Neuilly, qui n'ont pour distraction que le bruit du canon. En vérité, plus j'y réfléchis, plus je suis porté croire que nos bons amis les Francais ont perdu la carte etne sontpar conséquent plus responsables de leurs actes. Jugez-en par ce fait-ci pénétrer dans 1'intelligence de nos petits villageois la lumière, devrait leur dire Que l'oiseau doit être respeete, non-seulemenl a cause de son chant et de son plumage, mais parce qu'il est le meilleur ami de l'homme, le meilleur allié du fermier; qu'il est le destructeur des insectes, des larves et des plantes parasites; que certaines regions du globe seraient inhabitables sans lui, qu'aux tropiques, par exemple, on ne pourrait vivre sans l'oiseau-moucheque tout est admirablement combiné dans l'oeuvre divine, et que tout ce qui existe a sa raison d'êtreque cest un agent pour l'assainissemeut de Fair qu'il n'y a pas jusqu'aux oiseaux de proie qui n'aient leur raison d'étre; que pour un petit poulet que d'aventure ceux-ci voleront dans une ferme, ils croqueront des milliers de souris; qu'en disséquant une buse, un hibou, une chouetle, l'on trouve leur estomac garni de mulots, ces lerribles rongeurs, le fléau de nos greniersque les merles, les pies, les coucous sont d'aclifs destructeurs de larves, de limaces,de hanne- tons, de chenilles, faits que la plupart des campa- gnards ignorent el qui, grace au maitre d'école, da- vraient être connus. Puis Ie législateur a son tour viendrait en aide en èdictant une loi qui sauve les oiseaux insectivores d'une disparition prochaine. N'entend-on pas journellement nos paysans se plaindre de ce que certains de leurs semis sont de- truits en partie par des insectes a peine connus au trefois, mangés qu'étaient aiors ces insectes par nos amis les oiseaux? La nécessilé de ces derniers est tellement reconnue par les Anglais, ce peuple pratique par excellence, qu'ils en ont importé dans l'Australie qui en-était absolument privée. Déja chez nous un membre de la Chambre pour Ie Luxembourg a demandé, dans le temps, un projet de loi pour la protection de nos amis les oiseaux, et le ministre libéral d'alors avait promis dien prendre note. O Que feront nos cléricaux si ce projet vient a leur être soumis? Quoiqu'il arrive, cette question a une double importance D'une part, la nécessilé de com- battre par l'école l'instinct cruel des enfants dans le but de former de bons ciiuyens pour l'avenir; d'autre part, celle d'assurer au pays une alimentation plus compléte, réduite aujourd'hui en partie par la des truction sur une grande échelle des oiseaux insecti vores qu'exterminent nos gavroches campagnards. Un libéral progressisle. 26 Avril 1871. Correspondance particuliere de Bruxelles, 28 Avril 1871. Depuis ma dernière correspondance la situation n'a pas sensiblement changé Parisaucun fait véri- blement sérieux, ne s'est accompli. On en est réduit adisséqueret a analyser les dépêches télègraphiques qui, suivant qu'elle viennent de Paris ou de Versailles, donnent tous les avantages aux troupes de la Com mune ou aux soldats de l'Assemblée nationale. De part et d'autre on s'attribuede nombreux et impor tants succès partiels qui doivent irnmanquablement conduire a une victoire definitive. Je me garderai bien d'insulter au malheur de la France en disant qu'è tout homme un peu reflechi i! serait tout a fait jmpossible de décider quel est en ce moment le plus fou des deux, ou de Paris ou de Versailles. Pendant qu'a Paris on promulge décret sur decret avec autant de reflexion et d'intelligence que procédé une corneille qui abat des noix, a Versailles on ferme obstine- mentles yeux a la lumière et I'on s'obstine a ne vou- loir traiter avec la Commune que comme Turc a More. Entretemps, le sang francais, verse par des mains francaises, cou le a flóts Qu'importe! L'amour- propre est sauf! Paris ne cedera pas a Versailles, Yersaille ne cédera pas a Paris. Toute la question est la I II est bien vrai que pendant que Paris et Versailles se rengorgent dans leur dignité et pren- nent I'un vis-a-vis de l'autre des airs de Croquemi- taine, on tue par-ci par-la quejques centaines, quel- ques milliers de Francais qui ne demandaient qu'a vivre; on bombarde les édifices et les habitations respectées par ces infames Prussiens, on tient enfer- més dans leurs caves, entasses les uns contre les autres et privés de nourriture, les habitants de Les habitants de Neuilly, chacun sait cela, sont les gens les plus paisibles da monde. Un beau jour, ou pour mieux dire, un vilain jour, ces braves gens se voient bombardés et par les batteries de Versailles et par L'arlillerie de Paris. Ne sacbant pas trop pourquoi l'on se battait, ces gens ont pris le parti le plus sage, celui de se retirer dans leurs caves pour échapper la mitraille. Pendant longtemps ils subissent la les effets du bombardement. On propose un armistice de quelques heures pour permettre a ces malheureux de se mettre l'abri des bombes, Vous croyez peut-être que cette proposition sera accepiée immédiatement? Detrompez-vous. Paris dit a VersaillesC'est vous, insurgés ruraux, a nous envoyer un parlementaire pour solliciter de notre magnanimité un armistice qui permettraaux innocents habitants de Neuilly d'échap- per au massacre..... Thiers refuse et les Parisiens, après avoir résisté pendant quelques jours, ont eu, je le dis a leur honneur, le bon sens de faire le pre mier pas et d'envoyer un parlementaire a Versailles. Les habitants de Neuilly sont a l'abri aujourd'hui, mais combien n'y en a-t-il pas qui ont payè de leur vie la coupable et ridicule susceptibilité des gouver- nants de Paris et de Versailles Nous voila plus que jamais éloignés de nous en tendre A propos de la discussion du projet de loi sur la réforme électorale, les amendements pleuvent sur le bureau du président. Celui ci réclame une instruc tion moyenne celui-la se contenterait d'une instruc tion primaire; cetroisième, plusaccommodantencore, ne demande a l'électeur que la lecture et l'écriture, etc., etc. Puis viennent les amendements qui suppri- ment le eens, ceux qui le réduisent, ceux qui le main- tiennent, ceux qui le combinent avec le principe de lacapaoité, etc., etc. J'en compte, des uns et des autres, une dizaine, et mus ne sommes pas au bout. Cette nuée d'amendements inquiète fort peu le ministère et la droile. Que leur importe tous ces sys- tèmes, puisqu'ils sont formement résolus a les repousser tous Pour la droite il n'y a qu'une seule réforme possible c'est celle que propose le gouver nement, et celle-la, ellela votera avec enthousiasme, sans plus se soucier des autres que si Dieu lui-même avait parlé par la bouche solennelle de M. Kervyn. En ceci la droite fait preuvre de bon sens et de dis- cernement. Voyons, se dit-elle, j'ai la un projet de v réforme dont le résullat est infaillible. Les calculs ont été faits et refails. II n'y a pas d'erreur a craindre. Ce projet passant, c'est la majorité parle- mentaire assurée mon parti pour une vingtaine d'années au moins. Au contraire, si je vote les o amendements de la gauche, je ue vois plus oü je vais. Qui sait? Peut-être la réforme que nous aurons faite pour nous et rien que pour nous tournera-t-elle a l'avantage de nos adversaires Ainsi raisonne la droite. II y aura bien trois ou quatre dissidents, telsque M. Nothomb, favorable a la condition de savoir lire et ècrire, et M. Dumortier, hostile a toute réforme quelcooque, mais le vote du projet saus amendement est dés a présent assuré. Quant la gauche, elle n'est pas sur le point de se mettre d'accord sur le système qu'elle doit opposer a celui du gouvernement. A la rigueur, la fraction avancee pourrait s'entendre avec les doctrinaires sur l'abaissementdu eens Nous connaissons, en effet, un amendement signéde MM. Demeur, de Fuisseaux, Couvreur, etc., qui acceptent les conditions du eens réduit, bien entendu avec des garanties de capacité. Mais si l'entente est possible quant au eens, elle devient de moins en moins probable en ce qui con- cerne le degre de capacité que l'on peut et qu'il faut exiger de l'électeur. Je ne vais pas disculer ici cette question. II me suflit de constater qu'elle est la pierre d'achoppement qui rendra vraisemblablement impos sible tout rapprochement èntre les diverses nuances de l'opinion libérale sur le terrain de la réforme élec torale. On ne sait rien de ce qui s'est passé dans la der nière assemblée générale des Cercles calholiques, si ce n'est qu'elle a été fort nombreuse. Quant aux réso- lutions qu'elle a pu prendre, je ne suis pas, pour ma part. trés curieux de les connaitre, convaincu d'avance qu'elles ne présentent aucun intérêt. Quand les cléri caux ont des mesures importanles a délibérer, c'est toujours dans le plus profond mystère. Soyez sür, au contraire, lorsqu'ils se réunissent a grand bruit, qu'ils n'ont rien de bien intéressant a se commu- niquer. Le bruit de la retraite prochaine de M. Kervyn de Lettenhove a circulé de nouveau ces jours derniers. Je ne vous dirai pas si ce bruit est fondé ou non. Ce dont je suis certain, c'estque la droite verrait avec beaucoup de plaisir que le noble baron déposêt son portefeuille. On a prêté a des membres de la droite des mots trés désobligeants pour le verbeux sire de Letten hove. Peut être ces mots sont-ils de pure invention, mais il n'en est pas moins certain que le ministre actuel de l'inlerieur n'exerce aucune autorité sur son parti et que sa retraite serait vue avec infiniment de satisfaction par ses propres amis. Les nombreuses victimes du cher fils du pape, le comte Langrand-Dumonceau, viennent de recevoir une nouvelle qui met le comble a leur exaspération. Non-seulement ils doivent faire leur deuil de Ia pres- que totalité du capital versé, mais ceux d'entre eux dont les actions ont été illégalement converties en obligations doivent rapporter a la faillite les intéréts qu'ils ont touchés du chef de cette conversion. Avis de cette désagréable nouvelle leur a été donné par les curateurs. J'en connais de ces doux moutons qui se laissaient jadis si docilement tondre et qui aujour d'hui sont devenus féroces. Ils ne parient rien moins que de se refuser a cette restitution, odieuse suivant eux, et ils sont décidès a se laisser exécuter par au torité de justice plutót que d'y conseutir. Je leur con- seille de renoncer leur projet de resistancela loi est fornielle. Le vin est tiré, il faut le boire jusqu'a la lie. L'expertise des taureauxqui a lieu habituellement a Ypres, se fait cette année dansles communes. C'est une précaution que l'on prend contre la peste bovine et la loi sur la malière prescril mêrne aux délégués chargés de cette expertise de se rendre dans chaque ferme afin d'éviler le contact du bétail sortant de diverses étables. Cette mesure si sage n'est pas observée. Pas plus tard que jeudi, dans une commune k proximitè de la ville, tous les laureaux de la localité ont éte rèunis sur la placec'est la que l'examen a eu lieu. Nous signalons la chose a l'aulorité supé rieure qui a le devoir de rappeler a MM. les experts les prescriptions de la loi, lorsqu'ils les oublient. Pareil oubli peut avoir des consequences trop graves en ce moment pour que nous n'insistions pas tout particulièrement sur les faits que nous venons de signaler. üliécrologie. Mardi dernier, a 4 heures du matin, est mort d'une attaque d'apoplexie foudroyante, M. Frédéric Gorissen. Né a Huy, il était professeur de poésie et de rélhorique au Collége Communal d'Ypres depuis 1845. Get excellent établissement destruction moyenne, I'espoir de la Ville. perd en lui un de ses meilleurs et de ses plus dóvoués professeurs. La mort si soudaine de cet homme de bien plonge son épouse et ses enfants dans la plus profoude afflic tion elle sera aussi vivement ressentie par ceux qui ont eu le bonheur de vivre dans son intimité. ACTES OFEICIELS. Un arrêté royal du 16 avril nomme le baron

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L’Opinion (1863-1873) | 1871 | | pagina 2