eussiez- vous la jaunisse, je vous défie d'en lire vingt lignes de suite sans vous rouler sur le parquet. Comme les occasions de rire ne sont jamais a dédaigner, surtout chez nous, oü elles ne courent pas les rues, YOpinion croirait manquer a tous ses devoirs envers ses lecteurs si elle ne s'empres- sait de placer sous leurs yeux ce petit chef- d'oeuvre de gaieté ecclésiastique. Servons chaud a Le projet de loi contre le culte catholique est la plus grave mesure qui ait été prise en Belgique de puis 1830.11 intéresse souverainement l'Église catho lique dont l'épiscopat est l'organe parmi nous. Or, le ministère va discuter la loi quand le corps épiscopal est a Rome, au Concilel Est-ce con venable Esl-cehonnète? Les évêques éclaireraient les calholiques sur leurs devoirs, dans ces pénibles circonstances. l'eul-ëtre ouvriraient-ils les yeux aux autorités, aux libéraux eux-mêmes. lis devraient en tous cas étre appelés ou admis a formuler leurs observations sur les propositions qui peuvent se présenter dans la discussion. x> Mais non, le ministère a la conscience de l'injus- tice et de la violence de son oeuvre. 11 veut profiler de l'absence de nos prélats. d G'est la un signe de peur, une inconvenance et une preuve que la loi est une loi de spoliation etim sacrilege! Sans doute nos évêques a Romeauront l'oeil fixé sur les événements qui se passeront dans notre pays et déjoueront le complot, mais il n'en est pas moins vrai qu'il y a comme une lacheté a attaquer des absents. Mais la loi n'obtiendra pas, dit-on, Ia sanction royale. Sa Majesté ne doit pas tenir a recevoir l'ex- communication et, vous le savez, l'excommunication est de droit contre quiconque porte la main au patri- moine de l'Église, et le projet de loi n'est rien d'autre il ne faut pas cesser de le répéter que de la spoliation. M. Pirmez qui se dit et, peut-êtrequi se croit bon catholique, voudra-t-il al er a ces extrêmes? Que M Frère se moque de l'excommunicationsoit, il s'en est jadis expiiqué devant le Sénat. Mais les ca- tholiques, tons ceux qui tienneut a leur ame, ne s'en moquent pas. Dieu n'est pas un membre de la magis tratee Bar a et ses arrets ne peuvent étre réformés par personne. Le tempor el du culte discuté,voté, c'est l'agitation, la perturbation dans le pays, car Ia plus grave ques tion de conscience sera posée et aucun catholique ne passera outre. Cette loi peut amener la cessation du culte. Vraiment plus on y réfJéchit et plus on voit que nos gouvernants sont saisis de l'esprit d'aveuglement et d'erreur. Ce sont des insensés. Bleureux lecteurs Nous lisons dans ie Progrès du 9 courant On nous assure que les entrepreneurs du chemin de fer d'Armenlières a Ostende sont en train de s'in- staller en notre ville pour commencer la section d'Ypres a Thourout. Heureux lecteurs I Comme ils sont bien rensei- gnés II y a quatre mois qne Tentrepreneur, M. F. Wil- lems, est installè rue d'EIverdinghe, dans la maison occupee par feu M. Ie genéral Van Rode et les travaux du pont de Boesinghe, commencés le 1°' aoüt dernier, sont aux trois quarts achevés. Décidéraent ie Progrès se moque du public Après avoir rendu compte des funérailles d'Alexan- dre Gendebien, la Chronique fait les très-justes ré- flexious que voici a Voila done un démocrate, un républieain, un libre penseur, suivi jusqu'a sa tomhe par tout ce que Bruxelles compte d'hommes intelligents dans tous les partis qui ont le progrès pour drapeau. N'est-ce pas une preuve irrefutable que les grands caractères, les caractères qui s'imposent par la force des principes qui les font agir peuvent avoir des adversaires pas- sionnés, mais jamais des ennemis irréconciliables Alexandre Gendebien était un homme c'est done une grande perte pour le pays. La Belgique n'en a pas vu mourir douze de sa trempe depuis qu'elle vit de sa propre vie.

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L’Opinion (1863-1873) | 1869 | | pagina 1