lapêchent paisiblement a !a ligne dans la Seine. (Historique.) Victor Hugo est expulsé. Dans une lettre qu'il a adressée a Vindépendance, Ie fils de l'illustre poëte a fait Ie récit des manifestationsodieuses qui ont eu lieu dans la nuit du 26 au 27 mai, devant la maison ha- bitée par son père. Que ce récit soit empreint d'exagération, cela est probable.11 n'en est pas raoins vrai que pour avoir usé d'un droit qui lui appartient inconiestablement, celui de dire son opinion sur les événements qui viennent de s'accomplir en France, unétranger, placé sous la protection de nos lois, a eu sa maison assaillie par une bande de polissons, que des pierres ont été lancées dans ses croisées et qu'il s'on est fallu de peu que de plus graves malheurs ne fussent a déplorer. Ce sont Iè des fails profondérnent déplorables, et je dois Ie dire, quelque peu honteux pour un pays de liberté comme Ie nótre. Certes ce n'est pas moi qui prendrai la défense de la lettre de M. Hugo, qui leur a servi de prétexte. Mais dequis quand n'est-il plus permis d'exprimer des sentiments b'essanls pour ceux de la majorilé, sans s'exposer a des violences? Pour ma part, je lis tous les jours dans lesjournaux cléricaux des choses qui m'exasperent. L'idee ne m'est jamais venue que cela pu me donner Ie droit d'aller briser leurs vitres et leurs presses. Le libera lisme qui consisle a respecter les gens qui sont de noire avis est, en vérité, trop facile a praliquer. A ce compte Ie gouvernement du 2 dècembre ètait le plus liberal du monde, car je n'ai jamais entendu dire qu'il eut jamais inotesté un écrivain pour avoir dit du bien de lui. Nous avons le 21 de ce mois a élire quatre conseil- lers communaux. Pour la premiere fois depuis bien des années Ie parti clérical est decide a engager la lutte. Ses candidats sont le comte Louis de Mérode, que l'on désigne déja pour le futur bourgmesire de Bruxelles, le comte d'Ursel et MM. de Decker et Sting- lamber, avocals. Nos adversaires, c'est certain, vont faire un grand effort. II n'y a cependant pas a craindre qu'ils reus- sissenta faire passer aucun de leui s candidats. Notre bourgeoisie est trop profondement antipathique a la réaction cléricale pour abandonner, au moment du danger, le drapeau qu'elle a si fidèlement suivi. La Commission mixte chargée d'examiner la ques tion de notre réorganisatiou militaire, vient d'émettre Ie vceu de voir supprimer le remplacement. Résean des Flandres. Le Journal de Bruges disait l'autre jour que les conditions de reprise du réseau des Flandres faites au gouvernement par la Sociétè générale d'exploitation étaientparfailementacceptables. Voici ces conditions: 460 kil. construits auraient été rachetés par l'Etat moyennant 145,000 fr. par kil. payables en 4 1 2 p. c. beige au pair 100 kil. a coustruire auraient été entrepris moyennant 100,000 fr. payables dans les mêmes conditions. Sur la somme qui lui revenait de c.: chef Ia Sociéle d'exploitation s'engageait a rembourser en argent les obligations Ostende-Armentières a 200 fr.. les Bruges-Blankervberghe, Eecloo-Anvers, Gand Ter- neuzen-LokereD, Selzaete, Ouest 1" serie a 250 fr., les Flandres occidentale 1" série a 320, 2" serie a 285, actions privilègiées a 250 el primitives a 275 enfin les actions Lichtervelde-Furnes a 425. En résumé, l'Etat reprenait la tola'ilè du reseau des Flandres, moyennant une rente moyenne de 6,165 fr. Les recettes de ce réseau sont actuellement sur le point d'atteindre 11,000 fril suffit done d'une progression de 15 p. c. de la recette brute pour que Ie tralie des chemins donnele payement de la rente et les frais d'exploitation a raison de 50 p. c. Or, une progression de 15 p. c. est loin d'étre excessive et le gouvernement aurait pu justifier son achat, moyen nant une rente fixe, en alleguant les chances de bónéfice que l'avënir lui réservait. Nous comprenons que le journal brugeois soutierme que le gouvernement aurait pu, sans s'imposer de trop lourds sacrifices, doter les Flandres d'une exploitation par l'Etat, au lieu de laisser cette partie du réseau en butte aux mesures vexatoires que peut prendre la Sociéte d'exploitation, pour la sauvegarde de ses intéréts. Messieurs nos Représentant». Le samedi 27 mai, laChatnbre ne s'est pas trouvée en nombre. Parmi les absents sans congé figurent MM. Pierre Donatien Biebuyck. Alphonse Vandenpeereboom. Président, passez-leur le signum! II est, paratl-il, question de créer un train partant de Bruxelles it 8 h. du soir, et arrivant a Courtrai 10 h. La Societé d'Exploitation s'entendrait avec l'Etat pour corresponds a Armenlières avec le train express de 11 h. 16 se dirigeant vers Calais oü 11 arrive a 1 h. 16 m. du matin les voyageurs vers Ypres trouvernaiet a Comines un convoi qui les amè- nerait a leur destination a 10 h. 45 m. Dialogue entre deux Vautours. Un vautour, qui en était seuleaient a son deuxième été, avait des petits pour la première fois. Ceux-ci étaient trés voraces et la jeune mère ne parvenait qu'è grand peine a les nourrir. Depuis plusieurs jours, elle n'avait guère trouvé qu'un petit nombre de menus reptiles et de petits oiseaux. Pas un seul cadavre d'animal dans toute la conlree Un malin de la fin d'aoüt, un vieux vautour, dont les plumes avaient grisonné depuis longtemps, vint par hasard percher a peu de distance de l'aire oü les jeunes rapaces ouvraient conslamment un large bec qu'ils devaient, hélas refermer a vide. Tout en causant avec lui, la mère se plaignitamè- reraent de ne pouvoir procurer du gros gibier a sa progeniture. Du gros gibier! s'écria le patriarche; mais je puis vous en indiquer un, et si ce n'esl le plus grand, c'est assurèmenl le meilleur de tous. Oh! mais n'est-il pas trop fort pour que nous puissions nous attaquer a lui? On peut l'attaquer sans danger aucun, car quand il est propre a nous servir de pature, il se trouve, ou privé de vie, ou tellement blessé qu'il est incapable ds se defendre contre nos serres et nos becs robustes. II duit être d'une grande rareté? Non. Ileureusement pour nous, ces êtresaiment a s'entr'égorger a notre profit, lis onl des chefs, des maiires qui ne peuvent viv e longtemps d'acc >rd entre eux. IIs entrent souvent en lutte, tanlót sans savoir trop pourquoi, tantöt pour des coins de lerre plus ou tnoins grands que l'un veut, sans nécessité, avoir au detriment de l'autre. Alors ,ils mettent en mouvement des centaines de milliers de créatures arrnéesde toutes les facons, et le massacre commence, liientót les champs oü ils se sont rencontres offrent pour nous de merveilteux festins. Nous avons de l'excellente chair en abondance':., et des yeux done! des yeux, notre mets de prédilection. Mais quel est done, tr altre, le nom de ce déli- cieux gibier qui se detruit comme a plaisir pour no tre avanlage? Ma fille, tu le vois labourer la terre. bótir des villes, èlever des temples au péril de sa vie, vivre heureux el dans l'abondance tant qu'il jouit de la paix... Quoi, ce serail?. Cela te semble impossible, n'est-ce pas, a toi qui as encore peu vécu? Pourtant, c'est bien lui, c'est l'homme, Ie roi de la nature!.. Entends-lu ce bruit terrible qui nous arrive du bout de l'horizon? La guerre est declaree entre deux grands peuples. Ce bruit, c'est celui d'une hataille... Viens avec moi. Tes petits feront ce soir un festin vraiment royal. Médié a Molière. Uu monsieur trés bien couvert et de mine respec table se présente avant-hier dijns nos bureaux et de- mande a parler a l'un des rédacteurs. On Ie conduit dans le cabinet de notre ami Victor. Monsieur, dit l'inconnu avec force salutations, je vous demande mille pardons de vous déranger.... II n'y a nul dérangement, monsieur, répond notre ami Victor. Veuillez prendre la peine de vous asseoir. Voici ce qui m'amène, monsieur, poursuit l'in connu. Je connais dans le quartier que j'habite une pauvre femme tout a fait digne de votre intérêt el j'ai pris la liberté de venir la recommander a votre Caisse des pauvres. Je vous en reraercie pour nous, monsieur. Et quelle est la position de cette femme? Oh! bien malhettreuse, monsieur! Son mari, mort depuis un an, l'a laissée veuve avec quatre en- fants eu bas-ége, et la pauvre femme parvient a peine a leur donner du pain au prix d'un travail ex- ténuant. En effet, voila qui est bien triste, fait notre ami Victor, déja tout attendri. Ce n'est pas tout, monsieur, continue l'inconnu. Pour comble de malheur, la malbeureuse doit deux mois de loyer pour" la misèrable chambre qu'elle oc- cupe, et elle peut s'atlendre a en être expulsée d'un jour a l'autre, si elle ne paie pas tout de suite son propriétaire. Ce loyer, cela ne doit pas être lourd Une bagatelle, monsieur. Quatorze francs seu- Iement. Et cette femme oü demeure-t-elle Hue... n°... Très-bien. Je lui enverrai dés aujourd'hui les quatorze francs de son loyer. Ah! monsieur, que de bonté! Mais, au fait, je puis vous épargner la peine d'envoyer cbez elle. Si vous vouiiez me remeitre la somme... Pardon, monsieur, mais c'est que je n'ai pas l'honneur... Ah I tiens, c'est vrai, je ne vous ai pas dit mon nom. Je suis M..,. C'est mois qui suis le propriétaire de votre protégée. J'ai sa quittance en poche! (iChronique Cbronique judicial re. Un jugement rendu par le tribunal correctionne d'Ypres, en date du l"r juin, a condamné le nommó Amand Gykiere, garde-champêtre a Vlameriinghe, pour vol de poisson, a une amende de 26 francs ou a 8 jours de prison, ainsi qu'aux frais du procés. La duree de la contrainte par corps a été fixée a 8 jours. Plaidants pour le prévenu, M le procureur du roi en personne et M* Verlinde.— Avocalde la partie ci vile, M. Vanheule. 4ITS SÏSVÏCHES. Jeudi s'est terminée par une condanination, après avoir occupè buit audiences du tribunal, l'affiire du garde champêlre de Vlameriinghe. Nous reviendrons sur les reflexions que les déhats nous ont suogérees. On lit dans F Echo du Nord. du 16 a Le tribunal correctionne! de Lille s'est occupé ce malin d'une curieuse affaire. Ln sienr Pierre Belfort, appartenanta l'ordre de Jerusalem ou Saint Jean de-Dieu, elait prevenu d'avolr, a l'aide de faux cerlifioats, escroque de nombreuses sommes d'argent, en quèlaiit au profil des blessés de l'armee, et s'attri- buant les sommes recues par ce moyen. Un sieur Louis Brousse, autre religieux du même ordre, aujourd'hui en fuite, était accusè de complicite dans les fails reprochés a Pierre Belfort. Ce deruier a été condamne a un an el un jour de prison. La poursuite contre Brousse a été abandonnée. o prions, mes frères. Les prières publiques ont commencé dans toutes les églises pourappaler les be nedictions du ciel sur les récoltes. Un de nos amis sceptique encurci demandait hier au curé de sa paroisse s'il croyait reellement que des prières pussent influer sur la teinpérature. N'en doutez pas, mon fils, lui répondit le bun prêtre avec un indèfinissable sourire. Vous en ver- riez même la preuve dès aujourd'hui si le maudit vent du nord que nous avons depuis un mois consen- tait a soullier du sud.

HISTORISCHE KRANTEN

L’Opinion (1863-1873) | 1871 | | pagina 2