JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT
Y Pil ES. li i manche
Huitième année. N° 10,
6 Mars 1870.
PKl.% U'ABOIKEHEMT
POUR LA BELGIQUE
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Le gachis calholiqiie.
Les feuilles catholiques publient un mandement
de Mgr l'évêque de Strasbourg portant jugement
et condam nation des deux lettres dn Père Gratry.
Le prélat fait defense au clergé et a tous les
fidèles de son diocèse de lire, de communiquer et
de conserver cbez eux les dites lettres qui ren-
ferment des propositions fausses, scandalenses,
outrageantes pour la sainte Eglise romaine,
ouvrant la voie a des erreurs déjè condamnées
par les souverains pontifes, téméraires et sen-
tant i'hérésie.
L'évêque de Liêge vient aussi de condamner
les lettres du Père Gratry, que le Bien Public
appelle a de scandaleux pamphlets.
A quand le jugement et la condamnation du
Père Dupanloup dont le Journal d'Ypres prenait
naguère, avec tant d'ardeur, la défense contre
nous?
Pendant que les évèques de Strasbourg et de
Liége jettent l'anathème au Père Gratry, celui-
ci regoit force louanges de Mgr Strossmayer et de
Mgr de St-Brieuc.
Pour Mgr Strossmayer, l'cBuvre du Père Gra
try est la meilleure, la plus utile, la mieux
adaptée aux besoins du moment.
Quant a Mgr de St-Brieuc, son admiration est
sans bornes, et voici comment il I'exprime dans
une lettre qu'il vient d'adresser au savant orato-
rien
a Mon Révérend Père,
Jamais parole plus puissante, inspirée par la con
science et le savoir, n'est arrivée plus a propos que la
vötre. Je vousen remercie pour ma part comme d'un
grand service rendu a la religion et a 1'Eglise. Le mal
est tel et le danger si effrayant, que le silence devien-
drait de la complicité. A toutes les voix qui s'élèveut
dans le concile avec une force et une liberté vraiment
épiscopales, vous avez uni la vótre qui est arrivée
pour uous fortifier, en provoquant l'admiration de
tous les amis de Ia vérité.
Agréez, avec mon humble suffrage, l'expression
de mes meilleurs dévouements.
s Aug., évêque de St-Brieuc.
d P. S.Jamais on ne réfutera le fait principal des
trois conciles cecuméniques et des Papes a leur prise
de possession. Attendez-vous a tous les outrages
C'est le sort de la vérité en face de la passion.
Mais en voici bien d'une autre
On écrit de Florence la Gazette d'Augsbourg
sous la date du 19 février
Le clergéde Milan signe en ce moment une lettre,
destinée a être envoyée a l'archevêque de Milan a
Rome. L'on y félicite l'archevêque de s'être refusé de
participer la déclaration en faveur de l'infaillibilité
papale et de représenler si dignement et si sagement
les traditions de l'église milanaise, réputée autrefois
l'égale de celle de Rome et non inferieure. La lettre
préconise la nécessité d'une réforme radicale des
études écclésiastiques, aujourd'hui si négligées dans
les séminaires, et si loin de répondre aux besoins
elle prie en outre l'archevêque de se joindre a ceux
des autres évêques qui demandent qu'un frein soit
imposé aux extravagances de la soi-disant presse ca-
tholique. La lettre termine en exprimant l'espoir de
voir cesser I'antagonisme actuel entre 1'Eglise et l'Etat,
et en assurant que le clergé milanais est intentionné
de partager, aujourd'hui et toujours, les destinées du
peuple et de la commune patrie.
Qu'en dites-vous, rêvérends pères du Journal
d' Ypres
Nous venons de citer le nom de Mgr Dupan
loup. Le Journal des Débats assure qu'il y a au
Concile, parmi les représentants de 1'Eglise de
France, un évêque qui paraft avoir eu si peu ïe
louer de la discrétion de la poste romaine, que,
lorsqu'il écrit S un de ses diocésains sur un sujet
de quelqu'importance, il charge une personne
sure d'aller porter sa lettre la poste de Flo
rence.
Le Journal des Débais ne donne pas le nom
du prélat, mais il fait parfaitement comprendre
qu'il s'agit de l'évêque d'Orléans.
Quant aux journaux catholiques de France, ils
continuent échanger les plus aimables propos et
donner au public le doux spectacle d'une polé-
mique inspirée par la douceur évangélique et le
plus ardent amour du prochain.
Hier VUnivers accusait le déplorable Petit
Frangais de devenir parfaitement indigne
et de pousser la lecture d'écrits qui insultent
1'Eglise, poussent la révolte contre le Soüve-
rain pontife et doivent perdre des êmes.
Heureusement que le gouvernement papal
trouve a se consoler de toutes ces misères dans les
bénéfices qu'il réalise sur la fabrication de sa
fausse monnaie.
Tous les pouvoirs émanent de la nation, dit la
Constitution.
Dans le fait, tous les pouvoirs sont entre les mains
de 106 mille électeurs, lesquels, ayant seuls le droit
de participer au choix des représentants, constituent
en réalité le gouvernement.
On a calculé que le suffrage universel donnerait a
la Belgique environ douze cent mille électeurs.
C'est-a-dire que le régime électoral actuel privé du
droit de suffrage prés de onze cent mille citoyens.
Le parti doctrinaire, VEcho du Parlement en tête et
le Progrès a la queue, trouve ce régime excellent et
n'en veulent pas démordre.
Les progressistes le déclarent injuste, exécrable et
en réclamenl impérieusement la réforme.
Le parti doctrinaire dispose de forces considérables
le gros des censitaires est avec lui, et rien ne peut
être changé au régime actuel sans son agrément vo
lontaire ou forcé, car s'il n'est pas la justice il est la
loi.
Son agrément volontaire, nous ne I'aurons jamais
le suffrage restreint, basé sur le eens, lui assure dans
Ie pays une majorité factice, et, par cette majorité, la
possession du pouvoir. Jamais il ne consentira de son
plein gré une réforme dont le premier résultat sera
de Ie condamner descendre au róle de minorité, que
sa faiblesse numérique lui assigne.
A moins de déserter Ieurs convictions,les progres
sistes ne peuveDt done en assurer le triomphe qu'en
entreprenant une lutte sérieuse et décisive contre le
doclrinarisme qui les a constamment leurrés et qui,
aujourd'hui encore, chefche a les tromper en leur
laissant accroire qu'il est d'accord avec eux.... en
principe.
C'est le propre du doclrinarisme d'être d'accord
avec les opinions les plus extrêmes en principe.
Avec les catholiques, il pense, en principe, que la
religion est une des bases fondamentales de l'ordre
social.
Avec les libres-penseurs, il proclame, en principe,
la souverainsté de la raison individuellë et la néga-
tion de toute autorité qui prétend lui assigner des li-
mites.
Les principes ne sont pas ce qui a jamais embar-
rassé les doctrinaires ils en ont pour toutes les cir-
constances, pour toutes les situations, saufè en tirer
toujours pour eux-mêmeS le meilleur parti possible.
II n'y a done pas a s'arrêter ces faux semblant
de sympathie que certains organes du doctrinarisrae
affectent pour une extension raisonnable du droit
de suffrage, et leur chef a laissó échapper Ie véritable
secret de son coeur quand il a prononcé cette mémo-
rable parole Ni en un, ni en deux, ni en cinq
actes. 9
Cela étant, la situation se dessine nettement. Ou
bien les progressistes doivent renoncer pour toujours
a la réalisation de leur rêve le plus cher, la réforme
electorale, ou bien ils ont a rompre résolument, pu-
bliquement, avec le parti doctrinaire dont ils n'ont
attendreque des entraves. Quant a nous, telle est la
ligne de conduite que nous avons constamment suivie
et notre désir le plus ardent est de la voir adoptée
par la généralité de nos amis politique».
Correspondence particuliere de I'OPIIIOX.
Bruxelles, le 5 mars 1870.
Que la presse ne réclame pas de priviléges,
i> s'écriait dernièrement M. le Ministre de la Justice
les privileges de la presse, ce serail la mort de sa
liberté. o
J'ignore si la presse réclame des priviléges. Tout ce
quejesais, c'est qu'elle a terriblement de peine a faire
reconnaitre ses droits les plus évidents, les plus incon-
testables.
Un exemple entre plusieurs autresLa Constitution
dit en termesclairset précis que les délits de la presse
sant déférés au jury.
Le tout payable d'avance.
Laissez dire, laissez-vous blamer, mais publiez votre pensee.