JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT Lk tout payable d'avance. YDSIES, Di manche Huitième année. N° 8. 20 Février 1870. PKBX ll'lltOMEMEST POUR LA BELG1QUE francs par an; 4 fr. SO par seraestre. Pour l'Etranger, le port en sus. Us Numéro 25 Centimes PRIX RES AlAMOACES ET DES RECLAMES 10 Centimes Is petite ligne. Corps du Journal, 30 centimes* Paraissant le dimanche. Laissez dire, laissez-vous blamer, mais publiez votre pen»é«. On s'abonne a Ypres, au bureau du Journal, rue de Dixmude, 59. On traite a forfait pour „es annonces souvent reproduites. Toules lettres ou envois d'aryent doivent étre adressés franco au bureau du journal. Souscription Grendebien. Montant des listes précédentes Fr. 38 50 La réforme electorale. Si nous pouvions encore douter qu'une large ex tension du droit de suffrage, basêe sur la capacité, est dans les vceux unanimes du pays,nous serions bientót convaincus de notre erreur en voyant la pauvreté des arguments que l'on oppose A 1 adop tion de cette réforme et les efforts extraordinaires que font les journaux ministériels pour démontrer que Cavitation que Ton constate dans Ie pays est fa dice et qu'elle est exitée par quelques esprits brouillons. Quoi qu'en disent ces journaux, cette agitation est sérieuse il y a imprudence a la mé- connaitre. De limitées qu'elles sont aetuellement a l'octroi du droit de suffrage a 'out Beige majeur, sachant lire et écrire et offrant toutes les garanties désirables de moralité, les exjge ces de l'opposition grandiront peut-ètreen raison mêmedes obstacles en arm era a réclamer le suffrage universal. Or, quand nous en serous IA, ce ne seront pas les dis cours des borgraves de la Chamlire ui les articles de la presse doctrinaire qui arrèteront le courant. II y a, disons-noüs, imprudence A méconnaftre l'agitation qui semanifeste en faveur de l'extension du droit de suffrage qu'ori le désire ou qu'on Ie redoute, en présence de l'augmentation constante del'instruction publique, il fest certain que l'avenir est au suffrage universel. L'opposition aveugle que le doctrinarisme fait a une extension de suf- Jean Yoens. Bien des voyageurs ont pu remarquer dans les cabarets des Flandres, un usage singulier auquel il serait difficile de se soustraire sans froisser les sus- ceptibilites de l'hólesse celle ci ne sert jamais un verre de bière sans y tremper les lèvres. Cet usage remonte a la période féodale et s'est con tinue pendant les guerres civiies qui ont si longtemps ravagé les Flandres. Yous entrez; la bière est versée et Ia fille, buvant a votre verre, dit grncieusement a votre santé! monsieur 1 II en étail ainsi a l'époque oü nos fiers communiers lutlaient contre le pouvoir despolique de leurs princes, oü Gand, Bruges, Ypres, jalousesde leurs franchises et de leurs droits, mettaienl en déroute la cavalerie francaise dans lesplaines de Gourtrai ousuccombaient héro'iquement a Roosebekeet plus tard lorsque hommes, femmes et enfanls rivalisaient d'héroïsme pour secouer le joug odieux de l'Espagne. Souvent alors le poison se cachait au fond du verre. Ainsi cette touchante et cordiale coutume de boire frage aura pour conséquente d'amener le suffrage universelle brusquement, sans transition, sans que les citoyens appelés A l'exercer soient le moins du monde préparés A la vie politique et nous verrons peut être alors le suffrage universel produire ce qu'il a produit en France, le despotisme. Que si, au contraire, par de sages concessions, nous habituions peu A peu les citoyens sachant lire et écrire A exercer d'abord leurs droits et comme électeurs provinciaux et oommeélectuurs commu- naux, nous nous trouverions, au moment oü l'heure du suffrage universel auraitsonnè, en présence d'un Corps électoral fait A la vie politique et pouvant résister aux seductions des théories malsaines qui exercent tant d'lnlluence sur les populations iguo- rantes. Ce système de transition n'a aucune chance d'èlre admis par le parti doctrinaire, nous le sa- vons. Son chef l'a declarer Nous n'aurons la sub stitution de la capacité et de la moralité au paie- ment du eens électoral, ni en un, ni en deux, ni en trois actes. Heureusement, ily a quelque chose de plus fort que la doctrine, ily a quelque chose de plus fort que AlFrère Orban c'est Ia souverai- neté nationale, c'est le droit. A pan tins (ie gauche, pantins de droite. Nous assislons eo ce moment a une curieuse polé- rriique entre les journaux calholiques. La question qu; se discute entre eux est celle-ci L'épiscopal a-l-il autorisé la droite a dunner un vote approbaiifa la loi sur le tempore! des cultes récemment adoptée par la Cbambre des représentanls? avec vous, comme si l'hótesse voulait livrer sa pensée au voyageur, est nee de la defiance et des guerres civiies. La mort de Jean Yoens a prouvé cependant que la précauiion pouvait être inutile. C'etait en 1339. La Flandre.dit l.ebroussart,était a celle époque, l'asile des arts, du commerce et de l'opulencemais le liberiinage y causait des maux plus funestes que ceux de la guerre. vx La licence, que le luxe y avait introduite, était portee a un tel excès, qu'en moins d'un an, dans la seule ville de Gand et son territoire, il se commit plus de 1,400 homicides dans les lieux cousacrès au jeu, a la debaucheet l'ivrognerie. r Louis de Maete, qui gouvernait alors la Flandre, passait sa vie dans les jeux, les spectacles, les tour- nois et au milieu d'une cour qui faisail palir celles des plus puissants monarques de l'Europe. Aussi avait-il souvent besoin d'argent trois fois déja les communes de Flandre avaient payé ses deltes, et maintenant, après avoir mariè sa fille Marguerite a Philippe de Bourgogne (le vin conduisant la bière l'hólelIle comte Louis demanda de nouveau a ses bonnes villes de Flandre de le tirer d'embarras. Les Gantois, qui avaient deja eu l'insigne honneur Le Journal de Bruxelles affirme que cette autorisa- tion a étédonnèe; le ■ien public de Gand prétend le contraire. Nous ne savons a quel de ces deux jour naux donner raison; peu nous importe du roste; tout ce que nous tenons a constater c'est que le Journal de Bruxelles et le Bien public afiichent le plus souve- rain mépris pour les représentanls du parti catho- lique a la Chambre; car si l'un se permet de les tan- cer vertement pour avoir voté sans demander au préalable la permission des évêques, l'autre les féli- cite d'avoir demandé le mot d'ordre a l'épiscopat. L'un et l'autre considered les députés catholiques, non comme les mandataires du pays, mais comme les valets des évêques. En cela, le Journal de Bruxelles et le Bien public n'ont peut-êlre pas tortle ministère a ses pantins a la Chambre, pourquoi l'épiscopat n'au- rait-il pas les siens? Le Journal d'Ypres empruntait, samedi dernier, au Sancho, de Bruxelles, un article humoristique dé butant par cette sentence Dans un gouvernement a bon raarché, un citoyen ne peut faire un pas, rernuer un membre, tousser, cracher, élernuer, sans payer une taxe raison de ces faits. L'article est amusant h lire et nous ne pouvons que remercier notre confrère de l'avoir reproduit dans ses colonnes. Mais lui, qui voit si bien la paille dans I'oeil d'autrui, que dirait-il d'un article qui débuterait ainsi Dans l'église catholique romaine, Ie fidéle ne peut faire un pas, remuer un membre, etc., sans payer a une taxe au clergè? Le comité directeur de l'Association agricole s'est réuni la semaine passée. Nous tenons de bonne source que l'un des objeis a l'ordre du jour était de payer trois fois la carte de leur prince, refusèrent formellemenlde se rendre a ce nouveau désir. Les Brugeois, au contraire, y firent le meilleurac- cueildepuis longtemps ils sollicitaient en vain la per mission de creuser un canal de Deynze A Bruges; pour obtenir ce qui leur avait été refuse a diverses reprises, ils consentirent volontiers a payer toutes les detles de leur pt-ince. Mais a Gand, un tumulte épouvantable et les coups redoubles du tocsin annoncent que la permission qui vient d'êlre octroyée est prejudiciable aux intéréts de la Cilé. G'était la l'ouvrage d'un riche bourgeois, Jean Yoens, doyen des marchands bateliers, horame intel- ligens el hardi, qui après avoir jouit des faveurs du prince, était tombe en disgrêce et n'atlendait mainte nant qu'une occasion favorable pour se venger. A peine a—t il fait connaitre a ses concitoyens la faveur qui vient d'être accordée aux Brugeois, que tous courent aux armes et jurent de dèfendre les droits et les priviléges de l'industrie gantoise. Yoens lui-même rétablit une ancienne corporation militaire, jadis instituée par Van Arlevelde, el a laquelle la couleur du couvre-chef donna le nom de Chapecons- Blancs. Tout ce que Gand compte de gens détermmés et courageux est enrole sous les ordres do Yoens, et

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L’Opinion (1863-1873) | 1870 | | pagina 1