progrès, ajoutait M. Ie ministreen finissant, et c'esl
pour le réaliser que nous u'avons pas voulu donnet*
une nouvelle consecration a des principes qui con-
i) sacrent l'union de l'Eglise et de l'Etat.
(Ann. pari. p 320.)
Ces paroles ont emporté le vote du projet.
Or, rappelons que parrai les questions que nous de-
sirions voir régler dans la révis'on de nos lois sur le
teiuporel des cultes, il en est plus d'une qui se ral-
tache a toute erection de paroisse nouvelle. Les biens
de l'ancienae paroisse demetnbrée seront-ils pariagés
enlre la paroisse ancienne réduite, et la paroisse
nouvelle, d'après le nombre des iidèles, et quel moyen
a-t-on de distinguer le fidele de qui ne l'est point
La commune sera-t-elle tenue de batir une eglise pour
la paroisse nouvelle, de payer a défaut de presby-
tere, une indemnile de logement au desservant
Y est-elle tenue gcneralement dans toute paroisse,"
1 >rs inême que la fabrique a des ressources suffisantes
pour faire face a uelle depense? Voila autant de ques
tions et nous pourrions en multiplier le nombre)
dont nousespèrions trouvêr la solution dans la revision
promise de nos leis sur le temporel des cultes. Eiles
sont toules ecartees, saus solution aucune, afin, dit
le gouvernement, qu'il ne Soit pus donné de u conse
cration nouvelle a l'uuion de l'Eglisa et de l'Etat.
S'il en est ainsi, et que les questions dont ii s'agit ne
puissent ètre legislalivement resolues en fielgique, il
ne faut pas non plus qu'administrativement ou tnul-
liplie les occasions oü elles renaissent; mais dés que
la separation de l'Etat et de l'Eglise nous est signalee
par le gouvernement et entrevue par la uiajorite dans
le Parlement, eomme le but a atteindre et l'objet
prochain de leurs communes esperances, le gouver-
nemeut s'est parcela même interdit toute erection de
paroisses nouvelles, qui ne serail en definitive que la
creation de iiens nouveaux, sousforine de subsides et
de traitements, entre l'Eglise et l'Etat, c'ést-a-dire le
trésor.
Maintenant quo va faire le gouvernement I'ris
dans sou propre piege, aura-t-il la pudeur desetaire
ou bien, cherchant une nouvelle interpretation a ses
paro es, se soufïletera-t. il de nouveau de sa propre
main"?Nous l'iguorons, n'etant pas dans le seciet des
dieux.Seulement,crainte de nouvelles deceptions,nous
croyons que le plus sage est de s'attendre a tout.
11 nous parait assez interessant de reproduire Ie
tableau suivant, trace par le Peuple Beigede ce que
sont et de ce que font les hommes au suecès electoral
desquels on n'a pas honte de nous demander de sa-
critier nos principes.
a Chose ti isle a dire et cependant vraie, proforidé-
ment et deplorabiement vraie: Si une constilution
etait a faiie et sielle devail etre faite par les hommes
qui nous gouvernent, elle ne vaudrait pas la Cons-
tilution de 1831, quelque vieille, quelque imparfaile
et quelque insuflisante qa'elle soit.
Ont-ils done le droit de se plaindre, ceux qui
accuseul la presse d'être indifferente a l'e-ard des
travaux de nosChambres? Ont-ils oublie que depuis
de nombreuses années la legislature est restée sourde
a toutes les reclamations, a toutes les protestations
a toutes les mises en demeure de la nation bef>e'
dans les matières poliliques et sociales les plus graves?
les sortes d'inlelligence, toutes les espèces de génie
ont suceessivemeut pris la parole dans ce lieu Ie plus
sonore du monde. Depuis la première Constituante
jusqu'a la dernière, depuis la première Legislative
jusqu'a la derniere, a travers la Convention, les con-
seiis et les Chambres, comptez les hommes, si vous
pouvez C'est un dènombrernent d'Homère.
Suivez la série. Que de figures qui coritrastént de
puis üautou jusqu'a Thiers! Que de figures qui se
ressemblent, depuis Barrière jusqu'a Baroohe, depuis
Laluyette jusqu'a Cavaignac! Aux noms que nous
avons déja nommés, Mirabeau, Vergniaud, Danton,
Saint Just, Robespierre, Camille Desmoulins, Ma
nuel, Foy, Royer-Collard, Chateaubriand. Thiers,
Guizot, Ledru Rollin, Berryer. l.amartine, ajontez ces
autres .mms, divers, parfois ennemis,* savants, ar
tistes, hommes d'Etat, hommes de guerre, hommes
da loi, domocrates, monarchists, libèraux, socia-
üstes, répubücains, tous fameux, quelques-uns il-
lustres, ayant chacun l'auréole qui lui est propre
Barnave, Cazalès, Maury, Monnier, Thouret, Cha-
peüer, Petion, Buzot, Brissot, Sieyès, Condorcet,
Chenier, Carnot, Lanjuinais, Pontécoulant, Camba-
Ont-ils oublié l'obslinalion de nos ministresèt du parli
servile qui les soutient, a toute reforms éleclorale
sérieuse Ne se souviennent-ils plus de cette cam
pagne hypocrite erilreprise contra l'arlie'e 1781, le
code noir de notre digne classe ouvrière, campagne
qui a about! a un échec ridicu'e, que le ministère
aurait pu évitcr, en posant la question de cabi
net
Est-ce qu'ils ne comptent pour rien le maintient
déguisé de I'infarne loi de milice qui écrase exclusive-
ment nos classes populaires? Est-ce qu'il ne leur saute
pas aux yeux que des Chambres composées presque
exclusivement de grands propriètaires, de grands
porleurs d'actions ou d'obligalions de toutes sortes
de commissaires, d'administrateurs, de directeurs,
de surveillants de Sociélés de finance, d'industrie, de
commerce et autres, ne peuvent avoir de sollicitude
véritable que pour les intéréts des classes aisées, et
doivent nècessairement dédaigner et combattre les
intéréts populaires forcement en contradiction avec
les leurs 1
p Quoid'étonnant dès lors a ceque le public beige,
au lieu de s'occuper de ce qui se passé dans nos
Chambres, suive avec avidite les èvénements qui se
passent a l'ètranger"? Quand il voit le progrès s'ac-
complir, l'instruction se rèpandre, l'emancipation
politiques'operer presque partout autour de lui; que
même au sein du Senat francais, la moindre atteinte
au suffrage nniversel est actuellement repoussée av.;c
uneespèce d'efïroi, quand il constate que le peuple
espagnol, Ie peuple anglais, le peuple francais, le
peuple hollandais, Ie peuple suedois sont aujourd'hui
mieux traités que le peuple beige que la Belgique"
n'occupe plus en 1870 que le treizieme rang, alors
qu'elle élait au premier rang en 1830, et que tout
celaesll'ceuYre de l'enlêtement ministériel s'appuyant
sur le servilisme doctrinaireque toutcela aurait pu
être évité si l'on avaierit tenu compte des aspirations
a la fois sages et élevées de la Belgique el même si l'on
s'était purementet simplement croisé les bras, aban-
donnan'. les hommes a leur instinct et les choses a
leurs cours naturel est ce que le public beige, le
public, qui ne connait d'autres maitre que le bon sens
et la justice, peut encore se préoccuper de ce que fait
et de ce disent les mandataires du pays legal qui,
n'existe plus, en definitive, qu'en vertu d'une fiction
constitutionnelle, vaine, impuissanle et surannée
1 es correspondances ministèrielles de la sernaine
sont d'accord pour dotiner a entendre que l'on ne
fait que de I'eau claire en ce moment a I'Association
libérale de Bruxelles. II est parfaitement vrai, comme
elles le constatent, que sur 600 membres environ
dontl'Association se compose, la moitiè tout au plus
assiste aux discussions que soulève la revision, et
qu'aux votes on n'en compte guère que le quart.
Si les prévisions des correspondauts se réalisent,
c'est au poll qu'on se comptera,et la vieille garde n'at-
tendrait que cette operation silencieuse pour donner
un bon coup de collier qui rétablirait l'ordre et la
discipline.
Cela ne nous étonnerait guère, mais a-t-on songé
ace qui pourraiten résulter? Ne s'exposerait on pas
a faire une nouvelle scission qui jetterait peut-être
M. Defré lui-mème hors de l'eglise
Nous verrons bien. Etoile beige.]
cérès, Talleyrand, Foniancs, Benjamin Constant, Ca-
s rriir Perier, Chauvelin, Voyer d'Argenson, Laflitte,
Duponl (de l'Enre), Camille Jordan, Laine Fitz-James,
Bonald, Viliele, Martignac, Cuvier, Villemain, les
deux Lameth, les deux David, le peintre en 93, le
sculpteur en 48, lamurque, Mauguin, OJilon Barrot,
Arago, Garnier-Pagès, Louis Blanc, Marc-Dufraisse,
Lamennais, Emile de Girardin, Lamoricière, Djfaure,
Crémieux, Michel (de Bourges), Jules Favre...
Que de talents! que d'aptitudes variés! que de ser
vices rendusl quelle lutle de toutes les realités contre
toutes les errcurs! que de cervaux en travail! quelle
dépense, au pr< fit du progrès, de savoir, de philoso-
phie, de passion, de conviction, d'expérience, de
sympathie, d'éloquenceque de chaleur fécondante
rèpandue! quelle immense trainée de lumière
Insijstons-y, a partir de Mirabeau,il y a eu dans Ie
monde, dans la sociabilité humaine, dans la civilisa
tion, un point culminant, un lien central, un foyer, un
sommet. Ce somrnet fut la tribune de France, admi
rable point de repère pour lesgenèrationsen uiarche, i
cime èblouissanto dans les temps paisibles, fanaldans
l'obscurité des calastrophes.
M. Hymans constate lui-même l'abandon qui com
mence
Le grand étonnem-nt de la semaine a élé le dis
cours prononce mercredi par M. Defré a V Association
libérale. On ne s'attendait pas a voir l'honorable dé-
puté de Bruxelles se rallier d'une fac ui aussi netle et
aussi catégorique au programme des avancés, et dé-
montrer l'urgencedela révision de noire pacte funda
mental sur divers points importants.
i) La fraction extréme de VAssociation lui a failna-
turellcment un grand succes; mais les libéranx tno-
dérés, aveclesquels M. Defré a marche d'accord depuis
tant d'années, ont éprouvé un sentiment de vive tris-
tesse en voyant 'leur allié d'hier accepter d'une facon
si inattendue la solidarité des principes d'uneecole
nouvelle, combattue a la fois par MM. Van Humbeek
et Jottrand.
Voici quelques chiffres relatifs a l'enseignement
primaire en Belgique, qui ne manquent pas d'élo
quence.
A la date du 31 décembre 18G3, sur 3,176 jeunes
gens diplómes depuis la mise a execution de la loi de
1842, il s'en trouvait 852, c'est-a-dire plus d'un
quart, quiavaient embrasse une autre carrière.
Toutes les écoles normales reünies fournissent
annueilement a peu pres 250 instituteurs ou institu
trices, et dans la mauvaise organisation actuelle (100,
150 élèves pat* classe) il en faudrait plus de 450. II
en faudrait 600, si cette organisation était compléte.
Le personnel enseignant se compose de 4,550
agents et il en faudrait au moins 15,000, dans la sup
position qu'il n'y eüt que 50 élèves par classe.
Le nombre total des elèves, au 31 decembre 1866,
était en chiffres ronds, de 560,000 les enfants en
êge d'école, 750,000. On peut done dire qu'il y a en
viron 190,000 enfants qui ne frequentent aucune
école primaire.
Le nombre des miliciens ne sachant ni lire, ni
écrire dépasse 25 p. c.
MOMBBBWH—
Chauibre des représeutauts.
Séance du 23 mars,
(Présidence de M. Dolez, président.)
L'appel nominal constate la présence de 67 mem
bres, 4 de plus que la majorité absolue.
M. le président. Le premier objet a l'ordre du
jour est la discussion du projet de loi apportant des
modifiealions a la loi provinciale. Personne ne deman
dant la parole...
il. Jacobs. Pardon, M. le président, je la de-
mande.
M. le président. Je vous la donne, M. Jacobs.
M. Jacobs. Messieurs, le projet de loi en discus
sion a etó inspire par une pensée que je loue fort et
que je voudrais pouvoir louer davantage.
il. Bouvier. On ne vous contentera jamais.
(Sourires a gauche.)
M. Jacobs. Dans ce cas, vous avez le defaut
contraire, M. Bouvier. Vous vous coritentez a trop
bon marché. (Sourires a droite.)
JU. le président. Pas de discussion personnelle,
Messieurs.
Des extremités del'univers intelligent, les peuples
fixaient leur regard sur ce fait oü rayonnait l'esprit
humain quand quelque nuit les enveloppait, ils
entendaient venir de la une grande voix qui leur
parlait dans l'ombre
Admonet et magna testatur voce per umbras.
Voix ui tout a coup, quand l'heure était venue,
chant du coq annoncant I'aube, cri du I'aigle appelant
le soleil, sonnait comme un clairon de guerre ou
comme une trompette de jugement, tt faisanl dresser
debout, terribles, agitant leurs linceuls, cherchant
des glaives dans leurs sépulcres, toules ces héroïquos
nations mortes, la Pologne, la Hongrie, 1'ltalie Alors
a cette voix de la France, le ciel splendide de I'avenir
s'entr'ouvrait, les vieuxdespotismesaveuglés et épou-
vantés courbaient le front dans les ténèbres d'en bas,
et l'on v'oyait, les pieds sur la nuée, le front dans les
étoiles, l'èpée flamboyante a la main, apparaitre ses
grandes ailes ouvertes dans l'azur, la Liberie, l'Ar-
change des peuples
Victor HUGO.
(La fin au prochain N°)