D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT, 4 YPRES, Dimancbe Neuvième année. JY° &8. 17 Septembre 1871 1" Pltix U'ABOXXGMENT POUR LA BELGIQUE francs par an; 4 fr. 50 par semestre. Pour PEtranger, le port en sus. Un Numéro 25 Centimes. PRIX Ï>ES AüraO.HCES ET DES RECLAMES 10 Centimes la petite ligne. Corps du Journal, 30 centimes» Le toot payable d'avance. Paraissant le dimanche. Laissez dire, laissez-vons blamer, mais publiez votre pensee On s'abonne a Ypres, au bureau du Journal, rue de Dixmude, 59. On traite a forfait pour les annonces souvent reproduites. Toutes lettres ou envois dargent doivent être adressés franco au bureau du journal. YPRES, Septembre isji. Les jourl.aux réactionnaires de France orga- nisent, contre le régime nouveau, une conspira tion pareille a cel Ie que les feuilles ultramon- taines avaient organisêe cbez nous contre le libéralisme au temps de l'Empire. C'est la con spiration de la peur. Elle consiste a affecter d'avoir peur de tout, a présenter la situation des pays de monarchie constitutionnelle ou de répu- blique, comme funeste, a y montrer la société, l'Eglise, toujours menacées par de farouches ennemis, a tenir les esprits constamment inquiets, a paralyser le travail, effrayer ie capital, a faire au régime qu'on veut combattre et renverser au- tant d'ennemis qu'il a d'amis de l'ordre et de la tranquil li té a tout prixpuis, quand on croit avoir atteint l'effet désiré, a demander un sau- veur pour cette société et cette Eglise en péril et appeler de tons ses voeux un coup-d'Etat de parti, ou une dictature. Chez nous, chacun se Ie rappellera, c'était tactique des feuilles uitramontaines. Lorsque le pays élait en pleine prospérité et jouissait de l'ordre le plus parfait, ces feuilles nous dénon- gaient a l'Europe comme une caverne de déma- gogues, un autre de socialistes et de partageux el les ne parlaient que des persécutions dont l'Eglise et les catholiques étaient l'objet; elles conseillaient ceux-ci de s'armer pour se dé- fendre; enfin, elles appelaient César A grands criselles se jetaient a ses pieds et le suppliaient devenir sauver la malheureuse Belgique, comme il avait sauvé la France. Cela dura jusqu'a la guerre déclarée, et la feuille ultramontaine la plus qualifiée de noire pays appela les libéraux beiges les Prussiens de l'intérieur, et les signala comme ceux de l'extérieur, aux coups de Napoléon 111, qui était pour elle le chef d'une nouvelle croisade. Le mème système de calomnies, sauf l'appel a César, qui n'aurait plus de raison d'être, mais qui est peut-être sous-entendu et compris dans l'idée d'une restauration, est organisê en France toutes les feuilles uitramontaines, toutes celles qui représentent une dynastie, c'est-è-dire une trahison quelconque, sont complices de la conspi ration l'Assemblée nationale même, compte beaucoup de membres qui conspirent contre la République avec toute cette presse réactionnaire, et il faut que cette fois le nouveau gouvernement ait Ie tempérament robnste pour résister une telle coalition. On ne dira pas que c'est un mirage de notre imagination et que nous voyons des conspirateurs partout. La révélation de ce complot contre les libertés publiques est venue de haut c'est M. Thiers lui-mème qui a dit S certains membres réactionnaires de l'Assemblée C'est vous qui troublez le pays 11 a dit aussi, en parlant Ia cantonnade II y a un système d'alarmes perfi- dement imaginé et poursuivi... et lè, il s'est arrêté un instant, comme pour reprendre haleine, et pendant qu'il suspendait babilement sa phrase pour en voir l'effet, beaucoup de membres de l'Assemblée se trahirent par une rumeur. M. Thiers sourit, et ajouta du ton aigu qu'on lui connait, mais de l'air le plus naturel du monde <t... hors de cette enceinte mais le coup avait porté, et, comme le dit ensuite, en racontant l'incident, le spirituel chroniqueur politique de Ia Vérité, la béte avait criéles conspirateurs étaient en aveu. Ma- ladroits leur dit Alceste. II fallait être a la hau teur de la situation. II ne fallait pas grogner comme le porc dont on pique la couenne Coï coï II fallait rire. Rire jusqu'aux oreilles. II fallait crier Trés bien trés bien deux fois de suite, avec entrain.. Dahirel devait lancer cette inter- ruption k Toujours ces infdmes républi- cains Ravinel devait décocher ce mot L'inf&me Paris Gavini devait hurler le nonn de l'Internationale Nous espérons que cette fois-ci, la France ne sera pas dupe de cette conspiration des alarmistes elle peut voir qu'elle est organisêe de même contre l'Angleterre, l'Allemagne, la Russie, I' Yutriche, l'Espagne et l'Italie, contre l'Italie surtout, dont on fait, dans lesjournaux catholiques, un tableau effrayant, tandis que nous savons non-seulement par les feuilles libérales, mais même par ceux de nos amis qui y voyagent, qu'elle est aussi tran- quiHe que l'était Ia Belgique au temps oü tous les Van Ryk ultramontains la dénongaient comme une caverne de brigands. Cette fois, la conspira tion ne réussira pas. Tons les pleurnicheurs de la doctrine, s'occu- pant du projet de loi sur les cimetières, s'éver- tuent a prouver que la réalisation des projets de I ultramontanisme va nous replacer en plein moyen-ège. A les entendre, Ie clergé une fois maitre des cimetières et le pouvoir civil se trou- vant au service des prétentions épiscopales, il n'y aura plus, pour être logiquc, qu'a rendre a ce même clergé l'autorité sur les manages et les naissances, ce qui nous reporterait su bon vieux temps oü le prêtre était i'arbitre de tous les droits sociaux et l'officier de l'état-civil. Tout cela est dans la logique des cbcses, et chacun connait Ie but poursuivi par le cléricalismemais ce qui n'est nullement logique ce sont les lamentations des journaux doctrinaires. En effet, qui incombe !a responsabilité de Ia situation présente N'est-ce pas ces tartufes politiques, ces libéraux de contrabande qui, pendant vingt ans au pouvoir, ont toujours reculé devant les vrais principes du libéralisme? Si done aujourd'hui un parti aciif et sntreprenant cherche a nous-remeUre 30us le férule fanatique du prêtre, la doctrine devrait avoir la pudeur de se taire et prendre de bonnes réscluticns poar le jour oü le pays, résolu a secouer !e joug, trouvera bon de créer des loisirs au ministère de la Visitation, or- ganisateur des pèlerinages et désorganisateur des services publics. Mais nous n'osons espérer convertir nos doctri naires qui, cela est connu depuis longtemps, ont pour habitude de faire marcher le progrès la fagon des écrevisses. EJn ave® tor. ac?egistrer. Nos feuilles papistes font une guerre incessante l'enseignemcnt laïque et surtout aux écoles qui ont pour but de donner une éducation aux jeunes filles, tel par exemple que l'établissement de M"0 Gatti de Gamond nos feuilles réactionnaires en veulent encore aux crèches, paree que la aussi, l'enfant regoit un enseignement qui ne tend qu'ü développer ses facultés morales et intellectuelles les progrès rapides réalisés par ces établissements utiles causent un dépit formidable nos feuilles cléricales, car elles sentent que la jeune généra- tion leur échappe. Hors du convent, pas d'éducation pour les jeunes filles, disent sur tous les tons nos feuilles papelardes; mais sans indiscrétionnous serions curieux de connaitre leur avis sur les lignes sui- vantes que nous trouvons dans le Courrier du Havre du 19 aoüt, organe légitimiste et catho- lique, demandant chaque jour le rétablissement du comte de Chambord. Voici comme s'exprime cette feuille On nous demandera peut-être si nous sommes opposes aux écoles laïques? Pas le moinsdu moode. A égalité d'instruction et de moralité, noqs préfe- ronsl'enseignementdonnépar un père ou une mère de familiea celui que donnent deseëlibataires, quel

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L’Opinion (1863-1873) | 1871 | | pagina 1