JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT 0 1 PilKS. 1H manche Septième année N° 52. 26 Décembre 1869. Le tout payable d'ayancb. J Paraissant le dimanche. - 1*161X D'IKOlllünElT POUR LA BELGIQUE francs paraij^^fr. 50 par semestre. Pour l'Etrabfer, Ie port en sus. Un N^rijSro §25 Centimes, y, Ji K'RIX HES liMOXCES ET DES RECLAMES 10 Centimes It petite ligne. Corps du Journal, 30 centimes^ Laissez dire, laissez-Tous bldmer, mais publier, votre pensee. On s'abonne a Ypres, au bureau du Journal, rue de Dixmude59. On traite a forfait pour „es annonces souvent reproduites. Toutes lettres ou envois d'argent doivent être adressés franco au bureau du journal. B»as si naïfg Le Progrès publie, a l'occasion des dernières élections de Dixmude, un article oü il est beau - coup parlé de la nécessité, pour les libéraux, de resserrer les liens qui les unissent. Sans union, s'écrie-t-il, lout est perdu, même l'lionneur. L'union est, saus doute, une excellente chose, mais encore faut-il que ce ne soit pas celle de Ber- trand et de Baton, et que, des deux associés, l'un ne soit pas chargé de retirer les marrons du feu au profit exclusif de l'autre. Si on, l'union n'est plus que dupcrie, et il n'y a nul danger de perdre l'lionneur en la brisant. L'union, les libéraux progressistes ont fait tout ce qu ils- po ivaieut pour la maintenir. Pen dant plus de dix arts, malgré les justes sujets de méconteutement que leur donnait journel ement un ministère insoucieux de ses promesses, ils l'ont appuyé de toules lenrs forces dans les élections eri xotanl pour les candidats qu'ils savaient lui être le plus agréables et en défendant sa politique contre les attaques de la presse cléricale. Que pouvait on leur demarider de plus Que si nous demandons au Progrès de nous indiquer, de son cóté, les concessions que les li béraux doctrinaires ont faites leurs amis, les progressistes, il sera fort embarrassé de neus ré- pondre. Sars parler des injures, des accusations outra- geantes auxqueiles la presse progressisteest in- cessnmment en bulte de la part des journaux of ficieus, sans rappeler les coalitions que le parti doctrinaire n'a pas craint de former avec ses en- nemis du parti prêtre chaque fois qu une candidalure progressiste lui a donné quelqu'om- brage, que le Progrès énumère les concessions par lesquelles le ministère a cherché a prévenir la scission aujourd'hui accomplie Quant a nous, nous ne nous en rappelons aucune. Ce que demandaierit les libéraux progressistes était il done quelque chose de si exorbitant? S'agissait-il de bouleverser tout l'ordre de choses élabli et de porter la hèche et la mine dans les fondements de l'édifice social Mori Dieu, non Les libéraux progressistes demandaient tout sim- plement a leurs associés, les doctrinaires, d en- treprendre résolument la realisation du programme du Congrès liberal qu'ils avaient adopté, les uns et les autres, comme le drapeau comrnun de leur foi politique. Vous ètes au pouvoir, disaient-ils aux doctrinaires. Eb bien puisque vous y ètes, pro- fitez-en pour mettre a exécution les réformes sur lesquelles nous sommes tombés d'accord en 1846 el 1848. Affranchissez le pouvoir civil en sécula- risant complétemerit les pouvoirs publics. Prenez en mains les intéréts des classes pauvres en réfor- mant les impóls qui les grêvent, en adoucissant pour elles les rigueurs du service militaire, en creusant de plus en plus profondément les sourees de l'enseignement populaire, en élargissant les bases du droit de suffrage, etc., etc. Certes, un tel programme n'avait rien de bien effrayant, et des esjtrits livrés aux terreurs de la réaction pou- vaient seu's s'en alarmer. Ce programme, qui était le leur, a peu de cbose prés, les doctrinaires qu'en out ils fait Aussilól itista 1 lés au pouvoir, ils l'ont fourré dans leur porhe et, depuis lors, chaque fois que les progressistes le lui ont rappelê, ils les out traités d'énergumènes, de révolntionnaires, de commu nistes, de partngeux et leur ont triéraca, comme a des chiens enragés. Pourtant, il n'est pas d'édifice, §i solidement bèti qu'il soit, qui ne finisse par s'ébranler. Au jourd'hui que la chaudière doctrinaire, cliauffée a trop haute pression, menace d'éclater, le Pro grès juge prudent d'ouvrir une soupape de sureté et il prend son air le plus aimable pour convier les progressistes s'unir a lui pour rabistoquer la machine muiistérielle prête a sauter. Pas si naifs, ami Progrès. Dix années d'expérience.c'est assez, e'est trop. II faut vous résigner a ne plus compter sur nous désormais pour faire \os affaires. ILes vacances parSemeniaires. Dans sa séance de mercredi dernier, la Chambre des reprèsenlanis s'est ajournée au 18 janvier pro- chain. Nous ne voulous pas conlester a nos représentanls le droit de celebrer en familie la fêle de la Noël et de recevoir les congratulations de leurs electeurs a l'oc casion du jour de l'an, mais ce que nous leur repro- chons, c'est d'aller baguenauder pendant prés d'un mois et de laisser pendant ce long espace de temps en souffrance les intéréts les plus précieux de la na tion. Si encore ils avaient pour excuse la longueur de la session qui vient d'être interrompue, on pourrait justilier le besoin qu'ils ont de prendre .quelque temps de repos, mais il y a a peine six semaines que la Uhambre est réunie, et pendant ces six semaines, c'esl tout au plus si I'on a diseute sérieusemeut un seul projel de lot utile au pays. La loi sur la milice a été modifièe, il est vrat, mais de manière a laisser debout les principaux griefs qu'on arliculait contre la loi ancienne; encore la loi nouvelle n'est-elie pas compléte, puisqu'on a ajournó l'examen du projet du gouvernement relatif a 1'in- demnité accorder aux miliciens. Quant atix quelques articles du nouveau Code de commerce qui ont été discutés, ils ont en quelque sorte été votes an pied levé, et déja on s'apercoit qu'ils fourmillent de contradictions. Nous ne parierons pas du vote approbatif donné par la Chambre a la cess:on de la citadelle du Sud et a la construction de nouvelles fortifications sur la rive gauche j'Escaut. Dans cette circonstance, comme d ins bien d'autres, Ie róle de la majorité s'est borné a celui rle Pandore dans la chanson des Deux Gendarmes. Quand on n'a pas autre chose a inscrire au bilan de ses travaux accomplis, on n'a pas le droit de prétexter la fatigue pour se livrer pendant prés d'un mois aux douceurs du repos. En vérité, la conduite de la Chambre semb'e être inspirée par le désir de discréditer le régime parle mentaire. Sous les prétextes les plus futiles, nos soi- disant représentants interrompent leurs travaux et reculent devant la discussion des réformes le plus vivemént appuyées par l'opinion publique. Des dis cours, des discours et encore des discours, voila tout le bagage doctrinaire; quant a des actes, il n'y faut pas penser. On proclame avec emphase Ie grand principe de laséparation de l'Egüse et de l'Etat et l'on maintient la loi de 1842 sur l'inslruction primaire; l'on afiirme que l'autorité civile a le devoir de con- Iróler les operations des fabriques d'église et l'on ajourne de session en session la discussion du projet de loi sur le tempore! du culte; la police des cime- lières, dit-on, appartient a l'autorité communale et l'on craint d'nfiirmer l'inconstitutionna'ité du décret de prairial an XII Nul ne peut être contraint de par- liciper aux cérémonies d'un culte quelconque, et chaque jour n >us voyons nos soldats obliges d'escor- ter les processions et de présenter les armes au saint Sacrement. En toutes choses la politique doctrinaire manque de franchise. Nos hommes d'Etat ne visent qu'a conserver Ie pouvoir a leur profit et a celui de leurs amis. Et qu'ori ne dise pas que nous exagérons; les fails sont la, indéniables. Qu'on nous cite une seule me sure libérale, prise par nos gouvernants, dans laquelle on ne trouve une concession faite aux idéés rétro- grades. Ont ils assuré la liberté de 1'enseignementT Non. Le prêtre intervient a litre d'autorité dans nos éco'es. La liberté de la presse exisle-t-elie? Non. Conirairement au texte et a l'esprit de la Constitu tion, nous voyons chaque jour les dèlits de la presse defèrés aux tribunaux civils. Possédons - nous au moins la liberté d'association? Pas davantage. Sui- vant son bon plaisir, le gouvernement accorde ou refuse i'autorisation de constituer des sociétés ano- nvmes. Toutes ces libertés solennellement proclamées dans notre pacte fondamental recoivent chaque jour des aileinies, sans que le doctrinarisme fasse le moindre effort pour en garantir l'application. Et c'est alors que tant de réformes utiles restent a accomplir que nos gouvernants doctrinaires songent a prendre un long repos. N'esi-ce pas la le comble de l'insouciance?Mais que leur importe! Nejouissent- ils pas de toutes les faveurs du pouvoir? Les frères et amis sont heureux et largement pourvus le reste importe peu.

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L’Opinion (1863-1873) | 1869 | | pagina 1