circonstances. lis occupent Ie territoire des Etats- Romains, ou ils ont étè appelés par les populations. Rome ne leur fera point de résistance, et le Pape, qui avait eu d'abord la pensée de se réfugier Malte, parait décidé maintenant a rester au Vatican, aux conditions que Victor Emmanuel lui a offertes, mais, cela va sans dire, en protestant et en réservant l'aveuir. II faut bien s'accommoder au malheur des temps. Correspoztdancc particuliere de I'OMUÜOM. Bruxelles, 15 Septembre 1870. Les dernières espérances d'une mediation se sont évanouies la France nepeut plusdesormais compter que sur elle-mètue pour échapper a la paix humi- liante que leroi de Prusse pretend Iui imposer. Je ne me fais, pour ma part, aucune illusion sur l'issue definitive de la lutle. Si lesarmées prussiennes marchent sur Paris, comme il n'est que tropcertain, Paris finira par capituler. Mais la capitulation de Paris, ce n'est pas la paix. Pour conclure la paix, il faut un gouvernement régulier avec lequel la Prusse puisse trailer avec sécurité. Le gouvernemeut, oft est-il? Ce n'est certainement pas la Republique- Cost encore moins la reslauration des Bourb >n ou celle des d'Orléans On parle, depuis quelques jours, de la reslaura tion possible de ['Empire, non pas avec Napoléon III, mais avec son fils et la régence de I'imperatriee Eugénie. M. de Bismark se flatternit d'etre assez fort pour imposer a la France un tel gouvernement, qui, naturellement, n'aurait rien a Iui refuser et s'empres- serait de lui céder 1'Alsace et la Lorraine. Ne traitez pas ce bruit trop légèrement: Si absurde qu'il vous paraisse, il a fait beaucoup de chemin depuis ces derniersjours et je pourrais vous citer des personnages trés haut places pour qui c'est une con viction bien arrêtée que Bismark ne traitera qu'avec l'Einpire reslauré. Nos communications avec Paris seront probable- ment coupées d'ici avant deux jours. Cette perspec tive met sens dessus dessous nos bureaux de jour- naux. Pas de nouvelles de Paris! Dans un moment oft toute I'Europe a les yeux fixés sur Paris, comment donner un peu d'intérêt a un journal condamné a garder le silence sur les seules choses qui peuvent intéresser ses lecteurs II leur restera, il est vrai, la ressource des nouvelles prussiennes. Mais ce ne sera la qu'un aliment bien faible, bien insuffisaut... Nous commencons a recevoir des blessés francais. II en est arrivé lundi el mercredi derniers un certain nombre qui ont éle déposés dans les ambulances disposées pour Ies recevoir. J'ai visité une de ces ambulances, celle du Waux- Hall. A part deux soldats assez gravement alteints, les auires n'ont que des blessures légères produiles presque toutes par des éclats d'obus. Je dois dire, a la louange de ces malheureux, que tous, sans exception, rendent hommage a la bravoure Quand a la sardine i'huile, renfermée dans des boiles herméliquement closes, elle se conserve presque indéfiniment. II peut être agréable a nos lec teurs de savoir comment se fait cette fabrication. Le patron d'une chaioupe est tombe d'accord avec un marcband. Aussitöt on retire le poisson de la cale de la chaioupe et on le met, en le comptant, dans des paniers mailles en lil de fer assez fort. Ou trempe ces pauiers a plusieurs reprises dans l'eau de mer pour nettoyer le poisson, et on Ie porte a la friture. On appelle friture et quelquefois fricassée ^établissement oü se prépare la sardine a I'huile. Ce sont des femmes, et surtout des jeunes fides qu'on emploie a ce travail. Une friture moyenne occupe crdinairement soixante ouvrières, Voici les difierentes operations successives que l'on faitsubir au poisson La première s'appelle l'étripage. Pendant que des sardinières (c'est le nom qu'on dottne aux ou vrières des fritures) prennent le poisson, et avec la plus grande agilité lui ótent d'un soul coup la téte et les entrailles, d'autres placent les sardines étripées dans le sel, d'oü elles sont retirees plus lard pour du soldat prussien et a lasupérioritéde leur comman- dement. Tous aussi sont unanimes a proclaraer l'ex- cellence de l'artillerie et de la cavalerie. Quant au fusil, ils maintiennent que le chassepot vaal mieux que le fusil prussien, comme porlée et comme préci sion de tir. Vous vous feriez difficilement une idéé de l'indi- gnation qui anime ces braves gens a l'égard de leurs généraux. Ils n'en parient que pour les accabler d'in - jures et de maledictions. Chez eux, c'est un sentiment passé a l'état d'idée fixe qu'ils ont été trahis par leurs chefs, et que ceux-ci les ont exposés au feu pour les faire massacrer. Le gónéral de Failly, sur tout, le héros de Mentana, est l'objet de toute leur haine. S'ils le tenaient en ce moment entre leurs mains, tout affaiblis qu'ils sont, je ne voudrais pas être a sa place. La njutralité n'est pas facile a observer, parait-il, car nous avons beau faire de notre mieux, il n'y a presque pas de jour que nous ne soyons accuses de la violer. Tantót, c'est la Gazelle de Cologne qui nous reproche de jeter des pierres aux trains allemands qui traversent notre territoire; une autre fois, c'est le Figaro ou le Gaulois qui signale Ie Roi des Beiges comme affichant hautement ses sympathies pour la Prusse. Ces petits coups d'épingle, heureusement, ne peuvent pas nous faire grand malnous avons fait nos preuves aujourd'hui et il ne dépend plus de I'un ou I'autre journal uialintentionné de nous signaler aux soupcons de ['Europe. Au milieu des graves préoccupations qui absorbent tous Ies bruits, la nomination de M. Wasseige a passé fort inapercue. Cette nomination ne manque d'une certaine importance. Elle prouve une fois de plus, que la fraction rèformiste du parti clerical n'a rien a espérer du nouveau ministère et que ce sont bien les vieux réactionnaires seuls qui vont exploiter la si tuation. Nous allons bientót avoir a élire un nouveau séna- teuren remplacement de M. Croq, dont ies pouvQirs n'ont pas étè valides. Jusqu'a présent, je n'ai pas encore entendu metlre en avanl un seul nom de can- didat. Dans tous les cas, il est hors de doute que les clériaux n'entreront pas en lutte. LeJJot»7eurannonceque les miliciens des classes de 1860 et 1861 sont renvoyés dans leurs foyers ainsi que tous les miliciens mariés. Je crois pouvoir ajou- ter qu'il est sérieusement question de renvoyer éga- lement, sous peu de jours, les miliciens appurtenant aux classes de 1862 et 1863. Bruxelles regorge d'étrangers, principalement de Francais. Presque tous nos hótels sont remplis. J'eu sais qui sont obligés de refuser a loger. La mesure administrative qui a éloigné de Paris les bouches inutiles a fait affluer ici des nuées de petites dames parisiennes appartenant a toutes les élre rangèes sur des gi lls a plusieurs rangs obliques. Chaque gril est ensuite hissè au inoyeu d'une poulie au haut de la friture et placé a l'air c'est ce qu'on appelle le séchage. Au séchage succède l'opera- tion qui a donnè son nom a ces sortes de fabriques, la friture. Chaque gril est deseeudu et plongè pendant cinq minutes dans I'huile bouillante. Ou emploie pour la friture de I'huile d'olives de bonne qualité, génera- lemenl de I'huile de Nice ou de I'huile d'Italie. Uue fois frites, on les laisse refroidir, puis d'autres sardi nières les rangent dans des boites en fer-blanc. Quand la bolle est pleine, on y verse de I'huile, jusqu'a ce qu'elle deborde. C'est alors qu'un ferblan- tier met le couvercle a ces boites el ies suude II n'y a pas le moindre vide; les sardines ainsi reufermées peuvent, nous l'avons dit plus haut, se conserver presque indéfiniment. Quelqués fabricants, une fois que les boites sont soudées, les piongent dans une eau élevèe a une haute tempèralure, pour que le vide soit absolument parfait; mais nous croyons que ce procédé, s'il permet de conserver le poisson un peu plus longtemps, lui fait perdre une partie de son gout delicat et savoureux. Quel que soit le mode de pre- classes du monde interlope. Jamais nous n'en avions tant vu que depuis quelques jours. Les théótres, les cafés-concerts, les restaurants en sont littéralement inondés. Le théêtre de la Monnaie a rouvert ses portes de puis le 5 septembre. Le théólre des Galeries rouvre ce soir. Bruxelles va done pouvoir se distraire un pen. II était grand temps, en vérité, car depuis deux mois, nous étions devenus plus triste qu'un cime- lière. Nous croyons faire plaisir a nos lecteurs en met- tant sous leurs yeux une partie de l'Idole, ïambe d'Auguste Barbier, aujourd'hui académicien. Ce ïambe a étè composé a l'occasion des revers de 1814 et 1815. La similitude de position rend ces vers au jourd'hui un vrai sujet d'actualite. II. J'ai vu ['invasion a l'ombre de nos marbres Eotasser ses lourds chariots; Je l'ai vu arraaher I'écorce de nos arbres, Pour la jeter a ses chevaux J'ai vu l'homme du Nord, a la lèvre farouche, Jusqu'au sang nous meurtrir la chair. Nous manger notre pain, et jusque dans la bouche S'en venir respirer notre air; J'ai vu, jeunes Francais, ignobles libertines, Nos femmes, belles d'impudeur, Aux regards d'un Cosaque étaler leurs poitrines, Et s'énivrer de son odeur Ehbienl dans tous ces jours d'abaissement, de peine, Pour tous ces outrages sans nom, Je n'ai jamais chargé qu'un être de ma haine... Sois maudit, 6 Napoléon III. O Corse a cheveux platst que ta France élait belle Au grand soleil de messidor C'était une cavale indomptable et rebelle, Sans frein d'acier ni rónes d'or, Unejument sauvage a la croupe rustique, Fumante encor du sang des rois, Mais fiére, et d'un pied fort heurtant le sol antique, Libre pour la première fois. Jamais aucune main n'avait passé sur elle Pour la Qètriret l'outrager; Jamais ses larges fl inos n'avaient porté Ia sel le Et le harnais de i'étranger; Tout son poil élait vierge, et, belle vagabonde, L'oeil haut, la croupe en mouvement, Sur ses jarrets dressée, elle effrayait le monde Du bruit de son hennissement. Tu parus, et sitöt que lu vis son allure, Ses reins si souples et dispos, Centaure impétueux, tu pris sa chevelure, Tu montas botté sur son dos. Alors, comme elle aimait les rumeurs de la guerre; La poudre, les tambours battants, Pour champ de course, alors, tu lui donnas la terre- Et des combats pour passe-temps .- Alors. plus de repos, plus denuits, plus de sommes; Toujours l'air. toujours le travail, paration, ce sont ces boites qui sont expèdiées a Pa ris et dans le monde entier. Un mot maintenant sur l'organisation des sardi nières. Dans chaque friture, il y a un contre-maitre qui donne directement ses ordres a la commise. La oommise est gènéralement la plus instruite et la plus habile des sardinières d'une friture. Le plus souvent, elle est choisie par ses compagnes. Elle est chargée, non-seulement d'ordonner sinon de diriger le travail, mais encore de lenir compte de ce que chacune fait, car tout ce monde travaille aux pièces; cependant c'est l'ensemble seul du travail qui est rétribué. Les sardinières doivent rendre le poisson rangé en boites, prêt a subir la soudure du ferblanlier. La commise ne touche pas au poisson, puisque sa tache se borne surveiller; elie est néanmoms payée comme les ou vrières. Elle est, de plus, rélribuée par le chef de ['établissement. A Douarnenez, les fritures occupent six cents sardinières environ. Bien peu, parmi ces j jeunes filles, parient le francais. Le basbreton est le seul idiome qu'elles comprennent. [La fin au prochain N")

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L’Opinion (1863-1873) | 1870 | | pagina 2