JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT
Le todt payable d'avance.
YPRES, Di manche
Huitième année. N° 35.
28 Aout 1870.
Pit IX II'IBOÏSEMEST
POUR LA BELG [QUE
8 francs par an; 4 fr. 50 par semeslre.
Pour l'Elranger, Ie port en sus.
Uit Numéro 25 Centimes,
PRIX DES AMOICE»
ET DES RECLAMES
10 Centimes Is petite Iigne.
Corps du Journal, 30 centime»»
Paraissant Ie dimanche.
Laissez dire, laissez-vous blAmer, mais publiez votre pensee
On s'abonne a Ypres,
au bureau du Journalrue de Oixmude, 59.
On traite d forfait pour les annonces souvent reproduitesToules lettres
ou envois d'aryent doivent étre adressés franco au bureau du journal.
X'pres, ss Aoüt *93®,
Le cabinet clerical sort considérablement
amoindri de la discussion politique qui vient de
se terminer a la Ch mbre par Ie rote des crédits
réclamés nar le gouvernement pour les nécessités
de la defense nationale.
La mnjoritéqui n'a pourtant ménagé a
MM. d'Anethan, Jacobs et Rervyn ni les applau-
dissements ni les ovations, la majorité, qui compte
dans ses rangs h défaat d'orateurs de premier
ordre, quelques hommes de tact et d'expérience,
a du reconnaitre elle-même au'a part M. Malou,
qui s'est tenu jusqu'è présent dans une prudente
réserve, les membre3 du cabinet nouveau n'ont
répondu que d'une manière bien insuffisante, a
leurs espérances.
Pour nous, après avoir suivi avec une attention
soutenue, cette longue discussion, nous sommes
plus convaincus que jamais que le séjour au pou-
voir du parti clérical ne sera pas de longue dnrée
et qu'aux prochaines élections générales, Ie corps
électoral en fera compléte justice.
Mais le parti clérical rejeté dans la minorité,
la mission du libéralisme ne sera encore qu'incotn-
plètement remplie. II nesuffit pas de renverser, il
faut reconstruire. Le jour venu, le doctrinarisme
essaiera de reprendre les positions qu'il a perdues,
et, bien qu'il y ait peu d'apparence qu'il réussisse,
notre devoir est de vei Her et de nous tenir prèts
résister a ses entreprises.
Dans le discoursd'ailleurs fort remarquable
qu'il a prononcé mercredi dernier, M. Frère-Orban
a victorieusement démontré que le parti clérical
s'était moqué, on ne peut mieux, de ses électeurs
en leur promettant la réforme électorale, la réduc-
tion des charges mililaires et des impóts. Nous
n'avons jamais cru un seul instant, pour notre
part, la sincérité de ces promesses, que nous
avons toujours corisidérées, avec M. Frère-Orban,
comme une véritable mystification.
Mais précisément paree que les électeurs, trom-
pés par ces promesses,ont donné.d'après'M.Frère
lui-même leurs voix aux cléricauxnous avons
!e droit de dire que les réformes promises sont
véritablement dans les voeux de l'opinion publique,
et que la victoire définitive appartiendra au libé
ralisme progressiste qui est seul capable de les
réaliser.
Les cléricaux n'en veulent pas, M. Frère l'af-
firme, et nous sommes de son avis; mais ce qui
n'est pas moins certain, e'est que les doctrinaires
n'en veulent pas non plus. 'Dès tors, il ne resle
que les progressjstes pour donner au corps élec
toral les satisfactions qu'il réclame et dont il a
fait Ie prix de ses suffrages. Réforme électorale,
reduction des charges mililaires, réduction des
dépenses publiques, voila les trois idéés mères
antour desquelles les libéraux sincères doivent se
rallier et qui assureronl leur triomphe dans les
lulles du scrutin. ApTès cela les doctrinaires
feront ce qu'ils voudront ils ne seront plus
craindre.
Ene question au coutpcre.
On lit dans le dernier N° du Progrès
M. Malou n'a qu'un parti a prendre il doitce
sacrifice a la cause cléricale a laquelle il s'est dé-
voue il a le strict devoir de sacrifier sa position
b financière sur l'autel du ciéricalisme. Que diabie,
quand on s'appelle Malou, quand on est un homme
programme on peut bien faire annueliement
le sacrifice n'aura, du reste, rien d'héroïqueonsait
l'abandon de quelques cenlaines de mille francs
eri effet que M. Malou n'a pas trop mal fait ses
v peliles affaires et qu'il peut très-aisément vi'vre de
ses rentes.
Bravo, compere, c'est parler d'or
Une question pourtant il fut un temps, vous
ne l'avez pas oublié, oü votre patron, M. Al-
phonse Vandenpeereboomappuyait publique—
ment la candidature de M. Malou. Est-ce qu'è
cette époque, M. Malou n'était pas le même
homme qn'aujonrd'hui Yotre patron le trouvait
irréprochable alors. Qu'est-il advenu depuis pour
que vous lui cherchiez querelle P
Aurons-nous de nouvelles élections dans l'arron-
dissement d'YpresV N'en aurons-nous pas?
Telle est la question que chacun se pose.
En effet, un bruit circule depuis quelque temps
avec une persistance toujours croissante.
Lo voici
D'après une nouvelle combinaison de familie,
M. Mazeman se reiirerait de la vie politique pourêtre
remplacé au Senat par M. Alph. Vandenpeereboom.
M. Henri Carton briguerait un mandat a la
Chambre.
Nous doutons qu'on ose tenter cette aventure qui
serait, en tous cas, accueillie par une désapproba-
tion unanime.
Dans un article du Progrès balbutiant un timide
éloge de M. Henri Carton, nous trouvons cette phrase
curieuse
II n'est pas une commune, pas un bameau, qui
ne portent (six) les traves du commis-
saire déchu. (style du Journal d'Ypres.)
C'est entraves qu'a voulu écrire sans doute le spiri-
tuel Progrès.
LA «LEEESSE.
M. Jezierski, qui a vu les Saxons a Etain, envoie
I'Opinion nationale des notes intéressantes sur leur
attitude
Les fantassins avaient le casque a pointe, dit pa-
ratonnerre, dont l'aspecl est singulièrement étrange
le casque, très-court el peu élevé, forme également
rebord en avant, en guise de visière, et en arrière.
pour protéger la nuque. Sur Ie devant, une étoile
dorée. Ils portent les bottes dans le pantalon, et ils
sont tout entiers couverts d'une longue et large
capote bleu sombre, qui leur sert de tente et de lit
de campement. Leur fusil est armé d'une baïonnette
^très-lnngue. II est plus longet plus lourd que le nötre;
de plus, pour armer il faut faire trois mouveoients,
au lieu que deux suffisent pour le nótre.
Beaucoup sont des jeunes gens de vingt ans et
vingt deux ans; plusieurs avaient été au Gymnase,
ils s'expriment en frangais avec un accent, trés doux.
L'un d'eux, un caporal, le fits d'un gros négociant de
Dresde, me dit que presque tous ses camarades
détestent cette guerre, qu'ils y vont malgré eux,
mais en maudissant Bismark presque autant que
notre Empereur.
La vue des enfants produit sur ces pauvres gens
une impression profonde il en est qui sont pères de
familie, et l'on sait cornbien, en Allemagne, le senti
ment paternel est énergique.
Leuhlan qui gardait le télégraphe causait avec la
petite fille de l'employé. Tout a coup, il se mit la
léte enlre les mains et pleura a chaudes larmes.
Un habitantfde Gonfians me racontait que voulant
se réfugier a Etain avec sa femme et ses enfants, il
avait été demander un sauf-conduit a l'offieier com
mandant le poste. L'offieier Ie leur accorda. Ilregarda
les bebés d'un air mortellement triste, puis il dit
doucement
Vous êtes encore bien heureux, monsieurvous,
au moins, vousavez vos enfants...
La Gazette de Cologne ^ccuse, comme perte des
Prussiens, 90,000 hommes avant l'affaire de Lon-
geville.
L'armée prussienne, sur Ie territoire francais est
complètement organisée dans ses services accessoires
qui sont, en routela poste aux lettres, le télégraphe,
la gendarmerie de la prévóté.les voituresde transport
auxiliaires et de rechange, les infirmiers militaires.
Ceux-ci, armés du sabre et d'un pistolet a la ceinture
chefs de service et médecins a cheval, sont organises
comme des batteries montées. II ont des attelages a
eux, deschevaux de selle a eux, des voitures unifor-
mément chargées de brancards, de litières, d'objets
de pansement, d'un personnel déterminé.
Est-ce que le pillage dans les campagnes viendrait
s'ajouter aux calamités de la guerre dans les dépar-
OPINION