JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENI YPRES, Dimanche Huitième aonée. 27. 3 Juillet 1870 xfc\ PltlX. D'AKOliXEHEiST J>QÜB LA BELGIQUE ran^- 4 fr. 50 par semestre. ;iir!it%er, le port en sus. ircr; 25 Centimes, PRIX DES AilXOlCES ET DES RECLAMES 10 Centimes It petite ligne. Corps du Journal, 30 centimes» Le tout payable d'avance. Paraissant le dimanche. On s'abonne a Ypres, au bureau du Journalrue de Dixmude59. On traite a forfait pour les annonces souvent reproduites. Toules lettres ou envois d'aryent doivent être adressés franco au bureau du journal. Le roi a confié a M. d'Anethan la mission de composer un nouveau ministère. Quoi qu'on ait dit, et quel que soil notre regret de nous séparer sur ce point de plusieurs de nos amis poütiq.ues, nous tenons, avec YEcho du Parlement, que I avéne- ment d'un min stère clérical, comme conséquence de la journée du 14 juin, est la seule solution vraiment constitutionnelle et logique que la Cou- ronne pouvait donner a la situation. II fa ut voir les choses telles qu'elles sont et oser les dire telles qu'on les voit. Ce u'est pas seule- ment le ministère jui a succombé le 14 juin der- nier, c'esl le doctrinarisme tout entier, c'est-a- d re la majorité parlementaire elle-même qui, a part deux ou tiois libéraux vraiment indépen- dants, s'était associée aveugléuvent a tous les actes les plus réactionnaires de la politique mi- nistérielle. Vous ne pouvez pas, dit YEcho du Parlement, séparer le ministère de la majorité parlementaire qui s'est identifiée avec lui par ses votes et qui, dix années durant, lui a accordé une confiance sans limites. Le coup qui frappe l'un atteint né- cessairement l'aulre. Nous sommes entièrement de eet avis. Prenons en groupe les actes de la politique ministérielle qui ont le plus puissamment conlribué a désaffec- tionner les lihéraux progressislesl'extension dori- née 5 la loi de 1842 par le règlement sur les écoles d'adultes, l'accroissement exciusif des dé- penses et des charges militaires, les exemptions ecclésiastiques, rinfèine expedition du Mexique, la horiteuse reculade du ministère dans la ques tion du temporel des cultes, son obstination repousser tonte extension du droit de suffrage. Nous en nègligeons beaucoup d'autres pour être brtfs Tou» ces actes, toutes ces faiblesses, toutes ces l&chelés, toutes ces trahisons, la majorité qui les a sanctionnés de son approbation, qui n'a pas trouvé tin mot pour les llétrir, ne doit-elle pas en porter la responsabilité devant le pays au même titre que le ministère lui-même? Ah! ce serait trop commode, vraiment. Pen dant quatorze ans, une majorité se serait fait la complice muetle et complaisante de toute une série d'iniquités politiques, et le jour ou le cabi net qu'elle aurait humblement servi viendrait tomber sous la réprobation pubhque, cette ma,o- rité aurait le droit de dire cela ne me regarde pas, la coadamnation dont Ie ministère vient d'ètre frappé ne concerne que lui seul. Moi, je suis tou- jours la majorité et je demande conserver le pouvoir? Voila ce que nous refusons absolument d'admettre. Non, mille fois non, ce n'est pas le ministère seul que le corps électoral a vaulu frapper le 14 juin dernier, c'est'aussi et surloul la majorité qui a honteusement prèté les mans a toutes ses défai I lancesa tous ses compromis, a tous les actes par I squels le ministère a enfin rendu possible la bonte que nous subissons aujourd'iui d'un minis tère clérical s'installant insolemment au pouvoir après ce maguifique mouvement de 1857 qui de- v.iit nous débarrasser pour loujours de la lèpre du c'éricalisme. Tous deux soul ég.ilement coupables, tous deux doivent porter la peine, celle-ci de sa servilité, cetui-la de sou outrecuidant despotisme. On veut que le roi aurait du ou, du moius, aurait pu composer un minis',ère parmi les débris de la majorité parlementaire Ce ministère, armé d'un programme largementlibéral, aurait rallié autour de lui, d:t-on, tous les scissionnaires et re- conquis, par la dissolution des Chambres, la posi tion perdue. Oui, vraiment Mais qu'on nous cite done les ooms des hommes a qui une semblable mission aurait pu être confiée avec quelque sécurité pour les progressisles Combieri compte-t on de voix doctrinaires dans la Chambre actuelle, disposées a voter la révision de la loi de 1842? II y a un an peine, quand Hl. deThuin a conQii Ia pensée de cette révision, cela a étéconstalé par tous les journaux, il n'est pas parvenu a réunir dix signa tures (dix au bas de sa proposition. Autre chose: les dépenses militaires, l'aug- mentaiion du contingent, qui figurent parmi les griefs les plus sérmux des progressistes.est ce que la gauche, a quelques rares exceptions près,ne les a pas votées en masse? Qui, done, dans ses raugs, oserait aujourd'hui en réclamer la réduction Est-ce M. Defré, qui a applaudi, presqu'avec enthousiasme, aces mesuresimpopulaires Est-ce M. Van Humbeek, qui les a défendues avec une ardeur toute militaire Que l'on cesse done de réclamer pour le doc trinarisme parlementaire le droit de se maintenir au pouvoir. Le pays a condamné le doctrinarisme tout comme il a condamné le ministère. En chas- sant le raaitre, il a chassé les valets. Suutn cuiquc. a C'esl Ia. faute a Rousseau, c'est la faute A Vol taire. i) Ce diclon a l'usaj;e des dèvóts a son pendant dans ia buuche des doctrinaires. Les ouvriers, usant de leur droit, se coaiisent-ils quelque part, se mettenl-ils en grève, aussitót les journaux du doctrinarisme font chorus. Tous orient a I'unisson C'est la faute a V Inter nationale. Ces reflexions nous sont suggérées par des événe- menis deplorables survenus a Verviers. Nous n'avons pas a nous consliluer Ie défenseur de la societé ouvrière YInternationale et nous n'approu- verons jamais les violences, qu'elles viennent d'en bas ou d'en haut. Ce n'est pas une raison neanuioins pour ne pas établir la responsabilité de chacun. II est cer tain que la cause première de la manifestation qui s'esl produite a Verviers est Ie rappel des miliciens de diverses classes pour les manoeuvres du camp de Beverloo. Cette mesure cruelle qui arrache l'ouvrier son travail a l'epoque la plus productive, qui amène ie vide au foyer et avec elle la misère, se eomprend diflicilement au milieu de la paix générale. Rieu ne la juslifie. Victimes d'une loi de conscription militaire la confeclion de laquelie, rnoins beureux que les censi- laires, ils n'ont eu inot a dire, el qui a élé faite sur- tout contreeux, les ouvriers souffrent impatiemment un joug qui les livre sans déftmse aux caprices d'un general mmistrede la guerre. Ont ils tort? La loi n'a de valeur morale qu'aulant qu'elle est Iibrement con- senlie. El si tous les ouvriers n'imitent pas les protes tations bruyantes de leurs compagnons de Verviers, tous, dans les villes comme dans les campagnes, pro- testenl centre noire regime militaire dont ils sont les martyrs. Que ce régime dure encore un peu el l'on verra nos populations se désaffectionner de plus en plus de nos institutions. Aussi, rendra-t il ie plus grand service a la nationalité beige, le ministère qui realisera une diminution notable dans les charges mi litaires et leur plus équitable répartition entre tous. Ce n'est pas de l'uulorité militaire qu'il faut attendre cette réforme. Cette autorité ne connait que l'arbi- traire, le régime du bon plaisir. Elle vient de Ie proever une fois de plus. Jusqu'ici les miliciens ma- ries n'avaient pasété compris dans le rappe! de leur classe; cette faveur vient d'être supprimée et le père de familie, soutien d'une femme et de plusieurs en- fants, ira désorinais tout aussi bien que le celibataire qui nourril de vieux parents infirmes, parader A Bruxelles pour la plus grande gloire de nos altesses guerrières. N'est-ce pas la une barbarie inutile Revenons aux désordres de Verviers. lei encore c'est le droit de la force, c'est le régime du sabre qui, par ses imprudences, a fait dégénérer en rixes vio- lentes ce qui n'était d'abord qu'une manifestation, regrettable sans doute, mais non illegale. Sans la pré- tenlion déplacee, sans l'excès de zele de la police ver- viétoise qui a voulu arracher le drapeau des mains de celui qui le portait, la collision n'aurait probablement pas eu lieu. Et, qu'on le remarque bien, ce n'est'pas nous qui l'afiirmons, c'est VUnion, l'organe du doc trinarisme a Verviers, qui est obligè d'en convenir en face de l'evidence des fails. Voici ce que dit ce journal Ce matin, vers 9 heures, une colonne d'inter- nalionaux forte de prés de 400 hommes, précédée 8 fran Laissez dire, laissez-vous blimer, mais publiez votre pensee Ypres, «cr .Vuillct isïo.

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L’Opinion (1863-1873) | 1870 | | pagina 1