JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT YPRES, OimaDche euvième année. 23. 4 Juin 1871. PIIIX H'IBOXSGIIGST POUR LA BELG1QUE 8 francs par an; 4 fr. 50 par semestre. Pour 1'Etranger, le port en sus. Un Numéro 25 Centimes PRIX »KS A1MOXCES ET DES RECLAMES 10 Centimes la petite ligne. Corps du Journal, 30 centimes» Paraissant 1p dimanche. Le tout payable d'atance. Laissez dire, laissez-vous blSmer, mais publiez votre pensee On s'abpnpe a, Ypres, au bureau du Journalrue de Dixmude59. On traite a forfait pour lea annonces souvent reproduites. Toutes lettres ou envois d'ar jent doivent dtre adressés franco au bureau du journal. YI'IIE*, 3 Juin ïssi. Parmi les mauvais desseiis que le parti catlio- lique uourrit a l'égard de la Itelgique, Mes plus dangereux pour nous soot sans conlredit Ceux relalifs a l'enseignement. Ce sont eeux-|è dont nous demons p ir lous moyens chercher ii empêclier I'accomplissement, et le peril est imminent. Car voici ce que nous lisons a ce propos dans \'Organe de Mans MM. les catholiques nourrissent décidément de superbes projeis. Voici leurs pieuses gazelles qui imprimeut que Ie gouvernemenl et les Charnbres doivent modifier les lois sur l'enseignement moyen et rendre obligatoire 1'instruction reiigieuse, donnée par un metnbre dü clergé, dans les athènées et les écoles moyennes; il leur faut de plus, a ces braves gens, que tous subsides soient retires, tnnt par l'Etat que par les provinces ou les communes, aux établis- sèinents duit le clergé n'aurait pas l'accès a tilre d'autorilè. C'est bien la cede politique d'apaisement et de conciliation annoncée a»ec tant d'onction p.ir les membres du cabinet et leurs amis. II ne manque plus, pour que cette politique revive son couro .- nement, que de clericaliser complétemenl l'ensei- gnement et le livrer aux mains des jésuites. Noire confrère montois, qui semble avoir un reste de foi dans la modération des cléricaux ou qui lescroit peureux, ajoute Ces projets caresses par MM. les calholiqoes sont réellement superbusmais nous les metlons au defi d'abuser a ce point de leur majoritè rurale et de donner un tel sujet de joie a leurs mat res, les évê- ques. Quand la coupe debordera, le coup de ba'ai sera vile donnéet certes la Ilelgique ne subira pas ce joug que les idiots de Versailles veulent im- poser a la mallieureuse France. Que \'Organe de Mons ne se fasse pas illusion; les catholiques osent et oseront tout. lis ont pour eux le succès en France coinme ils Tont en Belgique ce, succès les a enivrés, leur a donrié le vertigeet, eomme ils out commence la lutte avec l'tdée qu'ils jouaient leur dernière carte, il ne faut pas s'étonner de les voir commettre toutes sortes d'exagéralions dèsqu'ils triomphent. D'a.ilieurs, la feuille montoise le sait comme nous, les catholiques beiges, pas plus que les autres, qu'ils soient représentants ou ministre», ne sont maitres de leurs actions. lis soi t arrivés au pouvoir avec un programme occulte, rédigé a Rome et accepté pa^ eux avec un engagement de le remplir jusqu au bout, sans s'inquiéter rii des protestations, ni des in lignations qu'ils pourraien t soulever. On a cboisi, a eet effet, des hommes propres a pareilles ceuvres. Ces hommes decides a tout et que la notoriété publique désigne comme ce qu'il y a de plus ambitieux, de plus nul, sont en revanche des plus soumis aux ordres de leurs ch'fs, les jésuites. Nous ne cilerons que quelques noms .a l'appui de ce que nous nva qjons, ceux de Mill. Wasseige, Tack, Kervyn et Cornesse. Ce ne sont pas des ministres, ce ne sont pas des hommes d'Etat, encore moms des hommes politiques, ce sont des exécuteurs de hautes et basses ceuvres des jésuites, ce sont des valets de l'ordre de St Ignace. Avec de tels creatures, il faut s'attendre a tout. Correspoudance particuliere «Ie I'OI'IXIOX. Bruxelles, 1« Juin 1871. L'anéanlissement comp'el de la commune de Paris est au;ourd'hui un fail accomplitoute résistance a cesse. Les communeux qui, dés les premiers jours de l'aitnqne avaient montré une certaine molesse dans leur defense et dont le plus grand nombre avaient même renoncé au combat, out repris la lutie avec une énergie sauvage. G'est par milliers qu'on compte les communeux qui se sont'fait tuer les armes a la main, mais bien plus nombreux sont ceux qui ont éle fusillés sommairemenl apres avoir étè fails pri- sonniers par les Versaillais. Les prisanniers, haras ses de f.iligue, qui ne marcliaient pas assez vite au gré de leurs vainqneurs, étaienl rangés sur le boril de la route et élaient fusillés en masse. Le moindre caporal de l'armée versaillaises s'ociroyail le droit de vie ou de mort et en a use avec une profusion qui fait freinir. II sufiisail d'être denonce par n'impocte qui d'avoir prèié son concours a la Commune pour êire apprehendé au corps et fusiilé sans autre forme de proces. Que d'innocents ont péri dans ces san- glantes represailles Les Francais qui sont ici parient de fusilier sans exception tous les partisans de la Commune; c'est pousser les choses un peu loin. Un ramassis de gens mal fames, rongés d'ambition, ont arbore les princi pes de la Commune qui, après tout, sont, la base de nos institutionsune foule de gens, fort honnêtes. se sont rallies autour d'eux el ont démande au gouver nement de Versailles l'application des principes de la Commune; on leur a répondu en les traitant de rebelles et en leur tirant des coups de fusil. De pareils arguments n'elaient pas fails pour les convaincre qu'ils avaient tori et ils ont perséverè dans leur demande. Pendant ce temps, les habdes ont pris la direction du mouvement, out organise la résis tance. ont pris.au nom des principes de la Commune, toutes les mesmes qui leur ont eonvenu.ont organise la terreur et sont dovenus les m-dtres absolus de Pa ris. Mais les principes de la Commune ne sont pour rien dans las atrocites Commises a Paris, pas plus que le Décalngne ou le dernier discours académique dé M. Kervyn de Lettenhove. Faut-il punir au même degré les communeux exploileurs, les communeux dupes et les communeux maigré eux Poser la ques tion, c'est la résoudre. Devons-nons nous réjouir de la soumission de Paris? Evidemment. Mais gardons-nous bien d'illu- miner, ear nous risquerions fort de regretter d'ici fort peu I'buile que nous aurions brülée. L'Assemblée de Versailles se croit dés aujourd'hui souveraine, et avec une souveraine aussi insensée on peut s'attendre a loul, exceplé a un acte raisonnable. Cette assemblee, dont le mandat était claireraent défini la conclusion de la paix avec la Prusse a ter- mme sa mission. Pour rester dans la légalilé, elle doit se retirer en éonvoquant une Constiluante. Elle ne sonue nullemeót a observer les forines de la légalilé et deja elle a decide de se compléter en faisant pro céder aux èlections rnotivees par suite d'invalidation, de demission ou de double nomination. Cela fait, elle votera les nominations du due de Bor deaux comme roi de France, du comte de Paris comme prince héritier et du due d'Aumale comme beutenaut-général du royaume. En un mot, elle fera un coup-d'Etat, er. usurpant un mandat que la France ne lui a pas delégué. Cette politique effrontée et sans gêne de 'l'Assem- blée de Versailles ne peut inanquer de soulever une opposition foimidable dans toutes les grandes villes de France qui, inalgrè les èvcneinents de Paris, sont restees républicaines. Ce sera, je le crains bien, la guerre civile répandue sur lout Ie terriloira fran cais. Et ce ne sont pas les légitimistes et les orléanistes seu's qui font preuve d'insanité d'esprit dans cette étr.inge Assemblée de Versailles Le general T.ochu s'est attaché, ces jours derniers, a démontrer ex pro- fesso que si les armées francaises ont été ballues par les Prussians et que si son fameux plan avait avorlé, la cause en était que les Francais avaient eu le tort d'adopter le luxe anglais el la corruption italienne. Je m elais tóujours doute que la defaite des armées francaises avait une cause étrangère a l'absence de connaissances miIitaires chez ses chefs; on avait bien parlè de trahison, allons done! C'est de ce maudit luxe anglais et de celle ignoble corruption italienne que provient tout le mal. Et voila de quoi dependent les destinées des em pires. Quant au général Changarnier, il passe son temps b rehabiliter la répjtation militaire du maréchal Ba- zaine. Le moment est bien choisi. D'aulres députès passent leurs journées A invecti- ver les prisonniers qu'on amène a Versailles. D'aulres encore ce ne sont pas des députés-coux-

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L’Opinion (1863-1873) | 1871 | | pagina 1