litique. La Belgique a marché depuis 40 ans pas assez vite a notre gré mais enfin elle a marché et le moment n'est pas éloigné oü elle sentira le besoin d'approprier ses institutions aux progrès qu'elle a réalisés dans 1'ordre moral et politique. La justification d'Escobar. Nous avons eu l'insigne honneur d'être, celte se- maine, Ie sujet de la prose biblique du Journal d'Y- pres. L'organe clérical a été sensible au reproche que nous lui avons fait d'avoir tronqué nos pensées et falsifié nos phrases. Nous en sommes fort fachés pour lui. Düt cepen- dant sa peine s'en accroitre encore, nous maintenons notre accusation. Ce n'est pas le nouvel essai de jus tification qu'il balbutie daus son n° du 22 qui nous en fera revenir. A notre exeinple, il met en regard les deux arti cles, au moins en partie; car tnalgrè ['observation que nous lui en avons déja faite, il persisle a suppri- mer prudemment la conclusion du nóire. Puis, aprés cette rouerie jesuitique, d s'ecrie bravement Si 1 'Opinion désire une troisième edition de son hisloire, elle n'a qu'a le dire. Oui, aimable confi'ère, donnez-nous un grand nombre d'èdilions de cette hisloire la. Plus il y en aura, plus le public pourra se convaincre de vos pieux mensonges et de vos cèlestès falsifications. Mais au moins n'oubliez pas cette fois notre conclu sion Tous ceux qui aspirent a l'anéantissement de l'esprit clérical en Belgique, doivent done, se basant sur l'expérience de ces vingt-cinq dernières années, aspirer a voir arriver au pouvoir un parti autre que le parti doctrinaire. Celui-ci est tombé paree qu'il était impuissantet pusillanime; c'estense montrant ferme et inébranlable dans la réalisation des prin cipes de progrès et d'émancipation, que le parti radi cal manifestera son aptitude a délivrer la Belgique de la lèpre cléricale. L'Ane portaal des SSeliques, Le Journal d'Ypres est allé demander a 1867 ses moyens de polémique et, en comparant son humiliant échec d'alors a la victoire inespéree d'aujourd'hui, il ne se sent pas de joie. Nous le comprenons aisément. Mais si la joie est licite, i'orgueil e.st imprudent. Quoiqu'il en soit, il nous accable nous voulons dire, il nous honore de son plus profond dédain. A l'en croire, nous sommes «16 petits ambitieux, qui seraient demain enlichés du doctrinarisme le plus fieffó, voire même du cléricalisme le plus dé- vot, si aujourd'hui on leur donnait un os, pris dans la rnarmite du budget, a ronger. Tout doux, superbe confrère, vous étiez moins dif ficile autrefois II nous souvient encore de certain manifeste rölatique inséré dans vos colonnes la veille de certaine élection communale et dans leqnel vous imploriez en pleurnichant l'appui de ces avances que vous méprisez si fort aujourd'hui. Vous écriviez entr'autres cette phrase, sublime de naïvelé Seuls, nous ne pouvons rien! Serait-ce paree que nous avons repoussè voire os que vous êtes devenu si hargneux? Et les dernières elections! Nous en pour- rions raconter d'edifiantes sur les démarches, les ca joleries, les promesses que tous prodiguiez alors a ces 16 soi-disant avances, ces farceurs. Farceurs 1 Serait-ce peut-êire paree que leur cönduiie n'a pas répondu a voire espoir que vous les honorez de cette épithète? Et de quel nom done appeler vos amis qui s'abaisseut jusqu'a solliciter Ie Concours, le vote de ces farceurs? Pouah 1 De ce que vousavez remporté au mois d'ao.üt un triomphe sur lequel vous-rnêine ue comptiez pas et récluit les forces du parti liberal dans la ville d'Ypres a une majdrite de 86 voix, gardez-vous de conclure que celte ville adopte vos principes rétrogrades Pour vous prouver Ie contraire, elle attend impa- tiemment les prochaines élections communales. Ce qui a fait uniquement voire succès, e'est Ie dégoüt qu'inspiraient nos doctrinaires et si ceux oi. plus sages, avaient pratiquè une politique plus ferme et moins égoïste, vous rrauriez pas a vous vanter de vos succes aujourd'hui. Celte verité élémentaire saute aux yeux de tout homme clairvoyant. En altribuant a leur propre influence, a la puissance expansive de leurs doctrines Ie résultat électoral du 2 aout, les clé- ricaux jouent le róle de l'Ane de la fable Un baudet chargé de reliques S'imagina qu'on l'adorait; Dans ce penser il se carrait, Recevant comtne siens l'encens et les cantiques. Deux questions. Toujours dèsireux de nous instruire.surtout quand nous savons être a bonne école, nous prion's le péda- gogue émérite qui tient la plume au Journal d'Ypres de nous dire 1° Ce que peut bien être le vaisseau éclayé du doctrinarisme? o 2° Comment, avec un vote, on peut radoubler (bé! bé!) un vaisseau.,.. même éclayé? Si l'explication ia Journal d'Ypres est satisfaisante, a lui le 41mo fauteuil- de ('Académie francaise! Habemus confitentem reum. Les lignes suivantes, qui le croirait, sont extraites de la Patrie, organe de Mgr I'Evêque de Bruges La présence d'un harmonium dans un concert nous fait toujours redouter quelque psalmodie d'église. M. Maas, un de nos compalriotes, lauréat du Conser vatoire de Bruxelles, est venu dissiper tous nos préju- gés a l'égard du saint instrument eu exécutant un morceau de la plus franche gailó la Fëte villageoise, de M. Mailly. Voyez-vous cela I Les psalmodies d'églises sont bonnes pour les paysans, les meneurs du troupeau s'en moquent, ils trouvent que le saint instrument manque absolument de gaitè, si ce n'est dans la gau- driole. Un bon point a Ia Patrie, voila du moins de la franchise, une fois par hasard, Journal de Bruges). Correspondance particuiière de l'OPIHIOX. Bruxelles, 24 itlars 1871. La rupture est compléte entre Paris et le gouver nement institué par l'Assemblée nationale. M. Thiers et les ministres, abandonnant Ia capitale a elle-même, se sont retirés a Versailles, sous la protection d'un corps de dix mille hommes commandé par le général Vinoy. lis y ont été bienlöt rejoints par l'Assemblée elle-même, qui a leuu, lundi dernier, sa première séance. Elle s'esl montrée calme et digne, et son atti tude, disons-le a son honneur, a éte ce qu'elle devait être dans la situation grave et douloureuse que lui fait la sédition de Paris. Les dernières uouvelles semblent accuser un sen timent de réaction contre le gouvernement révolu- tionnaire. Encourages par ('excellente attitude de la presse, les hommes d'ordre commeneent a ólever la voix. On cite des officiers supérieurs de la garde na tionale qui annoncent haulement l'intention de ne reconnaitre aucune autorite autre que celle de l'As semblée. D'autres indices encore et les hesitations mêmes du gouvernement révolutionnaire tendent a faire supposer que Paris ne s'accommodera pas long- lemps du regime que quelques factieux sont parve nus a lui imposer en un moment de surprise. Mais le coup est donnè et je doule, pour ma part, que Paris s'eu relève de longlemps. Au moment oü j'achevais ces lignes, de nouvelles et déplorables informations nous arrivent de Paris. Le sang a coulè dans les rues. Les insurges ont accueilli par des coups de fusil une manifestation paisible et qui n'avait d'autre but que de protester pacifique- ment contre l'incroyable usurpation du pouvoir sou- verain par une bande d'insurges sans autorite et sans mandat. Plus de trente personnes, disent les pre mières depêches, ont ete tuèes ou biessées dans cette affreuse collision. On mande, d'un autre cólé, que M. de Bismark a ordonné un mouvement de retour sur Paris au com mandant en chef des arinées allemandes et que cette vilie est menacée d une occupation immédiate, voire même d'un bombardement, si le gouvernement ne parvient pas y rélablir 1'ordre avant dimanche. Rétablir 1'ordre, mais comment? Par quels moyens? La partie de l'armée qui n'a pas passé a l'émeute est évidemment insuffisaate pour la réduire et, quant a la garde nationale, il ne semble pas qu'il y ait a comp ter sur elle plus que sur l'émeute. Tout le monde prévoit ici que les Prussiens vont rentrer dans Paris et, pour parler franchement, je ne crois pas qu'on en soit faché, tellement ces derniers événements ont jeté de découragement même parmi les coeurs les plus sympathiques a la France. Pendant que eet épouvantable drame se poursuit a Paris, notre Chambre des représentants continue paisiblement la discussion de la proposition de M. Muller. L'honorable représentant de Liége propose, comme vous savez, d'inscrire au budget de l'Etat une somme de 50,000 francs destinée a permettre au gouverne ment de subsidier les écoles moyennes de filles orga- nisées par les communes. Le gouvernement, qui fait si volootiers parade de sa soi-disant sollicitude pour les intéréts de l'ensei- gnement, trouvait dans cette proposition une excel lente occasion de confondre ses adversaires, qui l'ac- cusent de ne mettre jamais ses actes en conformilé avec ses paroles. Mais l'épiscopat ne veut, a aucun prix, entendre parler d'un enseignement susceptible de faire un jour une redoutable concurrence aux ecoles congréganistes. De la la resistance du gouver nement, dont les complaisances pour MM. du haut et du bas clergé ne sont un mystère pour personne. V M. Debaets a déposé, dans la séance d'aujourd'hui, la proposition da loi qu'il avait annoncée il y a long- temps déja. Si j'ai bien compris, a la lecture qu'en a ,l faite le président, M. Debaets propose d'attribuer exclusivement au jury la connaissance des« délits de la presse. Quant aux faits dommageables, non qualifies délits par la loi pénale, la reparation devrait également en être poursuivie devant la cour d'assises et ce serait au jury a juger si le fait de presse incriminé est de nature a juslifier une action en dommages-intérêts. La proposition de M. Debaets ne touche pas a la question de la contrainte par corps en matière de presse'. Noti e politique inférieure est au calme plat. Tous les regards sont fixés sur Paris. On a po.urtant un' peu glosé des honneurs reudus a Napoléon 111 dans son passage a travers la Belgique. Ce qui fait surtout gloser beauconp de gens, c'est qu'un officier du pa lais accompagnait la princesse Mathilde lorsque celle- ci est allée au-devarit de son iIlustre cousin a Herbes tal. Heureusemenl que M. Cornésse s'eSt mal trouvé de l'affaire Vanden Abeele. Sinon, il aurait touvé, dans tout ce que j'ai enlendu dire autour de moi a ce sujet, ample uiatiere a des poursuites. Chrenique des livres. Le temps n'est point a la littératureet les livres d'histoire même n'ont guère de chance d'éveiller aujourd'hui l'altention du public. Le dénouement de la crise fracco-prussienne et l'espoirde la paix absor bent enlièremenl l'opinion en Europe. Un livre ne peut avoir du succès que s'il est l'écho des préoccu- pations de tous. Cependanl, les passions s'étant un peu calmées depuis la "signature de l'armislice, et la composition de l'Assemblée nationale francaise faisant espérer que ce seront ies idees pacifiques qui prévaudront enfin, il me semble que le moment est moins mau- vais pour parler d'autre chose quede canons Krupp, de chassepols et de mitrailleuses. La famine et la misère même n'ont pas tant de charme qu'on doive absolument oublier tout pour s'y jeter corps perdu... Je recommande aux lecteurs de la Chronique que les travaux serieux n'épouvantent pas trop deux volumes intitules .- Nos premiers siècles liltéraires. L'auteur, Charles Potvin, est un de nos poètes les plus vigoureux, un do nos prosateurs les plus érudits et les plus vaillants. Les ècrivains de talent ne sont pas si communs en Belgique que nous puissons accueiliir leurs publica-

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L’Opinion (1863-1873) | 1871 | | pagina 2