JOURNAL D'YPRES DE I/ARRONDISSEMENT Le tout païable d'avance. YPRËS, llimanche Huitième anoéc. iV' 45. 6 iVovembrc 1870. PBSIX »'AB»i«Il®!MEIST POUR LA BELGIQUE g francs par an; A fr. 50 par semestre. Pour l'Etranger, le port en sus. Us Numéro 25 Centimes. PRIX B»ËS AlIWOHCES ET DES RECLAMES 10 Centimes It petite ligne. Corps du Journal, 30 centimes^ Paraissant le dimanche. On s'abonne a Ypres, au bureau du Journalrue de üixmude, 59. On traite a forfait pour les annonces souvent reproduites. Toules lettres ou envois d'aryent doivent étre adressés franco au bureau du journal. Avis important. M. Félix Larnbin ayant cessé depuis long- temps d'etre chargé de 1'administration du journal 1'Ofinion, la direction de ce journal prie instamment les personnes qui auraient des communications a lui faire, de vouloir les adresser au Directeur du journal l'O- PINION, RUE DE Dixmude, n° 59, A YPRES, ou deles faire jeter dans la boite placée a la porte d'entrée de la maison portant le meme n° et qui est indiquée par ces mots BOITE du journal l'OPINION. La direction insiste d'autant plus sui cette recommandation qu'elle sait que ré- cemment plusieurs communications lie lui sont pas parvenues faute de porter l'a- dresse susdite. Elle rappelle aussi par le présent avis que le journal l'OPINION traite a eoreait situation. II Y a en ce moment une étrange reunion de personnages au dessous de toute qualification. Elle se tient en Allemagne, avec le plein acquies cement, cela va sans dire, de M. de Bismark et de son auguste maltre. Son siége est a Wilhems- boehe, ou l'on voit assemblés, l'histoire ne présentera pas deux fois, il faut 1 esperer, un assemblage de ce genre: L'Homme de Sedan Bazaine, qui a raontré, au Mexique, comment on l&che un empereur, et qui vient de montrer, Metz, comment or. lüche son pays... et le reste LEBoeüJ?,qui a si savammentorganiséla défaite et la ruine de la France; Canrobert, qui n'a pas pris Sébastopol et qui n'a pas pensé a sauver Metz; Frossard, qui a fait ramasser des balles a Loulou, dans cette grande bataille de Sarrebruck, ou il a battu de loiu, a la tête de tout son corps d'armée, un bataillon prussien; Enfin, L'Ex-Impératrice, accourue subite- ment, on ne sait pourquoi, malgré la répugnance qu'on lui attribuait pour son trop auguste époux, depuis le sacre qu'il a re?u a Sedan. Nous omettoos le menu frétin. Ce que l'on peut fumer de cigarettes la-dessus est assez difficile a ca'culer. Mais qu'on ne s'in- quète pasc'est la France qui les pail ou qui les paiera. En attendant, l'armée du prince Frédéric- Charles, rendue disponible par la glorieuse capi tulation de Metz, va faire un effort décisif contre le nord el le midi de la France, oü les autres arméesallemandes, malgré leur énorme force nu- mérique, n'étaient pas en état d'agir efficacement. De sa personne, le vainqueur de Bazaine, ou l'acquéreur, se propose de marcher vers Lyon. Oo compte de la sorte, a Wilhemshoehe, comme Versailles, arriver promptemeot concentrer toute Taction de TAllemagne armée contre Paris républicain, contre Paris révolutionnaire,'qui n'a plus guère d'approvisionnement que pour uu mois ou deux. Seulement Paris sait qu'il ne lui faut point attendre de secours du dehors et sa détermination de se défendre a outrance n'en est pas moins énergique. M. Thiers a dü certainement en rendre lémoigriage a Yersai les, oü il est arrivé lundi a midi et oü il a eu, mercredi dernier, deux longues conférences avec M. de Bismark. Depuis lors, on n'a plus parlé, en fait de po litique générale, que de ia signature d'un armis tice entre la France et TAllemagne. II a suffi pour cela d'une dépêche de Versailles annoncant que M. de Bismark offrait a M. Thiers un armistice de 25 jours, ceci est parfaitement précis, sur la base du statu quo militaire, ceci en revanche, manque absolument de précision. Le statu quo militaireimplique-t.il ou exclut-il le ravitaillement de Paris? On n'a pas pris la peine de se le demander, et pourtant tout est la. On sait que Paris n'est plus guère approvi- sionné de viande fraiche Texclusion de cheval, que pour quatre ou cinq seraaines. S'il n'y a pas d'autre perspective lui offrir que de se trouver, après 25 jours d'armistice, a la veille de la famine, qui nécessairement Tobligera a se rendre, aulant lui demander de se rendre tout de suite. Si, au contraire, on permet a Paris de se pour- voir de provisions nouvelles, équivalaut a 25 jours d'alimentation pour sa population, les armées allemandes, qui ont tout perdre a la prolonga tion de la lutte, seraient retardées de 25 jours, durée énorme, dans leurs opérations. On ne voit pas trop quel accommodement pourrait intervenir entreces nécessités opposées, et nous inclinons a croire que la dépêche de Ver sailles s'est tue a dessein sur les conditions ajoutées par M. de Bismark a sa proposition d'armistice, et n'a d'autre but que d'émerveiller l'Eiirope, pendant un jour ou deux, sur la magnanimité de TAllemagne, représentée par ses rois et ses mi- nistres. Armistice, vingt-cinq jours, statu quo cela sonne bien aux oreilles de tous et des pa- cifiques surtout. Mais encore faut-il que statu quo et armistice ne signifient pas que Paris sera affamé au bout de vingt-cinq jours, sans que les assié— geants aient même la peine de se garder contre Ie moindre coup de désespoir de sa part. Ces choses-Ia se négocient sans se signer, avec les Bazaine et les Boyer. Mais M. Thiers n'est pas Boyer et Trochu n'est pas Bazaine. Le doctrinarisme n'a pas renoncé définitive- ment aux charmes du pouvoir. Le ministère actuel est impopulaire, nos doctrinaires le savent et c'est sur cette impopularité, d'ailleurs trés réelle, qu'ils fondent leur espérance de reprendre bientöt la direction des affaires. Le calcul de ces messieurs ne manque pas d'ha- bileté. Dans Tétat actuel des choses, se disent- ils, et vu l'infériorilénumériquedes progressistes dans les Chambres, la chute du cabinet ramè- »- nerait immanquablement le pouvoir dans nos mains. Profitons done du moment, ne laïssons pas aux progressistes le temps de se renforcer daris le Parlement, et si nous parvenons a ren— verser MM. d'Anethan, Jacobs, etc., pas le moindre doute que leur chute ne détermine la restauration du doctrinarisme. Ce raisounement, trés clair, trés fogique, n'a qu'un tort, celui d'être tellement clair, tellement logique, que les progressistes, tout étrangers qu'on les dise a la stratégie des partis, Ton fait en même temps que les fins doctrinaires. Les doctrinaires, se sont ils dit, cherchent par tous les moyens imaginables a faire tomber le ministère clérical. S'ils y réussissent, i! est clair que ce n'est pas a nous, mais aux doctri- naires que le Roi s'adressera pour coustituer un nouveau cabinet. Le Roi Ie voudrait qu'il le pourrait difficilement, puisqoe nous sommes a peine une dizaine dans ia Chambre des Repré- sentants et que le Sénat ne compte que deux ou trois de nos amis. Nous n'avons done aucun intérèta précipi ter la chute de MM. d'Auethao, OPINION Laissez dire, laissez-vous blamer, mais publiez votre pensee AYEC LES PERSONNES QUI EONT INSERER DES ANNONCES SOUVENT REPRODUITES.

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L’Opinion (1863-1873) | 1870 | | pagina 5