pareille transaction, sans autre garantie que la servilité doctrinaire de ces messieurs, ja mais Les Verviétois ont leurs raisons nous avons les nótres. ge méfier. (Art. l«r du Code de la Sagesse). 11 est évident qu'en faisant la journée du t4 juin, le corps électoral beige a voulu abattre le doctrina- risme. 11 est non moins évident que celui-ci a recti une si rude atteinte qu'il se voit forcé de faire le mort en ce moment el que ses adeptes les plus endur- cis sont pris subilemenl d'un amour passionné pour les avancés. La prudence nous conseille neanmoins de nous metier. Le doctrinarisme ne sera pas lué par cela seul que de nouveaux hommes prendroritle pou- voir. Les mauvaises plantes repoussent toujours. Aussi aurions-nous preferé, dans l'inièrêt des itlèes que nous défendons, a la reunion des délégués des associations libérales et progressistes qui a eu lieu cette semaine a Bruxelles, un congrès purement pro- gressiste. On a souvent reprochè aux avances d être des ambitieux et des brouillons, de n'avoir ni idéés ni principes; le moment semblait favorable pour dé- truire ces injustes accusations en élaborant un pro- gramme capable de servir de point de ralliement, de drapeau a lous ceux qui veulent sincèreuoent le regne de la liberie et de l'ègalilé. Ce que nous aurions de- siré, c'était la constitution d'un parti a la veille du scrutin,l'organisation de la lutte par tous les moyens légaux et dans tous les arrondissements du pays contre le doctrinarisme dans lelie localité des can- didats et rien que des candidats progressistes, dans telle autre, selon les circonstances, entente entre tous les esprits indépendants, dans le but determiné d'anéantir l'ennemi commun. Au lieu de cela beaucoup de nos amis, alléchés par de fallacieuses promesses, se sont réconciliés avec les anciens doctrinaires. Pareille reconciliation a eu lieu en 1846 et l'on se souvient de ce qui est arrivé. Au Congrès libéral aussi on était prodigue de promesses, et a peine furent-ils au pouvoir, les raadrès renièrent leurs engagements. On sait comment ils ont praliqué la réforme élec- torale. Après vingt ans de gouvernement, ils ont votè un ridicule expédient qui laisse a cent lieues l'ad- jonction des capacités rèclamée par le Congrès. A l'indépendance réelle du pouvoir ils ont répondu par les honneurs ofiiciels rendus aux évêques. Un ministère clerical n'eut pu faire davantage, mais eux, plus hypocrites, et tout en declarant le décret de Messidor implicitement abrogé par notre Constitu tion, ils mettaient ces honneurs au compte de leur politesse. A l'organisation d'un enseignement public a tous les degrés sous la direction exclusive de l'autorité civile, en repoussant ['intervention des ministres des cultes a tilre d'autorité dans l'enseignement organisè par le pouvoir civil, ils ont opposé le mainlien de la loi de 1842 qui donne au prètre le droit d'iuspecter les livres d'etudes. lis ont aggravé cette loi qu'eux- inêmes regardaient coinme inconstitutionnelle en l'appliquant sans nécessité aux écoles d'adultes. Au lieu du retrait des lois réactionnaires ils ont voté la loi Faider, odieux attentat a la liberté de Ia presse et prorogé celle que les cléricaux, au plus fort de leur aveugle réaction, firent contre les étrangers. Gomme amélioralions en faveur des classes ou- vrières, ils ont maintenu Partiele 1781 du Code civil en vertu duquel le simple témoignage du patron fait foi contre l'ouvrier en matière de salaire; ils ont aug- menlé le contingent de l'armée et, tand s qu'ils exemptaient les moines de la conscription, ils arra- cbaient les ouvriers leur travail et leur familie. Voila comment ils ont répondu aux voeux du Con grès libéral. En 1847, M. Frère-Orban, dans un magnifique dis cours, résumait la politique libérale en trois mots Sécularisation de l'enseignement. Secularisation de la bienfaisance. Sécularisation du temporel des cultes. La loi de 1842 est un vivant témoignage de la sé cularisation de l'enseignement pratiqué par les doc trinaires. En 1857, le miuistère libéral revint au pouvoir après l'échec de la loi sur les couvents. Cet échec fut la principale cause de son avénement. Proposa-l-il du mains une loi sur la bienfaisance? Nullement; il se contenla de donner une timide interpretation a l'art. 84 de la loi communale. Voila pour la sécularisation de la bienfaisance. Le vote de la loi sur le temporel des cultes est trop récent pour qu'on ait oublié comment le ministère, cédantauxinjonctions de l'èpiscopat, scinda un pre mier et excellent projet de loi sur la matière apiès l'avoir laissé dormir pendant plusieurs années dans les cartons de la Chambre, n'en retenant que les dis positions les plus insignifiantes, sous le prétexte fol- lacieux que ce projet constituait un premier pas vers la séparation absolue de l'Etat et de l'Eglise. Gomme si ce ministère n'avait pas fait d'autre part lout ce qu'il avait pu pour rendre cette séparation impos sible! La question des cimetières est connue. Chacun sait les déplorables abus auxquels donne lieu, a la campa gne surtout, la conduite du clergé a propos des inhu mations. Le ministère a-t-il proposè une loi qui mit Ie décret de prairial en harmonie avec la Constitution beige? Jamais. L'interprétation de ce decret est laissé a l'autorité communale. Abandonné par le gouverne ment, le bourgmestre de campagne est placé entre une soumission aveugle au curé et sa rèèl6ction. Autant de jurisprudences que de communes. Plus que jamais les abus règnent et le clergé impose sa vo- lonté. Le parti doctrinaire promettait en 1848 un budget de la guerre arrêlé au maximum de 25 millions. Après vingt ans de pouvoir il a portéce budget a la sorame de 40 millions, a dèpensé plus de 120 mil lions chiffre avoué, car le chiffre réel ne sera jamais connu pour les fortifications d An vers dont l'efficacité, au point de vue de la défense nationale, est même contestée par des hommes spéciaux il a crét' plusieurs nouveaux régiments et augmenté Ie contin gent annuel jusqu'a 12,000 hommes. Nous n'en finirons pas si nous devions énumérer lous les griefs du pays contre le doctrinarisme. En voila assez pour montrer que le parti radical en lui prêtant son concours en 1847, a été dupe. Puisse-t-il ne pas commettre la mèine faute aujour, d'hui C'est cette crainte qui nous fait souhaiter voir tous les libérauxconvaincus, ceux qui croient que le procrès et non la réaction, la marche et non le repos, sont les conditions d'existence des sooiétés modernes, refuser leur vote a tout candidal ne leur offrant pas de sérieuses garanties. Par garanties sérieuses nous entendons, entre aulres choses, une adhesion nelteet sans réserve aux rèformes suivantes et l'engagement •écrit d'user de son initiative parlementaire pour les traduire en projets de lois: 1° Extension du droit de suffrage par l'attribution immédiate de ce droit, sans condition de cens, pour les élections communale, provinciale et législalive, a tous les citoyens beiges sachant lire et écrire. Comme corollaire l'instruction gratuite et obliga toire. 2° Séparation absolue de l'Etat et des Eglises A. Sécularisation compléte de l'enseignement public a tous les degres comme mesure immédiate, la révision de la loi de 1842. B. Sécularisation des cimetières. C. Suppression desexemptions en matière de milice, a raison des cultes. 3° Reduction du budget de la guerre, diminution des charges militaires, repartition plus equitable des charges de la milice. 4° Révision des impöls. Suppression du droit de patente. 5° Retrait des lois réactionnaires. Abolition de Ia loi Faider. Révision de la loi sur les étrangers. Aboli tion de l'art. 1781 du Code civil el de la coutrainte par corps. 6° Loi sur le travail des enfanls dans les manufac tures. 7° Révision de la legislation sur la presse par le rétablissement du jury en toutes malières criminelles et pour délils politique*. 8° Décentralisation. Nomination des bourgmestres et des échevins par les électeurs. Certes ces divers points ne composent pas la charte compléte du parti progressiste et dèmocratiqueil n'esl pas néanmoins uu seul de ces points que ce parti répudie. Or, comme nous l'avons dit en commencant cet ar ticle, nous pensons qu'il y aurait eu plus d'avantages pour nos amis a se reunir en Congrès afin de formu- ler un programme qui leur fut propre, qu'a risquer, en se laissant sèduire par un esprit de conciliation louable sans doute, mais exagéré peul-être, de lirer les marrons du ten au profit des doctrinaires. C'est Ia faute des progressistes. Sous ce titre, la Journée publie, sous une forme humouristique, l'article trés sêrieux qu on va lire. Les élections du 15 juin ont porté leurs fruits. Le particlérical est au pouvoir. Pour combien de temps Nul ne pourrait le dire, mais cela peut être long, pour peu qu'il sache se conduire. C'est la faute des progressistes, disent les journaux doctrinaires. Si les progressistes avaient vote pour nos candidats, MM. Frère et Bara seraient encore ministres, et M. Pirmez aussi. II n'y a pas a dire les.journaux doctrinaires ont raison et les progressistes sont dans leur lort. Au fait, pourquoi n'out il pas voté pour les can didats du ministère, les progressistes Le ministère leur avait accordé toutes leurs demandes en prin cipe. II s'élait hautement déclaré partisan De l'extension du suffrage eu principe De la sécularisation de l'enseignement en prin cipe De laréduction desimpótsqui pèsentsur les classes laborieuses en principe; De la diminution des charges militaires en prin cipe De la séparation compléte de l'Eglise et de l'Etat en principe. Qu'est-ce que les progressistes pouvaient raison- nabletnent exiger de plus II est vrai qu'en attendant le moment propice pour améliorer ces principes, le ministère a cherché tourner la réforme éleetorale a son profit en récla mant la qualité d'électeur pour les fonclionnaires pu blics. II est vrai aussi qu'au lieu de s'appliquer a dimi- nuer les dépenses militaires, il les a presque doublées en quelques années de temps. II est vrai aussi, car il faut tout dire, que loin de pousser a Ia séparation de l'Eglise et de l'Etat, il a défendu, contre ses propres amis, les immunités et priviléges du clergé et qu'il a fait, sur les écoles d'a dultes, un réglement qui, de son propre aveu, consti- tue une aggravation de Ia loi de 1842. Mais les gens de bonne foi reconnallront qu'un mi nistère ne peut pas tout faire a la fois, et que ce n'est pas une raison, paree qu'un gouvernement a laissé vingt ans ses promesses en souffrance, pour qu'on 1'abandonné le jour oü il a besoin d'un coup de main pour se remettre en selle, Les progressistes ont manqué de patience. C'est un grand malheur, car il est certain, a présent, que si M. Frère était resté au pouvoir, Ie siècle ne se se rail pas écoulé sans que piusieiirs des réformes que les progressistes réclament se fussent accomplies. Ce malheur, qu'ils en portent la responsabilité devantle pays I Les journaux doctrinaires ont raison si nous avons aujourd'hui un ministère clérical, c'est la faute des progressistes. Chroniquc electorale. On assure què les candidats du parti catholique a Ypres sont Pour leSènat, M. Mulle, brasseur. Pour la Chambre des représentants MM. Biebuyck, ancien président du tribunal. Van Reninghe, bourgmestre de Poperin- ghe et Surmont. II pat ait que M. T Sersievens ne se représentera plus devant les électeurs de Thuin. A Gand, MM. Jacquemyns et Lippens se présente- raient pour le Sénat. La fète éleetorale de M. Alph, Vandenpeereboom fait un fiasco complet dimanche dernier.Lenombredes tireurs était fort restreint, presque pas de membres de la societè. Pas d'enthousiasme, aucun cri, aucun vivttt. pour le chef-homme-représentant-ministre d'Etat-major-honoraire des Pompiers. Le bruit circule dans notre ville que M. Ie baron Mazeman de Coulhove se relirerait de la vie politique et que M. Alph. Vandenpeereboom briguerait son siége au Sénat. 11 serail lui-mêrne remplacé a la Chambre par M. Henri Carton. Les candidats du parti libéral a Bruges sont MM. Moles Le Bailly, Jooris-Eggermont el Dujardin. M. de Vrière sollicite un siége au Sénat.

HISTORISCHE KRANTEN

L’Opinion (1863-1873) | 1870 | | pagina 2