Jésuile, mais vous ne savtz pas ce qae c'est, tri ples sols doctrinaires! Vous l'ignorez.pour avoir trop négligé de vous connaitre vous-mêmes. Jesuite, c'est Ie rainistre que ['indignation soule- vée dans le libéralisme par les prétenlions cléricales porte au pouvoir, et qui, parvenu, se fait une sag3 politique d'atermoiemenls et de concessions aux clé— ricaux. p Jésuite, c'est le représentant qui adopte le pro- gramme d'une Association politique, pour obtenir un inandat, et qui fait fi des principes lorsqu'il a réussi. Jésuite, c'est la coterie qui preud un masque de liberalismesincère pour attirerdes électeurs honnêtes dans un traquenard. Le Progrès de Verviers aurait affaire a son anonyme d'Vpres qu'il ne toucherait pas plus juste. II y a done des coteries partout lCéfortue. electorale. Le mouvement qui s'est organisé en vue d'arriver, par un vaste petitionnement, a une rèvision de notre système électoral, tend a se genéralier chaque jour davantage. Tandis qu'en France, les institutions se transfer- ment au souffle vivifiant de la liberté renaissante, chacun comprend, en effet, qu'il est impossible a la Belgique de roster en arrière; et c'est ce que M. I'avo cal Demeure a expliqué en d'excellents termes' dans la conférence sur la question qu'il a donnée a la Mai- son des Brasseurs. Mais, ici encore, combien n'est-il pas regrettable de prendre l'initiative d'une rèforme que l'opinion publique doit, biea évidemnient, le for cer un jour ou I'autre a subir. La science de gouverner n'est autre que le talent de prévoir, et, c'est triste a dire, notre ministère ne prévoil rien. II marche au hasard et a têlons et il aurait pris a tache de chercher a se depopulariser qu'il n'y réussirait pas mieux. Si tu es sage, lu n'iras pas voir fumer letoit de l'étranger, et lu ne baigneras tes pieds que dans ton fleuve. Livre Saint. Quel pourrait bien être le grand mal qui résulte dela danse, au poiutde vue de la religion?.. Voila une question que depuis bien longtemps s'ef- forcent de résoudre les personnes qui entendeht les discours furibonds que ce divertissement provoque de la part du clergé. Personne jamais n'a pu rien y voir. Le prêtre lui-même ne s'aventure pas a vouloir l'expliquër; il se contente de prêcher et de tonner de plus en plus fort au fur et a mesure qu'on l'écoute de moins en moins. A I'en croire cependant c'est la le plus abominable des crimes de lèse-divinité. Les tour- billons de la valse lui donnent le vertige, sou sang s'agite, sa voix prend les proportions du ton.nerre et ses yeux brillent des feux les plus sinistres de l'é- clair; son esprit même s'égare, sa langue n'énonce plus que d'ineptes grossièretés, et ce n'est qu'exténué de forces physiques et le visage inondé de sueur que cet homme si doux quand il va recueillir le denier de St-Pierre termine sa terrible harangue. Ceci n'est pas un fait unique mais général a la campagne. périr eut un tremblement, et l'écroulement de ces choses commenca. Gette apparition formidable a Iaissé un nom dans lamémoire des hommes;- on devrait l'appeler la Révo- lution, on l'appelle Mirabeau. X Du jour ou cet homme mil le pied sur cette estrade, cette estrade se transfigura la tribune francaise fut fondée. La tribune francaise I 11 faudrait un livre pour dire ce que coutient ce mot. La tribune francaise, c'est, depuis soixante ans, la bouche ouverte e'e I'esprit humain. De I'esprit humain disant tout, roêlanl tout, couibinant tout, fecondant tout, le bien, le tnal, le vrai, le faux, le juste, I'injusle, le haut, le bas. 1'hor- rible, Ie beau, Ie rêve, le fait, lu passion, la raison, l'amour, la haine, la matière, l'idéal, mais en somrne, car c'est la son travail sublime et éternel, faisant la jiuit pour en tirer le jour, faisant le chaos pour en irer la vie, faisant la revolution pour en tirer la ré- i oblique. Ce qui a passé sur cette tribune, ce qu'elle a vu, ce (.u'elle a fait, quelles tempêles 1'ont assaillie, quels i vénement elle a enfanlés, quels hommes l'ont La danse est un abominable forfait, c'est entendul Nous croyons pourtant que ce forfait fAohe beaucoup plus messieurs les curés et leurs vicaires que le bon Dieu qu'ils ont la modeste prètentiou de représenter parmi nous. Salomon dit, dans ses proverbes a Ne soyez pas plus sage qu'il n'est nécessaire, de peur que vous ne deveniez stupide. Nous conseillons a Mons vicaire d'une commune de notre arrondissement de lire les provecbes de Salo mon. Voici a quel propos nous nous permettons ce con- seil Une noce avait été célébrée parmi les membres d'une société de niusique. De la vin d'honneur sou peret finalement danses variées. Chacun s'élant "amusé très-honnêtement josque vers minuit, se re- tira avec calme et bonheur, sans prévoir les maux qu'il avait amassés sur sa tête. Mais le dirnanche, d'iiprès Monsieur le curé de Froyenne.... non, maitre vicaire, plein de sollicitude pour son troupeau, prê- chail, tonnait; il s'était levé avant le jour et, dès sept heures du matin, vint ouvrir les yeux aux gens de la noce: Tous damnés!.. Les inusiciens, damnés! Les femmes, damnéesl Les mariés, damnésLes membres honoraires de la musique, damnés! Tous damnés! Même ceux qui n'avaient pas assisté a ia fête dam nés Damnés ceux qui dansent, damnés ceux qui excitent a danser, damnés ceux qui laissont danser! Et ceux qui par leur argent encouragent ces socie- tés... trois fois damnés! Eht bien, voila un petit vicaire qui n'y va pas de main morte. L'enfer sera bienlót trop petit pour con tend- tout ce monde! Et le curé! ce bon vieillard, a la figure bénigne, vint a la seconde messe, avec des mo dulations dans sa digne colère, regretter ces excès, pleurer sur ces péchós. Le saint hommel il eut pour tant un beau mouvement lorsqu'il dit que toutes ces fêtes ne profitaient en rien aux pauvres. Ce senti ment, a coup sür, part d'un bon naturel et sied bien a celui dont on cite ce trait de surprenante générosité Un jour, visitant une misérable cabane dans laquelle une femme exténuée par les privations se mourait de phtysie, le coeur fendu par la vue de ce dénuement extréme, l'apótre de la charité étendil sa main avec un geste solennel et en laissa glisser dans celle de la moribonde une pièce dedeux sous. Après cela, Cabriolo, tirez l'échelle! Au bout de tout ce tapage il n'y a qu'un mauvais sentiment d'envie, indigne d'une öme honnête. Eh messieurs, si l'on vous defend de danser, a qui la faute? Personne ne vous a forcé d'embrasser une car rière oü l'on renonce a être homme. Si vous aviez le courage de travailler pour vivre au lieu de vivre de la fortune d'autrui, vous pourriez danser et cela vous delasserait de vos labeurs. Laissez done chacun vivre sa guise, ne vous mêlez pas de ce que fait et pense voire voisin alors aussi on vous laissera bien tran- quillement faire voire petit metier on vous respec tera même si, en place d'insulter tous ceux qui vous déplaisent et ne se prosternent pas a vos genoux, vous essayez de moraliser les pauvres ignorants, si vous élevez leur ême, si, en un mot, au lieu de cré tins, vous en failes des hommes. ébranlée de leurs clameurs, quels hommes l'ont sacrée de leurs paroles, comment le raconter Après Mirabeau, Vergniaud, Camille Desmoulins, Saint-Just, ce jeune homme sévère, Danton, ce tribun énorme, Robespierre, cette incarnation de l'année immense et terrible La, on a entendu de ces interruptions farouches Ah ca I vous, s'écrie un orateur de la Convention, est-ce que vous allez me couper la parole, aujour- d'hui?Oui, répond une voix, el le cou demain Et de ces apostrophes superbes Ministre de la justice, dit le géDéral Foy a un garde des sceaux ini- que, je vous condamne, en sortant de cette enceinte, a regarder la statue de l'Hópital La, tout a été plaidè, nous venons de le dire, les mauvaises causes comme les bonnesles bonnes seu- lementont étégagnées définitivementla, en présence des résistances, des négations, des obstacles, ceux qui veulent l'avenir, comme ceux qui veulentle passé, ont perdu patience; la il est arrivé a la vérité de de- venir violente, el au mensonge de devenir furieux la tous les extrêmes on surgi. A cette tribune, la guil lotine a eu son orateur, Marat, et l'inquisition le sien, Montalembert. Terrorisme au nom de Rome; fiel dans Correspondance partieulière de l'OJ'lülOH. Bruxelles, le 17 mars 1870. Le reproche, Ie plus grave, mon avis, que l'on puisse formuler contre Ie projet de réforme électorale que l'on discute en ce moment au Sénat, c'est de ne satisfaire personne et de mécontentera peu prés tout le monde. Quoique profondémenl convaincu de la nécessité d'une extentionimmédiateet oónsidérable du droit de suffrage, je ne veux pas exagérer l'importance du mouvement qui pousse a une reforme. Ce qui est cer tain, c'est que ce mouvement existe et qu'il ne sera pas arrêté par l'adoplion du projet du gouvernement, auquel aucun de ceux qu'on appelle les réformistes ne se rallie. A cóté de ceux-ci, il y a les immobilistes, les trem- b'eurs, qui se croient toujours au bord d'un précipice et qui n'osent pas faire le moindre mouvement de peur de tomber dans le précipice. Pour ces peureux, le projet deloi est un premier pas dans une voie funeste dont on reconnaitra plus tard les écueils, etc, etc. Restent les indifférents, et ils ne sont pas moins nombreux, a qui cela est parfaitement égal que l'on restreigne ou que l'on étende le droit de suffrage et qui donneraieut tous leurs droits électoraux pour une omelette. Je ne crois pas que ce soit a eux que le gou vernement ait songé en proposant sa ï'éforme. Le gouvernement dit qu'il a donné satisfaction a la fraction modérée du mouvement. Je ne doute nullement de ses bonnes intentions. Mais, a moins d'êlre aveugle, il faut bien reconnaitre que son projet n'a pas donné les résultats qu'il en attendait. Quand des hommes aussi modérés que MM. Van Schoor, de Sélys et Delecourt regrettent, dans une assemblee telle que le Sénat, que le gouvernement ne soit pas allé plus avant dans la voie de la réforme, on peut dire avec certitude que celui-ci est resté de beaucoup en deca du but qu'il se proposait d'alteindre. Aussi l'opinion publique suit-elle avec une profonde indifference les séances du Sénat. Sauf mercredi der- nier, oül'on attendait un grand discours de M. Frère, les tribunes sont désertes. Evidemment, les préoccu- pations publiques ne sont pas la. C'est dans une quinzaine de jours que Ia Cour d'appel aura a s'occuper de l'affaire des enfants Van Ryswyck contre M. Delaet. Peut-être ne sera-t-il pas inutile de dire a vos lecteurs, peu familiarises proba- blement avtc la procédure, que le dernier arrêt de Ia Cour de Bruxelles a eu pour effet de remettre les choses dans l'état oü elles élaienl quand M. Delaet a intenté son action en calomniecontre feu Van Ryswyck. L'arrêt a intervenir dira done si feu Van Ryswyck a calomnié M. Delaet en l'accusant de s'être fait allouer un pot de vin decent mille francs et en même temps il statuera sur les dommages-intéréts réclamés par les enfants. L'affaire ne sera pas, du resle, plaidée au jour de l'audience fixée par la Cour, puisque M. Delaet est en cassation. Dans sa séance de mercredi dernier, notre Asso- les deux bouches, angoisse dans l'auditoire quand l'un parlait, on croyait voir glisser le couteau quand I'autre parlait, on croyait entendre péliller le bücher. La ont combattu les partis, tous avec acharnement, quelques uns avec gloire. La, le pouvoir royal a violé le droit populaire dans la personne de Manuel, devenu auguste pour l'his- toire par cette violationla ont apparu, dédaignant le passé qu'ils servaient, deux vieillards mélancoli- ques, Royer Collart, la probité hautaine, Chateau briand, le génie amerla, Thiers, l'adresse, a lutté contre Guizot, la force; la on s'esl mêlé, on s'est abordé, on s'est combattu, on a agité l'evidence comme une épée. La', pendant plus d'un quart de siècle, les haines, les rages, les superstitions, les égoïsmes, les impos tures, hurlant, sifflant, aboyant, se dressant, se tor- dant, criant toujours les mêmes calomnies, montrant toujours le même poing fermé, crachant depuis le Christ les mêmes salives, ont lourbillonné comme une nuèe d'orage autour de la face sereine, 6 Vpritp T Victor HUGO. [La suite au prochain N°)

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L’Opinion (1863-1873) | 1870 | | pagina 2