a travailler sans rel&che et de toutes leurs forces
a la réalisation du programme dn parti progres-
siste et anti-clérical.
Qu'advint-il cependant de tant de belles pro-
messes Qu'urie fois au pouvoir, les soi—disant
libéraux négligèrent tant et si bien les réformes
promises, qu'au bout de cinq 011 six ans la majo-
rité leur écbappa graduellement pour passer aux
mains des cléricaux. Ceux ci démnsquant trop
brusquement leurs batteries, et affichant trop in-
solemment leurs projets réactionnaires, une nou
velle et plus formidable explosion des idéés de
progrès et d'émancipation iutellectuelle se pro-
duisit d'un bout a l'autre de la contrée, et ren-
versa encore une fois Ie catholicisme politique.
Les hommes de 1847 revinrent au pouvoir, en
declarant, qu'instruits par l'expérience, ils al-
laient ne plus perdre un instant pour écraser a
jamais l'obscorantisme et la théocratie, et pour
inaugurer l'ère des réformes intellectuelles et po-
litiques.
Malgré ces belles promesses, loin decombattre
résolument Ie cléricalisme, ils usèrent envers lui'
des ménagements les plus excessifs. Une loi sou-
verainement inconstitutionnelle soumeüait l'en-
seignement primaire a ('action du clergé, ils fï'a-
brogèrent pas cette loi. Une réforme sérieuse de
l'instruction populaire eut annihilé l'influence clé-
ricale, et eut frayé la voie aux plus larges pro
grès politiques, en éclairant a l'avance les citoyens
appeiés h élargir le corps électoral. Le gouverne
ment doctrinaire se montra indifférent en matière
d'enseignement primaire, et fut, a l'égard de
ceux ci, d'une parcimonie qui ne s'expiique que
par le désir de consacrer aux armaments mili-
taires les sommes les plus folies qu'i! conviendrait
aux fantaisies royales d'exiger pour eet objet. Le
système de reculades constantes eut son résultat
naturel, leparti clerical se fortifia a mesures que
'e pouvoir se montrait plus faible et plus hési-
tant, et celui ci s'effondra misérablement aux
élections de 1870.
Et le Journal de Gand, organe attitré du doc-
trinarisme, de parler des dangers auxquels Is
triomphe des cléricaux expose le pays'! Et ces
dangers, il en rejette la responsabilité sur les
radicaux.
Aliens done! un peu de bonne foi, un peu de
pudeur! De 1847 a 1851, le pouvoir a appar-
term presqu'exclusivement aux doctrinaires, il
leur a appartenu sans interruption de 1857 a
1870. Un pareil espace de temps leur eut suffi
pour écraser le cléricalisme s'ils l'avaient voulu,
et si leurs principes étaient réellernent hostiles a
ceux des cléricaux. Leur domination n'a fait
qu'augmeriter les forces du parti 'ultramontain,
qui jamais n'a été si puissant en Belgique qu'a
Tissue de la longue domination dévolue au doctri-
napsme, Done, de deux choses l'une ou bien,
voulant écraser le cléricalisme, les doctrinaires
ont été impuissants a le faire; ou pouvant l'écra-
ser, ils ne l'ont pas voulu.
Tous ceux qui aspirent l'anéantissement de
l'esprit clérical en Belgique, doivent done, se
basant sur I expérience de ces vingt - ci nq dernières
aunées, aspirer a voir arriver au pouvoir un parti
autre que le parti doctrinaire. Ceiui-ci est tombé
paree qu'il était impuissant et pusillanime, c'est
en se montrant ferme et inébranlable dans la réa
lisation des principes de progrès et d'émancipation,
que le parti radical manifestera son aptitude dé-
livier la Belgique de la lèpre cléricale.
Ah quel plaisir d'etre soldat
ft Au prmtemps les jours s'allongent, les bourgeons
se montrent, et les miliciens tireut au sort.
Ges paroles d'un confrère bruxellois expriment
bien l'indifférence avec laquelle le public, gréce a Ia
routine, voit s'accomplir, chaque année, les opéra-
tions du tirage nu sort, devenues a ses yeux comme
le retour péribdique d'un phénomène naturel et iné-
vitable. Cette puissance de rhubitude est telle que la
levée, en 1871 même, s'opère paisiblement, naturel-
lernent, sans attirer autrement l'altention qu'elle
n'avait fait auparavanl. Et cependaut a qui d'entre
nous les évenemenls, depuis six mois, n'ont-ils pas
dé faire apprecier les consequences de la malchance
dans la loterie militaire, presque nulles pour Ie riche,
sans doute, mais si funesles pour Ie pauvre.
ft Le plaisir d'être soldal! cela se chante en
core daos les opéras-comiques, dit la Chronique.
Et le public, qui sait toutes les mères de France
et d'Allemagne en deuil, qui a vu lui-même, ici, les
fernmes et lesenfants venaal pleurer et crier la faint
aux portes des casernes, laisse les ténors débiter ces
choses-la
Le plaisir d'être soldat I c'est du beau!
Ges pauvres diables, qui se promènent aujour-
d'hui en chantant, etqai, sous l'excitation du vin, se
pomponnent flèremen, de neeuds tricolores, savez-
vous ce qu'ils viennect de donner?
Leur vie, leur saagl... La patrie beige n'a en
core exigè la vie d'aucun de ses soldats; et le sacri
fice est sans doute trap éloignó encore pour effrayer
sérieusement...
Mais ils viennent, sur l'invitation forcée du sort,
de faire abandon df leur liberie, de leur avenir;
ils étaient hotrimes, ils ne seront plus que des ma
chines...
G'est-a-dire qu'ils cesseront de s'apparlenir,
qu'ils ne pourront plus ni boire, ni rnanger, ni dor-
mir, ni veiller, ni tourner a gauche, ni tourner a
droite, sans la permission d'un chef; c'est-a-dire
qu'ils devront tout quitter, les parents dont ils
étaient le soutien, le travail qui leur assuraildu pain,
pour porter les armes, pour présenter les arrnes,
pour marcher au pas c'est-a-dire qu'après avoir fait
ce métier pendant plusieurs années, ils n'auront pas
encore fini; c'est-a-dire que inariés toujours avec
la permission des chefs ils se verront sans cesse
exposés a être rappelés, et a abandonner dans la
misère femme et enfants...
On trouve immoral que le gouvernement prenne
sous son patronage des maisons de jeux oü le sort
puisse, par caprice, faire passer des pièces de cent
sous d'une poche dans une autre...
Que diablel II.est beaucoup plus immoral de
laisser le sort disposer ainsi a son gré des jeunes
gens, et en faire a sa volonlé des hommes ou des
machines...
Oui, il est profondement immoral de dresser en
quelque sorte une roulette oiïicielle oü l'enjeu livré
aux caprices du hasat'd est, la vie el la liberie des
citoyens. Mais c'est sur tout immoral, paree que eet-
enjeu n'est pas le même poar tous les joueurs, qu'une
loi injuslo divise en deux categories: les unsrisquant
leur liberté et leur vie, tandis que les autres n'enga-
gent, en rèalité, dans la parlie, qu'une soumie d'ar-
gent.
Mais que mettre a la place de la conscription?
A cette question, la Chronique répond «Je
n'en sais rien, et eile est dans sou róle, qui
répugne a l'étude sérieuse d'un sujet aussi ardu. G'est
aux journaux graves, qui ont le droit de n'ètre pas
toujours amusants, qu'il appnrtient de mener a bonne
fin la discussion de cette importante question. Et
nous engageoos vivement nos confrères a s'en occuper
de suite, car le temps presse, et, comme disent les
auteurs sacrés, l'ennemi vei'le. L'ennemi, le dihble
ici, c'est le general Guillaume qui inijote a notre in
tention, parail-il, un bon petit service obligatoire
d une quinzaine d'années, fi la mode prussienne.
Le journal la Paix nous assurait dernièrement
que la proposition d'abolir la conscription serait, en
effet, trés prochainement soumise a Ia Ghambre, et
que le ministre de la guerre se montrait tout disposé
a y donner son assentimenl. Nous le croyons sans
peine, car un ministre de la guerre est avant tout
l'Jiomme de la cour, qui le nomme, et ij est impos
sible que celle-ci n'ail pas été prise lout d'abord
d une noble emulation, a la vue des glorieux succès
obtenus par ('organisation militaire de la Prusse.
Nos talons rouges et nos généraux d'anti-chambre
n'auront plus repos ni trève, qu'ils n'aient offert a
leur maitre une armée nationale el a casques pointus,
niodelée sur celle du cousin Guillaume. Aussi l'état-
major ne fait-il pas mystère de sa prédileclion pour
l'armement généralet, prompt a l'exécution, propose-
t-il déja de nous infliger de suite, comme entrée en
I matières, quinze années de service.
Reste a savoir si nous nous laisserons faire.
CorrespoiHlance particnlière vie I'OI'lilIOIl.
Bruxelles, 17 Février 1871.
Le résultat général est favorable il la paix. Voila
rimportant du moment. Quant a savoir si, la paix
réglée, la France se conslituera définilivement en
République ou bien si elle reviendra a la monarchie,
les conjectures que I'on forme ii ce sojet me semblent
bien un peu prémalurées. A voir la facon dont la
plupart des journaux classent les partis dans l'as-
semblée de Bordeaux, on dirait que la France, dans
les élections du 8 février, a été appelée a résoudre la
question de la forme même de son gouvernement.
Ces journaux complent les républicains, les légiti-
misle et les orlcanisles de l'assemblée, absolumeut
comme si celle-ci avait recu la mission d'élire un roi
ou uti président de république. Or, il n'en est rien.
La nation franchise, le 8 fevrier dernier, a eu unique-
ment a se prononcer entre la paix et la continuation
de la guerre, et la seule conclusion raisonnable que
l'on puisse tirer des choix qu'elle a fails, c'est qu'elle
veut la paix.
La paix, mais a quel prix Jusqu'è présent on ne
connal t encore les conditions de la Prusse que par
les révélalions plus ou rnoins sujeltes a caution du
Times. Indépendammenl de la cession de l'Alsace et
de la Lorraine, Ie journal anglais a parlé d'une in-
demnité de quatre milliards, qui s'est élevée bientót
dix pour relomber eosuile a six. Tous ces bruits
ine semblent extrêrnement suspets. Aujourd'bui, ce
même journal, toujours si bien informé même quand
ildonne trois versions differentes sur un même fait,
afiirme que le roi de Prusse élonnera Ie monde par
la moderation de ses exigences. J'avoue que, pour ma
part, je n'ai qu'une confiance modérée dans Ia mo
deration de S, M. Royale et. Impériale.
La Chambre des députés d'Italie s'occupe depuis
une dizaine de jour d'une loi destinée a régler. les
garanlies d'indépendance qui seront données au
•Pape. Jusqu'a présent, elle n'avait offert que peu
d'inlérêt, mais elle s'est échauffee a propros. d'un
amendement de la commission tendant a tempérer
l'inviolabilité absolue proposée par le gouvernement
pour les residences du Pape., en accordant a Ia justice
le droit d'y enquérir en cas de nécessité. Le gouver
nement s'est opposé vivement a cette proposition et il
en a fait une question de cabinet. II a réussi de cette
facon a la faire rejeter; mais le vote de Ia Chambre a
prouvé que la grande majorité élait de l'avis de !a
commission, car Ie rejet a élé prononce par 204 seu-
lement sur 439 membres présents et grace a l'ablen-
tion de 96 membres.
La discussion du budget de l'intérieur a commencé
a la Chambre par les explications de M. Kervyn sur
('interpellation de M. d'Andrimont. Elles sont extrê
rnement amusantes, les explications de M. Kervyn
La députation permanentede Liége est consultée, en
4864, sur une demande de M. le chanoine Habets
tendant a obtenir l'agróalion pour son école. Cette
demande est repoussée sur l'avis défavorable donné
par la députation. Six années s'écoulent. Le chanoine,
voyant M. Kervyn au pouvoir, reprend courage et
formule une nouvelle demande. Vous croyez peut-
être que sur cette nouvelle demande, M. Kervyn va
ouvrir une nouvelle instruction administrative? Pas
du lout. II se contente de l'instruction de 1864; et
ceux qui lui reprochent d'avoir violé la loi, il répond
avec une gravite magnifique Vous n'avez aucun
reproche a m'adresser la députation permanente a
été consultée I
N'esl-ce pas, que c'est superbe?
11 nous arrive, depuis deux jours, une nouvelle
affluence de Parisiens. Je sais un hótel oü, hier soir,
on a été obligé d'en refuser prés de 150. Quant aux
appartemenls, ils deviennent de plus en plus rares,
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