El pourtantla jurisprudence élude ce texte forrael. En fait, ia garantie du jury n'existe plus pour nous, c'esl une veritable lettre morte. La Chambre, qui ne manque jamais une occasion de témoigner...en paroles de ses sympathies ardentes pour la presse, a-t-elle jamais songé a lui restituer cette garantie? La presse a réclamé pendant 25 ans. Aprèsquoi, en 1864, quelquesreprèsentants se sontrèunis pour pre senter une proposition. Cette proposition figure a l'ordre du jour depuis cinq ans. Chaque fois que son tour de discussion arrive,on se rappelle qu'il y a quel- que chose d'extrêmement urgent qui doit passer d'abord, et on la rejette a la queue. Tout dernière- ment il n'y avait plus a l'ordre du jour que cette fameuse proposition et deux ou trois autres feuilletons de petitions insiguifiantes. La Chambre s'est occupée des pélitions, et pas une voix ne s'est êlevée pour réclamer la discussion du projet de loi sur la presse. Je n'ai pas a tracer a la presse la ligne de conduite qu'elle devrait suivre pour obtenir justice. Mais, en présence de tels fails, on tombe, en vèrilé, de son haul, quand on entend dire que la presse reclame des privileges. Ce n'est pas lorsqu'elle a déja tant de peine obtenir le nécessaire qu'elie peut songer au super- flu» v L'Association libérale se réunira prochainement pour discuter les propositions de la commission char- gée de la revision de son règlemenl. Le point capital de la discussion sera sans nul doute la question de la reforme electorale. G'est sur ce ter rain qu'ils se rencontreront et qu'ils mesureront leurs forces. L'Association sortira de ce débat plus forte, plus unie qu'auparavant. Pour ma part, j'en doute fort. Au point oü les choses en sont arrivées chacun des deux partis qui s'y disputent la préponderance se croyant assez puissant pour pouvoir se passer de l'autre, une scission me paralt bien plutót dans l'ordre des choses probables qu'une entente siucère et du rable. Du reste, en ce moment, nous fesons fort peu de politique, je vous assure, et jamais les jouruaux qui vivent de ce genre de polémique ne furent plus em- barrassées de remplir leur première page. La discussion des budgets, qui suivra immédiate- ment celle du Code de commerce,fournira-t-elle quel- qu'aliment nouveau a la polémique des partis? Je ne crois pas. La session n'est pas a la politique, catholi- ques et libéraux semblent s'être donné le mot pour éviter tout débat irritant et pour se consacrer, sans autre préoccupation, a l'elaboralion des lois impor- tantes, mais d'ordre purement économique, qui oc- cupent la Chambre depuis l'ouverture de la session. La Cour d'appel a remis a la semaine prochaine le prononcé de son arrêt dans l'affaire des hériliers Van Ryswyck contre Delaet. Si eet arrêt lui est défavo- rable, il est plus que probable que le représentant d'Anvers se pourvoira en cassation, ne fut-ce que pour gagner la fin de la session. Car de donner sa démission et de se retirer de la vie politique, M. De laet n'y songe pas. Notre carnaval n'est ni plus ni moins amusant, cette année, que les années précedenles. On a remar- què cependant un peu moins d'ivrognes dans les rues. Est-ce signe de progrès ou de gêne? Voila la question. Décidément nous aurons le Lohengrin avant la fin du mois. Ne vous etonnez pas si je vous parle si sou vent de ce Lohengrin. C'est, dansce moment, le sujet de toutes les conversations avec l'arrivee de MlleDes- clée qui vient jouer Froufrounon pas au théêtre des Galeries, mais au theótre du Pare, qui va se trouver trop petit, pendant huit jours, pour contenir les ad- mirateurs de l'émineulo comédienne. ■>c peuple et I'armée/ Hier encore, c'était un jeune paysan, heureux et libre. Presque un enfant. II allait gaiment de la montagne a la vallee, et du village a la ville. II avaitappris de son père a tracer le sillon droit el ferme. Le soir, il rentrait avec les chevaux de labour, ^atigué, mais bien portant et contentil s'endormait, a cóté de ses frères, d'un sommeil paisible. Pourquoia-t-il changé sa brillanle campagne contre la sombre caserne, et son fouet au joyeux cliquetis contre ce morceau de fer emmanché dans du bois Ce n'est point ['ambition, la recherche d'une car rière, qui l'a poussé a ce misérable échange. Oh! non, il avait une carrière toute tracée devant lui, droite comme le salon, la grande et sainte et bien- faisante carrière du travail. II avait a épouser cette jeune paysanne, la robuste fille du voisin, et a faire avec elle lignée d'ent'ants vigoureux et sains. Cette jeune paysanne qui, désolée de Ia longue absence de son fiancé, cédera dans quelques années aux obsessions d'un autre prétendant, épousera le malingre et chétif jeune homme dont n'a pas voulu Ie service militaire. Mais, la patrie a beau n'être pas en danger, adieu la richesse et la force du pays, adieu le bonheur et la joie du paysan. II faut partir... Tambours et clairons résonnenl. X Cel autre jeune soldat vient des villes. Dans un atelier il travaillait hier. Sa familie, une pauvre familie d'ouvriers, ïi force de sacrifices, l'a- vait soutenu, nourri, vêtu pendant son long et pe- nible apprentissage. II s'agissait de lui faire apprendre un bon état, un de ces états qui nourrissent leur homme. Au dóvouement, aux bons soinsde sa familie, l'en- fanl, plein de coeur, avait dignemenlréporidu. II était devenu l'un des meilleurs ouvriers de son atelier il aidait sa mère a élever ses jeunes sceurs. Le vieux père s'affaiblissail, manquait parfois l'atelier, se reposait sur son fils du soin de l'avenir. II songeait a le marier, et celui ci ne disait pas non. Mais l'impól du sang restait a payer. Aura-t-il un bon numéro? II l'eut mauvais, et partit. Allons, enfant, le monde est en paix, peu importe! en route pour I'armée! Oublie la misère et la famine des liens tu les reverras dans huil ans, s'ils vivent encore. En route 1 X lis viennent, ces pauvres consents, ils viennent par milliers, ils viennent, conduits par la main sévère de la loi. Les voici tous alignés. Oh! comme ils ont l'air triste, comme leur regard est terne etdécouragè! Quelle nostalgie de la liberté perdue, quel amer regret de la vie oü ils pouvaient aller, venir, travad- ler ou se reposer a leur gré, sans obéir aucun autre commandement qu'a celui de leur intelligence et de leur volontè! Et quel chagrin aussi du désoeuvremenl qui suc- cède dans la caserne a leurs laborieuses habitudes! Se lever au point du jour, accomplir macbinalement quel ques exercices, toujours les mêmes, se promener pen dant deux heures devant une porie avec un fusd, se sentir inutiles, manger son pain sans l'avoir eagné, voila quelle est leur vie, voila a quel supplice ils sont condamnés Ils sortent pourlant, ils ont leurs jours de congé, quelques heures de remission oü ils peuvent s'ima- giner qu'ils sont fibres encore, aller se promener avec leurs camarades. Mais, s'ils viennent par malheur a rentrer de quel ques minutes en retard, voyez leur punition. En plein hiver, descendez dans cette cave humide de la caserne; ceci se passe a Paris en l'an de gróce 1869. Vous y verrez dans un cachot étroit, étendus sur un fit'de camp, sur le bois, sans couvertures, sans feu, six ou sept jeui.es gens qui grelottent et souf- frent. A cóté de la lucarne fermée d'epais barreaux de fer, l'un d'eux s'est accoude; il s'efforce, a faible lumicre, de lire un livre qu'il a caché a ses geó- Jiers. Les autres, ne pouvant rien faire, sommeillent. ou plulót sont piongés dans la torpeur des cachots. Dans l'étroit espace qui sépare le pied du lil de camp de la muraille, deux se promènent rapidemenl, afin de cbercher a ramener la circulation dans leurs membres glacés. Un baquet infect, immonde, placé a cóté de la porte, compléte cel ameublement inhumain. Voila dans quel enfer ils sont jetés, nos pauvres fils, nos pauvres frères de soldats, pour un rien, pour quelques minutes de retard a la rentrée, pour quelque inadvertence légère, pour la moindre déso- béissance a un chef. Et ils y passent huit jours, quinze jours. lis y pas sent même soixante jours, sauf ii en sortir avec la santé rninée X Tout cela, nous l'avons vu. Et bien autres choses encore que nous vous dirons plus lard. Nous avoas aussi rencontré los prud'hommes du métier qui nous ont répélé leurs vieilles rengaines La loi militaire est dure, mais nécessaire. Plus de discipline, plus d'armée possible, sans de sèvères chatiments. Les peuples se faisanl chaque jour plus humains, les armées semblent chaque jour plus sauvages. On éloigne du peuple les soldats afin qu'ils ne soient pas tenlés de fraterniser avec lui, on les écarté de toute instruction virile afin qu'ils ne connaissent aucun de leurs droits poliliques et sociaux. On les a rendus si maiheureux, tout en les flattant au besoiu. en les appelant la grande familie militaire, en leur distribuant parfois de l'eau-de vie, si mai heureux qu'ils rient de la mort et rêvent quelque campagne bien meurtrière oüils auraient le bonheur de se faire tuer. Quand ils rèfiéchissent a leur sort, ils ne peuvent supporter leur pensée. Quelques-uns se tuent; d'aii- tres, jeunes gens pleins de bonté et de douceur, de- viennent féroces par excès de souffrance, injurient, frappent ou tuent leurs chefs. On fusille ces maiheu reux. D'autres recommencent. Etceux-la sont encore les plus forlunés qui re- coivent quelques bonnes balles dans le coeur. Aucune mort n'est un supplice au prix des compagnies de discipline. La est l'enfer véi itable, l'homme y tombe au-des- sous de la brute, tous les supplices sont bons pour les punir, et ce que la loi Grarnmont interdit de faire aux bêtes, le code de ces compagnies permet de le faire a des hommes. Quand on songe que la République avait donné aux soldats le droit de voter, d'elire, pour les repré- senter, pour défendre leurs intéréts, ces trois braves sergenis, Boichot, Comtnissaire et Rattier. Et quand on les voit aujourd'hui traités de cette facon, on est saisi de compassion et de colère. X Tous ces mauvais traitemenls dont vous accablez le pauvre soldat, ce n'est point pour conserver la dis cipline, poursauver I'armée et avec elle ie pays. L'armée, en 1848, n'avait pas moins de patriotisme qu'aujourd'hui, et pas moins de discipline. La patrie n'est pas en danger. Quel besoin avez- vous d'aussi nombreuses armées qui épuisent la France? La patrie n'est pasen danger. Quelques soldats ci- loyens, fibres, traités en hommes et non plus en es- claves, suffisent a la garder. Toi, jeune ouvrier, si tu airnes mieux retrouver ton métier, le mariage qui t'altend, l'indépendance que te donnera ton travail, tu seras fibre d'y retour- ner. Toi, jeune paysan qui soupires après ton grand air, tes belles campagnes, ta force et ta liberté perdue, tout cela te sera rendu. Le peuple vous aime comme ses fils, il a grand cceur et vous pardonne le mal que vous lui avez fait malgré vous. Soyons amis, soyons frères, ne nous laissons plus diviser par nos ennemis communs. Gustave Fiourens. FAIT.*» BÏBVEK». Nous allons quelquefois chercher bien loin des re- mèdes que nous fpulonsaux pieds. Les habitants des campagnes, dans leurs prés, dans leurs champs, pos- sèdent par millers des médicaments i) bon marché, sans se douter quels bienfaits ils rendraient, s'ils ré- coltaient ces végètaux employés en medecine. Ainsi, les fleurs blanches des baies, a l'épine blan che, dessèchées, excellent pour tous les maux de gorge; mises en infusion par gargarisme, elles sont d'un grand secours contre les inflammations des glandes salivaires, et ne se trouvent pas en phar- macie. La camomille romaine, si commune aux abords des chemins, prés des bois, dont la saveur est si aroma-

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L’Opinion (1863-1873) | 1870 | | pagina 2