JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENI
YPRES, Ilimaoche
euvième année. iV 8.
19 Février 1871.
Le tout payable d'avance.
pssix. wabb^ihememt
POUR LA BELGIQUE
S francs par an; 4 fr. 50 par semestre.
Pour l'Etranger, Ie port en sus.
Un Numéro 25 Centimes,
PRIX WES AUOJCES
ET DES RECLAMES
10 Centimes la petite iigne.
Corps du Journal, 30 centimes»
Paraissant le Jimanche.
On s'abynne a Ypres,
au bureau du Journalrue de Dixmude59.
On traite a forfait pour les annonces souvent reproduit.es. Toutes lettres
ou envois d'aryent doivent étre adressés franco au bureau du journal.
Une plainte déposée le 24 juillet 1870, a
charge d'un garde-chanxpêtre de l'arron-
dissement, pour vol de poisson et délit de
chasse, esf entre les mains du parquet de-
puis cette époque sans qu'aucune solution
y ait été donnée jusqu'a présent.
Quand done verra-t-on la fin de ces
laborieuses investigations?
La situation.
La prolongation de l'armistice est signée, mais
seulement pour ciriq jours. M. de Bismark n'a
pas voulu aller ou dela, sous prétexte que les
Frantj iis oppellent la classe de 1872 et cónlinuent
avec activité les armements dans le Midi.
II avait été dit que le quartier général alle-
mand, meltrait a son esquiescement des condi
tions miütaires qu'on ne précisait point, et l'on en
avait conclu qu'il s'agissait de l'entrée dans Paris,
On sait qu'aux termes de la convention du 28
janvier, les Allemands pouvaient y pénétrer a res
piration de l'armistice, e'est a dire a partir du 19
février a midi. On sait b quel point l'empereur roi
et son entourage militaire tiennent b couronner
leurs victoires par une marche triompharite tra
vers la capitale ennemie. C'est peut être la la
pierre d'achoppement.
Si, en effet, dans l'acte qui prolongera l'armis
tice, il est stipulé de nouveau que les armées vic—
torieuses ne pourront entrer dans Paris, pendant
la durée de la suspension des hostilités, la marche
triomphale pourrait bien ne point s'exécuter.
D'ici la, les négociations seront nouées et ce ne
serait point les faciliter pour les plénipoteritiaires
francais que d'infliger a Paris, pendant qu'a Ver
sailles on parlerait de paix et de réconciliation,
ce que Paris regarde comrae ('humiliation
suprème. A plus forte raison semblerait-il impos
sible qu'on y songeèt après qu'on se sera mis d'ac-
cord sur les bases de Ia paix. II faudrait done
saisir le moment, avant que les négociations fus-
sent engagées, et c'est pourquoi l'on pense, a tort
ou S raison, que les Allemands.ne veulent con-
sentir b proroger l'échéance de l'armistice qu'a
la conditiou de pouvoir entrer dans Paris pendant
la durée de la prorogation.
Ce serait fort impolitique, car il est facile de
s'imaginer l'impression quecela fera non pas seu
lement sur les imaginations parisiennes, mais
rnème sur l'Assemblée de Bordeaux, dont la
tèche n'est pas si simple déjè et si facile pour
qu'on ne regarde pas a la corrpliquer.
Celte Assemblée se presse, du reste, autant
qu'elle peut, et l'ort dirait qu'elle tierit a pouvoir,
a la rigueur, mettre ses plériipatentiaires en pre
sence de AI. de Bismark avaat l'expiration de
l'armistice actuel. Dés jeudi, elle s'est occupée de
la constitutiou du gouvernement provisoire qui
sera chargé d'ouvrir les négociations. Au moment
oü nous écrivons, nous ne savous rien encore du
résultat de sa délibération a ce sujet, mais les dé
pêches de la fiuit nous l'apporteront vraisemble-
ment; il n'est pas douteux le moins du monde
que M. Thiers ne soit, d'uae fagon ou de l'autre,
la tète de ce gouvernement de la paix.
Le résultat des elections de Paris a fait une
impression désagréable au quartier-général de
Versailles. Ou trouve la députatiou du Ia capitale
singulièrement ultra. Cependant, a y regarder de
prés, on pouvait s'attendre a des ehoix plus colorés
encore, et s'il y a lieu d'être surpris, c'est peut-
être du caractère modéré que présente l'erisemble
de la liste. On y voit figurer non seulement une
douzaine ou une qninzaine de républicains tran-
quilles et incapables de faire peur a personrie,
mais deux amiraux, ui général, et même un or-
léuniste aioué, M. Say, du Journal des Dcbats,
Si l'élémerit écarlate, qui a toujours dominé les
elections sous l'empire, peut revendiquer quirize
noms saus conteste, c'est le bout du monde. Or,
quirize sur quarante-trois, ce n'est guère, vrai-
ment.
iVSde Bismark aurait done tort de se plaindre
et son impérial et royal maïtre aurait plus grand
tort encore d'en-prendre prétexte pour faire, avec
son armée, cette triomphale, mais imprudente
entrée dans Paris, a laquelle son premier ministre
avait presque réussi, dit-on, a le faire renoncer.
Moi, c'est autre chase.
Un debat tres curieux, trés instructif, estouvert en
ce moment devant la Chambre des reprosentants.
Accusè par le parti doctrinaire de favoriser I'ensei-
gnement congréganiste au detriment de l'enseigne-
mentdonné par l'Etal, M. Kervyn de Déclamenhove
se defend conlre ses adversaires en soutenant que les
actes qu'on lui reproche sont de lout point conformes
aux traditions de ses predécesseurs et que, nolatn-
mentsur la question de l'agrealion des écoles nor-
males de refigieuses, il n'a fait que suivre I'exemple
donne par M. Alphonse Vandenpeerebootn, a I'epoque
oü celui-ci dirigeait Ie département de ['Intérieur.
Notre honorable représentant n'a pas voulu rester
sous le coup dp cette accusation et,dans la séance de
jeudi dernier, il a pris la parole pour se disculper.
Nous ne pensons pas qu'il y ait réussi. Vindépendance
belrje r connatt que ses explications ont paru passa-
blement embarrassées. Nous irons plus loin:
nous d irons qu'etles ont pleinement conlirmé les
allegations du ministre actuel de ['Intérieur.
M. Alphonse Vandenpeereboom a dü reconnaitre
il lui eul été difficile de faire autrement qu'il
avait accordé les bénéfices de ['adoption a trois écoles
normales d'institutrices religieuses, a savoir a celles
de Briigelette, de Champion et de Wavre exacte-
ment comme M. Kervyn d'Hexamelrove I'a fait pour
l'école du chanoine Habets et celle de Pesches-les-
Couvins.
Seulement, il y a, d'après notre honorable repré
sentant, une distinction capitale a faire. Quand une
école normale de religieuses est adoptée par un mi
nistre tel que lui, c'est un acte du plus pur libéra
lisme. Au contraire, si ce même acte a pour auteur
un ministre noloirement entaché de cléricalisme,
comme M. Kervyn de Pentamèlrove, eet acte est réac-
tionnaire au premier chef et porte la marque vi
sible d'un esprit d'hostilité envers l'enseignement de
I'Etat.
Cette facon de considérer diversement les choses,
selon qu'on se trouve dans le gouvernement ou dans
l'opposition, peut être extrêmement commode, mais
nous doutons fort qu'elle ait plus de sucoès devant le
pays qu'elle n'en a eu dans la Chambre, oü ['argu
mentation subtile de notre représentant sernble avoir
produit pen d't ffet, a en juger, du moins, par I'atti-
tude trés réservée de I'Echo du Parlementqui lui
consacre a peine quelques lignes dans son apprecia
tion de la séance.
Les Annates parlementaires n'ont pas encore donné
le discours de M. Vandenpeereboom. Le compte-
rendu, trés incompiet, qu'en publient les iournaux
de Bruxelles, ne nous permet pas d'entrer dans une
discussion approfondie des rnoyens de justification
imaginés pour.sa defense par notre infinirnent trop
habile représentant. Mais qu'il soit bien assuré d'a-
vance qu'il n'aura rien perdu pour altendre.
II était une fois un pays qui se nommait la
Belgique. Les habitants de ce pays possédaient
mille aimables quaütés, mais ayarit eu le malheur
d'être dominés, durant des siècles, par l'Espagne
et l'Autriche, ils s'étaient, de génération en gé-
nêration, fag.otmés au joug clérical, en laissant
s'étioler la fierlé, l'esprit d'indépendance et la
rectitude d'esprit inhérents a leur nature, et aux-
quels leurs aïeux avaient dü leur grandeur. Tou-
tefois, ces sentiments n'étaient pas mnrts en eux,
et se réveillaienl de temps a autre. En l'an 1846,
une explosion énergique des idéés de progrès et
de liberté se manifesto dans le pays entierce
mouvement fut si puissant que dés l'année sui—
vante, le corps élecloral chassa des Chambres
l'ancienne majorité clêricale, et la rempla^a par
des hommes qui s'étaient engagés solennellement
Laissez dire, laissez-vous blamer, mais publiez votre pensee