Canal de Jonction de la Lys a l'Ypeulée.
taient pas plus que leurs adversaires partisans du
suffrage universe!, la majorité a tenu bon, et M. Pir-
mez s'est mis a leur démontrer compeudieusemeot
qu'il savait mieux qu'eux-mêmes ce qu'ils voulaient.
Disons-le, pourtanl. Si les auteurs de la proposi
tion ont été trés explicites sur le suffrage universel,
il s'en faut qu'ils aient mis la même franchise dans
l'exposition des principes de la réforme qu'ils pour-
suivent. Sans doute, ils ne pouvaient pas, rigoureu-
reusement parlant,être tenus de soumettre ces prin
cipes a une discussion immediate. lis pouvaient,
comme ils l'ont fait, se borner a démontrer la néces-
sité de réviser l'article 47 de la Constitution et s'en
tenir d cette demonstration. Mais dès qu'ils étaient
mis en demeure de produire devant la Chambre la
réforme dont ils désirent l'avèuement, leur devoir
était de répondre netlement, carrément, a cette som-
mation, au lieu de se retranoher, a l'instar de leurs
adversaires, derriere des arguments de procédure
constitulionnelle. Loia de cacher leurs projets, ils
devaient les proclamer hautement et pousser la ma
jorité a les discuter avec eux devant le pays.
Nos amis ont voulu jouer aux habiles. Nous ne
voulons, nous, d'habilele d'aucuue espèce. Ce que
nous croyons juste et vrai, nous le disons sans reti
cence, sans préoccupation autre que celle de con-
vaincre ceux qui nous écoutent, et nous ri'avons
alorsqu'un regret, celui de n'avoir pas la voix assez
forte pour être entendus de tous ceux qui ne par
tagent pas nos convictions. Telle est notre manière
de voir, et nous l'eslimons d'un effet plus sur que la
petite strategie parlementaire qui consiste se déro
ber pour mieux embarrasser ses adversaires.
Quoi qu'il en soit, la proposition écartée, la réforme
électorale se trouve arrêtée devant la barrière consti-
tutionnelle. Si elle respecte cette barrière, nous
sommes condamnés pour jamais a ['immobilisme. Si
elle la brise, c'est le suffrage universel qui s'impose
fatalement, car le mouvement ne s'arrêtera pas en
chemin, pour écouter les conseils d'une prudence qui
le gêne.
Et voila oü nous tnènent ces partis soi-disant con-
servateurs qui croient tout sauver en maintenant
l'immobilité dans les institutions qu'ils ont charge de
sauvegarder. C'est grace a M. Frère que la Belgique
Dieu sait pour combien d'années, a la glèbe cléricale.
C'est grêce a M. Frère, tendant la main aux catholi-
ques, que nous nous trouvons places, par le rejet de
la proposition Demeur, entre l'allernative d'une révo-
lution ou d'une situation qui nous rendra la honte de
l'Europe, an lieu d'en être, comme il y a vingt ans,
l'admiration.
Nous publions une nouvelle lettre, fort intéres
sante, de notre correspondant. Nous devons ajouter
toutefois que nous n'adoptons pas d'une manière
absolue toutes ses apprèciations et, quoique d'accord
avec lui sur le fond de la thèse qu'il expose si bien,
si nous avions a discuter cette these, nous aurions a
faire quelques réserves sur des points secondares.
Monsieur Védileur de ^'Opinion.
Monsieur,
L'on prête a notre feu roi Léopold I" ces paroles
en parlant des libéraux et des cléricaux a II ne faut
pas que l'un des partis arrive a dominer l'autre.
Qu'elles soient apocryphes ou non, ne dirait-on
pas que les doctrinaires, pendant treize ans qu'ils
ont été au pouvoir, en ont fait leur mot d'ordre?
Aussi le ministère des sept Malous, en arrivant au
pouvoir, trouve-t il toute chose, a part quelques
réformes (inancières, un peu plus d'argent donnó a
l'instruction, au point ou elles en étaient lorsqu'ils
quittèrent le pouvoir.
Si nos hommes d'Etat libéraux avaient été cepen-
dant de la trempe de ceux d'Angleterre, au lieu de
discours et de promesses, nous eussions eu des actes,
ce qui vaut mieux.
Les principes du pur libéralisme sans mixture se-
raient entrés dans les lois. Nous eussion s eu l'instruc-
tion gratuite et obligatoire pour instruire et moraliser
nos populations. La loi de 1842 ent été rét'ormée. les
cimetières secularises, l'impót du sang payé par tous
les citoyens, sans en excepter qui que ce soit, pas
même les séminaristesl'égalité entre le maltre et
l'ouvrier en matière de contrainte par corps; la ré
forme électorale, non au profit exclusifdu eens, ïnais
de ['intelligence, en donnant le mandat d'electeur aux
professeurs, médeeins, magistrats assis ou debout,
journalistes, ingénieurs, écrivains, officiers, employés
des administrations publiques, a tous ceux, en un
mot, qui sont capables d'émettre un vote raisonné.
Ces mesures eussent rallié toutes les nuances du
libéralisme, et rendu tout jamais impossible le re
tour des Malou et des Wasseige.
MaisM. Frère Orban ici, pas plus que M.Guizot en
France, n'a su éviter la défaile. Pas de concessions,
disaient l'un et l'autre, et leur orgueil a entrainé avee
eux ceux qui les soutenaient.
Ne dirait-on pas que le pouvoir enivre ceux qui le
détiennent?
A leur tour, voyez nos cléricaux comme ils y vont
et comme ils empoignent le taureau par les cornes!
Ce ne sont pas eux qui tiendront compte des paroles
prudentes du feu roi. Ils vont a toute vapeur et fini-
ront par dérailler en entrainant le pays avec eux
dans une c atastrophe. La réforme électorale qu'ils
viennent de proposer aux Chambres est condamnée
par tous les journaux libéraux paree qu'elle consacre
la predominance de l'ignorance sur ('intelligence^ Le
fougueux Bien public lui-même la désavoue par ce
motC'est un jeu périlleux.C'est que le Bien pu
blic, mieux avisé, pressent l'orage futurcar cette
loi est la dernière étape pour arriver au suffrage
univsrsel.
Or, ce mode d'élection qui a doriné en France ia
couronne impériale a l'homme de Sedan, s'il était de
nouveau consulté, ratifierait-il encore ce don de
joyeux avénement?
Que les martyrs de Sedan, de Metz, que les pro-'
priétaires, les paysans, les industrials et les coin-
mercants ruinés rèpondent.
Nos cléricaux comptent s'éterniser au "pouvoir par
le suffrage des paysans et des ouvriers. Qu'ils y
prennent garde; les multitudes sont comme l'Océan
dont les flots changent au souffle des vents variables.
Le plébiscite remain devrait les faire réfiéchir. Quoi-
qu'i! arrive, plus ils leront de fantes et plus leur
règne sera court. Ce ne seront pas les libéraux "o-
gressistes qui s'en plaindront, car il est plus que
probable qu'ils seront leurs héritiers directs, en lieu
et place des doctrinaires qui sont écrasés paree qu'ils
l'ont bien voulu.
Novembre 21
Un Liberal pragrpmiste.
La fête de Ste Cécile a été joyeusement célébrée
mardi dernier. Banquet libéral a la Société des
Choeurs. banquet catbolique a S. Laurent, celui-ci
précédé d'un salut, agréable mixture du religieux et
du profane, Bacchus succédant au Christ 1
Deux jours avant, trente convives de la Société de
tir de la garde civique célébraient aussi dans un ban
quet la fête du roi.
Décidément on a bien raison de le dire
C'est avec des diners qu'on gouverne les hommes.
Lundi est arrivé dans notre ville nn bataillon du
4° régiment de lignejeudi un second bataillon avec
l'état- major et ia musique du régiment. Ces batail-
lons viennent d'Anvers; ils étaient en garnison a
Liége avant l'époque de concentration des troupes
sur nos frontières.
On assure que Ia Société générale d'Exploitalion
vient de dénoncer les conventions de service mixte
avec ('administration des chemins de fer de l'Etat.
A partir du 4" janvier prochain les tarifs des
lignes des Flandres, exploitées par la Société géné
rale d'Exploitation, seront appliques comme par le
passé. 6
Cette nouvelle que publient plusieurs journaux,
sous une forme plus ou moins dubitative, est un fait
accompli aujourd'hui. La Société d'Exploitation a
bien réellement dénoncé les conventions faites avec
l'Etat et, a partir du 1" janvier prochaiu, les anciens
tarifs seront appliqués comme par le passé, c'est-a-
dire que voyageurs et marchandises verront aug-
menter dans de fortes proportions les frais de trans
port. C'est une nouvelle charge qui viendra peser
lourdement en ce moment sur le commerce de notre
arrondissement, tandis que les populations desservies
par les lignes reprises par l'Etat continueront a bé-
nêficier de tarifs modérés.
Peut-être l'intérêt bien entendu de la Société d'Ex
ploitation lui commanderait-il de ne p is renchérir ses
prix, mais nous n'avons pas a nous préoccuper de
cette question aujourd'hui. Nous nous demandons
soulement si ceux que la chose concerne spécialement,
et la Chambre de commerce en particulier, ne feront
aucune démarche pour atténuer, sinon pour conju
rer, le danger dont le commerce yprois est menacé
de nouveau. Nous ne saurions assez engager les in-
duslriels, les commercants a se réunir et a défendre
eux-mêmes leurs intéréts par le pétitionnement et
par tous les moyens en leur pouvoir.
II n'y a qu'un remède a notre avis pour mettre fin
a ces variations, a ces augmentations continuelles de
tarifs, c'est de provoquer une prompte reprise par
l'Etat des lignes de la Flandre occidentale. C'est vers
l'emploi de ce remède quo doivent lendrc tous les
efforts.
Les populations de la Flandre occidentale ont été
assez longtemps reléguées a l'arrière-planil est
temps que le gouvernement songe enfin a elles.
C'est ce que fait remarquer en termes fort justes
et fort sensés le journal la Finance
La Société générale d'Exploitation, dit notre
confrère, a dénoncé a partir du ler janvier ses con
ventions de service mixte avec l'Etat. Ce fait est pré-
judiciable anx intéréts du public mais il est la cou-
séquence presque fa'ale de ('exception faite a l'égard
des lignes des Flandres dans ('operation de la reprise
des lignes.
Après que la convention du 25avril fut adoptée
par la legislature, on fit circuler le bruit que des né-
gociations nouvelles étaient entatnées dans le buF
d'obtenir que l'Etat reprit égaleinent Sexploitation du
réseau qui restait isole. On disait alors le gouver
nement, animé de dispositions laissant pressentir un
bon accueil aux ouvertures qui lui elaient faites. Sur-
vinrent ensuite les événements électoraux a la suite
desquels le ministère fut remplacé.
II serait bien désirable que l'on fut fixé sur les
vues du cabinet actuellement au pouvoir, au sujet de
la question que nous venons de soulever.
En reprenant le réseau des Flandres, l'Etat ne
ferait que compléter l'oeuvre qu'il a commencée.
Entïia
On nous assure de bonne part que le catalogue de
la Bibliothèque publique de la ville d'Ypresaparu
depuis quelque temps. Nous sommes désireux de
savoir si l'on pent s'en procurer quelque part un
exemplaire, füt-ce même a poids U'or car on ne
saurait payer trop cher Ie bonheur de posséder un
exemplaire de cette oeuvre, fruit laborieux de trenlo
annéesd'un pénible travail!
Le Progrès, moniteur patenté de I'Hótel-de-Ville,
pourra-l-tl nous renseigner?
Correspondanee
On nous signale Ie fait d'une personne qui est a la
fois président et pharmacien d'une institution chari
table et l'on nous demande s'd n'y a pas incompati-
bilité entre cette fonction et ce métier?
Nous ne connaissons aucun texte de loi qui décrète
pareille incompatibility; mats a défaut des prescrip
tions de la loi il y a les inspirations de la délicatesse.
Nous lisons dans les journaux financiers I'avis
suivant:
MM. les actionuaires sont convoqués, en assem
ble générale extraordinaire pour mardi 6 riécembre
1870, a une heure de relevée, rue Duquesnoy, 15, a
Bruxelles.
A l'effet de compléter le personne! de l'adminis-
tration, d'augmenter le fonds social, de modifier les
statuts en consequence, et de proroger de neuf mois
le délai pour la mise en exploitation du canal.
On raconte qu'en recevant cet avis plusieurs ac-
tionnaires sont devenus fous de joie.
Nous lisous cette semaine dans le Journal de
Bruges
Le public est prévenu que la circulation restera
inierrompue, jusqu'a nouvel ordre, sur la route de
l'Etat de Rousbrughe a Ypres, a l'endroit du passage
a niveau de celle route par le chemin de fer concédé
d'Ypres a Poperinghe.
j La circulation continuera par I'ancienne route
aussi longtemps que durera I'interruption précilée.
Nos prévisons se sont done malheureusement réa-
lisées et le public sera oblige de faire, pendant tout
I* l'hiver, l'ènorme délour par i'ancienne route de Pope
ringhe. Pauvre public, toujours dupe et toujours...
content
va être dotéo d'une loi ólcotoralo qui nuua livera,