JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT YPI1ES. Bi manche Huitième année. - N° 36. 4 Septembre 1876. Lk tout payable d'avancb. PIUX ü'lBOSSEMEST POUR LA BELGIQUË 8 francs par an; 4 fr. 50 par semestre. Pour l'Etranger, le port en sus. Uk Numéro 25 Centimes, PRIX DES AIHOHCES ET DES RECLAMES 10 Centimes la petite ligne. Corps du Journal, 30 centimes» Paraissant le dimanche. Laissez dire, laissez-vous blamer, mais publier voire pensee On s'abonne a Ypres, au bureau du Journal, rue de Oixmude, 59. On traite a forfait pour les annonces souvent reproduites. Toutes lettres ou envois d'aryent doivent être adressés franco au bureau du journal. 1'pres, 3 Septembre *sso. Les Chambres ont voté, sans marchander, presque sans opposition, tous les crédits réclamés par le gouvernement pour les besoins de la défense nationale. II parait qu'il en devait être ainsi et que le patriotisme, tel que l'entendent ces messieurs, leur faisait un devoir, un devoir impérieux de donner tout l'argent qu'on leur detnandait sans prendre la peine de s'enquérir si cet argent était nécessaire ou non Ils'est manifesté, toutefois, une certaine oppo sition, et cette opposition, chose admirable, est venue de ce même parti doctrinaire qui, en pleine paix, aurait ruiné le pays en folies dépenses mili taires, si le pays l'avait Saissé faire... Par contre, les nouveaux crédits que les Chambres viennent d'accorder au gouvernement n'ont pas eu de plus chauds partisans que les membres de l'ancienne opposition qui reprochaient au ministère Frère-Orban les excès de son milita risme. Quelle triste, quelle pitoyable comédie! Pen dant dix aris, l'opposition de la droite n'a pas cessé de se faire du budget de la guerre un bélier pour reeverser le ministère doctrinaire, et le jour oü ses longs efforts sont enfin couronnés de succès, elle n'a rien de plus empressé, elle, l'adveisaire acharné de ce budget, de proposer des millions de crédits supplémentaires. Jamais la Belgique n'a assisté a une plus piteuse volte-face. Oh! nous le savons bieu, il y a des raisons toutes prètes pour justifier cette palinodie. On in- voquera les circonstances, qui ohligenC, dira-t-on, le pays a des sacrifices extraordinaires. Sans doute, nous sommes loin de le mécon- naitre, il y a des sacrifices nécessaires, inélu- dables. Qu'en vue de parer aux éventuaiités qui mena^aient le pays, Ie ministère ait du prendre certaines mesures onéreuses pour le trésor public, personne ne le contestera, mais ce qu'il se fera plus difficilement pardonner, c'est le projet de loi par lequel, sous prétexte de compléter les cadres de l'armée, il vient de grever le budget annuel de la guerre de plus de onze cent mille francs d'augmentation... Ce projet est injustifiable et la Chambre qui l'a vote est sans excuse. Oui, une pitoyable comèdie. Nous avons vu voter pour ces crédits une foule de membres qui, detout ternes, ont fait une opposition systéma- tique aux dépenses militaires, et nouS avons vu voter contre quantité de doctrinaires qui n'ont jamais fait la moindre opposition a des dépenses militaires non moins justifiables et infiniment plus onéreuses, Pourquoi ce revirement? Parce que les hommes de l'ancienne opposition sont devenus maintenant les hommes du pouvoir et réciproque- ment. Et tous cesbonshommes veulentqu'on les prerme au sêrieux? Et ils prétendent, quand ils parlent de leurs convictions, de leurs principes, qu'on les écoute sans rire? La comédie, poussée jusqu'è ces prétentions facétieuses, touche aux dernières limites du grotesque. Vousêtes bernés, dit YEclio du Parlement aux progressistes. Yous devez bien voir maintenant que les cléricaux ne vous donneront ni la réduction des dépenses militaires ni aucune des autres ré- formes qu'ils ont fastueuseraent étalées sur leur programme.... Nous ne cesserons de répéter l'organe doctri naire qye jamais les progressistes n'ont compté sur les cléricaux pour réaliser ces réformes. Si nous les avons vus arriver avec plaisir au pouvoir, ce n'est pas, taut s'en faut, que nous eussions coo- fiance dans leurs promesses. Nous savions fort bien, au contraire, que leur premier soin serait de les éiuder, mais nous avions aussi la conviction que ces réformes sont une nécessitê proehaine de la situation et que le jour oü le pays aurait acquis la preuve que les cléricaux n'en veulent a aucun prix, il s'en débarrasserait sans difficulté. Nous sommes-nous trompés? L'avenirdécidera. Mais si nous l'avoris bien jugé, 1 'Echo du Parle- ment devra reeonnaitre que, loin d'avoir été ber nés, comme il le dit, les progressistes ont suivi une ligne de conduite trés rationelle et trés intel ligente, car il ne restera plusau pays, dégouté du doctrinarisme et du cléricalisme, qu'è confier ses destinées au libéralisme qui, seul, a la sincère volonté de lui donner les satisfactions qu'il aura vainement demandées aux cléricaux et aux doctri naires. Correspondance particuliere de l'OPlliOS. Bruxelles,2 Septembre 1870. Au moment oü je vous écris, la place de la Mon- naie estcouverte d'une foule anxieuse etagitèe. Hier et aujourd'hui, on a recu, du théêtre de la guerre, des depêches contradictoire ou, du moins, peu con- tradictoires. On en attend d'autres, qui n'arriveut pas, et en attendant, la foule avide d'emotions accueille toutes les rumeurs qui suggèrent les crainles des uns, les espérances des autres, la fievreuse inquiètude de tous. C'est le soir, surtout, que la place de !a Monnaie prend un aspect particulièremeut anitué. Les der nières éditions des journaux ont paru, et l'on discule les résultats probables de la journée. Des groupes se forment devant les nombrenx cafés qui bordent la place et devant l'hótel de la Monnaie... A-t-on des nouvelles de Mac-Mahon Que peul être devenu Ba- zaine? Bazaine? dit l'un, il est claif qu'il est cerné. Ce n'est pas clair du tout, répond un autre. Je vous dis que ci. Je vous dis que non. La discussion s'échauffe, on échange de gros mots et parfois des coups de poing. La police! la police! appelle la galerie. Ah bieu oui, la police aurait fort a faire si elle devait mettre la paix au milieu de toute cette effervescence. La police préfére se maintenir daas les régies d'une rigoureuse neutralité, jugeant, non sans raison, qu'en pareilles circonstances, c'est a la foule elle-même a faire sa propre police. Vers onze heures du soir, quelques journalistes arrivent avec les dernières dépêches... quand il en y a. Aussitót des groupes les entourent, et comme ils se renouvellent sans cesse, les malheureux ne parvien- nent a s'échapper qu'après avoir rèpété trente ou quarante fois la même nouvelle, heureusement encore quand il n'ont pas a subir l'une ou l'autre discussion désagréable, car il y en a la beaucoup qui ne se génent pas pour vous dire des choses on ne peut moins polies.si vous avez Ie malheur de leur apprendre des nouvelles qui les contrarient. Des journaux francais, toujours heureux de saisir un prétexte de nous être désagréables, assurent que Bruxelles manifeste publiquement des sympathies pour la Prusse. C'est un mensonge odieus contre lequel je proteste de toutes mes forces. Bruxelles n'est pas plus prussien qu'il n'est francais. Bruxelles garde une neutralité absolue avec un sentiment d'égale commiseration pour ces deux malheureuses nations, victimes toutes deux de l'arnbition effrénée de leurs gouvernements. La presse parisienne le sait bien. Mais c'est trop pour elle que nous tenions la balance égale entre la France et ses ennemis. Parce qu'il ne nous plait pas de prendre au sêrieux les honteuses et ridicules calembredaities qu'elle jelte tous les jours daas la publicité, il faut qu'elle nous accuse de nourir une préférence marquée pour les Prussiens Mais ces reproches sont si bêtes qu'il nevaut rrai- ment pas la peine de s'y arrêter plus longtemps. La Chambre des représentants s'est ajournée indé- finiment apres avoir adopté, sans discussion impor tante, les derniers projets a son ordre du jour. Cette courte" session n'anra peut-être qu'un seul résultat, mais il est digne de remarquecelui decons- later publiquement l'insuffisance du ministère actuel. II ne m'en a jamais Coüté de rendre hommage au talent des hommes dout je ne partageais pas les opi nions. Plus d'une fois il m'est arrivé de relever des appréciations injusles, dictées par un mesquiu parti pris de dénigrer des adversaires politiques. Mais je dois déclarer que les dernières discussions de li LOPINION ft ft

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L’Opinion (1863-1873) | 1870 | | pagina 1