JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEIENÏ Le toot payable d'avance. YPRESj llimanche [Meuvième année. H1 25. 18 Juin 1871. 1*16 IX tt'ABOWflBMliWT POUR LA BELGIQUE 8 francs par an; -4 fr. 50 par semestre Pour l'Etranger, Ie port en sus. Un Numéro: 25 Centimes, P16IX MES AMIOSCES ET DES RECLAMES 10 Centimes la petite ligne. Corps du Journal, 80 centimes* Paraissant le dimanche. On s'abonne a Ypres, au bureau du Journal, rue de Dixmude59. On traite a forfait pour les annonces souvent reproduites. Toutes lettres ou envois d'anjent doivent étre adressés franco au bureau du journal. La manifestation que le clergé prépare et pour !e succès de laqué!le il a mis tout en oeuvre, a pour but apparent la célébration du vingt-cin- quième anniversaire du pontificat de Pie IX. Mais qu'on ne s'y trompe pas, cette manifestation, laquelle les organisateurs attribuenl un caractère exclusivement religieus, est bel et bien un acte politique de la plus haute importance et qui peut avoir pour noire pays des consèquences fècheuses. La célébration du jubiiè du pape n'est qu'un prètexte; le but réel de tout le mouvement que se donne le clergé, et les journaux catholiques n'hésitent pas a l'avouer,est de protester contre les dcrniers événements qui se sont accomplis en Italië et qui out eu pour conséquence i'abolition du pouvoir temporel du pape. C'est a cette belle équipée qu'on cherche a associer nos populations, sous le voile d'une idéé religieuse. Nous ne savons quel sera le résultat de la malencontreuse entreprise du clergé, quand la crédulité publique est exploitée on peut s'attendre aux choses les plus insensées, mais nous tenons dire qu'en poussant nos populations dans cette voie, le clergé commet un acte condamnable au point de vue des intéréts les plus importants du pays. II est, en effet, évident pour tout le monde que la manifestation que le clergé organise contre le gouvernement de Victor-Emmanuel aura pour conséquence inévitable de nous aliéner les esprits en Italië. Cela est si vrai que déjè l'organisation des pèlerinages ayant pour but d'obtenir du Ciel la restauration du pouvoir temporel du pape, en d'autres termes, le démembrement du royaume actuel d'ltalie, pèlerinages que le ministère d'A- nethon a ouvertement pntrnnés en accordant aux pèlerins des trains prix réduits, a valu a notre gouvernement des observations fort acerbes de la part du ministère italien. Cela est si vrai, que le Journal de Bruxellesdont le témoignage ne peut étre suspect, constate, avec une joie cynique, que la Belgique commence a étre en butte la haine de l'Italie. Et c'est lorsqu'on a pu constater le mal que les pèlerinages out fait k notre pays, qu'on vient donner un nouvel aliment cette animosité? Mais qu'importe la Belgique a nos cléricaux? Home est leur patrie ils n'en connaissent pas d'autre. Par ces manifestations, le clergé pousse a la restauration du pouvoir temporel du pape. Sou but il ne le cache pas c'est de determiner les gouvernements européens intervenir auprès du roi d'ltalie pour l'engager et, au besoin, pour le contraindre restituer au saint Père la souve- raineté temporelle de Rome. Victor-Emmanuel se rendra-t-il volontaire- ment aux représentations des gouvernements étrangers? II fandrait ètre bien simple pour l'es-. pérer. Le roi d'ltalie n'a pas fait de la possession de Rome le but de toute sa vie pour y renoncer de bonne grèce sur la prière de l'une ou l'autre puissance intervenante. Pour quiconque veut prendre la peine d'y réfléchir un instant, il est manifeste qu'il ne cédera, s'il doit céder, que de- vant l'emploi de la force, c'est-a-dire si les dures nécessités de la guerre l'y contraignent. Que le clergé et la partie la plus exaltée du parti catholique ne recule pas devant la guerre, c'est ce que nous savons de reste. Que ceux-lè pavoisent, que ceux-la illuminent pour donner la manifestation le plus grand éclat possible, ils sont logiques dans leur atrocité. Mais que dire de cette masse innombrable de bourgeois qui se moquerit du pape comme de Colin-Tampon et qui 'vont s'associer publiquement a une pensée qu'ils condamnent au fond de leur cosur? Ah! ceux-ci sont cent fois plus mèprisables que les autres. Les nltramontains obêissent du moins a une con viction profonde, tandis que ces bourgeois sacri- fient la leur a de misérables intéréts de bou tique. II va bien, le ministère, et pour peu qu'on lui laisse pendant quelques années encore les coudées franches, la Belgique aura vu renaïtre ce bon vieux temps si regretté de nos pères. II a pris a tèche de supprimer petit a petit toutes les réformes accomplies en ces derniers temps, elles ne sont malheureusement pas nombreuses et de nous ramener insensiblement aux institutions qui font la base des gouvernements théocratiques. Le ministère n'avoue naturellement pas ses projets réactionnaires, au contraire, c'est en affi- chant des idéés progressistes qu'il prétend opérer la réforme de tout ce qui existe, l'enseignement, les impóts, le droit électoral et jusqu'aux tarifs des chemins de fer seulement pour lui, pro- gresser, c'est reculer il entend le progrès k rebours. C'est ainsi que, pour ne parler que du tarif du transport des voyageurs en chemin de fer, une des rares améliorations que nousdevons a l'admi- nistralion doctrinaire, le ministère va le relever dans des proportions coosidérables, de telle sorte qu'il portera une grave atteinte la facilité des relations entre citoyens. M. Wasseige estime qu'il n'est pas bon que le peuple voyage les voyages développent les idéés et Ie peuple en sait toujours assez pour obéir aveuglément aux ordres du clergé. Les voyages d'affaires sont perriicieux la moralité publique et il est bon de les empêeher autant que possible en augmentant - Ie cout du transport. A la bonne heure les pèlerinages oft tout le long de la route ou psalmodie des antiennes! Voila ce qu'il faut encourager en accordant aux charmes qui croient en Dieu des trains spéciaux prix réduits! Laissons faire M. Wasseige et nous irons loin. Et dire que si le parti doctrinaire avait eu un peu plus de sens politique, un peu plus d'énergie, nous ne verrions pas aujourd'hui au pouvoir un parti dont I'administration tend k placer la Bel gique la queue des nations civilisées. La question militaire est l'ordre du jour. On s'en occupe plus chez nous pays neutre et imperceptible que chez les grandes nations ruêmes qui out garanti notre neutralité. Elle s'impose, ou plutót on nous 1'impose. Car ce n'est pas la nation qui la soulève. Elle I'a fait jadis, pour obtenir la réduetion des charges, tandis qu'on ne débat aujourd'hui que les moyens de les augmenter. Dès lors, il est facile de juger qu'elle n'y est pour rien. Ce n'est pas non plus le gouvernement, puisque tous les journaux qui sont k ses ordres, se décla- rent ériergiquement opposés aux projets milita- ristes. Qui done Cette autorité bien connue que l'on désigne habituellement par des termes aussi vagues que respectueux. Cela vient de haut lieu, c'est le prod uit d'augustes préoccupations, Ie ré sultat de certaines influences qu'on ne définit pas, mais que tout le monde connait. M. Thiers répondait dernièrement une dèpu- tation duConseil municipal de Montauban Quant a la République, messieurs, vous pouvez dire a vos conciloyens qu'elle n'a pas en ce moment de plus ferine appui que inoi. On a tort en province de aouler de ma sincerité. A i'age oü je suis parvenu, un honnête homme ne peut mentir a sa conscience. Quand -depuis si long- temps on a comme inoi ['experience des affaires poli- liques, quand on a vu si souvent ies étabüssements Laissez dire, laissez-vous blêmer, mais publiez votre pensee B.a guerre ILa guerre I,e progrès a reculocis.

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L’Opinion (1863-1873) | 1871 | | pagina 1