JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT
YPIiES, Di manche
Neuvième année. N° .4
22 JanTier 1871.
Paraissant le dimanche.
-A-vis important.
M. Félix Lambin ayant cessé depuis long-
temps d'etre chargé de l'administration du
journal 1'Opinion, la direction de ce journal
prie instamment les personnes qui auraient
des communications a lui faire, de vouloir
les adresser au Directeur du journal l'O-
PIN10N, rue de Dixmude, n° 59, a YPRES,
ou de les faire jeter dans la bofte placée a la
porte d'entrée de la maison portant le même
n° et qui est indiquée par ces mots BOITE
DU JOURNAL l'OPINION.
La direction insiste d'autant plus sur
cette reccmmandation qu'elle sait que ré-
cemment plusieurs communications lie lui
sont pas parvenues faute de porter l'a-
dresse susdite.
Elle rappelle aussi par le présent avis
que le journal l'OPINION traite a forfait
La situation.
PIC1X O'ABOIIËMËIT
POUR LA BELGIQUE
francs par an4 fr. 50 par semestre.
Pour 1'Etranger, le port en sus.
Uk Numéro 25 Centimes.
Sim
i*
PRIX RES AilKOXCES
ET DES RECLAMES
10 Centimes It petite ligne.
Corps du Journal, 30 centimes»
Le tout payable d'avancr.
Laissez dire, laissez-vous blSmer, mais publiez votre pensee
On s'abonne a Ypres,
au bureau du Journalrue de Oixmude, 59.
On traite a forfait pour les annonces souvent reproduces. Toutes lettres
ou envois dargent doivent étre adressés franco au bureau du journal.
AVEC LES PERSONNES QUI FONT INSÉRER DES
ANNONCES SOUVENT REPRODUITES.
Par une proclamation aux peuples allemands,
le roi de Prusse a pris détinitivement, pour com-
plaire aux voeux unanimes des souverains ses al-
hés, le litre d'empereur des Allemands.
La première dépêche qu'il lui a élé donné d'ex-
pédier dans cette forme nouvelle, annonce l'échec
complet des efforts tentés par le general Bourbaki
pour forcer les positions de Werder autour de
Belfort et pour faire lever le siége de cette place.
Aprés trois jours de combats acharnés, les Fran
cais ont reconnu leur impuissance et se sont reti—
rés vers leSud, sur Blamont, trente kilomètres
des lignes allemandes. Ainsi finissent tristement
les rèves de République badoise, de République
bavaroise et de république wurtembergeoise.
La position de Bourbaki pourrait devenir fort
grave, si le prince Frédéric-Charles envoyait vers
lui une partie de ses forces que la défaite de
Chanzy doit avoir rendues disponibles.
L'armée de l'Ouest d'ailleurs paralt être en
essez mauvaise situation, car Chanzy a appelé
lui M. Gambetta, qu'il n'eut pas dérangé s'il n'y
avait vraiment urgence.
Dans le Nord, la fortune est un peu plus favo
rable aux armes frai^aises. Le général Faidherbe
a repris Corbie et Saint-Quentin. Mais von Gceben
rattend derrière la Somrne, et, en admettant
qu'il soit en état de batlre la les Allemands, il se
pourrait bieri qu'il renor^at même le tenter,
par suite de l'échec de Bourbaki.
Le bombardement de Paris a repris avec plus
de vigueur et toujours, dit l'empereur-roi, avec
de bons effels.
II ne transpire pas grand'ebose encore de ce
qui s'est dit et fait a la piemière séance de la
conférence de Londres. Du reste, on ne s'attend
pos a en voir sortir rien d'important. II est évi
dent qu'on est a peu prés d'accord pour faire des
concessions a la Russie. L'étendue seule des conces
sions pourra amener des discussions qui ne sem-
blerit pas devoir être trés vives. Nalurellement
l'arrivée d'un représentant de France a la confé
rence pourrait bien changer la face des choses,
mais la venue de M. Jules Favre est encore trés
problématique.
Nous avons fait mention, il y a buit jours, des
plaintes qui s'elèvent de toules parts sur la manière
dont a éte laite la répartilion des logementsmilitaires.
Nos questions sont reslées sans reponse. Pourquoi?
Paree que nos soupcons étaient fondes.
Aujourd'hui done que le favoritisme que nous
avions signalé jusqu'ici sous une forme dubitative, est
devenu un fait accompli, nous n'avons plus aucnn
moiif de nous taire.
Tout a'abord disons que la première classe a été
subdivisée nous ne savons trop pourquoi en
deux categories A et B; la caiégorie A logera de 8 a
12 hommes, la catégorie B de 4 a 9. Cette subdivision
d'une classe ne sert peut-être au fond qu'a embrouil-
ler les chosesmais ce n'est pas ce qui doit nous oc-
cuper en ce moment. Cette subdivision étant admise,
nous voudiions bien savoir pourquoi, comme nous
l'avons dit dèja, des éligibles au Sennt flgurent dans
la deuxième classe, pourquoi l'on a classé dans la
troisieme de riches industries, chefs d'usines pros-
pères et inscrils sur la liste supplementaire des éli
gibles au Sénatt
Esl-ce bien dans la deuxième classe que doivent
figurer enlr'autres MM. Aug. Hvnderick et Pierre
Boedt, celui ci ancien candidal au Sénat, tous deux
payant le eens sénatorial?
Grand est noire regret de devoir citer ici des noms
propres. Nous croyons cependant en le faisant rendre
service non-seuienient au public, mais aux intéres
sés eux-mêmes, bien convaincus que nous sommes
que-c'est a leur insu que ces bonorables ciloyens sont
favorisés par leurs collègues du Conseil. Aussi ne
doutons-nous pas qu'ils prolestent contre Ie privilége
qu'on veut leur faire et qu'ils nous sachent même
gré de nos révelations.
Ces messieurs comprendront qu'il serait par trop
cruel que de simples bourgeois, des détaillants, fus-
sent aslreinls a loger deux, trois, jusqu'a quatre
hommes, quand les plus grands propriétaires de la
ville sont classésdans la deuxième eatégorie. Le sim
ple bon sens, en effel, dit que, si la première classe se
composait de toutes les personnes qui devraient y
figurer a bon droit, la charge du petit contribuable
en serail diminuée d'autant.
Jeudi passé, un dépót d'armes a étésaisi en notre
vide a la suite des visites domiciliaires faites dans
plusieurs maisons. On raconte que depuis quelque
temps on avait remarquó que de lourds chariots
étaient déchargés fort tard dans la soiree et même
pendant la nuit. Les armes étaient ensuite transpor-
portées a bras d'hommes par paquets de six jusqu'è
la frontière. C'est mercredi soir que le délit a été
constaté. Vingt hommes appartenant a une bande de
fraudeurs furent rencontrés prés de la ville par deux
gendarmes qui s'avisèrent de visiter la charge de ceux
d'entr'eux qui étaient restés en arrière de la bande.
Quatre de ces hommes furent immédiatement arrêtés
ils dénoncèrent aussilót le lieu du dépót. Les perqui
sitions de jeudi ont eu pour résultat de nouvelles
arrestations et les recherches ont continué le lende-
main dans d'autres maisons. Jusqu'ici on a découvert
dix-huit cents fusils de divers syslèmes, chassepots
et autres. L'opération aurait été faile pour le compte
d'un ricbe négociant de Quesnoi.
Faiisseté doctrinaire.
Les doctrinaires de nos jours ressemblent ceux
de tous les temps: ils manquent de franchise. Nous
en avons mille exemplesn'en cilons qu'un, un seul,
mais récent.
Des troupes sont venues garnir nos frontières et
imposer aux habitants des diverses communes oecu-
pées des charges de logement et de nourriture qui ne
leur plaisent en aucune faijon. Nalurellement, des
plaintes sont adressées aux autorités administratives
qui s'en tirent le mieux qu'elles peuvent et rejettent sur
d'autres personnes, généralement sur des adver-
saires politiques, la fante de tout de ce qui arrive.
II y a certains bourgmestres qui affirmeut que c'est
bien malgré eux que les militaires envahissent l'ar-
rondissement, que chaquecommunedevient uncamp,
chaque maison une caserne; ils prétendent avoir fait
tout re qu'ils ont pu pour empècher cette occupation
et qu'il n'y a aucune raison de leur en vouloir, n'é-
lant chargés d'aucune faute. Ge qu'il y a d'extraordi-
naire, c'est que ces rnêmes bourgmestres, qui se di>
sent blancs comme neige, postulent a cors et a cris,
depuis plas de deux mois, l'envoi de soldats dans nos
parages. Comment est-il possible, dira-t-on, d'avoir
autant d'audace? Ils demandent des troupes qu'ils
nient avoir requises lorsqu'elles leur sont envoyées?
Mais c'est la de la plus extréme fausseté.
C'est parfaitement vraimais Ia chose n'en est pas
moins telle que nous la disorts.
Depuis au moins deux mois, plusieurs bourgmes
tres ont damandé au gouvernement de se hater d'en-
voyer des troupes a notre secours, pour notre
préservation. Voila même un peu plus de huit se-
mairies qu'une pétition, revêtue do signatures de