Le tobt tayable d'avance.
JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT
YPRES, Dimanche
Huitième année. N# 29.
17 Juillet 1870.
PitIX U'ABOXSGSIEKT
POUR LA BELGIQUE
8 francs par an; 4 fr. 50 par semestre.
Pour l'Etranger, le port en sus.
Un Numéro 25 Centimes.
PRIX DES AilIOXCEH
ET DES RECLAMES
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Corps du Journal, 30 centimes»
Paraissant le dimanche.
Laissez dire, laissez-vous blamer, mais publiez votre pensee
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au bureau du Journal, rue de Dixmude59.
On traite a .forfait pour les annonces souvent reproduites. Toules lettres
ou envois cFaryent doivent être adressés franco au bureau du journal.
Graves nonvelles.
Au moment de raetlre sous presse, de graves
nouvelles nous arrivent de Bruxelies
La guerre est déclarée entre la Erance et la
Prusse.
En présence des éventualités mena§antes qui
peuvent surgir, a tout instant, des péripêties de
la lutte formidable qui se prépare, le gouverne
ment aurait résolu de rapporter l'arrèté de disso
lution et de convoquer immédiatement les
Chambres sorties des élections du 14 juin. Les
Chambres seraient convoquées extraordiuairement
pour mardi prochain.
ün ministère de salut public serait constituê.
D'après une première version, ce ministère serait
composê de MM. Rogier, Frère-Orban, Van
Humbeek, Jacobs, d'Anethan et Guillaume.
D'après une autre, MM. Jacobs, d Anethan et
Guillaume céderaient leurs portefeuilles a MM. Ro
gier, Renard et Van Humbeek.
Bien que le Journal de Bruxelies démente ces
bruits, notre correspondant persiste a en affirmer
l'exactitude dans leur ensemble. II nous fait
remarquer que, d'ailleurs, le démenti ne porte
que sur le fait que la réunion des Chambres aurait
été délibérée déja en conseil des ministres. Or, il
paraltqu'en effet, cette décision n'avait pas encore
été prise au moment oü le Journal de Bruxelies a
parlé, mais que, consulté par le Roi, M. d'Ane
than avait déja érnis ('opinion que la situation ren-
dait désirable la composition d'un ministère de
transaction et la réunion immediate des Chambres.
Rassurée de ce cóté, S. M. a fait aussitót a
M. Ro gier des ouvertures qui ont été acceptées,
et vendredi, ausoir, c'est-a-dire postérieurementau
démenti du Journal de Bruxelies, un conseil des
ministres, auquel ont été appelés a prendre part
tous les ministres d'Etat, a dè arrêter les deux
importantes mesures que notre correspondant nous
signale.
Le programme de conciliation.
Les délégués de quarante-deux associations
libérales du pays se sont réunis, lundi derniér, a
Bruxelies, pour délibérer en commun sur les
termes d'un programme destiné a ramener parrai
les libéraux la paix et la concorde.
Après une discussion trés longue et, en résumé,
médiocrement intéressante, l'assemblée a »oté par
acclamation le programme suivant
4° Attribution du droit de suffrage, sans condition
de eens, pour les élections provinciales et cornmu-
nales, aux citoyens possédant un degré d'instruction
determine par la loi
2° Extension de l'enseignement primaire, de ma-
nière a permettre a chaque enfant ou adulte d'acquè-
rir et de conserver le degré d'instruction jugé néces
saire pour l'exercice du droit éleetoral
3° Séparation absolue de l'Etat et des Eglises et par
mesure immédiate A. Sécularisation compléte de
l'enseignement public tous les degrés B. Applica
tion générale et uniforme du principe de Ia sécularisa
tion des cimetières; G. Suppression des exemptions,
en matière de milice, a raison des cultes.
4° Repartition équitable des charges milïtairesré-
duction de ces charges en tant qu'elle soit compatible
avec les nécessités de la défense nationale.
5° Dorénavant, dans les provinces flamandes, tous
les fonctionnaires publics, a quelque catégorie qu'ils
appartiennent, doivent connaitre le flamand.
Et, dans un temps aussi rapproché que possible,
ils doivent en faire usage, dans l'exercice de leurs
fonctions, envers tout citoyen qui en exprimera le dé-
sir,
L'assemblée a encore voté les propositions complé-
mentaires qui suivent
Les candidats des associations libérales pren-
dront ['engagement d'honneur de proposer, dans le
cours des deux prochaines sessions, la réalisation des
réformes énoncées plus haut.
Pour réaliser l'entente de toutes les nuances du
parti liberal et démocratique, les 'associations repré-
sentées a la réunion ont pour devoir, dans les locali-
les oü plusieurs associations libérales ou progressistes
existent, de leur faire appel, a l'effet d'organiser ('en
tente de ces divers groupes sur le pied d'une égalilé
parfaite.
Disons-le sans détour Ce programme est en-
taché, a nos yeux, de deux vices graves irisuffi-
sant, au fond, quant aux concessions qu'il fait
aux justes exigences de l'opinion libérale, il a le
tort, plus considerable encore, d'être con^u dans
des termes d'une élasticité telle qu'il ne donne,
en réalité, aucune garantie sérieuse de son exécu-
tion.
Insuffisant, cela est manifeste, car ce pro-
gramme ne stipule aucune extension du droit de
suffrage pour les élections législalives et reste
muet sur la question de l'enseignement obliga
toire dont la solution est si étroitement liée au
développement de notre régime éleetoral.
Pas un mot non plus, ni de la réforme des
impóts, ni de l'abolition de la contrainte par
corps, ni de celle de Partiele 1781 du Code civil,
ni du serment religieux, ni de la jurisprudence
inconstutionnelle qui soustrait les délits de la
presse a la juridiction du jury.
On a fait remarquer, il est vrai, qu'il s'agissait
d'un programme tout fait provisoire et qu'un
Congrès libéral serait chargé de formuler plus
tard le programme définitif et complet du libéra
lisme.
Plus tard, nous savons ce que ce mot signifie
en politique. Le pays, déniaisé par 20 années de
gouvernement doctrinaire, ne s'y laissera plus
prendre.
Mais soit, admettons que le programme ne
pouvait pourvoir qu'au plus pressé. Les réformes
qu'il nous promet sont-elles, du moins, précisées
de telle fa§on qu'elles ne puissent pas être facile—
ment éludées?
Nous n'hésitons pas a uéclarer, pour notre
compte, que la réforme électorale inscrite dans
Partiele premier nous fait l'effet d'une véritable
mystification. Cet article attribue le droit de
suffrage, sans condition de eens, pour les élec
tions provinciales et communales, aux citoyens
possédant un degré d'instruction déterminé par
la loi.
II y a done une loi faire, et cette loi pourra
déterminer arbitrairement, sans violer le pro-
gramme, Ie degré d'instruction requis pour ètra
électeur. Que les doctrinaires reviennent au pou-
voir, ils pourront dêcréter, par exemple, que tout
citoyen devra justifier, pour être inscrit sur la
liste électorale, de trois ou quatre années d'études
moyennes. Et il n'y aura rien a leur dire ils ne
seront pas sortis du programme qu'ils auront juré
d'exêcuter. Quelle dérision
Le programme n'est pas moins évasif en ce qui
concerne les charges militaires. Ces charges, dit—
il, seront réduites en tant que cette réduction
a soit compatible avec les nécessités de la dé-
fense nationale, d M. Cbazal, au plus beau
temps de son omnipotence ministérieile, aurait
pu parter le même langage sans se compromettre.
Nous croyons même nous rappeler qu'il n'en a
jamais tenu d'autre, et c'était, en vérité, le meil-
leur... pour un ministre de la guerre.
Mais que des adversaires du budget de la
guerre, que de prétenaus anti-militaristes se dé-
clarent satisfaits de semblables billevesées, les
bras nous en tombent des épaules!
Vous ètes plus exigeants que les progressistes
de Verviers, nous dira-t-on peut-être. Parbleu
que les progresssistes verviétois aient accepté ce
programme comme base de conciliation, il n'y a la
rien d'étonnantc'est bien le moins qu'ils devaient
a leurs adversaires qui leur abandonnent les trois
candidatures vacantes dans leur arrondissement.
Mais que les progressistes d'Ypres, a qui l'on vou-
drait imposer les candidatures de MM. Beke,
Vandenpeereboom et Van Merris, signent une
L'OPINION