JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEIENT Le tout payable d'aVANCE. If PRES, Di manche M*iUyième année. lh. 16 Avril 1871. i»l Pltl\ D'ABONNEMENT POUR LA BELGilQUE g francs par an; 4 fr. 50 par semestre. Pour l'Etranger, Ie port en sus. Us Numéro 25 Centimes PRIX RES ANNONCES ET DES RECLAMES 10 Centimes It petite ligne. Corps du Journal, 30 centimes» Paraissant le dimanche. Laissez dire, laissez-vous bldmer, mais publiez votre pensee On s'abonne a Ypres, au bureau du Journal, rue de Dixmude59. On traite a forfait pour les annonces souvent reproduites. Toules lettres ou envois d'aryent doivent itre adressés franco au bureau du journal. La situation. II parait que la Commune a grandement sur- fait les succès de ses bataillons dans les dernières journées. Une dépêche de Versailles prétend que les gardes nationaux auraient élé fort empechés d in- fliger un échec quelconque aux troupes du gouver nement, par le motif péremptoire qu il ny a pas eu d'engagement le II, ni le 12. On se demande comment alors les journaux de Paris ont pu donner sur les combats de ces jours tunt de détails circonstanciés. Le télégraphe avait fort mal résumé les réponses faites par M Thiers aux propositions pacifiques des délégués de la Ligoe pour la défense des droits de Paris. Un point essentiel des bases de transac tion était l'amnistie demandée en faveur de tous ceux qui portent les armes contre le gouvernement de Versailles, et si le chef de ce gouvernement avait déclaré en effet qu'il ne leur garantissait pas la vie sauve, c'eüt été la rupture fatale et sons aucune chance de reprise possible des pourparlers. Mais le langage de M. Thiers a été tout autre. II ne s'est pas borné promettre la vie sauve aux insurgés de toutes les catégories, il s'est engagé a cequ'aucun ne soit recherché, pour fait de rébel- lion, s'ils déposaient les armes. Une seule excep tion a élé formulée par lui elle conceme les assassins des généraux Lecomte et Clément Thomas. Personne assurément n'a pu songer b réclamer l'impunité pourceux-la. II résulte, en outre, des paroles de M. Thiers, que si la Commune cesse le feu, l'armée de Ver sailles s'abstiendra provisoirement, de son cóté, de tout acte d'hostilité. Tout en refusant, d'ailleurs, de signer un traité avec l'insurrection, le chef du gouverne ment a affirmé sa résolution de faire droit aux légitimes prétentions de Paris, en maintenant la République, en donnant a Paris les mêmes insti tutions communales qu'è toutes les autres villes de France, petites ou grandes, et en laissant b la capitale sa garde nationale, sous réserve de l'organisation qu'il faudra donner ultérieurement cette force civique. II n'y a rien qui ne puisse et ne doive être accepté par les esprits les plus libéraux, pourvu que l'on n'écoute pas d'autre voix que celle de la ■raison. Cela ne veut pas dire, malheureusement, qu'il faille compter sur l'acquiescement des gens de l'Hótel de Ville. Rien de nouveau au point de vue militaire. S'il faut en croire le Liberal de Namur, libéral eomme M. Lelièvre donl il est le journal officiel la commission instituée pour rechercher les modifica tions a apporter aux lois relatives aux inhumations, se serait arrêtée a un système qui se résumerait ainsi Toute commune ou association de communes aurait son cimetière civil, tout culte reconnu et professé dans la commune aurait son cimetière confession- nel. Nous devions nous attendre a une pareille propo sition, qui n'est en réalité que l'application du décret du 28 prairial au 12. Voila oü nous conduit la déplo- rable faiblesse dont ont fait preuve les differents mi- nistres de l'interieur sous ['administration dite li bérale. S'ils avaient, ces doctrinaires pusillanimes, saisi courageusement la Legislature de la question des cimetières, s'ils avaient fait reconnaitre par les Chambres que l'inhumation est on acte exclusive- ment civil au point de vue de la loi, nous ne ver- rions pas aujourd'hui MM. les évêques imposer leurs idees en celte raatière et faire décider par leurs fèaux que les cultes peuvent avoir des cimetières particu- liers oü les administrations communales n'auront mot a dire. Mais non. Craignant de déplaire aux uns et aux autres, ménageant le chou macormique et la chèvre episcopale, MM. les doctrinaires ont decrétè le gachis, et les catholiques arrivant au pouvoir se sont natu- rellement hótés de prendre des mesures pour faire donner a cette question, que l'administration dite libérale n'avait osé aborder de front, une solution conforme aux désirs de MM. le evêques. Encore un empiétement du clergé, encore une négaiion des droits de l'autoritécivile! Et c'est votre oeuvre, MM. Rogier, Vandenpeereboom, Pirmez, et doctrinaire Compagnie Un scandale ignoble vient d'étre découvert a Bruxelles. Un mandat d'amener vient d'être lancé contre deux Frères de la Doctrine accuses d'attentals a la pudeur. Un des deux accusés a réussi a éohapper aux recherches de la justice, et sa fuite n'est pas pró- cisément un symptóme de son innocence. La presse clericale elle-même aura quelque peine a considérer cette fugue comme une circonstance atlénuante. Un seul accusè a done compare devant Ie juge destruc tion. 11 a été écrouéaux Petits-Carmes pour être ren- voye devant la Cour d'assises du Brabant; et il aura a répondre d'une série d'attentats a la pudeur, com- mis depuis l'année 1867, presque sans interruption jusqu'en 1871, sur des enfants du sexe masculin, êgés de moins de onze ans au moment oü les faits dénoncés par ['accusation se sont accomplis. Ces deux messieurs appartiennent a la maison des Frères de la Doctrine chrètienne etablie a Saint-Josse- len-Noode, rue de l'Arlichaut. C'est dans eet etablis sement que l'arrestation a élé opérée. Mais c'est t'ècole de la rue de la Batlerie, a Bruxelles, qui a èté le theatre des ignominies dont il s'agit. Les deux accu sés font partie du personnel enseignant de cette école privée, dirigée par les Petils-Frères. II paratt que le nombre des victimes de leur lubri- cité cléricale est trés considérable. La plupart de ces petits garcons ont été assignés comme témoins de vant le juge d'instruction. II y eu avait ce matin prés de quarante au Palais. Voila qui n'est pas nouveau, direz-vous. C'est vrai. Nous sommes depuis longtemps blasés sur l'im- pudicité des pédagogues cléricaux. Médision et Main- bode sont devenus légendaires, et c'est une liste a faire frémir que celle des crimes commis contre la morale, la nature de l'enfance, par tant de marquis de Sade en soutane, une liste plus longue que celle des conquêtes de Don Juan. Mais pour n'être qu'une nouvelle variation sur un vieux thème, le fait que je vous signale n'en aura pas moins de retentissement. Le scandale sera d'autant plus bruyant qu'il éclate sous le règne des cléricaux, dont il vient tronbler la joie et le triomphe; d'autant plus instructif qu'il se révèle au lendemaiQ de la discussion du budget de l'intérieur, a la veille de l'application de la nouvelle jurisprudence sur les écoles adoptées. Le voila cel enseignemeot privé essentiellement religieux dont on vante les merites, dont on veut faire la régie en le consacrant par l'adoption. La ville de Bruxelles n'a rien a craindre. Ce n'est pas dans Ia capitale que les écoles publiques seront confiées a ces gaillards-la, et que l'enseignement des Petits-Frères sera substitué a l'enseignement laïque. Mais que les communes rurales fassent attention a elles. Le saint de l'enfance et l'avenir de la Société en de pareilles mains En meeting anglais. Un vote récent de la Chambre des lords a'Angle- terre, le rejet d'une loi votée par les Communes pour autoriser le mariage des veufs avec leurs belles, sceurs,vient d'exciter de nouveau une grande ir ritation contre la pairie. II ya eu la semaine dernière dans Si-James's hall, A Loudres, un meeting assez tumultueux, qui avait été convoqué sous la présidence de Thomas Chambers, membre du Parlement, sous le nom de meeting d'in- dignation, pour éinetlre un blêtne sévère contre la conduite de la Chambre des lords. Dans l'origine, on devait se bornera dèclarer la conduite de la Chambre des lords inconstitutionnelle et a dernander que les pairs ecclésiastiques fussen t exclus de cetie asst mblée. Mais bientót s'accusèrent trés vivement tous les griefs des masses contre Ie gouvernement; avanl même qu'il eüt pu se faire entendre, le président fut accueilli par les cris dePas de dotation, a bas la dotation. C'est une allusion a la dotation recemment votee pour la princesse Louise. Bientót le cri République éclata dans une par tie de la salie. Une femme, aux galeries, déploya un morceau d'ètoffe rouge. Puis on vit apparaitre un large drape»u rouge qui, se déroulant au-dessus de -

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L’Opinion (1863-1873) | 1871 | | pagina 1