JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT
YPRES, «imanche
euyième année. N° 32.
6 Aoüt 1871.
Le tout payable d'avance.
Pltix U'iUOIXfiHËST
POUR LA BELGIQUE
8 francs par an; 4 fr. 50 par semestre.
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Un Numéro 25 Centimes
PRIX DES AXROXCES
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On s'abonnea Ypres,
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ou envois d'aryent doivent étre adressés franco au bureau du journal.
L'imiox.
Pour quiconque veut rédéchir a la situation, il
est évident que notre politique intérieure est
entrée, avec l'avénement du parti clerical aux
affaires, dans une voie de réactiou également rae-
nacanté pour la liberté et pour la paix publique.
Les tendances réactionnaires du cabinet et de
la majoritè nouvelle ne se sont pas seulement
acctisèes dans une réforme électorale manifeste-
ment dirigée contre ('esprit libéral des villes. On
les retrouveencore, déguiséessous des déclarations
de sympatlne qui ne trompent personne, dans
('altitude sourdement hostile du ministère vis a-vis
de l'enseignement de TEtat et dans les mesures
de compression que la presse cléricale commence
faire pressentir pour arrèter ce qu'elle appeile le
débordement desjournaux libéraux.
Dernièrcment, la Patriede Bruges, en félici-
tant la droite du zèle et du dévouement dont elle
avait fait preuve pendant la session, fesait en
tendre que l'oeuvre de reparation était loin d'ètre
accomplie et ia feuille brugeoise partait de la
pour tracer le programme des réformes les plus
impatiemmenl attendues par les catholiques.
C'était d'abord une loi nouvelle sur les inhu
mations, puis le retour a la legislation ancienne
sur les bourses d'étude et une augmentation des
crédits affectés au culte pour permettre aux
évêques d'augmenter le nombre des églises suc-
cursales. On verrait plus lard pour le reste.
Le reste, on sait ce que c'est c'est la loi des
couvents, le vote la commune, l'amoindrisse-
ment continu de l'enseignement laïque au profit
de l'enseignement congréganiste, la main du
prêtre légalement introduite dans toutes nos ad
ministrations publiques, c'est, en un mot, le
réjrime de la théocratie substitué a celui de la
liberté.
La réaction sera-t-elle poussée aussi loin
Assurément, si rien n'y fait obstacle. II faudrait
étre bien naïf, après l'expérieuce que nous venons
de faire, pour nous imaginer que les catholiques
vont s'arrêter en chemin. Le parti clérical nous a
battus. II entend mettre a profit sa victoire. On
peut étre convaincu, et le ton de ses journaux le
prouve assez, qu'il en retirera tous les avantages
possibles et qu'il poussera jusqu'a leurs dernières
limites les conséquences de nolre défaite.
Ce qu'il faut prévoir aussi, c'est que I oeuvre de
réaction méditée par le parti clérical ne s'accom-
plira pas sans soulever dans le pays de vives pro
testations.
Les fails peuvent déplaire on ne saurait les
nier. Nos adversaires les plus aveugles sont bien
obligés de reconnaitre eux-mèmes que la trés
grande majorité de nos populations urbaioes est
ouvertement hostile la politique catholique et
qu'elle n'en supporte que trés impatiemment le
joug.
Qu'on nous comprenne bien. En constatant ce
fait, nous n'entendons nullement dénier aux po
pulations rurales le droit d'avoir des opinions qui
leur soient propres. Le droit électoral du paysnn
est identiquement le même que celui du citadin,
qui songe a le nier II n'en est pas moins certain
que eet antagonisme de deux categories bien dis-
tmetes d'électeurs, les uns, ceux des villes, don-
nant leurs voix aux libéraux les autres, ceux des
campagnes, votant pour les catholiques. crée une
situation anormale grosse de dangers de toute
espèce.
Supposez c'est le cas actuel que les votes
des campagnes aient amené au pouvoir une majo
rité cléricale. Les villes, vairicues, s'inclineront
bien d'abord devant l'arrêt sorti de l'urne électo
rale mais que la majorité essaie de réaliser ses
desseins réactionnaires, elles ne tarderont pas a
protester, et une fois lancées dans cette voie, nul
ne peut dire ou elles s'arrêteront.
En 1857, il s'en est fallu de peu de chose que
les manifestations de mai ne dégénérassent en une
veritable insurrection. Personne n'oserait répondre
de ce qui arriverait aujourd'hui si les mêmes ma
nifestations se reproduisaient.
Ces dangers, dont tons nous avons conscience,
il n'y a qu'un móven pour les libéraux de les con
jurer, c'est de s'organiser assez fortement pour
étre, aux élections prochaines, en mesure de ree
verser la majorité actuelle ou tont au moins de
I'amoindrir tellement qu'une dissolution devienne
une impérieuse nécessité. Le jour ou les villes
libêrales se sentiront de force a vaincre le parti
clérical a coups de bulletin, personne ne songera
le chasser a coups de pavé.
Nolle organisation n'est possible sans 1'union.
Unis, nous pouvons lout, divisesnous ne
pouvons riennous entendons dire cela
presque tous les jours, mais chacun entend I'union
5 sa faQon, et rien ne nous divise plus profondé-
ment que les bases d'une entente commune.
Que nous tendions, par exemple, la main au
Progrès en lui offrant de combattre avec lui, aux
élections prochaines, la réélection de MM. Bie-
buyck et Berten, Ie Progrès ne refuserait certai-
nement pas notre concours, mais il est plus que
probable que les candidats qu'il nous demande-
rait d appuyer nous seraient a peu prés aussi désa-
gréables que ceux des cléricaux, ce qui nous pla-
cerait dans la situation d'un homme qui aurait a
choisir entre des coups de béton sur le dos ou des
coups de béton sur les jambes.
Et, de même, si ('initiative d'un accommode-
ment nous venait du Progrès, il y a tout a sup-
poser que les candidats que nous lui proposerions
de soutenir avec nous ne lui conviendraient pas
beaucoup plus qne MM. Berten et Biebuyck.
Ce qui est vrai de I'arrondissement d'pYres ne
I'est pas moins de presque tous les arrondissements
du pays. Partout, la latte existe et assure le
triompbe de nos adversaires communs.
Cette lutte, comment la faire cesser Par des
rêconciliations particulières II n'y faut pas
songer. Les haines personnelles sont trop vivaces
et les amours-propres trop directement mis en
jeu. L'entente ne peut sortir que d'urie grande
assemblée oü toutes les nuances de l'opinion libê
rales soient représentées et qui fixe, dans un pro
gramme net et précis, les bases de I'union.
Pour ne parler que de nous-mêmes, si un tel
programme existait, a supposer même qu'il ne
réalisêt pas toutes nos espérances, nous ne ferions
aucune difficulté d'appuyer les candidats qui s'y
rallieraient franchement, ces candidats nous
fussent-ils personnellement antipathiques. Et
sans doute en serait-il de même de la plupart des
libéraux que le doctrinarisme a désaffectiorinés.
Alors, Ie libéralisme verrait refleurir les beaux
jours de 1847 et de 1857 et, dés l'année pro-
chaine, nous serions en mesure de prouver a nos
adversaires que, s'ils peuvent tout entreprendre
quand nous sommes divisés, ils ne sont plus rien
dés que la même bannière réunit tous ceux qui
leur domination inspire une égale horreur.
Le scrutin do 27 juillet a prouvé d'une manicre
irréfragable la juslesse des previsions du public et
justifié par des ohiffres l'irritation causée a la presque
unanirnité du parti liberal par I'abstention de l'Asso-
ciation.
Que nous apprennent ces cbiffres en effet?
Sur 2180 electeurs inscrits, 1529 prennent part au
vote. De ces 1529 votants, 1179 se prononcent pour
M. Berten, e'est-a-dire que celui-ci, en I'absence de
toute lutte, n'obtient que 88 voix de plus que la ma-
jorilè absolue prise sur le total des élecleurs in
scrits.
A Ypres, les resultals sent plus significalifs en
core.
Dans le 1" bureau, sur 399 inscrits, dont 307 vo-
O