Oui, c'est un bien beau jour que Ie jour des élec- tions Les Grecs exhibaient des ilotes ivres pour inspirer I'horreur de I'ivresse. Encore quelques élections et l'ivresse religieuse espérons Ie inspirera égale- meni I'horreur a nos populations. On écrit de Malines, 5 aoüt La régence de Ma lines a voté, dans sa séance du 1" aoüt, un crédit do cinq mille francs, pour être réparti en indemnités entre les families des miliciens mariés rappelès sous les armes pour la défense de la patrie. Elle a aussi écrit a M. Ie ministre de la guerre a l'effet de reclamer Ie renvoi dans leurs foyers des hommes mariés de la classe de 1863, qui est deveoue la 8" depuis que celle de 1870 a èté rappelée sous les drapeaux. II est étonnant qu'on tarde d'y faire droit et que toutes les autres communesintéressées n'aient pas fait les mêmes démarches. Depuis le 10 de ee moisdes bureaux télégraphiques sont ouverts a L'Abeele et a Vlarnertinghe. ILes partis au Parlement. Le Sénat compte, par suite de ['election du 2 aoüt, 34 sénateurs cléricaux, 28 liberaux. La Chambre 73 représentants cléricaux, SI libe raux. Parmi les libéraux se trouvent au Sénat 4 progres- sistes et 16 dans la Chambre des représentants. Le gouvernement francais a décidé, en raison des circonstances acluelles, que la formalité du passe- port serait rétablie d'une manière générale, pendant la durée de la guerre, a l'égard de tout voyageur etranger désirant sorlir de France ou pénétrer sur le territoire francais. En conséquence, les Beiges qui se rendent en France doivent semunir d'un passe-port a l'étranger en due forme. Moniteur Correspoiuiance particuliere de I'OPS^ISOU. Bruxelles, 11 Aoüt, 18/0, lei on vit dans In fièvre. Soir et matin, la place de la Monnaie est couverte d'une foule inquiète, ardente, qui discute les nouvelles de la veille en attendant celles du jour. C'est surtout vers sept heures du soir l'animation devient extréme. On s'attable devant les cafés qui bordent la place, les conversations, d abord assez calmes, s'échauffent peu a peu. Le public, tou- joursavide de spectacles, fait galerie autour des plus excités, et alors, ce sont des cris, des apostrophes, des injures, des rires et des huées a n'en plus finir. Heureux encore quand on n'en vient pas aux coups, car les coups sont dans l'air et, pour peu que vous ayez faire a un contradicteur peu endurant, vous êtes bientót dans ['occasion prochaine d'en donner ou d'en recevoir. Par moment, toute cette foule se léve et se dirige précipilamment vers un point de la place. Qu'est-ce que c'est? C'est un télégramme D'oü vient-il, On n'en sait rien. Que dit-il? Le plus souvent, des choses que l'on sait déja depuis une heure. Et alors, ce sont des grognements, des cris de coière. La nouvelle est-elle grave? L'infortune qui l'a ap- portée est poussé, bousculé. D'oü tient-iI cette nou velle Est-il bien sür qu'elle soit exacte? On insinue que ce pourrait bien n'ètre qu'une manoeuvre de bourse, etc., etc. Sans compter ceux que cette nouvelle contrarie et qui dirorit a celui qui vient de l'apporter les choses les plus désagréables du monde, votre nouvelle est fausse, absurde, ridicule, vous ne savez pas ce que vous dites, etc., etc. La police circule au milieu de cette bagarre, sans s'y mêler aucunement, hors les cas oü les souffets se meltent de la partie. De quoi je l'approuve fort, car nn excèsdezèle ferait plus de mal que de bien. Depuis le traité conclu par l'Angleterre avec la France et la Prusse pour assurer le maintien de la neutralité beige, l'opinion publique envisage avec beaucoup plus de sécurité les éventualités de la guerre. Quoi qu'il arrive maintenant, nous sommes assures que ce n'est pas la Belgique qui aura a payer les frais, car il n'est pas admissible que l'une ni I'autre des deux puissances belligérantes se soucie de se mettre l'Angleterre sur le dos. Ce ne sera Ce- pendant pas une raison de nous relócher de nos pré- cautions. Nous avons pu voir dernièrement, par les révélations du Timesa combien peu tiennent les destinées d'un petit pays placé entre l'enclume et Ie marteau de deux grandes puissances rivales. «r Le discours du trórte a èté généralement bien recu. Le gouvernement veut, dit-il écarter toute discussion politique. Cesera bien, si ses actes sont conformes a ses declarations. Seulement, je n'ai pas confiance. MM. d'Anethan et Maloune passent pa's, jepense, pour des hommes d'une extréme modéraliou. Nous les avons vus souvent a l'oeuvre, nous savons ce qu'ils valent et ce qu'on peut attendee de leurs promesses. D'après les probabilités, la session extraordinaire nesera pas de longue durée. La Chambre sera saisie de projets se rattachaut exclusivement a la défense nationale et comme il n'est pas a supposer que ces projets doivent dnnner lieu a de longues discussions, il est assez presumable que la session pour ra être close a Ia fin de la semaine prochaine. Je orois pouvoir vous garantir qu'il n'est plus du tout question de la mobilisation du premier ban de la garde civique. 11 s'agirait tout simplement d'auto- riser éventuellement celle des corps spéciaux. Des manifestations très-chaudes, très-passionnées ont eu lieu, hier soir, devant l'hótel de l'Ambassade d'Angleterre. La foule avait réclamé un drapeau anglais chez un marchand de decorations qui s'est empressé de le lui remeltre. Drapeau en tête, la foule s'est portee a l'Ambassade anglaise oü elle a en- tonnó tour a tour Ie God save the Queen et la Bra- bangonne. Nos théfltres auront beaucoup de peine rouvrir le ler septembre. Beaucoup d'artistes engagés pour la saison prochaine sont rappelés en France par la loi qui fait eutrer la garde inobde dans l'armee. Chroniqne jutliciaire. On lit dans la Gazette des Tribunaux i MM. Edouard-Jean Joseph Gendrot et Jean Hyp- polite Lamoureux, négociaots associés en produits chitniques a Paris, étaient traduits mereredi devant le tribunal correctionnel, 6" chambre, présidé par M. Brunet, sous la prevention d'un double homicide par imprudence, commis dans des circonstances tout exceptionueiles et les plus malheureuses; voici les fails Les sieur et dame Merghelyncs, demeurant a Ypres, en Belgique, recevaient, le 28 aoüt de l'année dernière, une caisse expédióe par la maison Lamou reux et Gendrot, et contenant notamment dix flacons de sulfate de quinine et sept d'hydrochlorate de qui nine, qui avaient étè demandés a cette maison le 1 4 du même mois, par le sieur Merghelynck. Depuis plus de trente ans, ce dernier se faisait envoyer ainsi, par Lamoureux et Gendrot, des medicaments, et spéciale- menl des preparations de quinine, qu'il distribuait aux membres de sa familie ou a des malades indigents. Le jour même de l'arrivée de cette caisse, M. Merghelynck, se senlant indispose, voulut faire usage d'hydrochlorate de quininesa femme déboucha une des fioles et y puioa la quaDtité de substance né cessaire pour la fabrication d'un certain nombre de pilules d'un decigramme chaque. Une domestique, depuis longtémps habituée a ce travail, fut chargée de leur confection. M. Merghelynck en prit successive- ment cinq, a dix minutes d'intervalle. Tout a coup, ii futprisde vertige et de violentes douleurs de tête; des accidents effrayants se manifestèrent et moins d'un quart d'heure après il avait rendu le dernier sou pi r. Cette mort, quelque inattendue qu'elle füt, ne parut pas extraordinaire a la familie de M. Merghe lynck, qui le savait atteint d'une maladie' pouvant l'enlever d'un instant a I'autre. Mais, le lendemain, vers onze heures du matin, Mmo Merghelynck éprou- vant, au milieu des émolions doulourenses qu'elle venait de traverser, le besom de prendre un calmant, et n'ayant pas sous la main les pilules préparées la veille, se fit apporter le flacon qu'elle croyait renfer- mer I'hydrochlorate de quinineelle en prit cinq déci- grammes qu'elle enveloppa dans une hostie'et avala. Bientót elle se sentit en proie a des douleurs atroces des accidents analogues a ceux qui avaient précédé le décès de son mari se manifestèrent, et, après dix minutes au plus de violentes souffrances, elle suc- comba. Ces événements jetèrent de vives preoccupa tions dans l'esprit du médecin qui avait été appeléa donner lesderniers soins a M. et Mme Merghelynck; il administra aussitót a un chien une pilule semblablea celle a,hsorbée par M. Merghelynck, et l'animalmourut en proie aux mêmes acces télaniques qui avaient amené le double décès des époux Merghelynck. La justice beige, saisie de la connaissance de ces faits, ordonna l'autopsie des cadavres, en même temps qu'elle s'emparait des substances expédiées par La moureux et Gendrot. II fut bientót constaté a Ia suite d'expertises régulières, que les flacons étiquettes hydrochlorate de quinine renfermaient un mélange de 10 p. c. d'hydrochlorate de strychnine, poison des plus violents. Lesorganesde M. et Mmo Merghelynckcontenaient de la strychnine, et c'est a l'indigestion de cette sub- tance que leur mort devait être attribuée. L'autorité francaise fut aussitót avertip, et le commissaire de police se rendit cbez les sieurs La moureux et Gendrot pour y saisir la substance déteoua et expédiée par eux sous Ie nom d'hydrochlorate de quinine: M. Roussin, chargé par M. lejuge destruc tion d'examiner l'un des flacons saisis, a constaté qu'il renfermait un melange de chlorbydrate de strychi- nine et de chlorhydra te de quinine completement sem- blable, sous le rapport de son aspect physique et de sa composition,au mélange saisi a Ypres et analysé par les soins de la justice beige. Après l'audition des témoins, M. I'avocat impé- rial Aulois a abandonné Ia prévention a l'égard de M. Lamoureux, et, sans réquérir contre le prévenu Gendrot toute les sévérités de la loi, il a insisté sur la nècessitè de sévir, dans une certaine mesure, contre desnégligences professionnelles qui mettent en danger la santé publique, et peuvent causer, comme dans l'espèce, des malheurs irréparables. M° Saglier a présenté la défense des prévenus. Le tribunal a renvoyé M. Lamoureux de la pour- suite, et a eondamnó M. Gendrot a un mois de prison. Le Comité des Dames de VAssociation beige de secours aux Müitaires blessés, placé sous le patronage de S.M. la Beinedes Beiges, aux Femmes belgeset aux Dames étrangéres qui se trouvent en Belgique. Mesdomes et chères Soeurs, Au milieu des douleurs affrèuses qui rnenacent le monde, il sembie que la Providence réserve a la Belgique neutre des devoirs de bienfaisance plus spé- cialement dévolus a notre sexe. A cólé de la vaillance masculine qui aflVonte les dangers, il est un autre courage qui nous appartient et que nous revendiquons. C'est celui qu'inspire la Charitè. C'est la Charite sainte qui doit calmer les souffrances, cicatriser les plaies horribles, adoucir les larmes des mères, des épouses, des soeurs, en prodiguant aux malheureuses vielimes d'ineffables consolations. Femmes beiges, femmes étrangères qui vous trouvez sur notre territoire, toutes vous avez compris la mis sion que vous tenez de la bonté de Dieu. Sous le pa tronage de notre Reine auguste et bien-aimée, un Comité de Dames s'est forrné, a la snllicitation da Comité central de l'Association beige internationale, afin de diriger et d'activer ce travail de bienfaisance qui doit honorer la Belgique et peut-êlre (ce qu'a Dieu ne plaise) devenir utile un jour a ses propres enfants. Ce Comité vous demande a toutes voire obole, du linge, des chemises et des vêtements d'hópital, des bandages, des compresses, des biscuits, des medica ments, en uu mot, tout ce qui peut nous servir sou lager et a guérir les blessés de la guerre, sans distinc tion de nationalité et sans preference pour l'une des armées belligérantes. S'il en est parmi vous qui veulent, filles chéries du Dieu de miséricorde, porter leurs soins sur les champs de bataille ou dans les höpitaux a établir en cas d'urgence dans nos villes frontières, nonsdélivre- rons a ces infirmières courageuses un brevet et le brassard blanc ii croix rouge, symbole de leur dévoue- ment.

HISTORISCHE KRANTEN

L’Opinion (1863-1873) | 1870 | | pagina 2