15 octobre, dépêche de Tours annoncant qu on
croit plus que jamais des pourparlers pour la
paix.
16 octobre, départ presque clandestin de
M. Laurier, puis départ annoncé, il eüt été
difficile de le dissimuler, de M. Gambetta.
Ne dirait-on pas, d'après ces dates et ces faits,
que le général Bourbaki est allé Londres pour
savoirsi, oui ou non, l'Empire voulait une restau-
ration et que, y ayant appris que la régence
abandonnait la partie, il est allé mettre ses
services, ainsi que ceux de son chef, a la disposi
tion du gouvernement Tours?
D'ou il suivrait que lo marécha! Bazaine serait
en situation de traiter tout Si la fois au nom de
l'Empire et de la République, de facon De plus
laisser de prise aux scrupules de M. de Bismark
sur le point de savoir quelle est de celle-ci ou de
celui-lè, le gouvernement qu'il se croira autorise
a considérer comme le gouvernement légal de la
France.
Ce n'est qu'une supposition, sans doute, mais
c'est la plus vraisemblable inconlestablement qui
se^puisse tirer des faits connus.
11 paralt que M. Kervyn de Lelteuhove, ministre
de l'iutérieur, vient de soumettre a l'avis des dé-
putations permauentes des conseils provinciaux,
un avant-projet de révision de la loi communale.
Certaines dispositions de eet avant-projet seraient un
retour aux principes de la fameuse loi des couvents
dont l'opinion publique a fait justice en 1857.
Si ces renseignements sont exactes, nous ne tar-
derons pas a pouvoir dire que le ministère clèrical a
vécu.
Le Monileur continue a publier dans sa partie non-
offioielle les documents des enquêtes qui ont été or-
données par le gouvernement a la suite des accusa
tions formulées par certains journaux allemands au
sujet du passage de blessés par la Belgique. La lec
ture de ces pieces achève de nous convaincre que
les griefs articulés sont, comme nous l'avons dit,
singulièrement exagérés ou absolument dénues de
fondement.
Quant a la fameuse lettre empoisonnée adressée de
Yirton, au magistrat de Berlin, il résulte d'une en
quête sèvère d'abord qu'elle est l'ceuvre d'un fou qui
a été admis a la colonie de Gheel et ensuite qu'elle
ne contenait pas un atome de poison.
La chute du pouvoir temporel ayant pour consé-
queuce la suppression des budgets romains, dont le
denier de Saint-Pierre couvrail le deficit, permettra
aux calholiques beiges de reaüser une économie an-
nueüe d'un million de francs.
Nous croyons êlre l'interprète de lous les philan
thropes en recommandant au comité de l'ceuvre
d'affecter le million de 1'aDnée courante, qui doit en
core être en caisse, au sOulagement de la misère en
belgique. Le pape, jouissant d'une pension de 52
mille ecus par mois, ne manquera de rien, tandis que
des milliers de families vont manquer de tout. Pie IX,
üont le coeur est génereux, approuvera trés cerlai-
nement l'idêe que nous emettons. Nous regrettons
seulement qu'elle ne soit venue a aucun des catho-
Lques qui se sont reunis a Malines. Precurseur
L'ouverture de la nouvelle section de Comines a
Armentières est dèfinilivement fixeeau1er novem-
•bre. Les affiches sont imprimèes.
On dit qu'il serait question de supprimer le train
qui part d'Ypres a 3 h. de relevee, le seul train-
express qui nous mènea Bruxelles!
II est difficile de croire que la Société d'exploitation
prenne une mesure si contraire a ses intéréts. En
effel, la ligne d'Hazebrouck a Courtrai, formant le
trajet le plus direct d'Anglelerre en Allemagne, est
appelée a un service international. Mais ce n'est pas
en supprimant les trains de vitesse que la Societè
atiirerasur ses lignes le public vovageur.
Nous engageons, d'autre part, la ville d'Ypres a
prendre ses précautions. Qu'elle organise des péti-
tions contre les velléités atlribuées a la Société d'ex
ploitation. Mais surtout que ses habitants comptent
sur leur initiative qu'ils fassenl leurs affaires eux-
mêmes. Se fier aux promesses des personnages offi-
ciels ou a l'intelligence des corps conslitués serait
vouloir être dupe.
En prévenaDt nos conciloyens de ce qui se prépare,
nous pensons remplir un devoir.
On dit que M. le commissaire d'arrondissement
interimaire a interjetéappel contre un grand nornbre
d'inscriptions electorates.
Correspondence particuliere de 1'tH'iSiOS.
Dans les discours ridiculenienl boursoufflés qu'il
a prononcé dernièrement a la cérémonie de la dis
tribution des prix aux vainqueurs du tir national,
M. Kervyn de Letlenhove a annoncé l'inteutiou de
soumettre prochainement aux Chambres une nou
velle organisation de la garde civique.
Je me méfie extrêmement, je l'avoue, de plans
d'organisation qui peuvenl éclore du cerveau soien-
nel de M. le ministre de l'lntérieur. M. Kervyn se
paie volontiers lui-même et les au tres, de mots ron-
flants, de phrases sonores qui ont trop souvent le
malheur d'être absolument vides d'idées.
II n'est pas possible, d'ailleurs, de songer sérieu-
sement, en ce moment, a une reorganisation de no-
tre milice citoyenne. Celte rèforme, trés utile, trés
nécessaire, ne peut évidemment venir qu'a la suite
et comme un complément de celle de notre organisa
tion militaire, dont la guerre acluelle a démontré les
vices et l'insuffisance.
Si je suis bien informé, M. Kervyn se propose éga-
lement de saisir les Chambres, dés la session pro-
chaine, d'un projet apportant des modification im-
portantes a nos lois communales. Ce projet aurait
pour objet, d'un cóté, d'attribuer aux électeurs une
part plus directe dans la nomination des bourg-
mestres et échevins et, de l'autre, de consacrer, en
faveur des communes, le droit de recevoir des dona
tions en faveur de l'enseignement a tous les de-
grés. On assure qu'en ce moment même, les dépu-
tations permanentes sont appelées a examiner ce
projet, dont la seconde partie surtout ne peul man
quer de soulever de vives discussions au sein des
Chambres et dans la presse.
Les nominations dans l'ordre judiciaire que le Mo-
niteur vient de publier sont de nature a donner
pleine satisfaction aux cléricaux les plus exigeants.
Sauf deux ou trois, toutes portent l'estampille de la
plus parfaite orthodoxie. Chacun son tour, ce n'est
pas trop, dirait M. Liénart. Le ministère a, du reste,
grandement raison de se presser, car les élections de
1871 ne sont plus si loin de nous.
Les journaux allemands ne laissent passer aucune
occasion de nous temoigner leur mauvaise humeur.
Hier, ils nous reprochaient, sous la foi de correspon-
dances mensongères, d'insulter et de mallraiter les
prisonniers prussiens. Forces, par l'évidence des
faits, de confesser leur imposture, ils s'en prennent
maintenant a la presse beige, qu'ils accusent de vio-
ler les lois de la neulralité par l'expresion de ses
voeux manifestement hosliles a la Prusse.
Oü nos bienveillants confrères ont ète prendre que
la presse beige est hostile a la Prusse, je u'en sais
rien. C'est un peu mon métier de lire les journaux
du pays a part deux ou trois feuilles sans inllueuce,
la presse beige s'est monlrée unanime pour blamer
la France quaud celle-ci a déclaró Ia guerre a la
Prusse. Aujourd'hui que la France a expié si cruel-
lemenl sa faute, la presse beige, émue de pitié, ré
clame a grands cris la paix et s'unil a la presse de
tons les pays ueutres pour engager la Prusse a re-
noncer a des annexions violentes que le droit de
conquêle peut juslifier, mais que les idéés inodernes
condamnent comme un crime de lèse-civitisation. En
quoi la Prusse peut-elle se trouver offensée d'un tel
langage? Serail ce une querelle d'AIIemands qu'on
nous cherche? Je veux croire que non, mais alors je
ne comprends plus rien du tout.
Nous attachons, du reste, me semble-t-il, irop
d'imporlanoe aux récriminations de la presse alle
mande; le mieux est de laisser parler les faits qui
sont cent fois plus éloquents que nos protestations,
si énergiques et si justifiées qu'elles puissent être.
L'AIIemagne reviendra de son erreur relative a la
partialité de la presse beige, comme elle est déja re
venue de sou erreur en ce qui concerne les senti
ments hosliles que notre population aurait témoignés
a l'égard des blessés prussiens. Lorsque les esprits
seront calmés, Francais et Allemands rendront hom
mage a la Belgique pour la conduite généreuse qu'elle
a tenue en ces deruiers temps.
Un journal de celte ville, l'uu de ceux qui se mon-
trent ouverlement hostiles a la Prusse et qui ne sait
pas toujours parler le langage de la bonne compa
gnie, a publié ce matin une lettre qui lui a été adres
sée par qualre Allemands. S'il faut en croire ces
messieurs aux allures passablemenl tudesques, la
Prusse ne songe ni plus ni moms qu'a reconstiluer
l'empire de Charlemagne. Ne vous semble-t-il pas
que ces conquérants vont un peu vite en besogne.
La reconstitution de l'empire de Charlemagne etait
aussi le rêve de Napoléonje parle du grand, et non
de l'avorton, et son rêve s'est évanoui devant la
coalition de l'Europe. C'est ce qui adviendrait egale-
menl a la Prusse si elle songeait a réaliser a son
profit l'idée uapoléonienne.
Vous savez probablement qu'il vient de se consti-
tuera Verviers uq comité en vue de provoquer la
rèforme de Partiele de la Constitution qui octroie au
roi le droit de déclarer la guerre et de conclure la
paix, Ge comité a publié a ce sujet une espèce de ma
nifeste èloquemment écrit et puissammentraisonnè.Il
espère que l'exemple de Ia Belgique sera suivi par les
autres puissances et fait un appel au roi pour qu'il
renonce de son plein grè aux pouvoirs que la Consti
tution lui accorde. Je ne sais trop quel réponse le roi
fera a eet appel, mais je crains bien que le comité
verviétois ne Lattende longtemps, a moins que l'opi
nion publique ne se prononce ènergiqueinent en fa
veur de la rèforme qu'il prèconiss; il n'entre pas, en
effet, dans les habitudes des rois de reDoncer benévo-
lement 5 la moindre parcelle de leur autoritenous
verrons si Léopold 11 fera exception a larègle; quant
a moi, j'en doute. El vous?
II paralt certain qu'on a signalè dans quelques
regiments beiges un assez grand nombre de deser
tions. Ces déserteurs sont alles prendre du service
dans la légion étraugère en France et l'ou a constaté
leur présence a la bataille qui a eu lieu aux environs
d'Orléans, oü ils se sont bravemeut battus.'Sur 12 5
1300 hommes qui composaient la légion etraugóre et
qui s'etait reeruiée parmi les Beiges, les Anglais it
lesPolonais, 38 seulement ont échappé a la mort. On
voit que les génèraux francais ne se montrent pas
avares du sang des soldats etrangers qui s'enrêlent
dans leur armee et que sur les champs de bataille ils
leur cèdent volontiers les postes les plus périlleux.
Les légionnaires ètrangers sont pour eux de la chair
a canons. Avis a ceux de nos conckoyens qui vou-
draient aller se faire écharper a la p<us grande gloire
des armes fran^aisesa Ia première bataille leur
voeu sera accompli.
Les espérances d'une paix prochaine prennent
chaque jour plus de consistance. 11 est certain qu'un
officier de l'état-major du marechal Bazaine se trouve
en ce moment a Versailles oü il a éte regu par M. de
Bismark d'abord et ensuite par le roi de Prusse. Rien
ne transpire du bul de sa mission. Les uns affirment
qu'il est chargé de négocier la reddition deMetz;
celte supposition ne parail guère admissible en pré
sence des nombreuses sorties qu'exécute chaque jour
la garnison de Metz pour degager la placed'autres
soutiennenl que Bazaine traiterail avec la Prusse au
nom de Napoléon 111, Ie seul pouvoir que le roi Guil-
laume reconnaisse actuellement en France et que les
conditions de la paix acceptèes seraient ensuite ratt-
fiées par le gouvernement de fait qui existe a Paris.
liruxelles, 21 Octobre 1870.
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