d' Ypres.
question politique prime touticiei, pourvu que ia
volonlé du cabinet se réalise, peu lui importe le
reste.
Le Journal d'Ypres a toujours été partisan de l'élé-
vation des tarifs de transport. On se souvient encore
des nombreux articles qu'il a publiés non-seulement
contre l'abaissement du tarif des voyageurs, mais
aussi en faveur de la majoration du tarif des mar-
chandises. II plaidait alors l'intèrêt des compagnies
au détriment du commerce yprois.
G'était son droit, sans nul doute, et nous ne son
geons pas h iui en faire un grief, mais qu'il nous per-
melte a son tour de lui rire au nez toutes les lois
qu'il dous pariera de ses sympathies pour l'industrie
et pour le commerce.
L'industrie et le commerce! Elements d'affranchis-
sement modernes! Augmentation de la richesse
publique "Solidarité d'intérêts et fraternitè des
peuples par le rapprochement des distances. Au-
tant d'ceuvres de Satan! De bons couvents bien
riches au milieu de populations abjecles croupissant
dans l'ignoranee et le fanatisme, des moines pares-
seux et repus, ordres mendianis et contemplatifs, et
vive S. Labre Tel est l'idéal de la société catho-
lique.
A cette peinture le Journal d'Ypres jeltera de
hauts cris. II attestera tous les saints du Paradis qu'il
n'a jamais tenu pared langage. II est trop madré
pour cela. Mais son silence calculé ne saurait faire
prendre le change sur les aspirations secretes du
parii donl il est l'organe.
Cette fois encore le Journal d'Ypres essaie de dorer
la pilule a propos de la rélörme s'il est permis
d'empjover ce mot dans un sens retrograde proje-
tée par M. Wasseige.
D'après lui, le syslètne inauguré par le précédent
cabinet est injuste, quelques privilégiés en pro-
titent seuls; la rèforme que, depuis cinq ans, il
appelle de tous ses voeux, est au contraire équi-
table et avantageuse.
Qu'on veuille se souvenir, en premier lieu, que la
rèforme de 1866 est restée incomplete et que si des
reductions de tarif n'ont été accordès d'abord qu'auX
grands parcours, c'êlait a titre d'essai les parcours
moyens et les petits parcours devaient jouir des
mêines avantages et en jouiraient peut êt.-e déja si le
parti liberal elait restè au pouvoir. Quelle est done
cette injustice qui, en diininuant les dèpenses, faci-
lite a tous les voyages'? Quel est eet avantagequi ré-
sultera d'une augmentation de tarifs? Et quand on
paiera plus pour se rendre d'Ypres a Liége, par
exetriple, ceux qui s'arrêteront a Comines en seroilt-
ils plus avances
II y aura, dit le Journal d'Yprespour les voya
geurs qui parcourent de moindres distances, non pas
une augmentation mais une diminution de prix.
Ou a-t-il vu cela?
Ce n'est pas, a coup sur, dans le discours prononcé
au Sénat par M. Wasseige, discours que nous conseil-
lons de lire, ne pouvant le reproduire in exlenso.
Dans les paroles du ministre nous ne trouvons
qu'une seule chose catégorique sa ferme resolution
de mettre a exécutionce qu'il appelle son programme,
et de braver l'opinion publique. On y lit bien encore
cette déclaration vague et banale Je venx que ces
classes (les classes pauvres) qui ont plus besoin de la
protection du gouvernement que les classes qui font
de longs voyages, recoivent une compensation qu'elles
ont attendue vainement jusqu'a ce jour. Mais de
quelle nature sera cette compensation 1 Quels moyens
mettra-t-on en oeuvre pour la réa!iser?Sur ces points
tout est incertitude et M. le ministre lui-même
n'en sait pas plus que le premier venu. Ceci a I'air
d'une plaisanterie et pourtant rien n'est plus sé-
rieux. Ecoutez M. Wasseige; nous copions textuel-
Jement
Je répète done que ye ne suis pas decide encore
sur le quantum du relèvement et sur les compensa
tions a offrir. Reviendrai-je au barême de 1854?
Adopterai-je, au contraire, un système qui tendrait
a un relèvement plus modéré? Jen'en sais rien encore.
Quant aux compensations, elles consisteront dans
l'introduction du système des billets d'aller et retour
a prix reduits; mais dans quelles proportions les
diminutions de prix seront-elles faites?Ces billets
seront-ils créés pour toutes les directions? Seront-ils
valables pour un ou plusieurs jours Ce sont toutes
questions qui ne sont pas encore tranchées.
l e public appréhende, et non sans motif peut-êlre,
qu'après l'augmenlation du tarif des voyageurs ne
vienne eelle du tarif des merchandises, puis I'an-
cienne taxe postale. Le Journal d'Ypres le nie.
Pour notre part, nous voudrions quelque chose de
plus rassurant qu'une simple dénégation de la feuille
cléricale. Nous crovons qu'on peut s'attendre a lout
de la part du ministère actuel qui lui-même prend
soin du reste de nous avertir. Si je suis fixé dès
maintenant, dit le ministre, quant a la rèforme que
je veux introduire, JE NE LE SUIS PAS QUANT
AUX PROPORTIONS A Y DONNER.
Et cependant après cette sorte de menace M. Was
seige s'étonnedu mouvement qui se propage dans le
pays. Ce mouvement, a I'en croire, est factice; il est
provoqué par des adversaires politiques il a un ca-
raclère plutót politique que commercial.
Le ministre, on s'en apercoit, veut étoufïer la
question en la déplacant. II n'y réussira pas. Une
augmentation de tarifs est bien, quoiqu'il en dise,
une question essentiellement eommerciale, et e'est
pourquoi les protestations sont unanimes en Bel-
gique sans acception de partis.
Notre Chambre de commerce en secondant Ie mou
vement a parfaitement apprécié la situation. Mais
nous regretlons qu'elle n'ait fait présenter sa péti-
tion dans chaque maison et déposer même des exem-
pl'aires dans queiques endroits publics, afiu qu'il n'y
eüt pas un seul intéressé qui ne puisse la signer.
Plus éloignés des grands centres q^e ceux de beau-
coup d'autres localitês, nos commercants seront plus
que d'autres aussi léses par les projets de M. Was
seige. La petition ne demande pas pour eux le main-
tien d'un privilége, mais Ie complément de la rèforme
inaugurée par M. Vanderstichelen en 1866, e'est-a-
dire l'abaissement du tarif pour les trois zones.
Correspondance particuliere de I'ftS'ilViOX.
Bruxelles, 21 Juillet 1871.
Malgré les démentis réilêrés du Journal de Bruxel
lesplusieurs de mes confrères persistent a prétendre
que M. Kervyn de Leltenhove ne tardera pas a se re-
tirer du ministère. Je sais en effet, par des membres
de la roite a qui il s'en est cuvert, que notre antique
et solennel ministre de l'inlérieur a eu un instant
l'intention de s'en aller et qu'en prévision de sa re
traite prochaine, un successeur lui a été choisi dans
la personne de M. Tack, le même qui a signalé son
passage au département des finances par les fameuses
tnesures que vous savez.
Mais je crois pouvoir vous aflirmer que les choses
ont changé depuis ces tout derniers jourset qu'il ne
sera plus question, au moins avant la session pro
chaine, de la retraite de i'illustre sire de Leltenhove.
Ce revirement serait dft, m'assure-t-on, a une inter
vention personnelle de l'archevêque de Malines qui
aurait vivement insisté pour que M. Kervyn gardêt
son portefeuille.
Que l'épiscopat attachat un certain prix a la con
servation de M. Kervyn dans Ie cabinet, cela ne serait
pas ètonnant, M. Kervyn étant peut-être le seul mi
nistre sur lequel il puisse compter absolument. Pour
le moment, tous sont également dévoués, mais que les
fluctuations de la politique fassent prévoir un retour
plus ou moins prochain en faveur du parti liberal,
l'épiscopat pourrait-il encore avoir la même confiance
dans le dévouement de MM. d'Auethan, Jacobs et
Cornesse? M. Kervyn, lui, c'est bien different. La
sincérité de sa foi répond de l'inaltérabilité de son
zèle. Quand il n'y aura plus qu'un calottin sur la
terre, M. Kervyn sera celui-la.
Voila done Ie ministère consolidé pour quelque
temps. II s'en faut pourtant qu'une entente parfaite
règne entre ses membres, etje ne vous apprendrai
certainement rien de neuf en vous disant que le
général Guillaume s'est montré trés peu satisfait de
l'opposition qu'il a renconlrée de la part d'un grand
nombre de membres de la droite lors du vote des
derniers credits pour Ie département de la guerre.
Le coup a été mooté, parait-il, par M. Jacobs, qui
n'aurait pas été faché de jeter par dessus bord son
collègue de la guerre dont la presence dans le cabinet
le placeen contradiction permanente avec lesopinions
qu'il a défendues dans l'opposition en matière mili
taire. II est extrêmemenl ennuyeux, vous comprenez,
quand on a fait, pendant dix ans, profession publique
d'anli-militarisme, de devoir accepter pour collègue
un général qui commence par declarer tout net qu'il
ne permettra pas que Ton réduise l'armée ni d'un
cheval ni d'un canon. Cela vous expose a toute sorte
de mésaventure, outre le peu d'honneur qu'on en
retire. C'est a cette situation embarrassante et quel
que peu louche que SI. Jacobs a cherché échapper
en organisant sous main ia petite conspiration qui a
failli renverser son collègue de la guerre. Malheureu-
sement le coup n'a pas réussi et Ie général Guillaume,
qui sait d'oU il est parti, s'arrangera bieb de facon a
prendre unjourou l'autre sa revanche.
Un autre élément de discord», c'est la question des
tarifs, si imprudeminent so ilevée par M. Wasseige.
II est trop lard maintenant pour reculer, mais le cabi
net voit clairement que M. Wasseige l'a fourré dedans
et que Ia bêtise du représentant de Namur vient de
créer a l'opposition un grief formidable a exploiter
contre lui dans les elections. On va essayer de parer
le coupau moyen des billets d'aller et retour étendus
aux longues distances, ce qui serait tout simplement
un retour, par voies détournées, au système de M.
Vanderstichelen. Réussira-t-on? C'est douteux. Mais
quoi qu'il arrive, tenez pour certain que la question
des tarifs donnera lieu encore a plus d'une vive dis
cussion dans Ie sein du cabinet.
L'événemenl de la semaine a été le discours de M.
Delaet, defendant son rapport contre les attaques trés
vives, mais aussi trés imprudentes, de M. Anspach.
Je renonce a vous dépeindre la stupéfacfion de la
Chambre et des tribunes en voyant eet homme. flétri
par un jugement infamant,s'élever au nom dü patrio-
lisme, contre les tendances absorbahtes de lacapi-tale
et prendre des accents émus pour parlerdu <i vieux
sang de patriote qui coule daqf ses veines. En
vérité, c'est trop d'impudence et l'ou peut se deman-
der avec M. Anspach si I'homme qui a de telles au-
daces a encore sa raison.
Vous savez sans doute quo la justice beige a fait
saisir a Paris un grand nombre de pièces se rappor -
tant aux affaires Langrand. Ce dossier, qui est en ce
moment entre les mains du parquet de Bruxelles, ren-
ferme, parait-il, une foulede lettres des plusedifiantes.
On en cite une, entr'autres, de M. Ie représentant
Brasseur, assez extraordinaire. Vous vous rappelez
que M. Brasseur qui combattait trés vigoureuseinent
dans des conferences a sensation les institutions
Langrand, a cessé brusquement son opposition pour
entrer dans la maison du celèbre banquier a titre
d'homme de conftance. Cela a fait beaucoup jaser
dans le temps. La lettre saisie a Paris, jetterait, dit-on,
un jour lumineux sur lechemin de Damns si rapi-
dement parcouru par Ie representant de Philippeville.
Bruxelles est ennuyeux an possible depuis deux
mois. Plus de spectacles, plus de fètes. Les étrangers
ne savent que faire de leurs soirees et nous quitlent
le plus vite qu'ils peuvent, les uns pour Ostende, les
autres pour Spa ou Blankenberghe. Hier.j'ai remar-
qué un brin d'herbe qui poussait sa tête verte au
beau milieu de la place de la Monnaie. Voila ce qui
peut s'appeler un sigue des temps I
TPI1ES.
Etat-civil du 14 au 21 juillet 1871.
NAISSANCES.
Sexe masculin 4 Sexe fémintn 2.
MARIAGES.
Traens, Emile, musiclen, et Eugênic Schnaphant, dentel-
lière.
DÉCÈS.
earlier.Fredoline, 28 ans, denteliière, èpouse d'Emile Viae-
mynck, rue Basse.
Enfants au-dessous de 7 ans
Sexeraasculin 1. Sexe féminin 0.
E TAT indiquanl les quantités et le prix moyen des
grains Jourrages et autres produits agricoles ven-
dus le 22 juillet 1871, sur le marché de la ville
NATURE
QUANTITÉS
PRIX MOYEN
POIDS
DES MARCHANDlSES
VENDUES.
PAR
MOVEN DJl
VENDUES
Kilogrammes.
100 kilogram
I'hectol.
Froraent.
1 (5,600
54 no
No 00
Seigle
11,500
25 25
75-08
Avoine
700
26 50
44-00
Pois
900
24-70
8 -00
Fêve -
1,000
26 00
80-00