JOURNAL D'Y^RES DE L'ARRONDISSEMENI
YPRES, Uimanche Huitième aimée. j\'° 46, 13 Novembre 1870.
PIISX O'ASSOMXEMËIST
POUR LA BELGIQUE
francs par an; 4 fr. 50 par semestre.
Pour PElranger, Ie port en sus.
Uk Numéro 25 Centimes
PIS IX MES ahaoices
ET DES RECLAMES
10 Centimes l& petite ligne.
Corps du Journal, 30 centimes»
Le TOUT PAYABLE d'a VANCE.
Paraissant le dimanche.
Laissez dire, laissez-vous blamer, mais publiez votre perrsee
On s'abonne a Ypres,
au bureau du Journalrue de Dixmude, 59.
On traite a forfait pour les annonces souvent reproduites. Toutes lettres
ou envois argent doivent étre adressés franco au bureau du journal.
..,\..vis-s important.
M. Félix Lambin ayant cessé depuis long-
temps d'etre chargé de radministration du
journal 1'Opinion, la direction de ce journal
prie instamment les personnes qui auraient
des communications a lui faire, de vouloir
les adresser au Directeur du journal l'O-
PINION, rue de Dixmude, n°59, a YPRES,
ou deles fairejeter dans la boite placée a la
porte d'entrée de la maison portant le même
n° et qui est ïndiquée par ces mots BOITE
DU JOURNAL l'OPINION.
La direction insiste d'autant plus sur
cette recommandation qu'elle sait que ré-
cemment plusieurs communications ne lui
sont pas parvenues faute de porter l'a-
dresse susdite.
Elle rappelle aussi par le présent avis
que le journal l'OPINION traite a forfait
JLiSl situation.
A qui la responsabi li té de l'échec des négocia-
tions de Versailles
Aux Allemands, disent les Francais.
Aux Frangais, flisent les Allemands.
Aux uns et aux autres, dira tout juge impartial,
ou plutót aux difficultés et a la nature anor-
male de la situation.
L'armistice avec faculté de ravitaillernent pour
Paris était incontestablement défavorabie aux ar-
mées allemandes, et c'est pourquoi M. de Moltke
a demandé, en compensation, des garanties mi-
litaires, ce qui veut dire, en bon francais, la
remise d'une position militaire, d'un fort,
devant Paris. Or, M. de Moltke, aussi bien que
M. de Bisinark, devait savoir que le gouverne
ment francais ne pourrait point, y fut il disposé,
donner une garantie de cette sorte. A ne prendre
la question que de cé point de vue, il n'y avait
évidemment pas d'entente possible, et du moment
que M. de Bismark, qui a si fort a «Eur de voir
une Assemblée nationale élue par la France, ne
trouvait pas que cette élection lui offrit politique-
ment assez d'avantages pour comperiser les incon-
vénients militaires d'une prolongation éventuelle
du siége de Paris, il n'y avait pas a négocier.
Une offre a élé faite par M. de Bismark, dans
le but de faciliter l'éleclion d'une Assemblée
nalionale frongaise, sans armistice il a demandé
que les gouvernements de Paris et de Tours
fixassent une date pour le vote, s'engageant a
laisser l'élection s'accomplir dans toutes les parties
du territoire frangais occupé par les armées alle
mandes, et promettant de protéger la liberté des
électeurs. Cette offre a été rejetée et, en vérité,
elle était inacceptable. Ce n'est pas sous la protec
tion des baïonneltes étrangères que peut s'élire
une Assemblée nationale.
La rupture des pourparlers de Versailles a
causê en Angleterre une trés grande deception.
Le gouvernement de la reine, qui s'était décidé a
grand'peine, sous la pressionde l'opinion publique,
a recoromander aux beiligérants eet essai nouveau
d'entente, sembte étre plus sensible qu'on ne s'y
serait attendu l'insuccès final des démarches
faites a son instigation. Dans un conseil de cabi
net, tenu aussitót après qu'il eut regu la nouvelle
du depart de M. Thiers de Versailles, il a décidé,
assure t-on, de faire de son cótè de nouvelles ou
vertures a Tours et a Berlin. On ajoute même
qu'il serait disposé a y présenter la proposition in-
diquée par le Timesc'est-è—dire a offrir, pour le
cas d'un conflit futur entre l'Allemagne et la
France, Dalliance de l'Angleterre celle des deux
puissances qui serait attaquée.
Ce nous parait toutefois avoir grandemerit
besoin de confirmation.
Le projet de réforme électorale que le gouver
nement vient de déposer sur le bureau de la
Chambre est accueilli par les organes de la presse
doctrinaire avec des transports de colère faciles
comprendre; car ce projet, s'il passé, etil pas
sera bien certainement, rehdra tout jamais
impossible le retour du doctrinarisme au pouvoir.
Si la réforme proposée par le gouvernement ne
devait produire que ce seul résultat, nous n'hési-
terions pas, cela va sans dire, a v applaudir des
deux mains mais il y a autre chose, au fond de ce
projet, que l'écrasement de la coterie doctrinaire:
il y a la prépondérance électorale consacrée au
profit de la masse ignorante, instrument incon-
scient du clergé et de son éternel allié, l'aristo-
cratie foncière; il y a la négalion óudacieuse des
droits de l'intelligence, les seuls que nous puis-
sions reconnaitre comme base d'une Iéeislation
électorale conforme a la justice et aux intéréts de
la civilisation.
Et c'est pourquoi, au nom du droit qu'il roé-
conoatt, au nom de la civilisation pour laquelle il
est, une menace, nous combattrons le projet du
gouvernement.
Nous nous en tenons, pour le moment, h cette
déclaration. A l'heure oü nous écrivonsces lignes,
nöus ne connaissons pas suffisamment la réforme
proposée pour entrer dans une discussion appro-
fondie du système qu'elle a pour objet de faire
prévaloir. Nous en savons assez pourtant, par le
résumé qu'en publient les journaux de Bruxelles,
pour comprendre qu'elle n'est qu'une oeuvre de
parti, inspirée, endehors de toute pensée de jus
tice, par des considérations purement politiques.
II ne nous en faut pas d'avaotage pour lui refuser
notre assentiment.
Quant a nous associer a la belle colère que ce
projet fait éclater dans les raugs des frères et
amis de la Doctrine, ceci est une autre affaire.
Ce projet, qui ruine pour toujours leurs espé-
rances, il dépendait d'eux de le rendre impossible,
en prenant eux-mêmes, quand ils tenaient le pou
voir, ['initiative d'une réforraesérieuse et vraiment
démocratique. lis ne font pas voulu. Loin de
seconder le mouvement qui poussait la réforme,
ils n'ont cessé de le contrecarrer de toutes les
fagons, poursuivant de leurs sarcasmes, de leurs
injures, les libéraux qui cherchaient a leur ouvrir
les yeux, niant les faits les plus évidents jusqu'è
contester l'existence même du mouvement qui les
pressait de toutes parts. Quiconque, cette époque,
prenait la plume ou la parole pour réclamer l'ex-
tension du droit de suffrage, se voyait aussitót
accuse, comme nous l'avoris été vingt fois nous-
mêrnes, de pactiser avec le désordre et de fomenter
les passions les plus coupables.
Ah! si, pourtant, on nous avait écoutés alors!
Si M. Frère-Orban, le grand politique, au lien
de nous faire injurier par ses valets de plume,
s'était mis hardimerit a la tête du mouvement
réformiste si, allant même au dela de ce que
l'opinion publique réclamait en ce moment, il
était venu proposer a la Chambre et défendre
avec l'autorité de sa parole un projet de réforme
accordant le droit de suffrage tous les citoyens
justifiant d'avoir suivi les cours d'une école pri
maire, jamais, au grand jamais, les cléricaux
revenant au pouvoir, si tant est qu'ils y fussent
revenus, n'auraient osé proposer la revision d'une
telle loi. Mais M. Frère-Orban a préféré s'en
tenir 5 une réforme mesquine, impopulaire du
premier jour, que les cléricaux, naturellement, ne
se sont fait aucun scrupule de modifier, sachantbien
que l'opinion publique n'y attachait aucune impor
tance el fa vait toujoursconsidérée comme u i leu. re.
OPINIO»
AVEC LES RERSONNES QUI FONT INSERER DES
ANNONCES SOUVENT REPRODUITES.
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