JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT YFRES, TKmanche Huitième année. - N° 12. 20 Mars 1870. 1 P1UX H'iBOSSEMEST POUR LA BELGIQUE francs par an; 4 fr. 50 par semestre Pour l'Etranger, le port en sus. Un Numéro 25 Centimes PRIX RES A5SOSCES ET DES RECLAMES 10 Centimes la petite ligne. Corps du Journal, 30 centimes* Le tout payable d'avance. Paraissant le dimanche. Laissez dire, laissez-vous blamer, mais publiez votre pensèe. On s'abonne a Ypres, au bureau du Journal, rue de Dixmude59. On traite a forfait pour „es annonces souvent reproduites. Toules lettres ou envois d'aryent doivent être adressés franco au bureau du journal. Ees graces de M. Erère-Orban. Les grandes réformes financières que M. Frère- Orban vient d'annoncer a la Chambre ont éte ac- cueillies dans le pays avec satisfaction, mais sans aucune espèce d'enthousiasme. A part une demi- douzaine de journaux dont c'est le métier de redire chaque jour aux populations qu elles sont admira- blement goüvèrnées et que touteS les nations du mondecontempleiit notre bonheur avecun oei 1 d en- vie,la presse est unanime aexprimer des rèserveset, tout en applaudissant a ces réformes, laisse claire- ment percer le regret que le gouvernement les pro pose dans un moment ou elles ressemblent bien plus un motu próprio qu'è une marque de con- descendance envers l'opioi'on publique. C est au moment oü, désespérant d'obtenir de M. Frère- Orban les réformes les plus simples et les plu3 justes, dont 1'opinion publique semble avoir fait sondeuil, que le chef du gouvernement les tire de son portefeuille, et nous en fait l'agréable surprise. II ne les concède pas il les octroie, et ainsi se trouve sauf le grand, le sacré principe d'autorité. Si le pays est satisfait, M. Ie maire du palais est plus satisfait que le pays. II trouve dans son fait, la consécration du pouvoir personnel qui refuse quand on demande, et qui Iftche, proprio motu, ce qu'on n'osait plus, lui vivant, réclamer ni espérer. M. deMévius, h la recherche d'un dictateur de l'esprit public, a montrédu flair. II a mis, du pre mier coup, le nez sur son horome. Un autre détail remarquable des réformes oc~ Ijji Tribune. Un jour, Ie peuple francais, possédé par une familie depuis dix-huit cents années,opprimé par les barons jusqu'a Louis XI, et depuis Louis XI par les Parle- ments, c'est-a-dire pour employer la sincere expres sion d'un grand seigneur du dix-huitième siècle Mangé d'abord par les loups et ensuite par les pouxparqué en provinces, en chatellenies, en bailliages et en sénéchaussées; exploité, pressuré, taxé, taillé, pelé, tondu, rasé, rognè et vilipendé a merci, mis a l'amende indéfiniment pour le bon plai- sir des maitresgouverné, conduit, mené, surmené, trainé, torturé; battu de verges et marqué d'un fer chaud pour un jurementenvoyé aux galères pour un lapin tué sur les terres du roi, pendu pour cinq sous, fournissant ses millions a Versailles et son squelettea Montfaucon; chargé de prohibitions, d'or- donnances, de patentes,- de lettres royaux, d'édits bursaux et ruraux, de lois, de codes, de coutumes; écrasé de gabelles, d'aides, de censives, de mains- mortes, d'accises et d'excises, de redevances, de dimes, de péages, de corvées, de banqueroutes; ba- troyêes a déja été indiqué. Ce sont des reformes fiscales qu'5 la rigueur on pourrait qualifier de réformes électorales. Nous avons des élections au mois de juin prochain. Or, comme il est bien entendu que nous ne compterons pas un électeur de plus, il est d'une sage politique de faire qu'au moins les électeurs ici présents aient contre le ca binet quelques griefs de moins. Voilé pourquoi nous aurons eu, sans y penser, l'abolition de l'impót du sel, la taxe uniforme des lettres et la libreentrée du poisson. C'est ce motif électoral qui, joint aux conditions relatives au droit constitutioneel de l'octroi des réformes qu'on ne veut pas concéder, aura valu au pays^I'agréable surprise que M. Frère-Orban a daigné lui faire et dont celui-ci, pris l'inproviste, ne semble pas disposé lui savoir une reconnaissance extraordi naire. Nous craignons bien, cette fois, que, malgrè toute son babileté, 51. le ministre des Finances n'ait manqué le coche. Nous signalons une nouvelle irrégularité du service des Postes. Une lettre mise a la boite a Bruxelles, le 20 février, a 4 h. du soir et qui devait conséquem- ment être Poperinghe le même soir h 10 h., y est arrivée le lendemain 10 h. du matin. Oü ést-elle restée pendant ces 18 heures d'intervalle II serait intéressant de le savoir. Nous assistons dans notre arrondissement, dit le tonné d'un baton qu'on appelait sceptre, suant, souf- flant, geignant, marchant toujours; couroriné, mais aux genoux, plus béte de sorame que nation, se re- dressa tout a coup, voulut devenir homme, et se mit en tête de detnander des comptes a la monarchie, de demander des coinptes a la Providence, et de liqui- der ces huit siècles de misère. Ge fut un grand effort. X On choisit une vaste salie qu'on entoura de gra- dins, puis on prit des planches, et avec ces planches on construisit, au milieu de la salie, une espèce d'estrade. Quand l'estrade fut faite,cequ'en ce lemps- la, on appelait la nation, c'est-a-dire le clergé, en soutanes rouges et violettes, la noblesse empanachèe de blanc et l'épée au cóté, et la bourgeoisie, vêtue de noir, vinrent s'asseoir sur les gradins. A peine fut-on assis, qu'on vit monter a l'estrade et s'y dresser une figure extraordinaire. Quel est ce monstre? dirent les uns. Quel estce géanl? dirent les autres. C'etait un être singulier, inattendu, inconnu, brus- quement sorti de l'ombre, qui faisait peur et qui fas- cinait; une maladie hideuse lui avait fait une sorte de tête de tigre toutes les laideurs semblaient avoir Journal de Charleroi, èun mouvement des plus signi- ficatifs en faveur de la réforme électorale. Les esprits sont échauffes. On se lasse de ne voir rien venir, et on veut mettrea profit l'approche des élections dejuin. II circule dans toutes les localités des pétitions a la Chambre etau Sénat, exposant les griefs des non cen- sitaires. Avant-hier encore Gilly, une pétilion de- mandantl'extensiondu droit de suffrage aux capacités s'est couverte en un instant de signatures. Comme on objectait aux personnes qui sont a la tête de ce mouvement qu'elles y perdaient leurs peines: Nous reviendrons vingt fois,cent fois la charge, s'il lefaut, répondaient-elles 1'opinion publique finira bien par forcer la main au gouvernement. Sont-ils heureux, a Charleroi, d'avoir une opinion publique! A Ypres, nous n'avons que 1'opinion de M. le commissaire d'arrondissement. Beaucoup d'Yprois commencent a trouver que ce n'est pas assez. On répand le bruit que Mgr Dechamps restera a Rome comme dignitaire du Sacré-Collége et que l'évêque de Liége le remplacera a l'archevêché de Malines; il aurait lui-même pour successeur M. La- forei, recteur de l'universilé catholique de Louvain. Quant nous, cela nous ést parfaitement indif férent. Mais franchement, pour remplacer Mgr Dechamps par Mgr de Montpeillier.il ne valait pas la peine. II est vrai qu'il en est des évèques comme des gendarmes que vous savez on a beau vous en changer, c'est toujours la même chose. Le Progrèsde Verviers, n'y va pas de langue morte. Ecoutezplutót lesdures véritésqu'il adresse aux doctrinaires verviétois été déposées sur le masque par tous les vices; il était, comme la bourgeoisie, vêtu de noir, c'est-a-dire de deuil. Son ceil fauve jetait sur l'assemblée des éblouissemeuts il ressemblait au reproche et a la menace; tous le considéraientavec une sorte de cu- riosité oü se mêlait l'horreur. II éleva la main, on fit silence. Alors on entendit sortir de cette face difforme une parole sublime. C'étaitla voix du monde nouveau qui parlait par la bouche du vieux monde c'étaii 89 qui se levait debout et qui interpellait, et qui accusait, et qui dénoncait a Dieu et aux hommes toutes les dates fatales de Ia monarchie c'était le passé, spectacle auguste, le passé meurtri de liens, marqué a l'épaule, vieil esclave, vieux forcat, Ie passé inforluné, qui appelait a grands cris l'avenir, l'avenir libéra- teur 1 Voilé ce que c'était que cet inconnu, voilé ce qu'il faisait sur cette estrade. A sa parole, qui par moment était un tonnerre, préjugés, fictions, abus, superstitions, erreurs, into- lérance, ignorance, fiscalités infAmes, pénalités bar- bares, autorités caduques, magistratures vermou- lues, codes décrépits, lois pourries, tout ce qui devait

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L’Opinion (1863-1873) | 1870 | | pagina 1