JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT,
Le toot payable d'avance.
YPRES, Dimancbe
euvième année. I\° 34.
20 Aoüt 1871.
PltlX D'ABOWWEMEMT
POUR LA BELGIQUE
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Assez de duperies
Nous I'avons dit et nous tenons a le redire en
core i! n'y a rien a espérer des efforts que les
frères et amis font en ce moment pour re-
constituer le parti liberal dans notre arrondisse
ment.
Ces efforts sont-ils sincères? On en doute gê-
néralement. Les libéraux n'ont pas oublié les
belles promesses dont les frères et amis» les ont
bercês si longtemps. Quelles garanties leur donne-
t-on que les promesses nouvelles ne subiront pas
le même sort que les anciennes, restées en souf-
france en dépit de toutes les réclamations?
Nous ne voudrions pas jeter dans ce débat des
récriminations personnelles. Mais enfin il nous
sera bien permis de rappeler que, lorsqu'il y a
quelques années, nous entreprimes de démontrer
a ces aveugles la nécessité de réformer le regle
ment de Association libérale, nos réclamations,
si modérées pourtant, furent accueillies par les
plus grossières invectives. Le Progrès allait jus—
qu'a insinuer que nous n'avions pas d'autre but,
en entamant cette campagne contre ses patrons,
que d'affaiblir le parti libéral dans notre arron
dissement afin de ménager plus surement le re
tour des cléricaux au pouvoir.
Si nous rappelons ces odieuses accusations, ce
n'est pas qu'elles nous aient bien vivement ému.
Elles ne nous ont pas empêché de poursuivre notre
tèche, sans plus nous en occuper que des injures
des cléricaux, qui nous reprochaient, eux, de pac-
tiser avec les émeutiers et les fauteurs de Ylnter-
nalionale. Mais quand nous voyons des hommes
qui nous ont si longtemps poursuivi de leur haine
se ranger tout a coup aux opinions que nous n'a-
vons pas cessé de défendre contre eux, nous avons
ie droit de nous défier et d'engager nos amis se
défier comme nous-mêmes.
Personne, du reste, ne se méprendra sur ce
brusque revirement. Tout Ie monde sait bien a
Ypres que si nos feseurs consentent faire quel
ques concessions a l'opinion publique, ces conces
sions ne seront qu'un mensonge de plus a ajouter
la longue série de manigances au moyen des-
quelles, tout en protestant de leur libéralisme,
les frères et amis ont fait fructifier pour euxseuls,
pendant plus de trenle ans, l'iufluence électorale
qn'ils tiraient de l'Association, influence qui,
exercée d'une manière plus désintéressée, aurait
assuré tout jamais la suprêmatie du parti libé
ral dans notre arrondissement.
Aujourd'bui qu'ils sont batlus et qu'ils se sen
tent isolés, discrédités, perdus, nos feseurs font
patte de velours et proposent des concessions. Ou
sont les naïfs qui croiront leur bonne foi, a leur
sincérité?
Ce n'est pas qu'une conciliation soit impossible
et, quant nous, nous verrions avec bonheur que
toutes les nuances de l'oppositioa pussent se réu-
nir dans un effort commun pour balayer du pou
voir le gouvernement honteux qui s'y maintient
installé depuis un an. Mais neus ne voulons pas
que cette union soit une duperie. Oui, nous le
disons avec franchise, plutöt les cléricaux pendant
dix ans encore que de prêter les mains la res-
tauration du gouvernement doctrinaire que nous
avons aidé h renverser. L'union, si on la veut
loyale, ne sortira jamais que d'un congrès qui en
détermine nettement les conditions sur des bases
acceptables par tous les libéraux. Hors de lè,
l'union ne peut être qu'une duperie. Nous sommes
las d'être dupes.
Un moyen infaillible.
Le conseil central du denier de saint Pierre
vient d'imaginer un admirable moyen d'arracher
le saint Père a l'épouvantable tyrannie qui pèse
sur lui et de le rétablir sur son tróne ponti
fical.
Car vous n'ètes pas sans savoir que, depuis
l'occupation de Rome par les troupes italiennes,
le malheureux Pie IX endure journellement les
plus affreux supplices. Lisez le Journal d'Ypres
i! vous donnera la-dessus, deux fois par semaine,
des détails a vous faire dresser les cheveux sur la
tète.
Comment le vicaire de Jésus-Chrisl résiste-t-il
tant de lourments accumulés? Evidemment,
e'est par grèce spéciale d'en haut. Un mécréant
n'anrait pas tenu huit jours.
Le pape, lui, souffre tout cela avec une admi
rable sérénité. Même les correspondences de
Rome assurent qu'il engraisse. A ce dernier
signe, reconnaissez l'intervention directe de la
divine Providence, ou vous n'ètes qu'un impie
digne du bücher.
Mais ce n'est pas une raison, paree que le pape
engraisse dans le malheur, pour que de bons et
fidèles catholiques ne cherchent pas a le délivrer.
Le conseil central du denier de saint Pierre y a
done songé et, après de longues méditations,
voici ce qu'il a trouvé, avec la permission du saint
Esprit.
Nous laissons parler ces hommes pieux.
Humainement, disent-ils dans une circulaire que
publie !e Journal d'Ypres, la cause de Jésus-Christ
semble perdue. Mais si Dieu dédaigne les secours des
hommes, indignes de cette grace, c'est qu'il se. réserve
de vaincre seul. Confiance done, plus que jamais,
confiance car nous avons entre les mains une arme
toute-puissante, la prière.
Que cette prière soit unanime, ardente. irrésis-
lible par sa force et son ensemble Appelons a noire
aide les Saints vénérés a qui notre beau pays doit sa
civilisation, ses gloires et ses ricbesses I Ameuons
leurs restes glorieux, comme une armée divine autour
du corps du saint patron de l'égiise métropolilaine des
églises beiges. Demandons aux bienheureux et puis-
sants patrons de nos dioeèses, d'être auprès de Dieu
les porte voix de nos cris d'alarine, les intermédiaires
de nos prières, les défenseurs de nos droits et de nos
consciences.
Et quand nous aurons fait violence au Ciel par
l'incomparable force de cette sainte milice, le Di-
manche 27 aoüt, nous couronnerons nos efforts et nos
prières, le premier Dimanche d'Octobre, par un pèle-
rinage lTmmaculée Protectrice des Ghréliens a
Lépante, a la Vierge sans têche que Pie V salua du
titre de Secours des Ghrétiens, daus son sanctuaire
favori de Montaigu.
d Et nous obtiendrons infailliblement ce que nos
coeurs réclamenl avec tant de foi el d'espérance, ie
rétablissement de Pie IX dans tons ses droits, la paix
de l'Eglise et Ie salut de la sociélé.
Nous sommes tout fait de l'avis du conseil
central du denier de saint Pierre son moyen est
infaillible... comme le pape.
Ainsi que nous I'avons annoncé, l'Association dite
libérale s'est réunie le 12 aoüt. Quarante personnes
a peine avaient répondu 'a l'appel adressé a la ville et
a l'arrondissement. Conformément a nos prévisions,
presque tous nos amis étaient absents. On peut dire
que cette première réunion a été un immense fiasco.
Pourquoi? Paree que personne n'a confiance. Quoi-
que la réconciliation des diverses fractions du parti
soit dans les voeux de l'immense majorité des libé
raux, on se rappelle involontairement le passé et, en
voyant comment les meneurs ont procédé cette fois
encore, cbaoun, même parmi ceux qui se sont ren-
dus a leur appel, avail sur les lèvres le mot Tau-
tufesI C'est le chalimentde ceux qui ont vécud'in-
trigues et de trahisons de ne plus inspirer confiance
a personne.
Sans vouloir répéter ici tout ce que nous avons
écrit sur les inoyens de sceller une union durable,
nous dirons que l'opinion publique demande Ia dis
solution de l'Association actuelle et, si l'on avait dé-
buté par la, il est certain qu'a la réunion suivante
beaucoup auraient adhéré de ceux qui se tienuent
aujourd'hai a l'écart.
Mais non. Loin d'écouler le sentiment public,
la coterie a débulé comme toujours par vouloir
imposer sa volonté. M. Henri Carton voulait séance
L'OPIHIOK