S. Esprit, nous tenons pour respectables,beaucoup plus respectables que tous ces convertis de la der nière heure, ceux donl les convictions sont assez fermes pour résister jusqu'a la fin a toules les sug gestions et aux plus fallacieuses promesses. Le Journal d'Ypres sera-t-il satisfait de noire declarationEspérons-le et qu'ils nous soit permis d'ajouter one dernière observation. Jouant sur les mots, ledefenseur du distinguo se mêle de pedagogue et nous donne des lecons de diction. Nous ne préiendons pas a la perfection dn style. Quand nous voudrons néanmois apprendre le beau langage, ce n'est pas au Journal d'Ypres qué nous nous adresserons, pas plus que nous n'irons chez les j petils Frères chercher des lecons de morale pratique. Les chemins de fer et les posies vont de mal eu pis. Dimanche passé, le train de Bruxelles est entré en gare d Ypres a 6 h. 30 m. du soir au lieu de 8 h. 25 m. Deux jours plus tard, c'etait le train de 9 h. 05 du matin qui arrivait a 9 h. 45 m. Pour les postes, il ne se passe pour ainsi dire pas de jour que nous n'ayons quelque irrègularité a si gnaler. Goinme nous l'avons dit dèja, a chaque recla mation l'autorité superieure ordonne une enquête avec un zèle auquel nous rendons hommage. Mais comment veut-on que ces enquêtes aboutissent? On en charge les intéressés mêmes et leur rèsullat est natureiiement toujours nul, a moins pourtant que ce ne soient les lésés qui aient lort. N'avons-nous pas vu récemmenl encore un n° de notre journal timbre le 14 janvier a Bruxelles et Ie 17 au bureau de destination et l'administralion pré- tendre, après enquête, que ce n° avait été retnis le 45? Comment avoir toujours raison d'un service oü les employés sont siforts? Une leltre que nous recevons nous appreud qu'un colis expédié par chemin de fer d'Ypres le 1" mars, est arrivé entièrement dótérioré a Bruxelles le 5; l'expéditeur nous demande ce qu'il lui resle a faire? Pour cette fois, rien, Monsieur pour la prochaine fois, charger le colis sur vos épaules et le porter vous-même a Bruxelles. On nous affirme que, depuis plus de buit jours, le gaz n'est plus allume le matin dans les rues de la ville? Est-ce en vertu du nouveau conlrat cette amé- lioration.... a rebours? Calino dëpassé. A propos du o respect pour les morls. Le Jour nal d'Ypres, parlant d'une personne dont il veut faire l'éloge funèbre, publie la naïveté que voici a Le jour de ses funérailles a etè, qu'on nous passe l'expression, ne vous gênez pas, Journal d'Ypres, «la seule ovation de sa vie. N'est-ce pas ici le cas de dire Mieux vaut lard que jamais Ah I Calino, Calino, vous êtes crue! pour les vólres. M. Vandenabeele que le ministère de la Visitation avait fait poursuivre pour avoir crié Vive la Répu- blique\ vient d'être acquitte a l'unanimilé par le jury d'An vers. Un imprimeur de Schaerbeek, M. Greuse, ruiné, dit-il, par suite de l'arrêtè royal qui a modifié l'or- thographe de la langue flamande, vient d'adresser une petition a la Chambre pour obtenir une indem- nité. II estime a plus de 90,000 fr. la perte qu'il a faite par suite de la publication dudit arrêté, qui l'a mis dans l'impossibilité de vendre ses dictioDnaires d'après l'ancienne orthographe. Cetarrêle n'a-t-il pas vu le jour sous le ministère de M. Alphouse Vandenpeereboom Chasse. Par derogation a l'arrêtè ministeriel du 23 février dernier, la chasse a lir a la bécasse dans les bois est. ouverle dans toutes les provinces a partir du 5 mars courant jusqu'au 15 avril inclusivement. On s'est done apercu a la fin de la bevue que fai- sait le premier arrêtè ministèriel en ouvrant la chasse aux bècasses le 4 0 mars, e'est a-dire quand le pas sage des bècasses éiait fini. Nous recommandons 5 la sérieuse attention de nos abonnés la lecture attentive de Particle ci-dessous, que publie le Libéral de Louvain. Nous aussi nous avons fait plus d'une-fois ressortir les dangers de l'indifférence en matière politique et nous sommes heureux, au moment ou les événe ment nous donnent raison, de trouver un confrère qui se joigne a nous pour avertir nos compatriotes du sort qui les attend s'ils persistent a s'éloigner des affaires publiques et a laisser leurs franches- coudées nos sdversaires pour qui la religion n'est qu'un masque et la politique I'unique but, l'objet principal de leurs constantes préoccupa- tions. L'indifférence. 11 ne faut pas s'occuper de politique; cela ne conduit a, rienet ne peul servir qu'a se faire des ennemis, sans profit aucun. II est peu de pères de families, et pour ainsi dire aucune mere, qui n'aient tenu ce langage a leurs fils. Combien d'hommes lances dans Ie tourbillon des af faires ou égarès par un ótroit esprit d'égoïsme, ne di- sent pas que la politique est pour eux chose indiffé rente; d'autres encore, froissés dans leur amour- propre, decus dans leurs espérances, ou revenus d'illusions trop genéreuses, déclarent que e'est folie de vouloir s'occuper des affaires publiques. II y aura toujours assez d'hommes, disent-ils, dans leur facheux aveuglement, qui se chargeront de guider le char de l'Etat; que nous importe la main qui tiendra les rênes, pourvu que l'ordre ne soit pas troublé, et que nous puissions jouir en repos du fruit de noire travail et de nos peinesl L'époque est favorable cet esprit d'indifférence tout pousse aux grands développements de l'indus- trie et du commerce; les intéréts matériels domi- nent le monde et étouffent les elans de liherté et de progrès. Begardons autour de nous et voyons ce qu'il est résullè de ces sages conseils, de ces deceptions et de ces calculs intéressés. Qu'ils sont rares, aujourd'hui, les jeunes gens, jadis si nombreux, se livrant avec amour a l'étude des grandes questions politiques et sociales, prêts a se dévouer avec un noble dèsinté- ressement a la cause qu'ils embrassent. Plus de généreuses aspirations; plus de passions pour les principes sociaux; plus d'eludes, plus de travail en vue d'un avenir meilleur pour tous. Le plaisir, les jouissances matérielles ont pris la place des preoccupations intellectuelleson est vieux avant le ternps. Les pères de families ont atieinl leur but leurs fils ne s'occupenl plus de politique. Fatal rèsullat, car cetle indifference procure a ceux qui veulenl dominer la sociele, pour la I'aconner a leur guise, une situation ardemment desirée et dont ils sauront tirer profit. Deja, en Belgique, ils ont conquis Ie pouvoir; bienlót ils sauront Ie faire servir a asseoir leur domination absolue, au mépris des institutions qui, pendant 40 ans, nous ont assuré l'ordre el la liber té. Le jour oü ils se sentironl assez forts pour attenter a la Constitution, ils le feront pour nous doter d'un paele fundamental, conforme a I'es- prit de 1'EhcYclique el du Syllabus; ils le doivent, car leur foi. leur conviction el leur intérêt les con- traint a une soumission absolue aux ordres de la pa- pauté. Ce jour-la, plus rapproché, peut êlre, qu'on ne le pense, vous regretterez, 6 jeunes gens, d'avoir trop docilement suivi les conseils de l'ègoïsme palernel, el les avis des gens désillosionnes. Quand on coudam- nera la libertè de consciencequand la liberie de la presse ne sera plus qu'un vain molquand pour ob tenir une fonction pubhque, la pièce essentielle sera un billet de confession quand Fabsolutisme aura remplacé le gouvernement parlementaire, vous re gretterez d'avoir laissé a d'autres le soin de s'occuper de politique. II vous faudra bien alors revenir a ce travail que vous dédaignez aujourd'hui et pour re- conquérjr les libertés perdues, que de peines, que d'efforts et peut-être que de sang répandul I Qu'on ne nous accuse pas d'exagération ou de ter- reurs imaginaires. La France nous sert d'exemple. Pendant'vingt ans on y a èlouffe l'essor libéral; pen dant vingt ans on a tout fait pour endormir les popu lations, pour les rendre indifferentes aux questions politiques; pendant vingt ans les mères de familie, les chefs d'institution, le clergé, toutes les influences ont agi sur l'esprit de la jeunesse pour l'éloigner de ces questions irritantes; on a poussé jusqu'au délire la soif des appétits matériels; on a étouffé les pas sions de parti; on a réussi a créer cette indifférence sur laquelle s'est assis un empire tout-puissant, pou- vant tout et osant tout. Puis après vingt ans d'un •règne, la honle de l'histoire, vingt ans, pendant les— quels le chef de l'Etat et le clergé ont vécu en parfaite harmonie, il s'est trouvé que la France était déchue, énervée et corrompue. Le régime de l'empire et les jouissances matérielles l'avaient ramollie au point de la rendre impuissante les plus épouvantables dé sastres ont prouvé a cette généreuse et malheureuse nation qu'en abdiquant, pendant si longtemps, toute initiative entre les mains d'un seul, en renoncant a s'occuper de politique, elle était devenue indigne de son passé. Que les ruines, dont la France est couverte, servent de lecon a ceux qui croient servir leur intérêt et sauvegarder leur fortune, en faisanl prévaloir l'in différence politique. Qu'ils sacheat- et qu'ils retien- nenl que le bonheur de chacun est subordonné au bonheur de tousqu'ils disent a leurs fils que les questions politiques ne sont pas seulement intéres- sanles pour le pays, mais qu'elles intéressent aussi chacun des citoyensqu'un gouvernement peut com- promettre l'Etat lout entier en même temps que chacun de ses habitants, comme il peut sauvegarder la sécurité de tout le monde. 11 est done de l'intérêt de tous les citoyens de s'occuper de politique et il est du devoir de chacun de savoir en quoi elle consiste. L'indifférence tue, Ia lutte vivifie. Correspoudance particuliere de I'OPIltlOS. Bruxelles, 9 Mars 1871. Les nouvelles que nous recevons de Paris sont loin d'être rassurantes. Belleville et Montmartre sont transformés en une sorte de camp retranché oü les gardes nationaux de ces quarliers se sont établis pour défendre disent-ils la République contre le gou vernement el contre la majorité de l'Assemblée na tionale qu'ils soupconnent de peu de sympathie pour cetle forme de gouvernement. Je ne crois pas nou plus cette majorité éprise d'un bien vif sentiment de sympathie pour la Repuhlique, mais ce ne sont certainement pas les violences de MontmartreetdeBellevillequi le feront naltre.Le temps n'est plus oü les peuples se payaient de vains mots. La République, plus encore que les autres formes de gouvernement, doit assurer, avant tout, l'ordre et la liberlé. Si elle manque a ce devoir, elle n'est plus qu'anarchie et despotisme et devient a la fois un objet de tristesse et de dègoüt pour tous les amis du progrès. En persévérant dans leur quasi-révolte, ou en tolérant qu'une majorité subisse ainsi la loi de la minorité factieuse. les Parisienss'exposent a détruire les sympathies qui, au dehors commencaient a se manifester en faveur de la République, sympathies si reelies que des journaux de Londres en sont arrivés a plaider la cause républicaine, même au point de vue pureroent anglais, lis c >urenl aussi le risque de voir perdre, au moins momentanément, a leur tumui- tueuse citè, sa fonction, si importante au point de vue politique, de capitaie legislative de la France. Déja nous savons qne Versailles a été choisi pour le siége de l'Assemblée nationale. Ce n'est la encore qu'une mesure provisoire, mais que les circonstances pour- raient rendre définitive. Le Joürnal de Bruxelles croit savoir que les pléni- potentiaires chargés de rédiger le traité définitif de paix se reuniront a l'hötel du ministère des affaires étrangères, et non pas a l'Hótel - de - Ville de Bruxelles, comme on l'avait cru d'abord. Ces négo- ciations se poursuivront, d'ailleurs, sans aucune espèce de solenniléet les propriètaires qui y avaient vu une occasion d'opèrer une nouvelle hausse sur leurs loyers en seronl pour leurs espérances. L'incident Van den Abeele, qui a accupé presque toute une séance de la Chambre, vient de fournir une nouvelle preuve de l'incurable médiocrité du

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L’Opinion (1863-1873) | 1871 | | pagina 2