JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT
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YDSIES, Di manche
Huitième année. N° 8.
20 Février 1870.
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La réforme electorale.
Si nous pouvions encore douter qu'une large ex
tension du droit de suffrage, basêe sur la capacité,
est dans les vceux unanimes du pays,nous serions
bientót convaincus de notre erreur en voyant la
pauvreté des arguments que l'on oppose A 1 adop
tion de cette réforme et les efforts extraordinaires
que font les journaux ministériels pour démontrer
que Cavitation que Ton constate dans Ie pays est
fa dice et qu'elle est exitée par quelques esprits
brouillons. Quoi qu'en disent ces journaux, cette
agitation est sérieuse il y a imprudence a la mé-
connaitre. De limitées qu'elles sont aetuellement
a l'octroi du droit de suffrage a 'out Beige majeur,
sachant lire et écrire et offrant toutes les garanties
désirables de moralité, les exjge ces de l'opposition
grandiront peut-ètreen raison mêmedes obstacles
en arm era a réclamer le suffrage universal. Or,
quand nous en serous IA, ce ne seront pas les dis
cours des borgraves de la Chamlire ui les articles
de la presse doctrinaire qui arrèteront le courant.
II y a, disons-noüs, imprudence A méconnaftre
l'agitation qui semanifeste en faveur de l'extension
du droit de suffrage qu'ori le désire ou qu'on Ie
redoute, en présence de l'augmentation constante
del'instruction publique, il fest certain que l'avenir
est au suffrage universel. L'opposition aveugle
que le doctrinarisme fait a une extension de suf-
Jean Yoens.
Bien des voyageurs ont pu remarquer dans les
cabarets des Flandres, un usage singulier auquel il
serait difficile de se soustraire sans froisser les sus-
ceptibilites de l'hólesse celle ci ne sert jamais un
verre de bière sans y tremper les lèvres.
Cet usage remonte a la période féodale et s'est con
tinue pendant les guerres civiies qui ont si longtemps
ravagé les Flandres.
Yous entrez; la bière est versée et Ia fille, buvant
a votre verre, dit grncieusement a votre santé!
monsieur 1
II en étail ainsi a l'époque oü nos fiers communiers
lutlaient contre le pouvoir despolique de leurs princes,
oü Gand, Bruges, Ypres, jalousesde leurs franchises
et de leurs droits, mettaienl en déroute la cavalerie
francaise dans lesplaines de Gourtrai ousuccombaient
héro'iquement a Roosebekeet plus tard lorsque
hommes, femmes et enfanls rivalisaient d'héroïsme
pour secouer le joug odieux de l'Espagne.
Souvent alors le poison se cachait au fond du
verre.
Ainsi cette touchante et cordiale coutume de boire
frage aura pour conséquente d'amener le suffrage
universelle brusquement, sans transition, sans que
les citoyens appelés A l'exercer soient le moins du
monde préparés A la vie politique et nous verrons
peut être alors le suffrage universel produire ce
qu'il a produit en France, le despotisme.
Que si, au contraire, par de sages concessions,
nous habituions peu A peu les citoyens sachant lire
et écrire A exercer d'abord leurs droits et comme
électeurs provinciaux et oommeélectuurs commu-
naux, nous nous trouverions, au moment oü l'heure
du suffrage universel auraitsonnè, en présence d'un
Corps électoral fait A la vie politique et pouvant
résister aux seductions des théories malsaines qui
exercent tant d'lnlluence sur les populations iguo-
rantes.
Ce système de transition n'a aucune chance
d'èlre admis par le parti doctrinaire, nous le sa-
vons. Son chef l'a declarer Nous n'aurons la sub
stitution de la capacité et de la moralité au paie-
ment du eens électoral, ni en un, ni en deux, ni
en trois actes. Heureusement, ily a quelque chose
de plus fort que la doctrine, ily a quelque chose
de plus fort que AlFrère Orban c'est Ia souverai-
neté nationale, c'est le droit.
A pan tins (ie gauche, pantins de droite.
Nous assislons eo ce moment a une curieuse polé-
rriique entre les journaux calholiques. La question qu;
se discute entre eux est celle-ci L'épiscopal a-l-il
autorisé la droite a dunner un vote approbaiifa la loi
sur le tempore! des cultes récemment adoptée par la
Cbambre des représentanls?
avec vous, comme si l'hótesse voulait livrer sa pensée
au voyageur, est nee de la defiance et des guerres
civiies.
La mort de Jean Yoens a prouvé cependant que la
précauiion pouvait être inutile.
C'etait en 1339. La Flandre.dit l.ebroussart,était
a celle époque, l'asile des arts, du commerce et de
l'opulencemais le liberiinage y causait des maux
plus funestes que ceux de la guerre.
vx La licence, que le luxe y avait introduite, était
portee a un tel excès, qu'en moins d'un an, dans la
seule ville de Gand et son territoire, il se commit plus
de 1,400 homicides dans les lieux cousacrès au jeu, a
la debaucheet l'ivrognerie. r
Louis de Maete, qui gouvernait alors la Flandre,
passait sa vie dans les jeux, les spectacles, les tour-
nois et au milieu d'une cour qui faisail palir celles
des plus puissants monarques de l'Europe. Aussi
avait-il souvent besoin d'argent trois fois déja les
communes de Flandre avaient payé ses deltes, et
maintenant, après avoir mariè sa fille Marguerite a
Philippe de Bourgogne (le vin conduisant la bière
l'hólelIle comte Louis demanda de nouveau a ses
bonnes villes de Flandre de le tirer d'embarras.
Les Gantois, qui avaient deja eu l'insigne honneur
Le Journal de Bruxelles affirme que cette autorisa-
tion a étédonnèe; le ■ien public de Gand prétend le
contraire. Nous ne savons a quel de ces deux jour
naux donner raison; peu nous importe du roste; tout
ce que nous tenons a constater c'est que le Journal
de Bruxelles et le Bien public afiichent le plus souve-
rain mépris pour les représentanls du parti catho-
lique a la Chambre; car si l'un se permet de les tan-
cer vertement pour avoir voté sans demander au
préalable la permission des évêques, l'autre les féli-
cite d'avoir demandé le mot d'ordre a l'épiscopat.
L'un et l'autre considered les députés catholiques,
non comme les mandataires du pays, mais comme les
valets des évêques. En cela, le Journal de Bruxelles et
le Bien public n'ont peut-êlre pas tortle ministère a
ses pantins a la Chambre, pourquoi l'épiscopat n'au-
rait-il pas les siens?
Le Journal d'Ypres empruntait, samedi dernier,
au Sancho, de Bruxelles, un article humoristique dé
butant par cette sentence
Dans un gouvernement a bon raarché, un citoyen
ne peut faire un pas, rernuer un membre, tousser,
cracher, élernuer, sans payer une taxe raison de
ces faits.
L'article est amusant h lire et nous ne pouvons que
remercier notre confrère de l'avoir reproduit dans ses
colonnes. Mais lui, qui voit si bien la paille dans
I'oeil d'autrui, que dirait-il d'un article qui débuterait
ainsi
Dans l'église catholique romaine, Ie fidéle ne peut
faire un pas, remuer un membre, etc., sans payer
a une taxe au clergè?
Le comité directeur de l'Association agricole s'est
réuni la semaine passée. Nous tenons de bonne
source que l'un des objeis a l'ordre du jour était
de payer trois fois la carte de leur prince, refusèrent
formellemenlde se rendre a ce nouveau désir.
Les Brugeois, au contraire, y firent le meilleurac-
cueildepuis longtemps ils sollicitaient en vain la per
mission de creuser un canal de Deynze A Bruges;
pour obtenir ce qui leur avait été refuse a diverses
reprises, ils consentirent volontiers a payer toutes les
detles de leur pt-ince.
Mais a Gand, un tumulte épouvantable et les coups
redoubles du tocsin annoncent que la permission qui
vient d'êlre octroyée est prejudiciable aux intéréts de
la Cilé. G'était la l'ouvrage d'un riche bourgeois, Jean
Yoens, doyen des marchands bateliers, horame intel-
ligens el hardi, qui après avoir jouit des faveurs du
prince, était tombe en disgrêce et n'atlendait mainte
nant qu'une occasion favorable pour se venger.
A peine a—t il fait connaitre a ses concitoyens la
faveur qui vient d'être accordée aux Brugeois, que
tous courent aux armes et jurent de dèfendre les
droits et les priviléges de l'industrie gantoise. Yoens
lui-même rétablit une ancienne corporation militaire,
jadis instituée par Van Arlevelde, el a laquelle la
couleur du couvre-chef donna le nom de Chapecons-
Blancs. Tout ce que Gand compte de gens détermmés
et courageux est enrole sous les ordres do Yoens, et