JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT YPRES, Bimaoche Neavième année. - N" 9. 26 Février 1871. PRIX ll'AKO.IXGUEXT POUR LA BELGIQUE 8 francs par an; 4 fr. 50 par semestre. Pour l'Etranger, le port en sus. Un Numéro 25 Centimes PRIX IIES AMOXCES ET DES RECLAMES 10 Centimes l& petite ligne. Corps du Journal, 30 centimes» Le todt payable d'avance. Paraissant le tb'manche. On s'abonne a Ypres, On traite a forfait pour les annonces souvent reproduit.es. Toutes lettres au bureau du Journalrue de Dixmude, 59. ou envois d'argent doivent ét-re adressés franco au bureau du journal. Une plainte déposée le 24 juillet 1870, a charge d'un garde-champêtre de l'arron- dissement, pour vol de poisson et délit de chasse, est entre les mains du .parquet de- puis cete époque sans qu'aucune solution y ait été donnée jusqu'a présent. Quand done verra-t-on la fin de ces laborieuses investigations? ÏPREs, «s Février L'article que nous avons reproduit sur la mort de Bancel excite la colère du Journal d'Ypres et a lire les quelques lignes dans lesquelles l'écrivain exale tous les bons sentiments dont son óme est pétrie, on devine un homme affublé d'une sou tane. Le bout de l'oreille perce et c'est tout naturel. Ces messieurs ne peuvent pardonner qu'on ne vienne s'approvisionner a leur boutique avant de se mettre en route, et plus élevée est la position sociale, plus vaste l'intelligence de celui qui fait fi de leur marchandise, plus grande aussi est leur fureur, plus basses et plus ignobles leurs in jures. Si la fin malheureuse, dit le Journal dYpres parlanl de Bancel, le grand oraleur qui a fail ('admi ration de la France, si la fin malheureuse et bes tiale de ces hommes, plus dégrades encore du cótó de l'intelligence que du cótó du coenr, n'étoulFait chez nous tout aulre sentiment que celui de la pitié et du dégout, nous nous senlirions assez consoles, assez vengés des horreurs que nous inspirent leur vie et ce qu'ils appellent leurs principes. C'est ainsi que Dieu punit dans Ia mort ceux qui le bravent pendant leur vie! Ces lignes dont chaque mot veut être médité, nous rappellent ce fait d'un jésuite, tres estimé dans sa compagnie, qui apprenant le décès d'Eugène Sue, s'écria avec une visible satisfac tion: Enfin, ce cochon est mort. Le jésuite et le Journal d'Ypres marchent de pair. Arcades ambo. Quel respect de Ia mort chez l'un et chez l'autre! Quelle édifiante charité pour des apótres de la doctrine du Christ! Ignorez-vous done, pieux Journal d'Ypres, moniteur officiel de la religion, que le jugement est réservé Dieu seul et que vous n'avez pas le droit de condamner un de vos semblables? Car le Christ l'a dit: il suffit d'une seconde de repen- tir pour être sauvé et les décrets de Dieu sont impénêtrables. Mais que vous importe a vous, n'est ce, pas le Christ et l'Evangile. Ce sont la les boniments de la porte avec iesquels vous attirez vos dupes. Le bon, l'utile pour vous, c'est la farce de l'intérieur, c'est votre caisse qui se remplit. Tout le reste est indigne de votre attention. Un conseil et un voeu avant de finir, charitable confrère. Ne faites jamais entrer en scène ni votre pitié ni votre dégoutcar du premier on n'en a que faire, et craignez que le second, en présence des élucubrations que nous venons de reproduire, les honnètes gens de tous les partis ne vous le rendent au centuple. Et quant a notre voeu, nous souhaitons, pieux confrère, que vous ayez un jour autant d'in tel li gence que les Bancel, les Eugène Sue et tous ceux que vous dites dégradés d'intelligence. II est vrai que si cela arrivait, vous ne seriez plus le Journal d'Ypres. Notre correspondant qui signe un libéral progressive nous a adressê différentes commu nications au sujet du röle du parti libéral dans l'avenir et de son Iriomphe par l'union de toutes ses nuances. II n'est personne qui ne se joigne notre cor respondant et ne forme avec lui des iceux en faveur de cette union. Mais lorsqu'on abandonne la sphere des theories spéculatives et qu'on songe aux moyens pratiques de réaliser l'entente, alors les difficultés, les obstacles se présentent en masse. Cette entente pour être durable ne peut s'ef- fectuer qu'au prix de concessions mutuelles con~ senties avec toutes les garanties b l'appui de leur sincérité. Et certes notre honorable correspondant serait le premier s'opposer ce que le parti progressiste jouêt un röle de dupe. Or, comment fonder un accord durable, obtenir des concessions sincières de ceux dont la devise a été de tout temps Pas de concessionsSus aux radicaux Plutót les cléricaux que les avancés!... La ques tion de la fusion desdiversesnuances libéralesa une portée trop vaste pour la trailer ici incidemment. Nous y reviendrons plus longuement après que nous aurons publié les lettres de notre honorable correspondant. A Monsieur l'Editeur de VOpinion. Monsieur, Si les Francais, malgré Sédan et Metz, nonobstant pour ainsi dire des défaites constanles, ont persisté a se défendre, cela tenait non-seulement leur tempé rament qui est un peu celui de Ia femme, pliant comme le roseau et ne se rompant pas, mais surtout a la foi en eux-mêmes qui soulève les montagnes, comme dit l'Evangile. A nous aussi libéraux, malgré notre défaite du mois d'aoüt, si le présent nous échappe, l'avenir est réservé. M. De Bourienne dit, dans une page de ses mémoires Les succès de la guerre sont journa- liers, et la défaite même d'une armee contribue a slimuler dans les peuples le principe de l'honneur el de la gloire militaire. S'il en est ainsi pour le souffle de la résistance mi litaire, que sera-ce pour la vie politique? Le liberalisme en se divisant lorsqu'il était au pou- voir a rendu possible le triomphe des cléricaux, et sans examiner ici a nouveau la cause de cette divi sion, qui est parfaitement connue aujourd'hui, carac- lérisons-la par une simple comparaison C'est qu'on a voulu faire porter des oranges a un pommier. La coalition clérico-cfóctrinaire ne pouvait produire que ce qu'elle n donné.Nous voila éclairé pour l'ave nir, el noire situation actuelle aura eu eela de bon au moins, de nous réunir, espérons-le, dané un temps prochain, sur le terrain des principes communs, pour devenir, sur ce terrain-la, invincible, a condition, bien entendu, d'en finir avec les vaines paroles, et les fausses promesses, pour entrer dans la voie des progrès el. des réformes serieuses. N'esl-il pas humiliant de penser que pendant les Ireize annéesque nous avons occupé le pouvoir, per sonne n'ait fait urie déclaratiou aussi nette et aussi fiére que celle de M. le baron d'Anethan a M. de Ba ral La Belgique est un Etat qui a inscrit dans sa Constitutioncomme principes fondamentaux la liberlé de tous les culles et la separation absolue de PEglise et de PElat. I! nous fallail celle année 1870 qui a été si fertile en choses exlraordinaires pour donner celle d'un des principes essentiels du Congrès libéral, affirmés par Ie chef du cabinet actuel. Aussi la colère desjour- naux cléricaux, le Bien public en tête, nous dit assez que le langage de M. d'Anethan est désavoué par les poinlus du cléricalisme. La situation va done forcé- ment devenir claire et limpide; d'un cöté le camp de Nos Seigneurs les Evéques, de l'autre celui des libé raux. Le premier aynnt pour ohjectif Ie Syllabus et y merchant avec cette forte discipline que les iésuites connaissent et praliquent si bien Le second combat tant pour que les principes du Congrès libéral de- viennent une véritè. Un troisième groupe se formera-l-il entre les deux premiers? Treize ans de pouvoir doctrinaire abou- tissant a une deroute compléte répondent négative- inent a cette question. L'hisloire nous apprend, en effet, que quand les partis ou les gouvernements dèserlenl leurs prin cipes, ils perdent leur raison d'êtresemblables en cela a des monuments sapes dans leur base et qui s'effondrent lout a coup. Charles X, sous la pression du prince de Polignac, signe les ordonnances de Juillet, viole Ia Charte et Laissez dire, laissez-rous blamer, mais publiez votre pensèe

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L’Opinion (1863-1873) | 1871 | | pagina 1