JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENI YPRÉS, Dimanche ]\eu>ième année. A° 18. 30 Avril 1871. Le tout payable d'avance. PKIX «'ABOSIBHEIT FOUR LA BELG IQUE 8 francs par an; 4L fr. 50 par semeslre. Pour l'Etranger, le port en sus. Us Numéro 25 Centimes PRIX RES 4IIOSCES ET DES RECLAMES 10 Centimes I& petite ligne. Corps du Journal, 30 centimes» Paraissant le dimanche. Laissez dire, laissez-vous blamer, mais publiez votre pensee On s'abonne a Ypres, au bureau du Journalrue de Dixmude, 59. On traite d forfait pour les annonces souvent reproduitesToutes lettres ou envois d'argent doivent être adressés franco au bureau du journal. Bjcs marrons du feu. Les doctrinaires font, pour Ie moment, assez piteuse figure. lis avaient compté, ces excellents conservateurs, que Ia discussion de la réforme électorale serait le signal d'une imposante mani festation de l'opinion publique contre le gouver nement clerical et, qui sait? peut être entre- voyaient-ils qu'une telle manifestation pourraït bien tourner a leur avantage. Car si les doctrinaires n'ont rien appris, c'est line justice a leur rendre qu'ils n'ont rien oublié. Ils se sout done rappelé qu'en 1857, a la faveur d'une emotion populaire provoquée par l'impru- dence de lenrs adversaires, le pouvoir, ce perpé- tuel objet de leur convoitise, était tombé entre leurs mains, et l'idée leur est venue que cette bonne aubaine pourrait bien encore leur échoir aujourd'hui. S'ils ont conservé cette douce espérance, nos bons doctrinaires doivent en être complétement revenus depuis bientót quinze jours que la réforme électorale est discutée la Chambre sans avoir soulevé dans la rue Ia moindre petite émo- tion. Dé$us dans leur attente,-nos bons doctrinaires essaient de donner cette absence d'émotlon comme une preuve que ie mouvement qui a poussé vers une réforme électorale était plus factice que réel. Sinon, disent-ils, comment expliquer cette indif- férence si grande en presence d'un projet qui va précisément a l'ericontre des voeux des réfor- mistes Pas n'est besoin de chercher si loin pour s'ex- pliquer ce que nos bons doctrinaires appellent l'indifférence publique. Si détestable que soit le projet clérical qui va être adopté, et précisément paree qu'il est détestable, les rélormistes sont couvaincus que ce projet n'est pas né viable et que, bon gré mal gré, ceux qui le défendent au jourd'hui se trouveront contraints, par la force des choses, de le modifier profondément dans Ie sens des aspirations de leurs adversaires. Oui, c'est notre sentiment intime, une réforme unique- ment basée sur l'abaissement du eens n'a aucune chance de s'implanter dans nos moeurs électorales, et c'est paree que, sur ce point, notre conviction est inébranlable, que, tout en la condamnant au nom des principes que nous avons toujours défen- dus, nous ne saurions pas nous émouvoir outre mesure de son adoption. Faut-il dire ces bons doctriuaires toute notre pensée? Les progressistes n'eussent-ils pas pleine confiance dans l'avenir, ils savent bien que toute émotion qui prendrait sa soiree dans le projet du gouvernement tournerait infiilliblement au profit du doctrinarisme. Divisés comme ils le sont encore sur une foule de questions, es progressistes sont, pour le moment, hors d'état de prendre le pou voir. lis ne pourraient done que tirer les marrons du feu pour ces bons doctrinaires. Eh bien, c'est ce dont ils n'ont nulle envie. Ene bouffonnerie. Le Libéral de Namur, organe du clérical M. Lelièvre, publie les lignes suivantes Ce qui doit rassurer le pays, c'est que du mo ment oü la question des 'nhumations sera résolue, toute question relative au «libéral el au a clérical aura cessé. Cette vieille querelle usée est done sur le point de finir faute d'objel. Le pays, nous l'espéroas, va s'engager dans une nouvelle ére de progrès, sans s'inquiéter du fantöme agité devant nous depuis plus de trente ans. Yoilè qui est entendu quand les cléricaux auront donné a la question des cimetières une solution conforme leurs principes, les libéraux n'auront plus qu'è tendre la main a leurs adver saires, l'accord Ie plus touchant règnera entre les partis politiques, et le pays gouverné a perpétuité par les nouveaux amis de M. Lelièvre, n'aura plus qu'a s'engager dans la voie du progrès. Tant de félicité ferait pleurer de tendresse. Le Bien public fait ur, aveu précieux, qui ré- fute en une ligne tous ses articles passés, pré sents et futurs. Avec le journal Ie Monde il s'é- crie a Le fait de la décadence des races catholiques est certain; la vieillesseet la décrèpitude les atteignent, leur sève est épuisée. Sur eet aveu le rédacteur du Bien public n'au- rait plus qu'a briser sa plume, et confesser ses torts, si la casuistique ne lui suggérait une expli cation. Si les races protestantes, dit-il en substance, ont atteint une supériorité marquée, elles le doivent aux traditions catholiques qui se sont perpétuées dans leurs institutions, tandis que les peuples catholiques se sont laissê gagner par l'es- prit païen. Explication embrouillée qui signifierait que les races protestantes sont restées catholiques au foud, tandis que les races latines sont devenues païennes. Dans ce cas le Uien public n'aurait plus, pour rester catholique, qu'è se faire pro testant. A Monsieur l'Editeur de ^Opinion. Monsieur, II semblera peut-être, au premier abord, puéril ou tout au moins intempestif de venir vous parler au jourd'hui de la nécessilè d'une loi contre les cruautés inutiles que les gavroches campagnards font subir a nos amis les oiseauxalors que les Constitutions royales et impériales de l'Europe autorisent un homme a déclarer la guerre, hécatombe humaine entreprise rien que pour créer des diversions militaires, d'un cceur léger. Mais si les peuples ont le gouvernement qu'ils tné- ritent et qu'ils veulent supporter, le nötre nous per met encore (avec les Lentenhoves, qui peut dire oü nous allons?) de nous livrer a la recherche de tout ce qui constilue une amelioration morale ou matérielle pour le bien-êlre public. Au moment oü la nature va revêtir ses habits de fête, se parer de fleurs, au moment oü dans les bois l'on entendra ('hymne de joie des petits oiseaux, sa- luant leur manière le retour du soleil d'été qui va faire mürir les fruits, et nous donner les belles ré- collesles enfanls de nos compagnes vont se meltre, eux, en chasse dans les bois et les plaines, a la re cherche du nid de nos petits chanteurs ailés. Et quand vous entendrez résonner dans l'air ce cri Een vogel nestEen vogel nest Cri de joie pour le petit cruel, eet age est sans pitié. ce sera le signal de la mort et de la des truction de la couvée qu'il vient de découvrir. Jeux d'autant plus détestables, qu'ils rendent mè- chant et cruel sans que l'enfant s'eo rende compte. Ici, comme dans la plupart des erreurs et des fautes, c'est la sainte ignorance, comme diraient nos ultramontains, qui en est cause; puis encore le pré- jugé qui semble cousacrer les abus. Mais parce qu'ils sont anciens ces abus, en sont-ils meilleurs? Parlez an cultivateur du motif qui lui fail res pecter l'hirondelle altachée au pignon ou sous I'au- vent de sa ferme, et lui fail tuer le moineau, le char- donneret, le corbeauil vous répond que c'est parce que l'hirondelle mange les insectes, et que les autres oiseaux ne se nourrissent que des graines qu'il confie la terre. Ainsi disaient les ancètres, ainsi dirónt les enfants. Usage cruel, et stupide, surtout, parce qu'il va a l'encontre de la vérilé et des intéréts agri- coles. Mais un usage étant mauvais, il s'agit de Ie dé- truire. Pour cela, Ie maitre d'école chargé de faire s 0

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L’Opinion (1863-1873) | 1871 | | pagina 1