JOURNAL D'YPRES DE T.' ARRONDISSEMENT YPÜES, Dimaoche jVeuvième année. j\° 24. 11 Juin 1871. Le tout payable d'avance. PH1X D'ABONNEMENT POUR LA BELG [QUE S francs par an; 4 fr. 50 par semestre. Pour l'Etranger, le port en sus. Un Numéro 25 Centimes PKIX HES 4AHOXCEÜ ET DES RECLAMES 10 Centimes la petite ligne. Corps du Journal, 30 centimes» Paraissant le dimanche. Laissez dire, laissez-vous blamer, mais publiez votre pensee On s'abonne a Ypres, au bureau du Journal, rue de Dixmude, 59. On traite a, forfait pour les annonces souvent reproduites. Toutes lettres ou envois d'aryent doivent ëtre adressés franco au bureau du journal. Les chatiments de l'indiflerence. Sous ce litre, le Journal de Liége a publié dernièrement un trés remarquabte article dont nous extrayons le passage suivant On trouve fréquemment ici comme en France, de braves gens qui croient émetlre une maxime trés profonde lorsqu'ils vous ont sentencieusemenl déclaré qu'ils ne se rnêlent pas de politique, lis ne se doutent pas que la politique est la sauvegarde de tous leurs intéréts les plus précieux et les plus chers. Us ne voient pas qu'en se desinteressant de la politique, un beau jour on en fait contre eux et de la plus détes- table. Ceux qui pratiquenl ce sublime égoïsme n'ont certes pas a se plaindre, lorsque chez nos voisins on leur inflige le suffrage universe!, puis l'empire, puis la guerre, puis la ruine, puis I'anarchie, puis les hi- deuses saturnales de Paris, lis ont vécu a l'état de mollusques poiiiiques; pour eux, le bien et Ie mal, le vrai el le faux élaienlchoses indifferentes, du moment oü il s'agissait des affaires publiques. De quoi peu- vent ils se plaindre, si, a la faveur de celte indiffe rence devenue contagieuse, il ont eu, en rèsultat, des verges pour les fouetler, des drölesou des insensés pour les dominer C'est a peine si on sait aller voter un jour d'elec- tion on laisse souvent donner a ses enfants une in struction qui en fait des instruments de la réaclion on laisse fanaiiser ses enfantson les met dans des institutions oü on les excite contre les actes et les opinions de leurs parents. S'agit-il de faire quelque sacrifice personnel pour soulenir la cause de la civi lisation, du progrès, de l'avenir moral el social de la patrie, on refuse, on liarde, on glace et on décou- rage les devoümenls. Chacun gemit sur l'épouvan- table abaissement de la France, et on se conduit trop souvent avéc l'indifference imprévoyante et égoïste qui peut nous conduire de semblables cata strophes. Or, il faut qu'on se persuade bien d'une chose c'est que les institutions comme celles que nous pos- sédons, c'est que la prospéritè el la sécurité dont nous jouissons ne peuvent se maintenir et se con- tinuer, si chaque citoyen n'est pas un soldat de l'ordre, de la liberté, de la saine morale et de la saine politique. II faut que chacun, dans la mesure de ses moyens, de son influence, de ses talents, apporte sa cooperation a l'oeuvre commune; il faut qu'ii ['ap porte, non-seulement un jour d'élection, mais cha que jour, dans le sein de la familie, dans l'èducation de ses enfants, dans toutes les circonstances de la vie. Ceux qui manquent ces obligations sont de mauvais citoyeos, et si un jour des chAtiments cruels les attei- gnent, ils ne subiront que la trop juste punition de l'oubli de ce que chacun doit a son pays, a ses sem blables et a ses descendants. Ces rèflexions sont fort justes, et nous nous y associons de grand coeur. Mais si le Journal de Liége veut ètre sincère, il reconnaitra que le parti doctrinaire et les associations libérales que ce parti a organisées sur toute la surface du pays sont pour beaucoup dans eet état d'indiffêrence qui alarme si justement son patriotisme. Les associations libérales avaient accepté la tècbe d'eutretenir et de faire circulerla vie poli tique dans les veines de la nation. Qu'ont-elles fait pour accomplir cette mission? Pour ne parler que de I 'Association libérale d'Ypres, a-t-elle jamais étê autre chose qu'un étouffoir et un foyer d'intrigues? Dans quelles circonstances, si ce n'est quand il s'agissait de favoriser au scrutin la candidature de l'un ou l'autre frère et ami, cette association a-t-elle fait oeuvre de vie Quelles questions a-t-elle ré- solues ou simplement étudiées? Par quels efforts a-t-elle cherché a éclairer le corps electoral sur les véritables principes du libéralisme et sur les desseins de leurs adversairesï II nous souvient qu'il y a quelques anr.ées il fut question de réviser le règlement de cette asso ciation. Nous eümes alors la naïveté de croire que nos feseurs, comprenant enfin les devoirs de leur charge, allaient s'occuper de réorganiser l'association sur des bases nouvelles, en lui don- nant la force d'expansion morale qui lui avait manqué jusqu'alors. Nous poussèmes même la crédulité jusqu'è formuler nous-mèmes toute une série de modifications introduire dans l'ancien règlement pour arriver ce résultat que, dés cette époque, nous considérions comme une impérieuse nécessité pour le libéralisme. On sait ce qui arriva Craignant pour leur influence le jour oü les considérations de per- sonnes viendraient h céder la place aux principes, les feseurs combattirent la proposition de revision et la firent échouer. Et nous, qui l'avions soute nue, nous fümes abreuvés d'injures jusques lè d'être signalés l'indignation de nos amis poli tiques comme de faux libéraux, jouant le jeu des cléricaux pour satisfaire les intéréts de nos ran cunes personnelles. Nous ne pousserons pas plus loin, en ce qui nous concerne personnellement, cette revue ré- trospective. Mais qu'il nous soit permis de dire que notre histoire, c'est celle d'une foule de li béraux sincères que l'inertie des associations a peu peu éloigés de la vie politique. Le Journal de Liége dêplore cette indiffêrence? II n'aura pas beaucoup de peine en découvrir la cause dans le sein de ces associations qui devaient être un stimulant permanent pour l'opinion publique et qui lui ont versé lentement le poison de l'indo- lence et du marasme. Les associations muettes, les Chambres ont fait silence. Au lieu de mettre profit le magnifique mouvement de 1857 pour réaliser les réformes qui étaient dans les voeux unanimes du libéra lisme, les Chambres s'appliquèrent, comme 4 plaisir, h déjouer toutes les espérances que ce mouvement avait fait concevoir. Faut-il rappeler leur attitude dans la question de l'enseignement? Non-seulement la loi de 1842 ne fut pas réfor- mée, mais l'influence anti-libérale du clergé sur l'instruction publique re$ut un nouvel accroisse- roent par cette fameuse circulaire de M. Vanden- peereboom qui soumettait les écoles d'adultes l'inspection ecclésiastique. Nous n'irons pas plus loin dans ces souvenirs. Elle est encore présente a la mémoire de tous, cette politique décevante qui nous a gouverné pendant treize ans, en semant autour d'elle Ia désaffection et Ie découragement. Ses résultats, nous les avons sous les yeux Le parti libéral, divisé, est vaincu, et les vieux cléricaux profitent de leur victoire pour résoudre a leur avantage toutes les questions que nous avons laissées sans solution. Oui, l'indifférence est un mal affreux. Mais si la Belgique en souffre crueilement aujourd'hui, l'histoire impartiale dira que c'est le doctrina- risme qui le lui a inoculé. A Monsieur l'Edileur de /'Opinion. Monsieur, Si l'on disait a une personne complétement étran- gère a notre pays qu'un groupe de 2,406,491 fla- mands, plus de la moitiè de notre population (voir la stalistiqae ofllcielle de 1867) est traitée sur le pied d'un pays conquis, c'est-a-dire que ces flamands sont admioistrés, jugés, commandés a l'armée, in- struits dans les écoles moyennes et supérieures, re- présentés au Parlement en la langue francaise qui n'est pas la leur, cette personne jelterait de hauts oris et non sans raison. Car c'est pour avoir voulu i in poser le hollandais comme langue ofïicielle que le roi Guillaume a été renversé de son tróne en 1830. Singulier retour des choses de ce monde, le clergé s'est émparé de la langue flamande, comme engin de guerre, pour battre en brêche la politique de M. Frère- Orban, en qui malheureusement le parti libéral s'é- tait incarné, et dont les sympathies pour le mouve ment flamand étaient plus que douteuses. L.e parti clérical exploita habilement les suscepti- bilités linguistiques dans l'oppositionmais aujour d'hui qu'il est devenu gouvernement, il ne donne aux flamingants que les promesses et les paroles creuses du sire de Lettenhoven. II y a cependant quelque chose a faire. Et si l'on ne peut admeltre des régiments flamands, un Moni- teur, des dèlibérations aux Chambres, les actes oflï-

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L’Opinion (1863-1873) | 1871 | | pagina 1