JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT
YPRES? I)imanche
lYeuvième année. N° 10.
5 Mars 1871.
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POUR LA BELGIQUE
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Us Numéro 25 Centimes
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au bureau du Journalrue de Dixmude, 59.
On traite a forfait pour les annonces souvent reproduites. Toules lettres
ou envois d'aryent doivent dtre adressés franco au bureau du journal.
Nous nous sommes promis de revenir sur le
dernier discours de M. Alph. Vandenpeereboom
a la Chambre des representors. Depuis que notre
représentant a quitté le pouvoir, il parle peu.
Raison de plus pour ne pas laisser passer ina-
pei^u dn discours qui, a beaucoup d'autres titres
encore, se recommande a I'attention de ses com-
mettants.
Rappelons brièvement les circonstances.
Accusé p,ir MM. de Rossius et d'Andrimont
de favoriser l'enseignement congréganiste au dé
triment de renseignernent laïque de I'Etat, M.
Kervyn de Lettenhove avait répondu, en termes
de défense, que s'il lui était arrivé d'adopter des
écoles d'iristitutrices religieuses, il ne se sentait
pas, en definitive, plus coupable que le libéral
M. Vandenpeereboom qui en avait fait tout au-
tant a l'époque oü il dirigeait Ie département de
{'intérieur.
Cette assimilation a touché notre représentant
dans son vif, et c'est pour la repousser qu'il
a pris la parole dans la séance du lendemain.
Ecoutous ses explications. Elles sont édifiantes.
M. Vandenpeereboom nie-t-il avoir accordé
l'agréation a trois écoles normales de religieuses?
Non, il confesse en avoir agréé trois, une Bru-
gelette, une autre h Champion et une troisième A
Wavre Notre Dame. Mais, dit-il, ces écoles ne
devaient avoir aucune influence sur le person-
nel enseignant laïque des écoles defilles, et
voici comment I'orateur s'y prend pour justifier
sa thèse, en ce qui concerne l'école de Brugelette.
Nous citons d'après les Annates parlemenlaires
L'école de Brugelette est dans une position toute
spécialec'est un orphelinat. On m'avait exposé
qu'il serait avanlageux d'y instituer uu cours,
normalavantageux, d'un cóté, pour les pauvres
orphelines qui, pouvant ainsi se procurer un
diplóme, trouveraient une carrière honorable dans
0 l'enseignement; de l'aulre, qu'en règle générale, il
est reconnu que les orphelinals sont d'excellentes
écoles normales.
En effet, les enfants y enlrent jeunesön peut
voir si elles oDt des aptitudes, si leur condition
physique leur permet de se livrer a l'euseigne-
ment.
C'est simple comme bonjour, n'est ce pas?
On (l'évèque de Tournai probablement) avait
exposé a M. Vandenpeereboom qo'ii serait
avantageux d'instituer a Brugelette un cours
Dormal. Notre représentant n'en demande
pas davantage et il se héte d'accorder l'agréation
au couvent de Brugelette. En véritéon ne saurait
se montrer plus aimable.
Mais, direz-vous, cette agréatïon n'a pas pu
être accordée sans l'avis de la Députation perma
nente du Hainaut, dont les sentiments libéraux
sont bien connus. Ii y avait fa une garantie...
N'allez pas plus loin l'avis de la Députation
permanente dn Hainaut a été Jemaridé, en effet.
Seulement, comme il était défivorable a l'agréa
tion, on n'en a tenu aucun compte.
Si j'ai adoptél'établissementde Brugelette, con-
trairement a l'avis de la députation permanente,
dit M. Vandenpeereboom, c'est paree que l'oppo-
silion qu'ouy faisait me semblailprendrenaissance
dans une espèce de rivalité locate. On craignait
tort la concurrence pour une autre école normale
de la province.
J'ai done cru qu'il y avait lieu de passer outre.
N'est-ce pas charmant? La Députation, com-
posée en entier de libéraux, fait observer a M.
Yandenpeereboom que l'agréation de l'école des
bonnes soeurs de Brugelette va causer du tort
une autre école normale de la province, laïque
celle-ci, et le grand libéral passe outre M. Ker
vyn lui mème n'aurait pas pu mieux faire, et
comment, après un tel aveu,M. Vandenpeereboom
ose-tïl encore prétendre que les écoles qu'il a
agréées ne devaient avoir aucune influence sur
le personnel enseignant laïque des écoles de
filles?
Passons maintenant a l'agréation des écoles de
Champion et de Wavre-Notre-Dame. Ici la jus
tification de M. Vandenpeereboom est plus cu-
rieuse encore.
Messieurs, dit-il, je n'ai pas besoindele rappeler
a la Chambre, tous les ciloyens et toutes les
d citoyennes beiges sont égaux devant la loi.
Les religieux et les religieuses peu veQt, comme
les laiques, enseigner dans les écoles communales
ou diriger des écoles adoplées.
II arrive parfois, trés raremeut, que des com-
munes témoigneut l'iulentiondenommer dessceors
inslilutrices communales et d'adopter des écoles
dirigées par des congregations.
Quaud les inslilutrices ont un diplóme de capa-
cité, sont élèves norinales, il n'yaaucune dilficulté
quand au contraire elles n'en ont pas, il faut les
soumeltre a un examen particulier et on arrive
souvent alors des résultats peu favorables pour
les récipiendaires. Beaucoup de religieuses qui se
présentaient devant le jury d'examen faisaient
preuve de connaissances, je Ie veux bien, mais
presque aucune ne connaissait i'art d'enseigner, el
par suite le gouvernement était obligé de refuser
ou d'ajourner l'agréation de l'école adoptée. De la
des diflicultes, des lulles a n'en pas finir.
Pour prévenir ces difficultés, on fit la proposition
suivante
On me ditles institutrices religieuses n'ont
pas de méthode, c'est vrai; mais comment voulez-
vous qu'elles en aient une? Elles ne peuvent pas
fréquenter les écoles normales publiques; une
novice, une religieuse qui est enfermée dans sou
couvent peut-elle aller s'asseoir sur les bancsd'une
école normale publique en compagnie de demoiselles
o du monde? Pourquoi n'autoriserait-on pas la for-
mation d'un certain nombre d'écoles normales
v spéciales pour religieuses.
Et c'est cette proposition mirifique que
M. Vandenpeereboom, le grand libéral, agréa
comme ia chose Ia plus simple du monde! On
n'en revient pas de lire des choses semblables
dans les Annates parlementairessêrieusement
débitées par un homme qui fait profession de
libéralisme et qui a eu l'honneur de diriger le
département de l'intérieur sous un ministère soi-
disant libéral.
Quoi, il y a un enseignement qui fait celui
de I'Etat une concurrence désastreuse, bien que
les institutrices qui en sont chargées ne con-
naissent .pas, pour la plupart, I'art d'enseigner,
et c'est vous, ministre d'un gouvernement libéral
ou quolifié tel c'est vous qui procurez a
ces institutrices les moyens de ruiner plus com-
plétement encore l'enseignement de l'Etat en
organisant pour elles des écoles ou elles pour»
ront recevoir et donner une instruction conve-
nable? En vérité, on croit rêver!
Après cela, fibre M. Vandenpeereboom de
préférer l'enseignement congréganiste a l'ensei
gnement laïque; mais qu'il ait, du moins, la
bonne foi d'avouer ses préférences et qu'au lieu
d'afficher des opinions libérales, il se décide une
bonne fois a conformer son langage ses actes en
avouant que toutes ses sympathies sont pour les
cléricaux.
A Monsieur l'Editeur de /'Opinion.
Monsieur,
Les journaux doctrinaires en sont encore toujours
aux récriminations stériles, quoique les quarante-
huit heures que Ie condamnó a pour maudire ses
juges soient passées. Vaines plainles qui ne servent
a rien pour notre cause aujourd'hui vaincue
Mettons-nous plulót a l'ceuvre sans perdre un seul
jour pour combattre et vaincre la théccratie qui nous
menace.
Ferrailler entre nous, quand des nuances nous
divisent, alors qu'un abime nous sépare des ultra-
montaius, c'est puéril et stérile.
Que pourrons-nous avec la discorde et ladésorga-
nisation, contre une année qui obéit comme un seul
homme, et suit sloïquement le lüot d'ordre
L'entente est done la question d'être ou de n'étre
pas; maiscomment l'obtenir? Comment faire cesser
cette espèce de schisme qui crée autant de petit
L'OPINION
Laissez dire, laissez-vous blamer, mais publiez votre pensee
Ml. Alphonse du EeUenliove.