nature a violer le secret du vote et qu'il accorde le
recours a la députation permanente et au Roi contre
les appreciations suspectes ou arbitraires des bureaux
électoraux.
Enfin le mot zaakhandelaar qui. dans sa significa
tion élymologique et'générale, s'appüque plus large-
ment a un notaire qu'a un agent d'affaires zaakwaar
nemer)et qui, contestée seulemenl par quelques ab-
bés dans le premier bureau, n'a provoqué aucune
réclamation dans le second oü se trouvait reünie la
plus grande moitié, c'est-a-dire, la majorité des élec
teurs, ce mot, disons nous, était, surtoutau point de
vue politique, si peu sujet a contestation que des re-
présenlants catholiques ont dit danS des conversa
tions particulières qu'ils l'approuveraient sur un
bulletin catholique et le rejeteraient sur un bulletin
libèral. C'est ce qui a probablement inspirè au parti
catho'ique de Poperinghe la crainte hautement ma-
nifestée de voir admettre ce mot par le gouverne
ment.
II est au moinsétrange que M. le ministre de l'Inlérieur
qui, pour ne pas porter unjugement radicala voulu
scinder les bulletins, n'ait pas approuvé la qualifica
tion de zaakhandelaar, employèe sur quatre billels,.
plutót que de valider les trois autres, entéchés, aux
yeuxde la députation, d'irrégularités idenliques. II lui
aurait suffi d'une seule concession, au lieu de trois,
pour resterdans les limilesde la modéralion (puisqu'il
s'agissait de libéralisme modére), et cette concession
uniqne nous aurait valu la nomination de M. Rommens
dont l'éviction immérilée est tant regrettée ici par le
parti libéral tout entier.
Loin de moi, Monsieur, la pretention de vouloir,
en vous présentant ces observations, modifier vos
appreciations personnelles ou infirmer ce qu'elles
peuvent avoir de fondé. J'ai seulement eu en vue de
démontrer par Ie rapprochement de nos idé«s indi—
viduelles, et en présence de la divergence d'opiniqn
dont ont fait preuve la députation permanente et le
gouvernement, que jamais dans aucune élection la
majorité n'a été plus douleuse que dans cel le de Po
peringhe et que jamais annulation n'a été mieux in-
diquée. Abstraction faite des faux électeurs, l'inter-
prétation difficile des votes que se disputaient quatre
candidats élus par un nombre, pour ainsi dire, égal
de suffrages, justifiait a elle seule cette mesure. Or,
le principe de la loi electorale, qui veut que le con-
seil communal soit l'expression sincère et véridique
du corps électoral, a été complélement effiicé par la
loi sur les fraudes et sacrifié aux caprices de deux
juridictions incompétentes, pour ne pas dire a la fai-
blesse d'un seul homme, car il ne faut pas supposer
que les bulletins irréguliers soient toujours des bul
letins imposes a des électeurs qui, sans cette préten—
due contrainte, auraient voté dans un autre sens. On
a puni, dans la personne de quelques électeurs mal-
avisés, toute une ville, en lui imposant une admi
nistration qui, comme tout Ie prouve (faux électeurs
et résultat tronqué du scrutin), n'esl pas la repre
sentation veritable du corps électoral.
Je répète avec vous, Monsieur, que, en présence
d'une majorité si douleuse et si imparfaitement ex-
primée par les électeurs, l'annulation des élections
de Poperinghe, si vivement réclamée par le parti li
béral, était la solution la plus desirable au point de
vue moral, la plus juste, Ia plus equitable, comme
aussi la plus digne pour les partis et les candidats en
présence.
Le ministère, en s'y refusant, a failli a son de
voir,
Un Électeür de Poperinghe.
Nous accueillons avec empressement les observa
tions de l'électeur poperinghois en rendant hommage
a leur parfaite courtoisie. G'est ainsi que nous com-
prenons Ia discussion.
Avant d'enlrer dans l'examen des détails, nous
nous joignons a notre honorable correspondent pour
regretter l'exclusion du conseil deM. Felix Rommens;
ces regrets, le parti libéral tout entier les ressent,
non-seulement a Poperinghe, mais dans ('arrondis
sement.
Quant au fond même du débat, la lecture du se
cond article publié depuis que la lettre de notre cor-
respondanl est écrite, a dü le convaincre que bien
eu de choses nous sépare en réalité. L'Opinion s'est
t fforcee d'examiner la question a un double point de
xue celui de l'impartialité el cefui de l'intérêt de
parti. Pour le premier cas, nous avons conclu a l'an
nulation des élections, nous fondant sur ce que des
bulletins annulés dans un bureau avaient été validés
dans un autre; la conviction exprimée a ce sujet
nous est si peu personnelle que M. le gouverneur I'a
dèveloppee lon^uement dans son recours au Roi et
que même, après la decision du gouvernement, elle
est encore eeillle de notre correspondent, d'accord avec
tous les liiberatix dèsintérésses a Poperinghe. En
présence d'une inajorilé si douleuse et si imparfaite
ment exprimée, dit-il, par les électeurs, l'annulation
des élections de Poperinghe, si vivement réclamée
par le parti liberal, était la solution la plus désirable
au point de vue moral, la plus juste, la plus équi-
table, comme aussi la plus digne pour les partis et
les candidats en présence.
Cela tarnt admis, discuter sur l'annulation ou la
validation de certains bulletins devient uri point se
condair Nous tenons cependant a rèpeter que la loi
ayant eu poor but d'empêcher les fraudes électorales,
ses prescriptions et ses defenses doivent être prises
dans leur sens le plus strict, si l'on veut atteindre le
bul et qu'il n'esl pas permis, par exemple, de rem-
placer un prénom par une initiale qui est une lettre
et non pas un nom.
L'argument qu'un seul bulletin était concu de la
sorte nous tache peu, pas plus que celui qui invoque
la léyèrelé des deux trails marquanl un autre bulle
tin. Si la loi avait voulu permeltre l'emploi des ini-
tiales, elle l'efit dit; au contraire, elle ue parle que
dü prenom et non pas des prènoms, remnrquez Ie
bien, c'est-a-dire qu'elle n'uutorise l'emploi que d'un
seül prénon, celui sous leqtiel le caudidat est ordi-
nairement desigoé.
Oil arriverons-nous si le degró de légèreté plus ou
moins prooouice d'un trait ou d'urte marque doit être
pris pour criterium de la valeur d'un bulletin elec
toral? A larbitraire et aux coups de parti. Or, de
l'arbitraire et des coups de parti, nous n'en voulons
pas; c'est pourquoi nous demandons l'application
constante d une regie uniforme baséesur les prescrip
tions formelles de la loi nomprénom, nom de la
femme si le candidal est généralement designé par ce
second nom aocéle au sien, profession ou qualification
de membre sortanl.
Pour le même motif nous répudions les abrévia-
tions MM. devant les notns. Cette formule de pohlesse
usitee el fort louable dans les relations de la vie est
pour le moins inutile danS un scrutin. D'ailleurs, on
ne pourrait pas écrire sur son bulletin le mot Mes
sieurs en toutes lettres sans faire surgir des protesta
tions, pourquoi pourrait ou dès lors employer l'abré-
viation
Si des bulletins portant cette abréviation ont été
validés dans certaines localites, dans d'autres, et
notamment a Ypres le "26 octobre dernier, ils ont été
annules sur ies observations, très-fondees du reste,
du fonctionnaire représentant le gouvernement dans
notre arrondissement. Si, prècédemment aux der-
nières électiüiis legislatives, une masse de billets por-
taientAlp. Vandenpeer eboom, P. Belie, J. Van Mer-
ris ou Ch. Van Henynghe,nous n'y saurions voir un
argument en faveur de la these de notre correspon-
dant. Les bureaux qui ont validé ces bulletins ne se
sont pas conformes a Ia loi et il est facheux qu'aucun
élecleur present n'ait songé a protester.
Nous pourrions d'ai leurs objecter a notre tour que,
dans d'autres bureaux, semblables bulletins ent été
annulés et nous arrivons ainsi fatalement, grêce a
une tolerance exagèrée, a avoir autant d'interpréta-
tions et de jurisprudences diverses qu'il y a d'èlec-
tions ou même de bureaux. Pareille chose n'esl pus a
craindre si, adoptant une régie unique, on n'autorise
que les designations strictement nécessaires pour faire
connaitre les candidats, conformément au texte de
la loi.
Que si maintenant abandonment le premier aspect,
faisanl bon marchede l'impartialité, on n'est mfi que
par le seul interêt de parti, nous savons lout ce qu'on
peul dire en faveur de la validation des bulletins por
tant zaakhandelaar Nous croyons rnêtne qu'en faveur
de ces bulletins annulés par le gouvernement on peut
apporter des arguments plus spécieux qu'en faveur
de ceux que le gouvernement a validés. Mais la va
lidation des premiers n'en serait pas moins un coup
de parti tout autant que celle des seconds a été un
coup de parti. Notre honorable contradicteur le re-
connait lui-même quand il écrit Le mot zaakhan
delaar était, SURTOUT AU POINT DE VUE POLI-
TIQl E, si peu sujet a contestation, que des représen-
tants catholiques ont dit, dans des conversations
particulieres, qu't'is l'approuveraient sur un bulletin
catholique el k rejeteraient sur un bulletin libéral.
Ou ne saurait être plus explieite.
Done, pour emprunter encore une expression a la
lettre de notre correspondant, M. Ie ministre de
l'lntérieur a voulu scinder les bulletins et, comme
nous l'avions prèvu, la solution a laquelleil s'est ar-
rêté a mecontentè tout le monde. L'impartialité lui
commandait d'annuler l'élection l'intérêt de parti de
valider TOUS les bulletins. II a sacrifié les meilleurs
liberaux de Poperinghe au sauvetage de celui qui a le
plus C' uru, le plus intrigué et c'est avec justice que
l'é'ecteur de Poperinghe, se faisant l'écho de ses con-
citoyens libèraux, termine sa lettre par cette con-
damnation severe, mais rnèritee
ij Le ministère, en se refusant a l'annulation des
élections, a failli a son devoir.
Chemin de fer Oslende- 4rmentières.
II y a six mois, en réponse a un article empoulé du
Progrès annoncant et sa bonne digestion après cer
tain diner et l'ouverture pour le 1" octobre du che
min de fer de Comines-Armenlières, nous disions que
la Sociéte d'Ostende a Armenlières ne prouvait pas uu
bien grand zéle et que pendant longtemps encore ce
chemin de fer ne transporterail que du ballast.
Voilé trois mois que le 1" octobre est cuilvoici le
1,r janvier, autre date annoncée d'inauguralion qui
est passée de vie a trepaset, tout comme auparavant,
la section de - Comines-Armentières ne sert qu'au
transport du ballast.
Et cependant, dans une note officieuse remise,
vers la fin de novembre, a differents journaux finan
ciers, il était dit La section allant de Comities a
Armenlières, dont les travaux sont terminés, mat
tend pour être mise en exploitation, que la reception
par les gouvernements beige et francais. Tout au
plus tard au janvier, cette unique formalilé ad
ministrative sera remplie...
A quand done cette heureuse inauguration?
C'est aux premiers jours d'aoAt 186S que les tra
vaux ont été entamés sur cette section qui traverse
un terrain dont la nature ne présente pas de niauvais
fonds et dont la structure n'exige ni l'ouverture de
profondes tranchées, ni l'établissement de coüleux
remblais, ni la construction d'ouvrages d'art longs et
difficiles. Dans de pareilles conditions, il ne faut cer-
tainement pas dix-huit mois pour achever un chemin
de fer de quinze kilometres. Mais, que parlons-nous
de dix-huit mois? car il n'est plus aujourd'hui ques
tion d'inauguralion au mois de janvier, c'est, a ce
qu'on dit, tout au plus tót, dans le courant de mai
du de juin qu'elle aura lieu, et encore
A ce train la, toute la ligne d'Ostende Armentières
ne sera complélement achevée qu'en 1876 ou 1877.
II est bon a noler, pour la satisfaction du Progrès,
que d'ici-la nous aurons Irois élections législatives,
dont deux pour !a Chambre et une pour le Senat, et
qu'un chemin de fer est une bonne marotte électorale.
Celui d'O.uende-Armentières a occupé les electeurs
pendant les six annees écoulées; il les occupera bien
encore pendant les six années a venir.
Chronique dramatique.
La Belle Affaire.
II est de ces sujets qui sont inépuisables et qui
peuvent faire le fond de tous les romans et de toutes
les piècesde theatre. Jamais ils ne lassent, jamais ils
ne laissent l'intérêt languir paree qu'ils sont toujours
vrais paree qu'ils sont la dans la vie comme des
écueils contre lesquels chacun vient a son tour se
heurter ou se briser. Ainsi les maris savent qu'un
des ecueils du mariage c'est la belle-mère, la belle-
mère qui veut encore conduire sa fille, la diriger, la
conseiller et dont l'abnégation ne peut aller jusqu'a
croire que l'innocetite qu'elle a mise au monde, qu'elle
a vu grandir, qu'elle a corrigée, sail un beau jour
marcher sans lisières sous la tulelle moins minutieuse
et moins tracassière d'un mari. De la des scènes in-
times, sans cesse renouvelèes, que les auteurs ont
déja largement exploitées. D'aue part le mari, d'autre
part la belle-mère, au milieu la femme. A qui le
triumphe, a qui la victoire?
II est vrai qu'un auteur, Balzac, pensons-nous, a
dit C'est a tort qu'on médil des belles-mères
avec un peu d'habileté un mari en peut faire une
excellente alliée contre sa femme. Mais ce n'est
la qu'un trait d'esprit, car a moins de circoustances
particulières il est tout naturel qu'un mari reste en
defiance vis a-vis d'une alliée qui se complait dans les
divisions et qu'un mot peut rejeter dans le camp
opposé. Les Auglais, eux, appeilent la belle-mère,
Mother in lawc'est-a-dire mère selon la loi. Cette
expression est beaucoup plus juste que la nótre, car