Conditions du Tir. Le projet du gouvernement n'est qu'un premier pas dans Ia voie de la réaction. Nous en verrons bien d'autres. Les doctrinaires lui ont fait Ia partie si belle! Après treize années de minorité, les cléricaux retrouvent les choses au point oil ils les ont laissées a leurs successeurs. La loi de 1842 n'a pas été révisêe. Les libéraux se sont bornes a l'appliquer d'une certaine fag,onles cléricaux l'appliqueront d'une autre, et tout sera dit. Mêines facilités pour la question des éco'es d'adultes et pour celle des inhumations, laissées toutes deux sans solution par le cabinet doctrinaire, par crainte de déplaire au clergé. Les cléricaux n'auront qu'a nummer des bourgmestres cléricaux comme eux, et l'on peut être certain que, dans toutes les com munes, l'enseignement religieux sera imposé aux écoles d'adultes et que les libéraux réfractaires seront enterrés dans le trou des Chjeris. Voila le beau régime que nous devons a M. Frère-Orban et a cette majorité qui, treize années durarit, a donné a la llelgique le spectacle d'urie écceurante servilité. Le chef et les valets expient aujourd'hui, ceux ci, leur bassesse, celui - lè, son orgueil. C'est justice. Qu'ils cherchent ailleurs quiconsente a épouser les intéréts de leurs rancunes. Correspondanee particuliere de I'OPIMIOX. Bruxelles, 11 Novembre 1870. Le sort en est jetéLes dernières espérauces de paix se sont évanouies et la diplomatie impuissante n'a plus qu'a se croiser les bras en attendant Ie dé- nouement final. Ce dénouement, il n'est pas difficile a prévoir. Quoi qu'en disent lesjournaux francais, nous savous par des correspondances particulières que les appro- visionnements de Paris s'épuisent rapidement. Dans un mois, dans six semaines au plus tard, Paris se trouvera obligé de se rendre.;. a moins quune ar mee francaise, attaquant les troupes prussiennes, ne soit venue le délivrer. Or, cette hypothèse devient de jour en jour plus invraisemblable. Non-seulement l'armée de la Loire, dout il a été tant parlé depuis deux mois, ne s'est pas formée, mais il est évident maintenant, pour tout homme qui nese crève pas les yeux a plai- sir, que cette armée ne se forméra pas. Dés lors, l'issne de la lutte est fatalement indiquée d'avance et lout ce qu'on fait pour arrêter le cours fatal des évé- nemenls est bien inutile. La France compterail-elle, par hasard, sur une nouvelle Jeanne d'Arc? Je n'en serais pas étonné, a voir les illusions dont ce malheureux peuple se paie encore a l'heure oü l'inexorable réalile lui parle un si terrible langage. La Franée ne veut pas s'avouer vaincue. Elle con tinue a proclamer qu'elle ne cédera ni un pouce de territoire ni une pierre de ses forteresses. Cela serait trés héroïque si l'energie de ses actes répondait a la fierte de ce langage. Mais c'est précisément ce que je ne vois pas. On proclame, on proclame.,.. jamais un gouvernement n'a autant proclamé, mais les procla mations n'arrêtent pas les Prussiens, qui ne rencon- trent sur leur chemin aucun obstacle un peu sé- rieux. Je n'en fais pas un reproche au gouvernement francais. Je comprends que, dans l'immense dósar- roi o'ü se trouve la France, l'organisation d'une dé- fense sérieuse soit impossible ;,mais je voudrais qu'a- près avoir reconnu cette impos'sibilité, ii ait le courage de dire a Ia France la vérité, au lieu d'entretenir ses espérances par des illusions qu'il De peut plus parta- ger. Espérer que, dans l'état actuel des choses, la Prusse renoncera a des compensations territoriales en Alsace et en Lorraine, c'est rêver debout. Compter sur un retour de la victoire pour obtenir des condi tions plus douces, c'est folie. Je voudrais que la France süt cela, comme nous Ie savons tous ici, quitte a elle, alors, a prendre telle résolulion que lui inspi- rerail sin héroïsme ou le sentiment d'une inébran- lable nécessite. L'ouverture de nos Chambres s'est faite, comme ;e vous l'avais annoncé, sans discours du Tróne. Le ministère, qui pose pour la moderation, prend ainsi, vis-a-vis de I'opposition, une attitude purement dé- fensive. Mais cette attitude ne trompera personneet, dés le premier jour, I'esprit d'exclusivisme qui a présidé a la formation du bureau de la Chambre est venu prouver aux plus crédules que la nouvelle ma jorité est fermement décidée a pousser jusqu'au bout les résultals de sa victoire électorale. La session sera chaude, soyez en bien certain. De part et d'autre, les deux partis sont pieins d'ardeur et brülent d'en venir aux mains, Le projet de loi qui confie aux conseils communaux Ia nomination des échevins, a été mal accueilli par quelques organes de la presse libérale, qui y voient le geeme d'une désorganisation compléte de nos insti tutions communales. Cette opinio:), trés-extréme, est loin d'être partagée par tous les membres de la gauche, et je poürrais vou-s en citer pour ma part, et en assez grand nombre, qui sont fermement décidés a appuyer ce projet de leur parole et de leur vote. Mercredi dernier, au debut de la séance de la Chambre, M. Kervyn a dépose un projet de reforme électorale. Ce projet, dont le texte n'a pas encore ete publié a l'heure oü je vous écris, repose sur les bases suivantes 1. Réduclion du eens a dix francs pour les élec- tions communales a vingt francs pour les élections provinciales. 2. Attribution au locatairedu tiers de la contribu tion foncière. 3. Suppression des conditions de capacité exigées par la dernière loi électorale. L'Echo du Parlement qualifie ce projet d'écrase- ment de la bourgeoisie. Je ne dis pas non. Mais si I'Echod.u Parlement veut être de bonne foi, il reconnaltra que si le ministère de M. Frère, au lieu de nóus doter d'une reforme élec torale illusoire, avait présenté un projet de réforme large et démocratique, jamais M. Kervyn n'aurait osé y toucher pour le défaire. Un autre projet, destiné a produire une non moins vive sensation, est celui de M. Funck sur l'inslruc- tion primaire obligatoire. On sait que le parti cleri cal a loujours combattu cette these, qui a trouvè éga- lement de nombreux adversaires dans les rangs de la gauche. Les cléricaux contiDueront a la combattre, c'est certainnous espérons pour l'honneur du libé ralisme, qu'elle ne trouvera plus a gauche que des défenseurs. Une lettre que nous recevons se plaint de l'état des voitures sur la ligne ferrée de Poperinghe a Bruxelles. II parait que les voitures sont fréquern- ment saus lumière et que plus fréquomment encore les cbauflrettes ne contiennent pas d'eau ou tout au moins une eau si tiède qu'une derriie-beure après le départ elle est refroidie. Nous soumettons la reclamation a qui de droit On lit dans le Journal de Bruges en date du 5 no vembre Avant-hier soir, ledernier train partant de Dix- mude vers Dunkerque a déraillé. La locomotive, le tender, un wagon de merchandises et une voiture de voyageurs ont été lancés sur la voie. Personne n'a éte blessé la suite de cet accident; le tout s'est borné 5 un grand retard dans l'arrivée du train. 11 parait que les lignes de chemin de fer ressem- blent a certains malades ceux-ci ont leurs époques de fièvre, ceux-la leurs époques de déraillement, bris de matèriel et autres accidents. Le train de Dixmude a Dunkerque déraille le 5 le 30 octobre, un autre déraille prés de Wevelghem celui de Roulers voit sa locomotive endommagèe dans les environs de Zonne- beke le 1" novembre et le rriême jour, une autre lo comotive est renversée dans la gare d'Y'pres. Vers la même époque, les voyageurs devaienl faire uu long trajet a pied pour rejoindre le train de Pope ringhe, ce train ne pouvant entrer en gare par suite d'un éboulemenl survenu prés du pont provisoire, en face de 1 'Etoile. Disons cepenaant que la responsabi- lité de ce fait n'incombe pas a la Société d'exploita- tion. Et puisque nous parlous du pont en construction en face de VEtoile, nous ne saurions assez regretter la longue interruption du passage dont se plaint le public a bon droit. II est étrange que des travaux de cette importance soient commencés a l'arrière-saison quand les jours décroissent. Lorsque le public est astreint a un long détour pour cause de travaux indispensables, il faut que I'on se hAte d'abréger la durée de ces travaux c'est le moins que l'on puisse faire. Aussi ne concoit-on pas, dans le cas présent, que ('autorité compétente n'inter- vienne pas pour faire activer les travaux. L'interruption du passage prés de VEtoile a été au- torisé jusqu'au 4 novembre. Sera-l-on forcé de faire, pendant toute la mauvaise saison, l'énorme détour par la Kruysstraat? A l'occasion de la fête patronale de S. M. Ie roi des Beiges, ia Societé de gardes civiques de cette ville donnera, mardi 15 novembre 1870. a 6 heures du.soir, au local de la société (Vieille Tête d'Argent), un lir a la carabine Flobert, auquel elle invite tous les membres de Ia garde civique d'Ypres. L'inscription se fera au local de la société, a 5 heures du soir. Le tir commencera a 6 heuresil est sans frais. II y aura 9 prix offerts par Ie chef de la garde, la societé et plusieurs de ses meinbres. La série sera de 5 balleschaque concurrent pourra tirer une balie d'essai avant de commencer sa série. Les prix seront remporlés aux points. Le barrage sera décidé par balie, en commencant par la 5". Toutes les difïicultés, ainsi que toutes les contesta tions qui pourront surgir, seront décidées, sans appqj, par la commission directrice. Un banquet pour tous les membres de Ia garde qui voudront y prendre part, aura lieu le dimanche sui- vant. Une lisle de souscriplion est déposee a cette fin au local de ladite société. La circulaire adressée aux Bourgmestres et aux Eclievins des communes par M. le commissaire d'ar- rondissement d'Ypres,a soulevé une polémique entre Ie Progrès et le Journal d'Ypres. De divers cótés ou nous demande pourquoi nous ne publions pas ce document, aussi original par le fond que par la forme. Nous déférons a la demande de nos honorables correspondants en Ie reproduisaut aujourd'hui tex- tuellernent. Le voiei A Messieurs les Bourgmestres et Eclievins des Com munes de l'arrondissement d' Ypres. Messieurs, Nommé par arrêté royal en date du 3 septembre, a la place de commissaire d'arrondissement d'Ypres, j'ai l'honneur de vous annoncer que je viens d'entrer en fonctions. Né au milieu de vous, je n'oublirai jamais que nos intéréts sont les mêrnes, je les étudierai avec zèle et j'apporterai tous mes soiris a protéger et a défendre les mesures qui intéressent l'agriculture, le com merce et l'industrie de vos localités. I a cooperation que j'attends de vous en faveur des intéréts matériels, j'ose aussi la réclnrner pour assurer la franche et loyale exécution des principes qui sont proclamés par notre pacte constitulionnel. Ces principes assurentla libertè religieuseet l'ordre public mais en même lernps ils garantissent l'indé- pendance du pouvoir civil et le dóvoloppement de nos institutions politiques. Le pays l'a compris ainsi et dans plusieurs circonstances, il a condamné une politique qui depuis longtemps du reste De se main- lenait, qu'en persuadant aux hommes faibles et timorés, que l'on voulait abatlre les trones etdétruire la morale et Ia religion. Vous aurez déja rendu justice a ces odieuses impu tations, car il ne vous sera pas échappé que dans toutes les localités, l'opinion qui arrive au pouvoir comptedans son sein des hommes qui, a juste titre, sont entourés de considération et d'estirne et qui de tout temps ont donné des gages de leur patrio- lisrne et de leur altachement au Roi el a la patrie. Le moment est done venu, Messieurs, de bien vous persuader et de faire comprendre a vos administrés que ces hommes ne veulent porter aucune atteinte,

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L’Opinion (1863-1873) | 1870 | | pagina 2