JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT
YPRE8, Dimanche
Neuiième année. N° 27.
2 Juillet 1871.
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Décidément, le doctrinarisme a iait son temps,
et le moment est proche ou I'on nous donnera
raison sur toute la ligne.
Nous avons déjè, maintes fois, fait observer
que la politique de M. Frère était condamnee par
lous ceux qui l'avaient soutenue jusqu au 14 juin
1870. A partir de cette époque, a jamais
mémorable par la débêcle definitive des doctri
naires, la désertion, en effet, a gagnè de
procbe en proche, et rapidementYEcho du Par
lement, le Journal de Liége et quelques feuilles
obscures de province, telles que le Progrès d Y-
pres, sont restés les seuls défenseurs du cabinet
tombé.
Or, voici qu'au sein même de l'Association
liégeoise, refuge suprème de la petite église clé-
rico-doctrinaire» des voix autorisées se font l'écho
de nos griefs.
Les membres de cette Association étaient réu-
nis en section cantonnale pour procéder au choix
d'un candidat au Conseil provincial. Le comité
avait regu deux présentations, celle de M. H. Gil-
liaux, bourgmestre d'Angleur, et celle deM. Léo-
pold Lion, conseiller communal, Liége.
M. Gilliaux a fait une profession de foi dans
laquelle nous lisons ce qui suit
Je suis deceux qui croient que le gouvernement
libéral aurait pu tenter la révision de la loi de 1842,
düt-il se séparer d'une fraction de la majorité rebelle
cette révision. b
Et plus loin
Toutes les mesures favorables a l'enseignement
trouveront en moi un appui tout dèvouè j'ai ap-
plaudi dans cette idéé aux subsides accordés a l'en
seignement des filles, si négligé jusqu'ici.
Et encore
Par l'enseignement, on parviendra rèsoudre la
question électorale, a substituer, tout en conservant
les droits acquis, le principe de la capacité a la pré-
somption du eens.
b J'ai regretté que la loi de 1870 n'ait pas admis le
principe sans alliage, el je le regrette plus encore
aujourd'hui que le parti clérical, sacriliant le bien du
pays au désir de se perpétuer au gouvernement,
foule aux pieds ce principe pour faire appel auxcen-
sitaires a dix francs, b
M. Lion a fait également le petit discours de
rigueur en pareille occurence. Nous y trouvons
cette déclaration, bonne a recueillir
Avec Rover-Collard, j'ai loujours pensé que
nous, libéraux, nous devious remercier et benir la
Providence lorsqu'il nous était permis d'appelera
l'électorat le plus grand nombre de citoyens aussi
je regrette que I'opinion libérale au pouvoir n'ait pas
accompli une réforme électorale large, généreuse,
basée sur l'intelligence.
b Cette réforme nous eüt délivrés des appréhen-
sions, des craintes et des angoisses que I'opinion
libérale a ressenties lors de la promulgation de la
nouvelle loi électorale, anxiétés, appréhensions et
angoisses, qui, je l'espère. ne se réaliseront pas. d
Pas n'est besoin de faire ressortir combien le
langage que ces deux orateurs ont enfin osé faire
entendre, au milieu de l'Assemblée du pays qui
fut toujours la plus dévouée a la politique doctri
naire, est en contradiction avec cette politique
même et la condamne.
M. Gilliaux a obtenu 216voix M. Lion, 171.
Et Ia Meuse prend soin de nous faire remar-
quer que le nombre de voix obtenu par ces
deux honorables candidats, témoigne des sympa
thies que tous deux possèdent dans le sein de
l'Association libérale.
Nous ne triompherons pas de cette récipiscence
tardive, qui achève de nous donner raison nous
sommes peu sensible aux petites satisfactions de
1'amour-progre.
Nous ne rirons même pas de la mine piteuse de
M. Hymans, bien qu'il y ait lieu de s'en amuser.
Mais nous nous réjouirons franchement d'un
fait qui paratt ètre de bon augure pour l'Associa
tion libérale d'Ypres. Car le jour oü les défen
seurs les plus obstinés des errements doctrinaires
auront fait le med culpd de la coterie, bon gré
malgré elle, le ministère clérical, qui se moque si
désagréablement du pays, aura vu sa dernière illu
sion s'évanouir.
A quand la conversion de nos doctrinaires
yprois?
Lc regime ciécoratif.
Le ministère met Ie t^mps profit et ne perd
pas une minute pour raffermir son pouvoir. II
spécule a eet effet sur la bétise humaine, et c'est
en distribuant pleines mains les décorations,
qu'il cherche a se faire dans toutes les provinces
des créatures sur le concours desquelles il pourra
compter, lorsque l'beure de la grande bataille
électorale aura sonné.
li est difficile de se faire une idéé du nombre
des nouveaux chevaliers que le ministère a créés,
et les considérants qui accompagnent les arrêtés
royaux de nominations sont on ne peut plus
variés. L'un pour services rendus au pays, services
qu'on se garde bien de specifier, et pour cause.
Un autre obtient le ruban paree que, dans sa car
rière administrative, il a consenti a émarger de
splendides appointements.
Nous nous attendons a voir le cabinet prendre
une mesure générale par laquelle sera nommé
chevalier de l'Ordre de Léopold tout fonction-
naire convaincu d'avoir servi I'Etat pendant dix
ans sans avoir commis un acte qui justifiêtsa
destitution. Ce serait le seul moyen de ne pas
faire de jaloux.
Le Monüeur publie la liste des éligibles au
Sénat, c'est-è-dire des citoyen9 qui, ayant atteint
l'êge de 40 ans, et payant au moin9 fr. 2,116-40
(1000 florins) d'impositions directes, patentes
comprises, sont éligibles au Sénat dans toutes les
provinces.
Voici par province le nombre de ces heureux
de la terre que la sagesse du gouvernement offre
notre choix
Brabant, j 15
Flandre oriëntale, 82
Anvers, gg
Hainaut, g7
Flandre occidentale, 58
Namur, 43
L'ége, 34
Limbourg, jj
Luxembourg, 3
Ces chiffres suffisent a prouver combien il est
urgent de modifier l'article de la Constitution re-
latif au eens d'éligibilité. Car il est évident que si
les auteurs de eet article avaient pu prévoir de
pareilles conséquences h la disposition restrictive
qu'ils édictaient, ils se seraient gardés de l'intro-
duire dans notre pacte fondamental. lis s'en se
raient gardés surtout, s'ils avaient su qu'une poli-
tique-borne, exploitant le respect de leur ceuvre,
se servirait de i'inviolabilité de la Constitution
pour maintenir un abus détestable.
Quoi de plus contraire, en effet, a l'esprel
même de nos institutions que cette absurde
restriction au droit de suffrage en vertu de la
quelle une nation de cinq millions d'habitants ne
peut choisir que parmi 481 censitaires, les mem
bres d'un corps qui exerce sur le pouvoir législatif
un droit de vote absolu? Que devient la souve-
raineté nationale, s'il dépend des préjugés ou des
intéréts d'une caste composée de 481 citoyens,
aussi puissants eux seuls que la nation toute
entièie, de faire échec a tout progrès, a toute
réforme soilicitée par I'opinion publique?
Le tout payable d'a VANCE.
Laissez dire, laissez-vous bldmer, mais publiez votre pensee
JLes nouvclles conversions.